Chapitre 5
Une fois sur la planète, Clive fut surpris par la chaleur étouffante qui y régnait. Après avoir délaissé sa veste dans le vaisseau, il s'engouffra dans la jungle avec sa nouvelle partenaire. Elle avait d'ailleurs préféré se changer pour enfiler un pantalon noir, suffisamment serré pour deviner les fines courbes de ses jambes. Pendant ce temps, Éva occulta le vaisseau grâce aux manipulations qu'elle venait d'apprendre de la part de Clive.
Les arbres possédaient des troncs aussi imposants qu'un immeuble. Leurs feuilles de forme ovale s'étendaient sur de longues branches semblables à des ponts, dont la taille démesurée pouvait abriter plusieurs Humains. Les rayons du soleil couchant parvenaient tout juste à passer les cimes pour éclairer leur chemin d'une belle lueur orangé, alors que Clive et Rika couraient dans la direction indiquée par Éva.
Cela faisait longtemps que Clive n'avait pas vécu ça. Suivre les indications de quelqu'un pour se rendre à son objectif. Pour la première fois, il pouvait garder son attention sur la faune et la flore, afin d'éviter de se retrouver pris au piège. Après un arrêt de quelques secondes, ils observèrent de grandes fleurs violettes sortant des arbres. Une tige noire émanait de leur cœur et ne donnait pas envie d'y passer les doigts. Ils restèrent indécis face à la substance qui en coulait, faisant référence à de la bave, comme si la plante réagissait à leur présence.
— Je pense qu'il vaut mieux éviter d'y toucher, déclara Rika.
— Je suis d'accord, répondit Clive. Fais attention où tu marches. On y retourne !
Rika hocha la tête et ils se remirent à courir. Clive ne comprenait toujours pas les motivations de cette jeune femme, et il ne savait pas comment aborder le sujet. Pour l'instant, il évitait les racines et sautait par-dessus celle qui sortait du sol en de magnifiques arcs de cercle. La jungle ralentissait leur progression à mesure qu'ils s'engouffraient plus profondément.
Jusqu'à ce qu'un premier obstacle les arrête dans leur élan : une longue rivière d'eau dorée. Clive pensait la traverser à la nage, mais en se penchant en avant, il aperçut des poissons gros comme un poing. Clive avait l'impression d'être une proie en les voyant tourner autour de lui, et le suivre s'il se déplaçait à droite ou à gauche.
— Baignade interdite, signala-t-il.
Rika ricana.
— Je crois qu'on ne va pas pouvoir se mouiller. Qu'est-ce qu'on fait ?
Clive soupira. Il appuya sur son intercom à l'oreille.
— Éva, on est face à une rivière. Tu as un endroit facile pour traverser ?
Sur le qui-vive, les deux missionnaires évaluèrent le danger des environs en attendant la réponse de leur coéquipière. Ce terme donna des frissons à Clive. La dernière fois qu'il en avait eu un, il l'avait amèrement regretté.
— J'ai une idée pour vous faire traverser, mais tu ne vas pas aimer... lui dit finalement Éva.
— Vas-y, c'est mieux que de nager à mon avis, répondit Clive.
— Alors il y a une branche qui traverse la rivière à un kilomètre à l'est. Et d'après le scan, elle n'est pas très haute.
— Ok, on y va.
Clive et Rika s'élancèrent ensemble jusqu'à l'arbre en question. Effectivement, il s'élançait au bord de la rivière et l'une de ses branches la traversait, mais pour l'emprunter, il fallait faire un peu d'escalade. Clive reprit son souffle et appuya sur son communicateur.
— Pas si haut ? railla Clive.
— Désolée, je n'ai rien de mieux. Sinon, vous pouvez faire deux mille kilomètres vers l'ouest et contourner le lac.
Clive esquissa un sourire. Il secoua la tête, conscient qu'il allait devoir faire plus d'effort que prévu.
— Merci Éva, on va suivre ton idée.
