Chapitre 4
La station spatiale abritait toujours autant de monde. Une fois sortis des hangars où les vaisseaux s'amarraient, Clive et les deux femmes retrouvèrent le brouhaha incessant de la grande salle principale. Rika et Éva s'éclipsèrent de leur côté pour trouver de quoi s'habiller, tandis que Clive prenait le chemin du bar où il avait rencontré Karos.
De la musique électronique passait toujours au rythme des lumières clignotantes. Des danseuses et des danseurs s'exhibaient devant un public euphorique, tandis que des serveurs apportaient des collations toutes plus alcoolisées les unes que les autres. Clive retourna à leur ancienne place, faisant attention de se mouvoir dans l'ombre, évitant les spots du mieux qu'il pouvait. Il balaya la salle des yeux, mais sa cible ne semblait pas être restée sur place. C'était convenu, mais il espérait récupérer quelques indices sur sa destination.
Il arrêta la première serveuse venue pour lui demander où était parti Karos, mais elle n'en savait malheureusement rien. Il soupira, sachant ce qu'il devait faire. Pour retrouver le nom de quelqu'un, il suffisait de voir le paiement par la Clavem qu'il avait passé. Raison pour laquelle Clive ne consommait jamais quand il prenait un verre avec un commanditaire.
Impossible de rater l'entrée de service près du bar. En plus d'avoir un hologramme « passage interdit », un gorille en gardait l'entrée. Rien d'insurmontable en somme. Comme il n'y avait que le barman qui était suffisamment proche, Clive se rapprocha rapidement dans l'ombre puis passa dans le coin de la grande salle. Tout le monde était bien trop occupé par le spectacle, personne ne prêtait attention à lui. Une fois assez proche du garde, Clive le frappa d'un coup sec à la gorge. La respiration coupée, il porta les mains à son coup en scrutant l'intrus, mais Clive ouvrait déjà la porte pour le glisser dans le couloir suivant.
L'homme de main au sol, Clive referma et laissa le corps contre le battant pour empêcher quiconque d'entrer. Il continua de s'aventurer dans cet endroit plus sombre, éclairé seulement par quelques néons rouges. Une des portes s'ouvrit et vomit un garde. Celui-ci eut à peine le temps de demander au mercenaire ce qu'il faisait là, qu'il se prit un coup de pied en plein estomac. Le temps de chanceler permit à Clive de s'attaquer de nouveau à lui pour lui fracasser la tête contre le mur. Il emprunta la route inverse de ce pauvre homme et découvrit le poste de sécurité.
Trois hommes à l'intérieur, dont un petit jeune qui semblait terrorisé en voyant l'inconnu. Les deux autres lui foncèrent dessus en sortant leur matraque. Ils auraient pu faire peur à n'importe qui en beuglant de la sorte, mais le mercenaire les maitrisa avec facilité. Coup à la gorge, à l'estomac, puis un jeu de jambes habile pour les clouer au sol, et il ne restait plus que le stagiaire. Les yeux plein de larmes, il leva les mains en l'air, ne souhaitant pas se faire tabasser lui aussi.
— Que voulez-vous ? demanda-t-il d'une voix chevrotante.
Clive fit le tour des postes de commande garnis d'ordinateurs et d'écrans pour le rejoindre. Il dégaina une arme et le pointa sur son front. Sa cible pleura et trembla de peur. Encore un peu et il allait s'uriner dessus. Clive pointa le plan du bar du doigt, et surtout la table où il avait reçu sa mission.
— Cette table. Je veux le nom de la personne qui était avec moi hier, ainsi que sa destination. 08h00, heure de la Fédération.
Le jeune homme hocha la tête et tapota sur son clavier à grande vitesse. La respiration haletante, il se dépêcha de dénicher les informations que lui demandait son agresseur.
— Voilà !
Sur les caméras de surveillance, le jeune homme zooma sur leur table. Clive reconnut Karos, et rien que de revoir sa tête, cela lui mettait les nerfs à vif. Sur un autre écran, le stagiaire lui montra la Clavem, et avec, l'adresse où il habitait. Pratique comme carte d'identité, qui servait aussi de paiement pour tous les habitants de la Fédération Galactique.
— Vous voulez une copie ? demanda le jeune homme.
— Non. Pas besoin.
