10. Des fugueurs invisibles.
Nous étions sur le toit du château.
En équilibre, nous marchions sur des pentes de toit, afin de sortir d'ici. Je n'avais jamais fait de gym de ma vie et mon équilibre n'était pas vraiment un atout, bien au contraire. J'avais énormément de mal à le garder. Ajoutons que je devais en aucun cas lâcher la main de Kalidas au risque de redevenir visible, l'épreuve ne faisait que de se corser.
Je manquai tomber pour la quatrième fois et Kalidas me rattrapa d'une poigne puissante.
- Tu ne peux pas faire attention, tu vas finir par nous faire tomber, marmonna-t-il.
- Parce que tu crois que je le fais exprès, peut-être ? m'agaçai-je.
- Je suis simplement stupéfait, je ne pensais pas que les Terriens avaient si peu d'équilibre.
- Et moi, je ne savais pas qu'il existait des être aussi laid dans l'univers. Comme quoi, on en apprend tous les jours. Kalidas sembla me regarder, semblant amusé par ma remarque.
- Retire ce que tu viens de dire ! m'ordonna-t-il, tu n'as aucune notion de ce qu'est la beauté.
- Tu peux toujours courir pour que je revienne sur mes propos, répliquai-je en lâchant un rire moqueur. Kalidas s'arrêta et je lui fonçai dedans. Étant invisible, je ne pouvais pas le voir et comprendre ce qui l'avait fait faire un arrêt subit, pourtant, il n'y avait rien de gênant devant nous. Il n'avait aucune raison de s'arrêter. Je sentis son souffle caresser ma peau. Il était face à moi. Son haleine me dégoûta. Pas qu'elle était pestilentielle, non, mais j'avais horreur du contact humain, et même un souffle me répugnait. Tenir sa main était déjà un vrai supplice.
Kalidas posa une main sur mon épaule, et je dus me faire violence pour ne pas la rejeter. Que faisait-il ?
Subitement, il fit mine de me pousser dans le vide et je me mis à hurler.
- Mais ça ne va pas ! Arrête, je vais tomber, criai-je.
- Retires ce que tu as dit, me demanda-t-il. Je sentis son souffle sur mon oreille et compris que sa tête était juste derrière la mienne.
- Non, tu peux toujours rêver, mais arrête ça avant que je ne tombe dans le vide, lui ordonnai-je. Kalidas me fit décoller du sol et je fus suspendu dans le ciel. Je hurlai de plus belle.
- Alors ? me demanda-t-il. Sa voix tremblait tant il se retenait de rire.
- Ok, ok ! Vous êtes tous des êtres incroyablement beau avec un charme digne des dieux ! Maintenant repose moi sur le toit, abruti, hurlai-je.
Kalidas me ramena à ses côtés en éclatant de rire. J'étais bien contente de retrouver quelque chose de solide sous mes pieds.
- Tu es complètement fou ! m'emportai-je.
- Je ne t'aurais jamais lâché, me confia-t-il avant de prendre un air plus taquin. Mais avoue que c'était drôle.
- Non, il n'y avait rien de drôle là-dedans, grinçai-je, puis, ce n'est pas comme ça que je changerais d'avis sur votre compte. C'est perdue d'avance. Kalidas éclata de rire, mais n'ajouta rien de plus.
On arriva à l'extrémité du toit qui menait enfin hors du château. Le problème, c'est que le palais était contre une montagne et il fallait monter un escalier pour l'atteindre. Les côtés du château n'offraient que du vide.
- Comment est-ce que l'on va descendre ? demandai-je. J'entendis un frottement et j'en déduis que Kalidas était en train de se masser le crâne.
- Habituellement, je me serais téléporté, mais on va devoir trouver un autre moyen.
On ne pouvait pas passer par les escaliers, des gardes surveillaient l'entrée, et même si nous étions invisibles, nous n'étions pas muet. Impossible de contourner une tour et d'escalader une porte lisse, encore plus dans le plus grand silence, avec une main déjà occupée.