Même s'il ne la voyait pas, il sentait qu'elle était contente de se rendre aussi utile. Il devait avouer que cela lui faisait un bien fou de se reposer sur quelqu'un pour le sortir d'une telle situation. Autrement, il aurait mis du temps à dénicher un moyen de traverser.
Rika se lança la première à l'assaut du tronc. Heureusement, il offrait de nombreuses prises pour lui grimper dessus, mais le plus dur était d'éviter les fleurs. Elles n'attendaient qu'un faux pas pour répandre leur bave. En levant la tête, Clive avait vu sur ses belles fesses rebondies. Il rougit et détourna le regard, essayant de rester concentrer sur son ascension.
Rika rata une prise et elle glissa de quelques centimètres. Clive la retint d'une main qu'il posa sur son derrière. Son genou frôla une tige noire d'une fleur. Il la poussa pour qu'elle reprenne son ascension. Ils contournèrent la plante dangereuse, puis arrivèrent enfin en bout de course. Rika se hissa sur le haut de l'arbre et tendit sa main à Clive.
— Accroche-toi à moi, Clive ! proposa-t-elle.
Le mercenaire accepta son aide pour se hisser jusqu'à elle. Une fois à sa hauteur, Clive la remercia d'un hochement de tête avant de s'assoir cinq minutes. D'ici, ils pouvaient voir l'immensité de la jungle. La nuit tombait lentement sur la planète, ne laissant qu'un halo rosé dans les cieux. Un océan d'étoiles se dessinait petit à petit dans la boute céleste. Clive se leva, imitée par Rika.
— Tu vois ce que je vois ? demanda-t-elle.
— Oh que oui...
Toutes les fleurs mauves des arbres s'agrandissaient lentement. Une tête dépourvue d'yeux, mais garnie de dents jaillissait du cœur. Les tiges noires suintantes de bave et s'accrochaient à leur front, tandis que leur long cou descendait vers les proies empoisonnées qui gisaient au pied des plantes. Les dépouilles se faisaient déchiqueter par leurs puissantes mâchoires et ils dévorèrent les cadavres en un rien de temps.
— Bon, ben on a bien fait de ne pas toucher les fleurs, signala Rika.
— Effectivement, concéda Clive.
— Comment on descend par contre ?
Les deux mercenaires longèrent la branche vers l'autre rive. L'eau s'agitait sous leur pied et les poissons, devenus un peu plus fluorescents, les suivaient du regard. Si toute la faune et la flore cherchaient à les dévorer, ils n'allaient pas faire long feu dans cette jungle. En bout de course, la branche s'arrêtait à quelques mètres de la rivière. Clive pesta en voyant le saut qu'il devait faire pour se rendre sur l'autre rive. C'était un pari hasardeux de croire qu'il pouvait bondir de l'autre côté.
Puis en voyant les immenses feuilles, une idée lui fin à l'esprit. Il en arracha une.
— Attrape l'autre bout, ordonna-t-il à Rika.
Sourcils relevés, elle s'exécuta sans comprendre où il voulait en venir.
— À trois, on saute.
Rika sourcilla.
— Attends, ne me dis pas qu'on va se servir de ça comme parachute.
Clive resta muet quelques secondes, laissant planer le doute au-dessus de Rika. Elle voulut protester, mais Clive prononça le mot qui les lança dans cette entreprise dangereuse.
— Trois, dit-il subitement.
Ils sautèrent en même temps. Les mains agrippées sur la feuille, celle-ci forma un léger dôme et ralentit leur chute. Dans la descente, Rika regardait le sol avec de grands yeux, anxieuse de tomber d'aussi haut. Clive ne pensait pas que son plan allait si bien fonctionner. Ils descendaient lentement vers le sol, loin des plantes carnivores dont les têtes cherchaient de nouvelles proies à dévorer.
Un bourdonnement au loin déchira le silence de la nuit. Rika et Clive froncèrent les sourcils et cherchèrent d'où venait ce son étrange. Au loin, une espèce de boule orange translucide se rapprochait d'eux. L'inquiétude serra le cœur de Clive quand la chose accéléra vers lui.
