Chapitre 2

Baignés dans une lueur rouge, les monts s'étendaient à perte de vue. La jeep s'élançait à travers les montagnes, laissant derrière elle une trainée de poussière. Clive prenait le soin de prendre le chemin le moins escarpé possible. Malgré les suspensions et les grosses roues du véhicule, ils étaient secoués dans tous les sens, et sa prisonnière ne pouvait pas se tenir aux épais barreaux des portières.

Toujours aussi silencieuse, sa respiration devenait de plus en plus rapide. Elle s'agitait, essayant vainement de se libérer de ses entraves. Quelques cris étouffés émanaient de son masque, alors qu'ils fonçaient droit vers la seule ville de la planète. Le tableau de bord affichait une température d'une vingtaine de degrés et aucune pluie en vue avant plusieurs jours. L'air sec s'engouffrait dans le véhicule par la vitre abaissée de Clive, faisant virevolter sa courte chevelure noire.

Au loin, les premiers bâtiments sortaient derrière une épaisse muraille blanche. Impossible de la rater d'ici, ni les drapeaux avec le symbole de Saint Kylvea : un losange avec un trait qui descendait pour rejoindre un croissant de lune. Clive ne pouvait même pas entrer directement dans la ville. Des soldats en armure blanche, armés de leur fusil en forme de lance, gardaient une grande porte en métal. Dès qu'il fut repéré, un soldat fit signe à Clive de s'arrêter, alors que les autres le tenaient en joue. Il stoppa le véhicule à sa hauteur et coupa le moteur.

Le militaire s'approcha de lui en scrutant sa passagère. Clive sentit un malaise s'installer. Il ne voulait pas avoir de problème alors qu'il venait à peine d'arriver. Mais la façon dont elle était attachée attira son attention.

— C'est quoi ça ? demanda-t-il d'un ton sec.

Les autres encerclèrent le véhicule d'un pas menaçant. L'un pointa du doigt la jeune femme, sans pour autant venir à son secours.

— Une livraison pour Thésus De Ville, déclara Clive.

La prononciation de son nom effraya les soldats. Ils hoquetèrent de surprise et reculèrent d'un pas hésitant. Ils se regardèrent, voulant être sûrs qu'ils ne tombaient pas dans un piège.

— Ce doit être une nouvelle recrue, signala un autre.

— Ouais... murmura celui qui se trouvait à côté de Clive. Ok, vous pouvez y aller. Mais pas de problème, c'est clair ?

Pour toute réponse, Clive démarra le moteur de sa voiture et accéléra jusqu'à l'entrée. D'un signe de la main, le soldat ordonna l'ouverture des portes. Clive remarqua les caméras disséminées autour de l'édifice, signe qu'un poste de sécurité devait se trouver juste derrière. Les battants s'ouvrirent dans un grondement mécanique, laissant apparaître une route de béton toute fraiche.

Un sanglot survint, ce qui attira l'attention de Clive. Cette fois, la prisonnière tremblait comme une feuille. Beaucoup plus agitée, elle essayait de se libérer de ses entraves. Clive sentit la culpabilité le ronger. Il hésita quelques instants à s'engouffrer dans la ville, mais pouvait-il réellement annuler le contrat ? Il était quasiment arrivé, et s'il ne faisait pas la livraison, il risquait des pénalités mortelles de la part de Karos. Il lâcha un soupir, secoua la tête, puis s'engouffra dans les rues.

— Je suis désolé, dit-il à l'intention de sa prisonnière.

Elle tourna sa tête dissimulée d'un casque vers lui. Malgré l'absence de son regard, il sentait toute la rancœur qui se posait sur lui. Sa colère. Il continua de suivre la route sans y faire attention, passant un poste de contrôle très bien gardé, pour se retrouver enfin au cœur de la cité.

Comme à leur habitude, les maisons autour de la ruelle étaient toutes arrondies et d'une belle couleur blanche brillant sous les rayons de la naine rouge. Les bâtiments administratifs sortaient du lot avec les drapeaux toujours accrochés au-dessus des entrées, et surtout, des statues de la déesse Kylvea représentées à chaque rond-point. Très peu de véhicules circulaient, la population préférait la marche à pied et les quelques bus mis à leur disposition. Et c'était incroyable de voir ses hommes et ses femmes, de diverses races, vêtus d'un uniforme blanc obligatoire, prier la déesse quand ils passaient devant sa statue. Clive les trouvait cinglé. Comment pouvaient-ils croire en une entité cosmique qui aurait créé l'univers ? Après tout, la science arrivait à tout expliquer.