- Tu es bonne en escalade ? me demanda le Rôdeur en apercevant des pierres qui permettaient de se hisser. Je regardai les pierres qui offraient une faible prise, puis le vide. J'en eu la nausée.
- Non, avouai-je.
- Grimpe sur mon dos, je vais devoir te porter, m'ordonna alors le voleur. J'ouvris de grands yeux.
- Tu es malade ! m'exclamai-je, sans vouloir avouer que j'avais peur de tomber.
- On n'a pas vraiment le choix, si on veut descendre, me fit-il remarquer. Il avait raison... Mais entre descendre soi même et devoir serrer Kalidas contre soi pour ne pas tomber, je ne savais pas lequel était le pire. Mais la peur de la chute était bien effrayante, je devais l'admettre. Serrant les dents, je finis par laisser le Rôdeur me hisser sur son dos.
Avec agilité, il s'agrippa à la roche du château et descendit avec précaution. Il n'avait plus besoin de me tenir la main pour garder notre contact invisible étant donné que j'étais agrippé à lui.
Arrivé à la moitié de la descente, il me posa sur la pierre, me tenant la main pour me garder invisible.
- Je ne peux pas continuer à te porter, expliqua-t-il, tu as beau ne pas peser une tonne, c'est compliqué de descendre avec quelqu'un sur le dos et la pente se fait plus raide.
Sur ce, je dus descendre de mon côté, tout en synchronisant mes mouvements avec ceux de Kalidas, me tenant toujours la main. Plus d'une fois, je crus glisser, mais fort heureusement, je réussis à me rattraper à chaque fois et à garder mon équilibre.
Me rapprochant enfin de la terre, bien qu'il restât encore quelques mètres, je poussai un soupir de soulagement. Subitement, mon pied glissa hors de la roche sur laquelle je m'appuyai et cette fois-ci, je ne parvins pas à me rattraper et retrouver mon équilibre. Ma main lâcha celle de Kalidas et je tombais dans le vide, redevenant visible.
Je tombai lourdement dans des bras.
Clignant plusieurs fois des yeux, je finis par comprendre que Kalidas s'était téléporté pour me rattraper. Le Rôdeur me posa par terre, reprenant ma main pour me faire de nouveau disparaître.
- Voyons le bon côté des choses, me lança-t-il, nous sommes enfin en bas. Je soupirai, lasse de sa voix taquine. Où est-ce que tu veux que je t'amène, pour finir ? me demanda-t-il. Tu m'as demandé de te faire quitter les lieux, mais après ? Je te laisse ici, te débrouiller seule ? Je restai pensive. Au fond, où pouvais-je bien aller ? Rentrer chez moi était un lieu trop évident, non seulement la Garde Royale devinerait sans mal où j'étais passée, mais j'étais également une proie facile pour Evilash. Il était clair que je devrais attendre avant de retrouver ma routine.
- Je ne sais pas, avouai-je. Je vais essayer de trouver un lieu où je n'attirerais pas l'attention.
- Avec ton physique de Terrienne ? C'est perdu d'avance, m'informa le Rôdeur. Rien que tes yeux te trahissent. Ils sont du même marron que ceux des Ogres, or, sans vouloir t'offenser, tu ne fais pas un Ogre très crédible.
- Et il n'y a pas un lieu isolé de tout, où je pourrais me réfugier ?
- Comment veux-tu réussir à te débrouiller seule dans un monde que tu ne connais pas ? me demanda Kalidas avant de pousser un profond soupire. Ok, j'ai compris, je t'emmène chez moi.
- Chez toi ?
- C'est un lieu isolé de tout, tu seras tranquille et tu ne seras pas livrée à toi-même.
- Mais... La Garde Royale ne risque pas de penser à nous chercher là-bas ? m'inquiétai-je.
- Personne ne sait où j'habite, ça ne risque pas.
- Dans ce cas... Pourquoi pas, acceptai-je.
Kalidas resserra sa main et je dus prendre sur moi pour ne pas retirer la mienne. Sa peau contre la mienne me retournait. Si je le touchai, c'était bien par nécessité.
- Par contre, la route risque d'être longue étant donné que je ne peux pas me téléporter avec toi, m'apprit le Rôdeur. À moins que nous ne volions un dragon.