— C'est quoi ça, encore ? se plaignit-il.
La bestiole virevoltait en serpentant entre les branches avec une grande agilité. Lorsqu'elle passa près d'une plante, la lueur violacée dévoila un insecte avec de longues ailes et un dard aussi gros qu'un bras. Ses immenses yeux à facettes fixaient Clive. Le mercenaire espérait naïvement qu'il n'allait pas lui enfoncer cette chose, au risque de le sentir passer, mais le trajet de la bestiole était sans équivoque. Il allait déguster s'il ne fuyait pas maintenant.
— Saute ! hurla Clive.
Clive et Rika lâchèrent la feuille en même temps. Le dard de l'insecte la sectionna en deux avant de faire le tour de l'arbre le plus proche. Les deux mercenaires tombèrent lourdement au sol, et Clive se cogna contre Rika avant de lui tomber dessus. Le souffle coupé, Rika le repoussa gentiment.
— J'aime bien quand tu es contre moi, mais là t'es un peu lourd, signala Rika.
Clive s'excusa et se redressa. Il épousseta ses vêtements pour nettoyer la poussière et tendit la main à sa coéquipière. Surprise par l'invitation, elle lui empoigna l'avant-bras et il la tira vers lui. Une fois debout, elle grimaça de douleur. Sa jambe avait morflé lors de la descente, mais rien de grave.
Et tant mieux, car ils devaient se remettre à courir. Les bourdonnements devenaient bien plus nombreux, au point de faire vibrer leur tympan. Au loin, des centaines de petites boules orange filaient à toute vitesse dans leur direction. Un simple échange de regard et les deux mercenaires savaient ce qu'ils leur restaient à faire. Ils s'élancèrent à pleine vitesse dans la direction de la ville, tout en essayant de ne pas se prendre les pieds dans les racines qui dépassaient du sol. C'était une véritable course contre la montre. Derrière eux, les insectes gagnaient du terrain au fur et à mesure, et Clive ne savait pas comment leur faire rebrousser chemin. Il pesta, encore et encore, alors qu'il dévalait la jungle à toute vitesse. Il appuya sur son intercom, le souffle court.
— Distance ? cria-t-il à l'intention d'Éva, essoufflé.
Clive osa un œil en arrière. La mort se rapprochait indubitablement de leur position. Rika courait à ses côtés, mais elle semblait manquer de ressource pour une poursuite aussi longue. Sa respiration devenait de plus en plus laborieuse. Elle sautait par-dessus les racines, évitait les plantes avec des bons précis, mais tout cela leur faisait perdre de la distance.
— Trois cents mètres, indiqua Éva, paniquée. Mais, qu'est-ce qui se passe ?
Grosso modo une minute pour y parvenir. Ce n'était certes plus très loin, mais quand des bestioles menaçaient de les tuer avec un dard empoisonné, cette précieuse minute devenait très longue. Clive serra les dents et accéléra, laissant Rika derrière lui. Son souffle devenait de plus en plus instable et, bientôt, il l'entendit chuter lourdement au sol. Clive s'arrêta et fit marche arrière malgré son instinct qui lui soufflait de la laisser tomber. Il lui agrippa le bras et la tira pour se remettre à courir. Blessée, elle boitait et impossible pour eux de passer les derniers mètres sans se faire avoir.
Au détour d'un arbre, Clive aperçut toute une série de buissons aux longues fleurs rouges qui s'étalaient telle une muraille. Pas le temps de savoir ce qu'il se passerait quand il se jetterait derrière ces choses. Le mercenaire se précipita dans les feuillages et en ressortit juste après. La ville était enfin en vue. Les premiers bâtiments trônaient derrière un long champ d'herbes hautes.
