18. La Garde Royale.
L'atmosphère était tendue. Kalidas était allé voir l'état du pégase que j'avais utilisé pour briser la vitre. L'animal était en vie, mais avait perdu beaucoup de sang et il ne parvenait plus à tenir sur ses pattes avant. Selon Kalidas, c'était temporaire, il s'en remettrait. Depuis que le Rôdeur avait établi le diagnostic de l'animal, il ne m'avait plus adressé un seul mot. Il avait décidé de prendre ses distances. Pour mon plus grand bonheur.
Kalidas n'avait pas remarqué que je lui avais volé le médaillon. Il avait pourtant passé toute sa journée à ranger et à mettre de l'ordre dans la pièce où je m'étais introduite. Il avait probablement tellement de babioles en sa possession que la disparition de cet objet était passé inaperçu. Le médaillon trôné désormais autour de mon cou, camouflé par un tee-shirt.
Kalidas descendit les marches d'escalier sans me lancer un regard et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il me regarda toutefois brièvement.
- Où tu vas ? lui demandai-je, plus pour voir s'il allait me répondre que par curiosité. Je me demandai s'il allait m'ignorer encore longtemps. Bien qu'au fond, son comportement m'amusait plus qu'autre chose. À quoi s'attendait-il au juste ? À ce que je joue les hôtes modèles ?
- Au village, me répondit tout de même Kalidas.
- Je peux venir ? demandai-je. Au fond, je n'avais absolument pas envie de l'accompagner, mais j'avais envie de l'agacer.
- Je n'ai clairement pas envie de te présence à mes côtés, répondit-il avant de partir sans un regard en arrière. Je retiens un rire. Finalement, mon coup de la veille lui avait vite fait comprendre que je n'étais pas fréquentable.
Pourtant, je devais admettre que rester enfermée dans cette maison commençait à me taper sur les nerfs. J'avais envie de sortir. De prendre l'air. Ajustant ma capuche sur ma tête, je décidai donc de suivre Kalidas. Ça me passerait le temps. Malheureusement, je me rendis vite compte qu'il s'était téléporté. Impossible de le suivre. Je partis donc chercher un pégase. Hors de question que je me rende au village à pied et ces bêtes étaient visiblement très obéissantes. Je pris cette fois ci un pégase à la robe alezan et une fois montée dessus, je le fis s'envoler.
De haut, je n'aurais aucun mal à trouver le village le plus proche. En supposant que Kalidas parlait bien de celui-ci.
Et en effet, je n'eus aucun mal à le trouver. Il était bien visible et bien qu'à pied, j'aurais pris plusieurs heures afin de m'y rendre, à vole de pégase, c'était beaucoup plus rapide.
Faisant atterrir l'animal aux portes de la ville, je l'attachai à une clôture. Baissant la tête afin de camoufler mes cheveux bruns et mes yeux marrons typique d'une Terrienne, j'entrai dans la ville. Je me dirigeai vers la place, bondé. Aucune trace de Kalidas.
Les villageois bougeaient dans tous les sens, travaillant, achetant des produits, se rendant à des lieux... Il y avait une effervescence inouïe.
Voulant échapper à la foule qui risquait de me démasquer à force de me bousculer, je m'arrêtai dans un genre de bars ressemblant davantage à ce que l'on trouvait dans les westerns. M'asseyant à une table près de la fenêtre, j'observai les passants, en alerte, dans l'éventualité où Kalidas passerait par là.
- Vous voulez quelque chose ? me demanda ce qui semblait être un serveur.
- Non.
- Alors partez, si vous ne prenez rien. Mes tables ne sont pas des bancs publics, mais des lieux pour se désaltérer. Je soufflai, franchement agacée par cet homme qui venait me chercher des poux.