Clive utilisa sa Clavem pour prendre une photo de l'écran, et la rangea dans sa poche. Il le remercia et rangea son arme. Il n'avait aucune intention de le tuer, mais par contre, il le frappa assez fort pour l'assommer. Seul un gros mal de crâne lui plomberait la tête à son réveil, contrairement à ses collègues qui garderaient des séquelles de leur agression.
Quand il ressortit, il entendit des cris derrière la porte de service. D'autres gardes demandaient si tout se passait bien, alors qu'il tambourinait sur le battant, bloqué par le corps de leur camarade. Clive pesta et s'élança dans l'autre sens. Il y avait forcément une sortie quelque part.
Il suivit les panneaux de sortie de secours, le faisant passer de couloir en couloir. Il ne rencontra qu'un homme de ménage curieux de voir un fuyard dans cet endroit. Clive n'y prêta pas attention et continua son chemin. Derrière lui, des bruits de pas se rapprochaient dans une course effrénée, ce qui le poussa à accélérer.
La dernière porte le mena hors du bar, dans un escalier de secours qui menait dans les entrailles de la station. Il descendit en vitesse, ses bottes frappant les marches en métal. Bientôt, il ne fut plus le seul dans cette cage, et les premiers tirs détonnèrent. Les balles raclèrent les barreaux dans des gerbes d'étincelles, alors que Clive continuait de courir.
Le mercenaire ne cessa de sprinter, mais il ne pourrait pas semer ses poursuivants si facilement. Il devait retourner dans le centre de la station, afin de se fondre dans la foule. Alors, après quelques couloirs vides de mondes, il emprunta la première porte venue et traversa une arrière-boutique de vêtement. Il se retrouva dans un magasin de Nabula, une race au corps long, fin, avec quatre bras. C'était un peu compliqué de se dissimuler ici, mais il sortit en trombe et se mêla à la population. Il suivit un groupe d'Humain sans se retourner, sans accélérer, et reprit son souffle alors que son cœur battait la chamade.
Les gardes arrivèrent en trombe dans l'allée. Ils ne pestèrent en ne voyant pas leur proie. Clive jeta un bref coup d'œil en arrière. L'un d'eux hurlait des ordres pour tenter de le retrouver. Un sourire aux coins des lèvres, et Clive bifurqua dans une ruelle plus sombre pour rejoindre la place centrale au plus vite. Ni vu ni connu, il se faufila parmi la populace. Cette fois, impossible qu'ils arrivent à le repérer.
Sauf si les agents de sécurité étaient alertés. Et en les voyant observer chaque personne, il sentit l'angoisse l'envahir. Pourtant, le hangar de son vaisseau n'était plus très loin. Tant pis, maintenant qu'il était recherché, il ne pourrait plus jamais mettre les pieds ici.
Quand le premier le reconnut, il sortit automatiquement son arme. Mais Clive ne voulait pas faire de victime, auquel cas ils n'arrêteraient pas de le rechercher et cela entraverait ses mouvements pour les prochains mois. Donc, sans sortir son arme, il se rua sur lui en slalomant derrière les passants pour s'en servir comme bouclier. Une fois à son niveau, il le désarma d'un coup vif, puis lui mit un uppercut qui lui brisa le nez. Du sang ruissela sur son uniforme alors qu'il s'écroulait sous le regard ahuri des visiteurs.
Bientôt, ils s'écartèrent de peur de se retrouver mêler à la bataille. Une cohue générale venait de prendre place au brouhaha habituel. Les gens fuyaient vers les autres allées pour débarrasser le hall. Clive dégaina son arme et tira plusieurs fois vers les agents de sécurité, sans pour autant les viser eux. Il faisait exprès d'atteindre le sol ou les murs, ce qui les poussait à se dissimuler derrière le comptoir d'entrée, où derrière les quelques kiosques épars.
Clive courut à toute vitesse à travers l'immense hangar pour rejoindre son sas. Une fois à l'intérieur de son vaisseau, et contre toute attente, celui-ci démarra immédiatement et s'élança dans l'espace à pleine vitesse. Ce n'était pas possible, car normalement, les commandes ne répondaient qu'à ses empreintes. Alors quoi de plus surprenant que de retrouver Rika aux commandes du vaisseau, qui expliquait à Éva tout ce qu'elle faisait, comme une professeure donnant un cours.
— C'est quoi ce bordel ? demanda Clive, toujours armé.
Rika se retourna vers lui d'un air innocent.