Puis le bourdonnement cessa. Clive et Rika se laissèrent tomber. Le souffle court, Rika s'allongea, sans avoir peur de ce qui pouvait trainer dans le champ. Clive essuya la sueur de son front d'un revers de main. Il ne savait pas pourquoi ils avaient survécu, mais qu'importe. Sa mission pouvait continuer. Il ralluma son intercom afin de prévenir Éva.
— Tout va bien, rassura-t-il. On a été poursuivis par des insectes bizarres.
— Ouf ! soupira Éva. J'étais morte d'inquiétude.
Rika passa la main dans ses cheveux pour y remettre de l'ordre. Une fois sa respiration redevenue normale, elle se releva et leva la tête au-dessus des herbes. Aucun insecte ne les poursuivait.
— Tu crois que les buissons les ont repoussés ? demanda-t-elle d'un air dubitatif.
Clive haussa les épaules et se leva. Néanmoins, la théorie de Rika tenait debout. Pour se débarrasser de ces nocifs, la cité avait forcément trouvé une solution. Et si ces plantes rouges permettaient de les chasser, alors ce mur était en effet un bouclier protecteur très performant.
Mais il n'avait pas envie de s'en soucier maintenant. Ni jamais d'ailleurs. Karos n'était plus très loin. Ils reprirent la route vers sa maison, prêts à lui faire sa fête. Rika lui emboita le pas malgré la douleur à la jambe. Clive ne prit pas la peine de l'aider à se soigner, si elle ne parvenait pas à suivre le mouvement, elle n'avait qu'à rester en arrière.
Une fois sortis des herbes hautes, ils trouvèrent un gazon parfaitement tondu. Le premier pavillon s'étendait devant eux. Une immense demeure sur trois étages avec une piscine, et des arbres plus petits pour offrir un jardin magnifique. Pour Clive, tout ceci n'était qu'un délire de riche supplémentaire. Qui pouvait avoir envie de vivre dans une jungle infestée d'horreur prêt à vous dévorer ?
— Au fait, merci de m'avoir sauvé, lui dit Rika. Encore...
Clive balaya sa remarque de la main. Il ne savait pas pourquoi son corps avait décidé de ne pas suivre son instinct. C'était idiot d'être retourné la chercher alors qu'il aurait pu s'enfuir en la laissant derrière lui. Il ne la connaissait pas et elle ne faisait aucun effort pour diminuer ses doutes sur sa personne. Pourtant, il l'avait bel et bien sauvé.
— Je te dois beaucoup, on dirait, continua-t-elle.
Clive ne répondit pas. D'ailleurs, il avait la nette impression qu'elle cherchait chez lui une réponse pour la rassurer, mais que pouvait-il lui dire ? D'habitude, il n'hésitait pas à demander des faveurs en échange, mais pour cette fois, il ne lui faisait pas assez confiance pour lui réclamer quoi que ce soit.
— Tu n'as qu'à me dire qui tu es en échange, déclara-t-il.
Il savait très bien que ce n'était qu'un coup dans l'eau, mais au moins, il tentait. Rika gloussa derrière lui.
— Je peux plutôt te proposer un magnifique diner en tête à tête, qu'en dis-tu ?
— Après que tu m'ai dit la vérité.
Rika bougonna, mais Clive n'en démordra pas cette fois-ci. Sachant qu'elle n'allait pas lui répondre, Clive reprit sa route.
Après une demi-heure de marche, ils étaient enfin en vue de la demeure de Karos. Profitant de l'obscurité, Clive et Rika évitèrent de longer la route de béton éclairée de néons pour ne pas se faire repérer. D'ici, ils pouvaient voir sa piscine privée, ainsi que toute la population qui faisait la fête sous une forte musique électronique, et des lumières de toutes les couleurs.
— Comment on s'y prend ? demanda Rika.
Clive réfléchit quelques instants. , ce qui lui donna une vue d'ensemble sur l'intérieur du bâtiment, comme s'il s'agissait d'un schéma holographique.
— T'as volé ça à qui ? demanda Rika.