- Et je vais me désaltérer de ton absence. Dégage, tu me gâches la vue, râlai-je en faisant un geste de la main en sa direction, comme si je voulais chasser une mouche un peu trop gênante. Ma réponse ne sembla pas être au goût du serveur. Enfin, question goût, il n'en avait pas tellement vu son accoutrement. Comment des personnes pouvaient accepter boire et manger dans un lieu où le serveur portait les vêtements les plus crasseux que l'univers n'ait jamais connu ?
- Si vous refusez de partir, je vais devoir appeler mes hommes de main et c'est à coup de batte qu'ils vous chasseront, me menaça-t-il. Je le regardai en haussant un sourcil.
- Charmant... commentai-je en me redressant. J'avais beau être têtue et sans scrupule, je n'étais pas idiote. Je n'allais pas accepter de me faire battre par simple fierté. Je sortais donc du bars lorsque j'entendis des voix. Elles m'étaient inconnues, mais leur sujet de discussion m'interpella.
- Cela fait plusieurs jours que la Garde Royale traîne dans les parages, commenta une voix, je pense qu'ils cherchent quelqu'un.
- Tu parles de la Garde de la reine Aleth ? demanda l'autre.
- Oui, on les a beaucoup vu dans le village ces temps-ci. C'est limite s'ils ne viennent pas tous les jours à tour de rôle.
- C'est étrange... Ce n'est pourtant pas le bon moment pour eux de se montrer au grand jour. Les temps ne sont pas très sûr en ce moment, surtout pour eux.
- Je le sais, c'est pourquoi leur motif de sortie doit être d'une importance capitale.
- Bon, tu vas sortir oui ! s'impatienta le serveur. Je serrai les poings d'agacement.
- Oui, c'est bon le vieux grincheux, j'y vais, m'énervai-je en sortant une bonne fois pour toute. J'aurais préféré rester écouter, mais il ne fallait pas que je me fasse repérer. Si j'avais bien compris, la Garde Royale était à ma recherche. Elle devait savoir que Kalidas passait souvent dans les environs, sinon pourquoi venir tous les jours dans ce village ?
Mais, n'était-ce pas une bonne chose ? L'étape de mon plan consistait à retourner auprès de la Garde Royale pour tirer les cordes et faire pencher la balance en ma faveur. Mais il fallait encore que je trouve une bonne raison de revenir au risque de paraître louche. Je savais que si je jouais la fille pleine de bonne attention, ayant changé d'avis et prêt à sauver l'humanité, personne ne me croirait. Et je n'avais pas envie qu'on me mette sous double surveillance.
Marchant tête baissée, je faisais doublement attention à ce qui m'entourait. Je ne voulais plus épier seulement Kalidas, mais aussi l'éventuelle arrivée d'un membre de la Garde. Mais j'avais beau traverser le village de long en large, aucun signe d'une personne m'étant familière.
Arrivant dans une rue étroite où avait été rangés des cageots de légumes et des charrettes emplis de foin, j'entendis des sons de voix. Au même moment, le médaillon que je portais autour du cou se mit à me brûler la peau de picotements enflammés. Ça ne dura que quelques secondes, mais ça suffit à m'ébranler. Je n'eus pas le temps de m'interroger là dessus, un nom dans la conversation des silhouettes me sauta aux oreilles.
- Kalidas est ici, seul, informa une voix.
- Cette fois-ci essayez de l'atteindre avant qu'il ne s'enfuie, donna pour consigne une autre voix.
Passant discrètement ma tête, je vis trois silhouettes encapuchonnées.
- Et pourquoi Circé ne changerait pas notre physique, histoire de passer inaperçu ? demanda la première voix.
- Tu sais très bien que je ne contrôle pas encore ce pouvoir, tu risques de rester avec ton nouveau look toute ta vie, répliqua cette dernière d'une voix basse. Alors comme ça, Circé avait le pouvoir de changer l'apparence des personnes l'entourant ?