— Ben je te sauve la vie. Où est-ce qu'on va maintenant ?
Clive la tint en joue sous le regard courroucé d'Éva. Elle se mit devant sa ligne de mire et le fusilla de ses prunelles émeraude. Pourquoi tout le monde l'empêchait de garder le contrôle de son vaisseau ? Clive ne se sentait même plus chez lui. Il repoussa Éva d'une façon abrupte et menaça Rika.
— Comment t'as fait pour démarrer mon vaisseau ? demanda-t-il.
Pour la première fois, Rika semblait contrariée de devoir parler d'elle. Mais Clive ne comptait pas en rester là, cette femme restait une énigme et ses dons le laissaient penser qu'elle était, soit une soldate, soit une mercenaire très douée. Plus le temps passait, plus il découvrait ses capacités, et moins il ne lui faisait confiance.
— Je l'ai piratée, avoua-t-elle d'une faible voix. Je suis désolée...
Les yeux écarquillés, Clive ne comprenait pas comment cela était possible. L'ordinateur de bord était doté de plusieurs antivirus dernier cri, et évidemment, mis à jour continuellement. Il n'en revenait pas qu'elle ait réussi de tels miracles. Clive rangea son arme, suspicieux. Rika avait beaucoup trop de secrets pour rester dans son vaisseau, mais en même temps, si elle voulait lui nuire, elle l'aurait fait depuis longtemps.
Rika et Clive permutèrent leur place, ce qui lui permit d'entrer les coordonnées de la planète où habitait Karos. De ce qu'il connaissait de cet astre, il s'agissait d'une immense jungle avec un climat tropical à longueur d'année. Au moins, la végétation allait l'aider à se camoufler pour chopper cette enflure et lui faire regretter de l'avoir trompé. L'ordinateur indiqua sept heures de voyages, ce qui l'amènerait en fin de soirée. En espérant que dans ce système, la nuit serait déjà tombée.
— Où est-ce qu'on va alors ? demanda Éva, intriguée.
Clive était déçu de revoir les deux jeunes femmes dans son vaisseau. Il espérait vraiment repartir seul.
— On va sur Dako II. J'en finis avec Karos, ensuite, on va sur Tampur II pour faire une halte avant de se rendre à la Fédération Galactique. Ils pourront t'aider. Ça te va ? proposa-t-il.
Éva acquiesça d'un hochement fébrile. Clive décela une envie de rester avec lui, mais que pouvait-il lui offrir hormis une vie de violence ? Au moins, avec la Fédération, elle serait reçue et trouverait rapidement une place dans la société. Ils avaient l'habitude de récupérer les orphelins de guerre et de les reloger. Plusieurs fois, lors de ses missions, Clive avait aidé des gens de tout âge à les rejoindre, et aujourd'hui, ils jouissaient d'une bien meilleure vie.
Bien qu'il aurait aimé rester dans son cockpit, Clive préféra la solitude de sa chambre. Les filles, bien trop bruyantes à son goût, n'arrêtaient pas de briser sa quiétude. Il s'allongea sur son lit et réfléchit à ce qu'il pourrait faire ensuite. Peut-être que des missions l'attendaient sur la planète mère de la Fédération ? Après tout, ils possédaient tellement de planètes que les problèmes s'agglutinaient sous leur porte, et vu les évènements récents, cela ne risquait pas de s'arranger.
D'ici, il entendit le bruit de la télé. Intrigué, Clive se leva et rejoignit les deux jeunes femmes, vêtues de leur nouveau vêtement. Rika avait opté pour un débardeur et une jupe plissée noire. Éva pour un pantalon noir et un tee-shirt blanc. Elles écoutaient avec attention les informations sur une chaine de la Fédération. Autant dire qu'il s'agissait d'une magnifique propagande à leur effigie, comme le faisait l'empire de Nedelech et le Saint Kylvea.
Mais pour l'instant, la journaliste d'une quarantaine d'années se trouvait à bord d'un vaisseau et montrait des images de deux flottes qui se faisaient face. Ils cherchaient à récupérer les fleurs d'Obscurium et de Lumnerium qui avaient poussé sur la même planète. Ces chiens n'attendaient même pas que les scientifiques se penchent sur la question de cette double naissance. Sur le plateau de télé, personne ne comprenait la situation. Ils n'arrêtaient pas de parler dans le vide en tournant en rond, incapable d'expliquer l'éclosion aussi rapide que brutale des deux types de flores sur une seule étoile.