Clive se tourna vers elle, mais ses lunettes la montraient sous un halo vaporeux dont les couleurs variaient en fonction de la chaleur corporelle.
— Pourquoi je les aurais volés ? demanda-t-il, faussement vexé.
Il sentit le poids du regard de Rika et son sourire amusé.
— À ma dernière cible qui prenait un peu trop la confiance, admit-il.
Grâce à son bijou de technologie, il nota l'emplacement des gardes. Mais impossible de localiser Karos.
— Tu me suis ? demanda Clive à Rika.
— Pas de problème. Je suis juste derrière toi.
Aucune clôture n'encadrait le jardin, signe qu'il n'avait pas peur de voir des inconnus débarquer dans sa demeure. Grâce à ça, Clive surprit un garde par derrière et lui craqua la nuque d'un geste brusque. Rika attaqua le deuxième de la même manière, puis ils cachèrent les corps derrière l'arbre le plus proche.
Clive arriva près de la fenêtre où se trouvait le moins de monde. Il passa la tête pour scruter l'intérieur avec attention. Il fit signe à Rika que seulement deux convives trainaient dans le coin à droite. Après avoir ouvert la fenêtre sans un bruit, Rika passa la tête prudemment puis s'infiltra dans les lieux. Clive lui emboita le pas et entra dans la pièce.
Deux personnes se servaient un verre puis retournèrent faire la fête dans l'immense salon. Même dans la cuisine, Clive et Rika avaient suffisamment de place pour se cacher n'importe où. Ils firent le tour de l'îlot central, accroupis, pour se rendre jusqu'au salon. Clive se dissimula derrière un mur pour passer la tête. Hormis un tas de personnes en train de boire à outrance, et de s'introduire une substance bleue fluorescente dans des seringues à injection rapide, les SRID, il ne trouva pas Karos. C'était dans un brouhaha incessant que tout le monde s'embrassait et dansait dans des tenues provocantes. Une vraie fête dont la plupart n'allaient même pas s'en souvenir.
Il fit demi-tour avec sa partenaire. Il n'y avait pas grand monde dans le reste de la maison. Ils purent se rendre dans un couloir en toute sécurité, jusqu'à ce qu'ils dénichent un escalier. En levant la tête, Clive aperçut plusieurs pièces à l'étage. Des cris de plaisir provenaient de l'une d'elles. Son instinct le poussa à rejoindre cet endroit, sûr que le maître de cérémonie profitait de l'occasion pour passer la nuit avec une petite jeune. Un signe de tête, et Rika comprit immédiatement ce qu'elle devait faire. Le suivant de près, ils se dissimulèrent dans l'ombre pour rejoindre l'étage sur la pointe des pieds.
Clive dégaina son arme. Au mur, quelques cadres et médailles trônaient un peu partout pour montrer quel grand soldat il était. Clive posa la main sur la poignée d'une chambre et la tourna lentement. Il ouvrit le battant et passa son arme en premier avant de scruter ce qu'il s'y passait. Dans une décoration sobre, avec juste une petite lumière d'appoint, un couple s'adonner à des positions sexuelles extravagantes dans des cris de plaisir. En éteignant le filtre de ses lunettes, il remarqua qu'il ne s'agissait pas de Karos. Il jura intérieurement et referma la porte silencieusement.
Rika se détacha de lui pour fouiller les autres pièces. Ils ne trouvèrent que des inconscients en train de s'injecter des substances qui les faisaient planer. Ils ne leur restaient plus qu'une pièce à fouiller, sûrement celle où il se trouvait. Sinon, ils n'auraient plus qu'à se rendre à la piscine. Mais plus le temps passait et plus ils risquaient de se faire repérer.
Cette fois, Rika fut la première à entrer dans la dernière chambre. Quand Clive suivit à son tour, il ne fut qu'à moitié surpris de voir Karos au lit avec deux femmes et un autre homme. La soirée s'annonçait mouvementée pour son ancien employeur. Il s'amusait à faire l'amour à une femme qui donnait du plaisir à une autre. Les cris résonnaient à travers la pièce au rythme des mouvements de hanches de son partenaire.