Après plusieurs virages, Clive arriva en marge de la ville, face à une immense demeure circulaire. Pour montrer qu'un prêtre de la déesse habitait ici, sa statue s'étirait au-dessus du perron. Une fois garé sur le parking, Clive éteignit le moteur et descendit du véhicule. Cette fois, sa prisonnière semblait bien plus réticente à le suivre. Lorsqu'il détacha sa ceinture pour l'emmener, elle essaya de se libérer de sa poigne.

— Arrête, gronda-t-il.

Il la brutalisa un peu pour la calmer. Elle sanglotait à travers son casque et elle secoua la tête en murmurant quelque chose d'inaudible. D'un geste vif, il la tira vers les grilles de la demeure. Ses chaines cliquetaient au rythme de ses pas. Il appuya sur le bouton d'appel et on le portail glissa sur les côtés pour le laisser entrer. Après avoir traversé une allée aux jardins parfaitement taillés, la porte s'ouvrit sur un majordome d'un âge avancé. Vêtu d'un smoking trois-pièces, il fit une légère révérence face à son invité.

— Monsieur Clive Darven, je suppose ? demanda-t-il d'une voix mielleuse.

Clive opina du chef.

— Veuillez me suivre. Notre père Thésus De Ville vous attend.

Clive soupira alors que la prisonnière se débattait encore. Il avait l'impression d'entendre des pleurs et non des sanglots, et cela lui déchirait le cœur. Il n'aimait pas traiter les humains de cette manière. Mais qu'importe, il allait empocher les cent mille crédits et quitter ce caillou avant de se faire happer par la religion merdique de cette faction galactique.

L'intérieur de la bâtisse lui offrit splendeurs et merveilles. Le hall, entièrement tapissé de beige, était garni d'immenses fenêtres laissant filtrer la lueur rouge du soleil. Elle éclairait des tableaux aux gouts douteux accrochés aux murs. Passé un rideau de velours rouge, Clive se retrouva dans un petit cabaret bondé de monde. Les lumières des magnifiques lustres dévoilaient une salle remplie de table à manger, ainsi que du parquet imitation bois qui donnait une ambiance chaleureuse. Comme à leur habitude, le portrait de la déesse se trouvait au-dessus de la scène du fond, .

Des gens buvaient des cocktails tout en discutant de leur journée. Mais ils n'étaient pas ici pour se raconter leur vie, non. Lorsqu'un prêcheur arriva, reconnaissable par leur accoutrement symbolique, il lut un passage de leur bible. Au final, ils étaient là pour se faire convertir à leur religion débile, et certains croyaient vraiment ce qu'il racontait. Et comme toujours, il s'agissait principalement d'êtres Humains. Il n'y avait vraiment qu'eux pour croire à des contes à dormir debout.

Ils passèrent un escalier qui surplombait la salle, loin sur le côté. Après un couloir bien gardé, ils arrivèrent dans une grande pièce circulaire. Le bureau et les canapés noirs ressortaient avec le reste qui brillait d'un blanc cassé. Tout aurait pu être calme, si dans un endroit reculé, deux gardes ne torturaient pas un pauvre homme hurlant à la mort.

Attaché par les poignets, il était suspendu au plafond pendant que deux types costauds lui broyaient les côtes. De temps en temps, ils lui coupaient aussi la respiration et en profitaient pour l'électrocuter. À côté, une jeune femme à la chevelure mi-longue argentée, et vêtue d'une robe noire qui mettait en avant sa poitrine généreuse, attendait son tour. Le tablier à froufrou blanc par-dessus laissait penser à une barmaid. Surtout avec son petit nœud noir autour du cou. Le bâillon boule dans la bouche l'empêchait de parler.

— Sir De Ville, voici le mercenaire Clive Darven, annonça le majordome dans une légère révérence.

La personne derrière le bureau tourna la tête vers l'intéressé. Il ne s'agissait pas d'un Humain, mais d'un Valien. Lorsqu'il se leva, Clive le détailla du regard et il faisait bien honneur à sa race. Haut de trois mètres, le dos vouté, il fit signe au mercenaire d'approcher de ses longs bras qui tombaient jusqu'aux genoux. Une fois derrière son bureau, Clive approcha sa prisonnière en la poussant légèrement.