Puis finalement, la présentatrice annonça que les deux Factions n'allaient pas entrer en guerre, qu'elles aspiraient l'énergie chacun de leur côté avant de laisser les scientifiques analyser le phénomène.
— Louée soit la mère... soupira Éva.
Cette phrase interpella Rika et Clive. Ils l'observèrent, intrigués. Comprenant son erreur, elle hoqueta de surprise et mit la main devant sa bouche. Elle avait beau les regarder à tour de rôle, elle venait de trahir son appartenance au Saint Kylvea. Clive avait encore des centaines de questions qui lui taraudaient l'esprit, mais il n'était pas sûr qu'elle allait lui répondre. Après tout, s'il ne la traitait pas mieux, elle ne risquait pas de s'ouvrir à lui, et il le savait très bien. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée de la transporter jusqu'à la Fédération.
Sur cette hésitation, il retourna dans sa chambre pour se reposer avant le prochain combat. Clive avait hâte d'arriver pour en finir avec toute cette histoire. Il ferma les yeux, et laissa le silence l'aider à faire le vide dans son esprit et à calmer ses nerfs.
Les heures passèrent et Clive s'endormit. Cette petite sieste l'avait requinqué et il se sentait prêt pour l'action. Ce fut Éva qui le tira de sa chambre en sonnant à sa porte. Lorsqu'il ouvrit, elle le scrutait avec un air dur.
— Oui ? demanda-t-il.
Cette femme avait quelque chose à dire, alors autant crever l'abcès maintenant.
— Tu comptes me livrer à la Fédération ? demanda-t-elle.
Clive se gratta la tête.
— C'était bien mon intention. Mais je suppose que tu fais partie de Saint Kylvea finalement ?
Elle hocha timidement la tête, en prenant le soin de détourner le regard, comme si elle avait honte.
— Tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce que tu foutais prisonnière de ce connard ? demanda Clive.
L'esprit embrumé, des larmes perlèrent les yeux d'Éva. Clive se maudit d'avoir fait remonter de mauvais souvenirs, mais ce n'était pas en se murant dans le silence qu'il allait pouvoir l'aider. Néanmoins, Éva observait Rika derrière elle et Clive comprit qu'elle la dérangeait pour en parler davantage.
Il l'invita dans sa chambre et lui proposa de s'assoir. Une fois installée, elle se radoucit et observa le mercenaire d'un air affligé.
— Je ne sais pas, et je te jure que c'est la vérité. J'étais sur une planète avec un prêcheur pour l'accompagner et accomplir les miracles de notre Mère. Et puis, après m'être endormie dans un hôtel, je me suis réveillée attachée. Ensuite, tout est flou. Je n'arrive pas à me souvenir de ce qu'il s'est passé...
Clive la pensait sincère. Elle triturait le tissu de son pantalon, les jambes tremblantes. Elle lui faisait de la peine, et une nouvelle mission se fixait dans sa tête : celle de récupérer des informations sur sa capture auprès de Karos.
— Je vais interroger Karos à ce sujet, et si tu le souhaites, je te ramènerai chez toi, proposa Clive.
Éva n'avait pas l'air de s'en réjouir.
— Je ne sais même pas si mes parents m'attendent, avoua-t-elle. Il me pense peut-être déjà mort. Je ne sais même pas si on me cherche.
Clive fronça les sourcils.
— Comment ça ?
Éva se leva dans un soupir.
— Laisse tomber, de toute façon tu vas m'abandonner sur la planète de la Fédération. Tu ne m'auras plus dans tes pattes.
Elle le quitta à la hâte, le laissant seul face à sa culpabilité. Clive passa la main sur son front, cherchant ce qu'il aurait pu dire pour la soutenir, mais finalement, il se sentait idiot de s'être embourbé dans cette situation. Tant pis, il avait autre chose à faire pour l'instant. Désormais arrivé à destination sur Dako II, Clive devait s'occuper des formalités d'arrivées : scanner, repérage...
De retour dans le cockpit, ses deux invités prirent chacune un siège. Rika tapota le clavier en face d'elle pour lancer les scanners, sous le regard intrigué de Clive. Il ne lui avait même pas demandé qu'elle était déjà en train d'analyser l'atmosphère et le terrain. Même s'il faisait très humide, l'air y était respirable. Éva zooma sur une partie du continent, où un village à la technologie avancée s'étendait dans une vaste jungle. Des pavillons, éloignés les uns des autres, formaient une gigantesque ville avec en son centre, une grande place.