Rika prit un malin plaisir à allumer la lumière, mais cela ne les arrêta pas davantage. Au contraire, Karos, sans se retourner, invitait les intrus à les rejoindre pour s'amuser davantage. Quand Clive arma son arme dans un cliquetis métallique, Karos fit volte-face. Les voyants menacés, les invités se redressèrent en poussant des cris de terreur. Karos s'éloigna vers la commode, mais Clive lui fit signe de ne pas bouger d'un pouce. Pendant ce temps, la pièce se vidait sous la terreur, et bientôt, le calme revint.
Karos observait Clive avec effroi. Comprenant qu'il s'était bien fait avoir et qu'il allait se venger, l'homme tendit la main en avant pour lui implorer sa pitié.
— Attends, dit-il d'une voix chevrotante. Tu ne vas pas tirer sur un mec à poil, non ?
Clive haussa un sourcil. C'était plus que tentant, mais avant ça, il voulait le questionner. Rika sortit de la pièce pour surveiller ses arrières.
— Ça va dépendre de tes réponses, lui fit croire Clive.
— Tout ce que tu veux ! s'exclama-t-il. Qu'est-ce que tu veux savoir ?
— C'était quoi cette bombe ?
Il secoua vivement la tête.
— Je n'en sais rien ! On m'a demandé de livrer la femme à Thésus.
— Bordel, mais t'es qu'un intermédiaire ?
Il hocha la tête avec un sourire aux lèvres tremblantes. Clive soupira, las de cette histoire. Comment pouvait-il en apprendre davantage si personne ne savait rien.
— Qui t'a embauché ?
— J'en sais rien !
Clive n'y croyait pas. Alors pour toute réponse, il appuya sur la détente. La balle frôla sa cuisse, non loin de ses testicules. Karos hurla de douleur, les yeux écarquillés.
— Bordel ! T'es malade !
— La prochaine va droit dans tes couilles, alors répond !
Karos lui fit un doigt d'honneur, mais Clive ne se laissa pas démonter. Il pointa le canon vers son entrejambe. Karos sursauta sous la menace.
— C'était Vaz Nombrech ! Je crois qu'il fait partie de la Fédération Galactique. Je sais aussi que cette prisonnière était une prêtresse de Saint Kylvea ! Je te jure ! Ne me tue pas, je te file cinq cent mille crédits et tu me laisses la vie sauve !
Impossible de refuser une telle proposition. Clive l'autorisa à récupérer sa Clavem, posée sur une table de nuit, et lui vira les fonds. Karos lui sourit et leva les mains en l'air.
— Voilà, c'est fait ! dit-il d'une voix tremblante. Je te jure que je ne sais rien d'autre.
Qu'il mente ou pas, cela ne changeait rien, Clive n'avait plus le temps. Rika le prévenait de l'arrivée de la sécurité. Alors, dans un geste vif, Clive lui colla une balle en pleine tête pour en finir avec cet enfoiré qui l'avait trompé.
Il retrouva la jeune femme et attendit pour tirer à vue. Les gardes faisaient beaucoup trop de bruit. Ils criaient des ordres en s'approchant au pas de course, ce qui laissait penser à Clive qu'il s'agissait d'amateur. Il dégoupilla une grenade et la glissa dans le couloir. Quelques secondes après, une puissante déflagration démolit les murs et les chambres alentour. Une gerbe de flammes repoussa les gardes dans un hurlement de douleur. Une partie du deuxième étage s'effondra, laissant un trou béant dans la maison. Grâce à ça, ils purent rejoindre la cuisine juste en dessous en sautant dans les décombres.
Les convives fuyaient dans des cris de terreur. Un flot de personnes courraient vers les sorties les plus proches pour éviter de se faire tuer. Heureusement, l'explosion n'avait pas touché de civils innocents.