- Il est là, leur désigna la deuxième voix en montrant au fond de la rue une silhouette qui venait discrètement de piquer un lot de carotte d'un cageot. Avant qu'ils ne puissent faire quoi que ce soit pour agir, un vacarne tonitruant fendit l'air. Des cris de terreur se répandirent de toute part.
Regardant autour de moi pour connaître l'origine de tant d'effroi, je n'aperçus que les villageois, courant dans les rues principales, comme si leurs vies en dépendait.
Puis je remarquai que le ciel s'était assombri, laissant des voiles de cendre voler dans l'atmosphère. Evilash venait de débarquer.
Une tornade de cendre s'abattit sur les habitations et les maisons s'effondrèrent, carbonisées. Les villageois trop près du chaos qui arrivait vers eux, eurent des cendres qui se déposèrent sur leurs peaux. Ils se mirent à hurler de douleur, tandis que leur chaire virait au rouge vif, semblant brûler sur place. Certains tombèrent à genoux de douleur et se firent avalés par les cendres, ne laissant qu'un corps rouge vif et cendré derrière eux. Leur dernière expression avant de rendre leur souffle transpirait d'une douleur inqualifiable.
Des flocons de cendre se déposèrent sur ma peau, et comme la première fois, rien ne se produisit. J'en étais insensible. Je ne risquai rien. J'étais bien la seule.
Une pensée pour Kalidas me frappe brusquement l'esprit. Contrairement à moi, lui, risquait gros. Il fallait que je le trouve, que je m'assure qu'il ne lui était rien arrivé. Marchant déjà vers la ruelle où il avait été perçu, je m'arrêtai net. Pourquoi devrais-je m'inquiéter pour lui ? Il n'avait aucune importance.
Pourtant, je ne pus me résoudre à partir sans m'assurer qu'il n'était plus dans les parages. Au fond, s'il lui arrivait quelque chose, je me retrouverai sans personne pour m'aider dans un monde où je ne connaissais rien. Une voix au fond de moi me criait que je me cherchais des excuses, mais je la fis taire.
Arrivant dans la ruelle où la Garde observait Kalidas, une explosion retentie. Des cendres volèrent dans tous les sens et une maison s'écroula, emportant un chariot rendu en état de cendre dans sa chute. J'aperçus alors les trois membres de la Garde, plus loin, utilisant leur pouvoir pour se protéger. Je reconnus Naïa, la fille aux écailles de poisson, qui fit une barrière de glace entre eux et les cendres. Mais ces derniers n'avaient aucune difficulté à faire fondre la glace.
Un râle de douleur me parvint subitement aux oreilles. Je vis un peu plus loin, Kalidas, bloqué sous une charette de cendre, les jambes carbonisées. Je sentis mon cœur s'arrêter à cette vision. La Garde semblait essayée de le secourir, mais leurs pouvoirs ne leur permettaient pas de se protéger tout en sauvant ceux en mauvaise posture.
Je vis un jet de cendre prêt à s'abattre sur Kalidas, et sans réfléchir, je courus droit en sa direction, jouant les boucliers humains. Les cendres me frappèrent en plein ventre sans causer le moindre dégât.
Je me tournai vers Kalidas, ignorant les cris de surprise de la Garde Royale. Le visage du Rôdeur était défiguré par la douleur. Ses jambes étaient coincées sous la charette réduite en état de cendre qui lui brûlait la chaire.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? me demanda Kalidas, sa voix métamorphosée par la douleur.
- Qu'est-ce qu'on en a à faire de ça ! Téléporte-toi idiot, tu vas finir en brochette calcinée. Kalidas voulu lâcher un rire, mais la douleur le fit tousser.
- Je ne peux pas, souffla-t-il simplement. Parler lui semblait trop douloureux. Poussant un soupir exaspéré face à son incapacité à s'en sortir, j'essayai de dégager la charette de cendre loin du corps de Kalidas. Mais j'avais beau pouvoir résister aux cendres, je n'avais pas une force surhumaine.