— Il y a une clairière en dehors de la jungle, proposa Rika. Mais tu vas devoir pas mal marcher.
— Ce n'est pas grave, rétorqua Clive. Je préfère ça que de me risquer sur le spatioport.
Finalement, Éva agrandit sur une maison au nord du centre-ville.
— C'est là, dit-elle simplement. Ce sont les coordonnées de l'adresse que tu as vue sur la Clavem de Karos.
— Ok. Je vais me le faire et je reviens.
Il se leva et épousseta sa veste noire, prêt à faire un carnage. Remarquant que les deux femmes le scrutaient intensément, il écarta les bras et dodelina de la tête.
— Je suppose que je ne peux pas venir, car je suis un poids ? grogna Éva.
— Et moi, que je ne suis pas assez digne de confiance ? demanda Rika en s'enfonçant dans son fauteuil.
Clive commençait à en avoir plus qu'assez. Les envoyer balader était plus que tentant, mais une autre idée lui traversa l'esprit.
— Éva, appela-t-il. Tu as appris quoi sur le vaisseau par Rika ?
La jeune femme, contente que le mercenaire s'intéresse un tant soit peu à elle, se redressa vivement.
— Euh... Elle m'a montré comment le démarrer. Et je pense être capable de le faire décoller. Enfin, je crois...
Clive se frotta le menton, puis prit une décision. Une stratégie qui l'aiderait dans sa mission.
— Bien, tu vas rester ici aux commandes.
Après avoir pianoté sur l'ordinateur, un écran sortit du tableau de bord devant Éva, puis s'alluma.
— Pose ta main, ordonna Clive.
Éva s'exécuta. L'ordinateur annonça un nouvel administrateur pour les commandes.
— Hé ! s'exclama Rika, jalouse.
— À partir de maintenant, tu peux avoir accès à tout le vaisseau, expliqua Clive sans prêter attention à Rika qui boudait dans sa chaise. Ici, tu peux appliquer le camouflage optique. Je vais partir avec une oreillette et il suffira d'appuyer ici pour me contacter, et ici pour me répondre. Compris ?
Éva acquiesça, un air serein. Déterminée à se rendre utile, elle fit semblant d'appuyer sur chaque bouton pour se rappeler de leur emplacement et se le répéta plusieurs fois. Pendant ce temps, Clive se tourna vers Rika.
— Toi, tu viens avec moi.
Prise de court, Rika écarquilla les yeux, indécise. Finalement, elle se leva pour le suivre.
— Ça va aller ? demanda-t-il à l'intention d'Éva.
Comme elle n'était pas une soldate, Clive avait peur de la laisser seule ici, sur une planète hostile.
— Oui ! Je vais faire de mon mieux pour vous guider.
Clive hocha la tête, un léger sourire sur les lèvres.
— Je te fais confiance, décréta-t-il.
Il ne s'en rendit pas compte tout de suite, mais en rejoignant le sas, il pensait vraiment ce qu'il venait de lui dire. Pour la première fois depuis plusieurs années, Clive sentait qu'il pouvait confier une mission à quelqu'un pour l'épauler, qui pourtant, ne connaissait que depuis très peu de temps. La peur le submergea soudainement. Hésitant, il resta la main devant le bouton d'ouverture du sas. Avait-il raison de mettre sa vie entre ses mains ? Après tout, elle tenait un rôle essentiel pour leur fuite.
— Je peux avoir une arme ? demanda Rika.
Il se tourna vers elle. Effectivement, même si elle venait avec lui, il n'avait pas pris soin de lui prendre de quoi se défendre. Mais d'un côté, il avait peur de se faire tirer dans le dos. Et faire confiance à tant de monde d'un seul coup n'était plus dans sa nature.
— Je ne vais pas te tuer... soupira-t-elle.
— Qu'est-ce que j'en sais ?
— J'aurais pu le faire depuis un moment.
— C'est ce que tu crois, oui.
Ce n'était pas ça qui l'aida à prendre une décision. Mais de toute manière, il ne pouvait pas la faire venir désarmée. Elle risquait d'être un poids pour sa mission. Il lui proposa un pistolet et elle l'accepta avec plaisir. Ils étaient fin prêts pour assassiner Karos !
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