En bas, plusieurs soldats toussaient face au nuage de poussière. Clive et Rika, grâce à leur agilité, frappèrent les soldats et tirèrent des balles pour les tuer rapidement. Les corps s'effondraient les uns après les autres dans des râles de douleur. Les détonations s'ajoutaient à la musique techno de la fête.
Les deux mercenaires traversèrent le salon vers la porte d'entrée. Quelques soldats voulaient les arrêter, armés de leur fusil automatique, mais Clive et Rika se protégèrent derrière un mur. Lors du rechargement de leurs armes électromagnétique, Clive et Rika bondirent de leur cachette en même temps pour les massacrer à coup de pied et de poings bien placés. Rika semblait aussi forte que Clive, et elle désarmait et tuait ses cibles avec précisions. Ses attaques ressemblaient à une danse entre chaque homme qui tombait sous ses coups.
Clive ouvrit la porte d'entrée pour se retrouver dans une belle allée, coupée par deux jardins parfaitement taillés. Il cherchait un moyen de fuir autre que par la forêt pleine de bestioles, mais il n'entendit que des véhicules quitter les lieux en crissant leurs pneus.
— Là !
La voix de Rika l'interpella. Elle se dirigeait vers une grande porte de garage blanche. Lorsqu'elle l'ouvrit, ils découvrirent de nombreuses voitures de sport. De toutes les couleurs, elles trônaient tels des trophées dans une large pièce à la décoration très sobre, mais lumineuse.
— Tu peux les pirater ? demanda le mercenaire.
Rika ricana.
— J'ai réussi avec ton vaisseau, alors une voiture...
Clive sourit. Pour la première fois, il était content de l'avoir avec lui dans cette mission. Ils prirent le véhicule le plus proche. Rika se mit au poste de pilotage et trifouilla l'ordinateur de bord. Après un habile jeu de doigt sur le clavier, elle pirata le code source et la voiture démarra sans avoir besoin des empreintes de Karos.
— Tu vois ? railla-t-elle.
— Vas-y fonce ! ordonna Clive.
En plus d'être une pirate et une soldate parfaite, elle conduisait comme une déesse. Pied au plancher, elle accéléra pour quitter la propriété en quelques secondes. Ses coups de volant leur permettaient de slalomer entre les fuyards. Des voitures de la sécurité les croisèrent, mais personne ne se doutait de leur présence. Rika continuait d'accélérer, grillant les feux et les priorités dans une conduite incroyable. Plus le temps passait, et plus Clive trouvait cette femme remarquable.
Pendant le trajet, Clive contacta Éva pour qu'elle allume les moteurs du vaisseau. Au cas où ils seraient poursuivis, il ne voulait pas perdre de temps.
Le moteur de la voiture vrombit et Rika suivit un chemin de terre dans la forêt. Les bestioles ne les suivaient pas, mais bientôt, ils ne pourraient pas s'aventurer jusqu'à la clairière. Après tout, les voitures de sport étaient bien trop basses pour prendre un chemin de terre.
— Il va falloir descendre, signala Clive.
— Mais non ! s'amusa Rika.
— Quoi ?
Contre toute attente, Rika braqua sur la droite pour s'infiltrer dans la jungle. Clive la trouvait malade, et c'est pour cette raison qu'il attacha sa ceinture. La voiture fut secouée dans tous les sens, et la tôle du bas se froissa et se tordit dans des bruits mécaniques horribles. Bientôt, ils perdirent les premières pièces sur la route, alors que Clive lui intimait de s'arrêter. Mais tout ça semblait l'amuser. Un sourire aux lèvres, elle fixait l'horizon pour éviter consciencieusement chaque tronc. Bientôt, ils arrivèrent dans la clairière et Clive ordonna à Éva d'effacer le camouflage optique et d'ouvrir le hangar. Rika rentra avec la voiture à l'intérieur, ajoutant un troisième véhicule à sa collection, malgré son état déplorable. S'ensuivit l'allumage des moteurs du vaisseau pour quitter la planète.
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