La charette de cendre sous mes mains se changea subitement en gros bloc de glace. Naïa avait utilisé ses pouvoirs en notre faveur, mais sa distraction eut pour effet de se recevoir un jet de cendre dans la cuisse. Naïa vola au sol dans un cri de douleur. Elle réussit toutefois à brandir sa main en notre direction et fis exploser le morceau de glace, libérant Kalidas. Mais le Rôdeur était trop faible pour se téléporter.
Voyant des cendres prêt à s'abattre en notre direction, je fis de nouveau barrière de mon corps, me prenant les cendres de part et d'autre de mon corps, sans sentir la moindre douleur. Hormis faire le bouclier humain, je n'avais pas la moindre idée de comment nous sortir d'une telle situation.
La dernière fois, Kalidas m'avait informé que les dragons étaient plus résistant aux cendres. Malheureusement, nous n'en avions pas sous la main pour s'enfuir étant donné que j'étais venu à dos de pégase. Je repensai alors au pégase que j'avais laissé aux portes de la ville. Avait-il été réduit en cendre ? Décidément, je n'étais pas faite pour avoir des animaux, ils finissaient toujours mal.
Un détail m'effleura alors l'esprit. Kalidas avait volé le dragon à un marchant, c'est qu'ils en vendaient. Peut-être y en avait-il dans le village ? Mais je ne pouvais pas courir en chercher un dans toute la ville. D'autant plus que, le temps que je revienne, Kalidas ne serait plus qu'un tas de cendre inanimé. À croire qu'aucune solution ne convenait pour nous sortir de là.
C'est alors que je remarquai que Circé n'était plus là. Naïa était allongée au sol, utilisant sa glace pour se protéger du mieux qu'elle pouvait. À son côté, un garçon aux yeux dorés et aux cheveux bleu empli d'électricité était accroupi. Je me souviens subitement de lui. Ronan. Lui non plus n'avais pas l'air très bien en point.
Deux dragons fendirent l'horizon. Au dos d'un dragon corail, Circé se tenait, le dirigeant vers nous. Elle avait été en chercher et sa peau brûlée était là pour témoigner qu'elle n'était pas insensible aux cendres. Ronan aida Naïa à monter sur le dragon vert tandis que Circé déposa le dragon corail juste à nos côtés. Elle installa Kalidas sur la bête.
- Monte, m'ordonna-t-elle.
- Pourquoi je ferais une chose pareille ? dis-je d'un ton cinglant.
- Si Evilash te voit, elle te tuera dans la seconde. Circé ne semblait pas vouloir faire preuve de patience, elle m'empoigna le bras pour me déposer sur le dragon.
Le dragon s'envola dans les cieux couverts de cendre en poussant des cris de douleur. Tout le long de la traversée, les deux dragons et leurs passagés se tordirent de douleur. J'étais bien la seule épargnée. C'était véridique, les cendres ne me faisaient pas plus de mal qu'un flocon de neige.
***
NDA : Hey Hey ❤️ bon finalement j'ai du retard pour poster, mais j'ai une bonne excuse : j'étais malade :'( ... (Puis, il y a eu Noël).
D'ailleurs vous avez passé un bon Noël ?
En tout cas un grand JOYEUX NOËL À TOUS ❣️
Revenons à nos moutons, que pensez-vous de ce chapitre ? ^^
Questions :
- Le retour de la Garde Royale ? Content ou au contraire, non pas content ?
- L'attaque d'Evilash, un avis ? Une attaque bien mortelle, non ?
- Eudora qui sauve la vie de Kalidas, une réaction ?
- Vous avez apprécié Eudora dans ce chapitre ? Ou les actes du chapitre précédent sont trop frais pour la supporter ? X)
Voili voilou !! Et je vous dis à la semaine prochaine, je risque de ne pas pourvoir poster ce week-end, mais j'essayerais de faire au mieux.
Kissy kissy ❤️❤️
#Nakijo.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top