- Un dragon ! m'écriai-je.
- Oui, un dragon. Enfin, plutôt un dragon nain. Nous ne trouverons pas de grands dragons dans le coin, c'est une monture plutôt rare.
- Et vous avez d'autres montures aussi bizarre ? demandai-je, effarée que l'on puisse se balader sur le dos d'un animal normalement tiré du fruit de l'imagination.
- Ça dépend de ce que tu appelles bizarre, me répondit simplement le Rôdeur en me tirant le bras pour que je me mette à avancer. On trouvera des petits dragons en ventes dans un village non loin d'ici, m'informa-t-il.
- C'est cher un dragon ? le questionnai-je, bien qu'au fond, je n'en avais que faire. J'essayai simplement de comprendre ce monde, comme je me l'étais promis. Avoir des connaissances me permettrait de mieux comprendre ce monde et de trouver comment m'en sortir.
- Assez et je n'ai pas de sous sur moi, c'est pour ça que nous allons le voler.
- Tu ne crains pas de représailles ?
- Je suis un Rôdeur, c'est dans mes cordes. On s'en sortira. Kalidas me guida vers un morceau de montagne et au loin, je vis un village. Il me fit entrer dans un creux qu'offrait la montagne et nous redevinrent visibles. Kalidas retira sa veste à écailles noir à capuche et me la tendit.
- Enfile-la.
- pourquoi faire ?
- Pour ne pas que si l'on te repère, on devine que tu es une Terrienne.
- Tu ne nous gardes plus invisibles ? demandai-je en fronçant les sourcils.
- Voler un dragon en te tenant la main risque de ne pas être évident. Attends-moi ici, je me charge du dragon et je reviens te chercher. Je hochai la tête et pris sa veste, passant mes doigts sur les solides écailles noires. Lorsque je relevai la tête, Kalidas était déjà parti.
J'enfilai la veste et fus surprise par la chaleur qu'elle me procura. Ajustant la capuche sur ma tête, je me sentis comme enfermé dans un agréable cocon. C'était bien la première fois que j'aimais quelque chose en provenance de ce monde, je ne savais pas si j'allais vouloir lui rendre son vêtement. Je me sentais tellement bien, au chaud, emmitouflée à l'intérieur.
Je patientai donc, collée dans le creux de la montagne. Puis, un bruit, comme un objet lourd tombant sur le sol, retentit. Pourtant, il n'y avait rien.
Comme par enchantement, Kalidas réapparut sur le dos d'un dragon noir.
- Alors, tu montes ? me lança-t-il en me tendant une main. Ne voulant pas lui montrer que monter sur la bête me terrifiait, j'avançai dans sa direction en évitant le moindre geste d'hésitation. Refoulant une grimace de dégoût, j'agrippai sa main et il m'aida à me hisser sur le dragon noir. C'était peut-être un nain, mais il était vraiment grand à mes yeux. Je n'osais même pas imaginer ce que c'était qu'un dragon de taille moyenne.
- Accroche-toi bien, me conseilla Kalidas. J'obéis, ne voulant pas tomber. On devint subitement invisible et le dragon s'envola avec une vitesse fulgurante. Je me retins de hurler de peur.
Voler sur un dragon pouvait sembler terrifiant, mais ce qui l'était encore plus, c'était de voler sur un animal invisible. J'avais l'impression d'être suspendu dans les airs et le vide sous mes pieds que je ne voyais même pas, semblait m'appeler.
Je finis par fermer les yeux, refoulant la peur. Je ne voulais plus rien voir, c'était bien plus rassurant.
***
NDA : Hey ! C'est enfin les vacances *.* !!
Et du coup me voici avec le chapitre suivant :) !
Vous en avez pensé quoi ?
Questions :
- Le duo Eudora/Kalidas, un avis là dessus ?
- Certain ont déjà le ship d'Eudora et Kalidas ensemble (Kalidora) c'est votre cas ?
- Les dragons comme monture, terrifiant ?
À la semaine prochaine kissy kissy ❤️ #Nakijo.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top