Fuite

Luna détestait les plans de sa mère. Et encore plus ceux qui la forçaient à se réveiller en plein milieu de la nuit.

Alors qu'elle profitait d'un sommeil bien mérité après une journée d'entraînement au lycée, elle avait été traînée hors du lit par une Shui fébrile.
Luna savait la chance qu'elle avait que sa mère ai encore ses sentiments malgré l'Arrachage, mais elle s'inquiétait de la voir montrer ses émotions aussi visiblement. Si quelqu'un - Obscurae ou Luminax - la voyait, elle était bonne pour une exécution. Et Luna aimait trop sa mère pour la perdre.

Aimer... Luna profitait encore un peu de ce mot.
Elle aurait seize ans dans cinq jours et elle savait parfaitement ce qui l'attendait. Elle entrerait dans une machine qui lui enlèverait tout sentiment. Joie, tristesse, colère, amour... Elle se souviendrait, certe, mais elle sera incapable de les utiliser. Sauf si, comme sa mère, elle réussissait à rester indemne.

Shui lui lança une tenue. Pantalon brun trop grand et pull gris informe; la tenue classique des esclaves Obscurae.

Même si je ne suis pas vraiment une Obscurae, pensa-t-elle.

Mais bon, personne, excepté sa mère, ne savait qu'elle était une hybride. Moitié ombre, moitié lumière; d'où le nom de Luna : la lumière de la lune dans l'obscurité de la nuit.

Silencieuses, la mère et la fille sortirent du taudis dans lequel elles vivaient et remontèrent la route. Elles esquiverent les postes des gardes et continuèrent leur chemin jusqu'à une grande bâtisse en métal.

Elle n'était pas belle, ni élégante; elle faisait plutôt penser à un improbable monstre de fer et de tuyauteries mais, pourtant, c'était bel et bien là que les deux femmes semblaient se rendre.

Elles s'arrêterent toutes deux sous une fenêtre et l'improbable se produisit alors : sous le regard de Shui, Luna sembla s'effacer peu à peu, jusqu'à devenir elle-même l'obscurité. Une ombre, comme si une personne invisible était là, grimpa le long du mur et passa lestement par la fenêtre entrouverte. Une fois sa fille passée, Shui se fondit, elle aussi, dans les ombres et entra.

L'intérieur du bâtiment était tout aussi étrange que l'extérieur. La salle était remplie de vapeur; partout, de gros tuyaux crachaient de la fumée tandis que de mini-explosions apparaissaient çà et là.
Cet endroit était appelé la Passe à Humains.

Pour empêcher les Hommes de découvrir Praorien, les Elementaux avaient créés un immense sortilège qui était régulé ici, permettant aux bâteaux et autres avions de passer sans rien voir.

Bien sûr, une fois les Luminax au pouvoir, les règles avaient changées. Désormais, les transports possédants au moins un Elemantal "traître", autrement dit, tout ceux qui c'étaient enfuis durant la guerre, étaient coulés.

Les humains avaient évidemment fini par remarquer les disparitions et avaient nommé Praorien "le Triangle des Bermudes". Un endroit maudit et mystérieux.

Plusieurs minutes plus tard, un homme arriva et Luna se figea. Il semblait avoir la trentaine, mais Luna savait que c'était faux. Il avait quarante-cinq ans, s'appelait Matthew Mercle, et, avant tout, c'était un Luminax. Il les vit et sourit.

– Tu n'as pas été suivi ?, chuchota Shui
– Moi aussi je suis heureux de te voir, mon amour, répondit-il. Et je suis sûr que non.
– Maman, que ce passe-t-il ?, s'enquit Luna. Que fait un Luminax ici ?

Shui soupira.

– Luna, voici ton père. Il vient avec nous.

La jeune fille resta complètement stupéfaite.
Bien sûr, elle savait que son père était dans le camp ennemi, et elle avait toujours soupçonné quelque chose entre Matthew Mercle et sa mère, mais en avoir la confirmation était... Different.

Elle contempla leur reflet dans un tuyau.
Son... Père, grand, châtain aux yeux bleus, souriant de toutes ses dents; sa mère, élancée, cheveux noirs, peau blanche comme neige et yeux verts, sombre et inquiète et elle, au milieu. Elle possédait les cheveux et le visage de sa mère, mais elle avait les yeux de son père.
Ainsi, on voyait l'air de famille.

Le sol se mit à trembler.

– Je répète une dernière fois, dit Shui. Le bâteau va arriver. Kouadio sera à l'intérieur; il ouvrira deux hublots. Je règle les cadrans pour ne pas qu'ils nous sentent et...
– On saute tous dans le bâteau et on part loin d'ici, compléta Matthew.

Luna hocha la tête.

Alors même qu'un immense navire arrivait, fenêtres ouvertes, dix personnes entrèrent dans la Passe à Humains.

Shui fut la première à les voir. Dans un geste désespéré, elle poussa sa fille qui, dans un saut incontrôlé, arriva dans une des pièces où l'attendait un vieil homme aux cheveux blancs.

La dernière chose qu'elle vit fut son père, qui, tenant sa mère, les luminoportait loin.

*****
Je n'ai rien à dire donc...
Biz 💋😂

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