— J'ai ça à vous livrer, dit-il sans vergogne.

Thésus scruta son nouvel esclave d'un regard de braise. Ses grands yeux ronds se posèrent sur la jeune femme, puis cligna des paupières. Contrairement aux humains, elle se rétractait sur les côtés et non par le haut. Il fit le tour du meuble sous les cris de l'homme torturer, puis s'assis sur le coin.

— C'est la marchandise de Karos, je suppose ? demanda-t-il d'une voix rauque.

Autant dire que si Clive devait se battre contre cette chose, il ne pouvait définitivement pas avoir l'avantage à mains nues. Heureusement pour lui, il avait suffisamment d'armes et de munitions pour tuer tout le monde dans ce bâtiment.

Clive confirma d'un signe de tête, ce qui arracha un rictus à Thésus.

— Tu peux la libérer ? J'aimerais la voir.

Ce n'était pas dans son contrat, mais ne voulant pas l'énerver, Clive obéit dans l'espoir d'empocher sa prime encore vivant. Il sortit la carte magnétique de sa poche et la passa dans la fente du mécanisme qui retenait ses bras dans le dos. Une fois à l'intérieur, une petite LED rouge passa au vert et un déclic mécanique déverrouilla tous ses liens. Le casque se fendit en deux et Clive l'aida à se défaire du tout. Quand il retira le masque, il découvrit une belle et longue chevelure rousse. Le casque possédait une excroissance métallique qui s'était engouffrée dans sa bouche, aussi, quand Clive l'enleva, elle ne put s'empêcher de tousser. La jeune femme ne devait pas avoir plus de dix-huit ans. Elle leva la tête vers Clive, les yeux rouges de larmes coulant le long de ses joues. Ses prunelles d'émeraudes dévisagèrent le mercenaire, alors que son regard le suppliait de l'aider.

Thésus attrapa son visage de sa grosse main et la força à le contempler. Terrorisée, elle trembla de tout son corps, bredouillant des paroles inaudibles.

— C'est parfait, déclara le prête. Avec ça, je vais pouvoir offrir du bon temps à nos nouvelles recrues.

Il se redressa et tourna le dos à la jeune femme.

— Attendez ! cria-t-elle. Je ne dois pas rester ici ! Vous allez tous mourir !

Clive écarquilla les yeux. Pire encore quand Thésus fit volte-face pour la frapper d'un revers de main. Couchée au sol, grognant de douleur, la prisonnière se releva avec peine.

— On va commencer le dressement, j'ai l'impression, fulmina Thésus. Tu ne parles que quand je te le dis.

Alors qu'il allait la frapper de nouveau, il fut interpellé par ses hommes de main. Clive se pencha pour voir ce qu'il se passait. L'homme qu'il torturait ne bougeait plus et sa tête pendait, inerte. L'un d'eux semblait affolé en tenant un bâton électrique, tandis que l'autre le sermonnait à s'en rompre la voix.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il d'une voix colérique en les rejoignant.

Ils semblaient terrorisés. Peur du courroux de leur chef, personne n'osait lui répondre. Pourtant, celui qui tenait l'instrument de torture répondit après une longue hésitation :

— Je l'ai tué sans faire exprès... murmura-t-il.

Thésus scruta son prisonnier. Il lui attrapa la tête d'une seule main pour contempler le cadavre. Voyant qu'il venait sans doute de perdre une mine d'information, il attrapa le garde qu'il plaqua la tête contre son bureau. D'un geste vif, Thésus récupéra le bâton de torture et le fourra brutalement dans la gorge de son homme de main. Ses cris étouffés percèrent le silence, alors que Thésus frappait le manche en lui brisant la mâchoire et les dents. Ensuite, il appuya sur le bouton pour l'électrocuter jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le pauvre homme s'écroula par terre en répandant du sang sur le carrelage blanc.

— Nettoie-moi ça, ordonna Thésus au survivant. Et commence avec Rika Himiko. T'as tout ce qu'il te faut pour la faire parler, magne-toi.

— À vos ordres !

Le sbire souleva le corps pour le sortir de la pièce, puis Thésus s'installa dans son bureau.

— Je vais prévenir Karos que la livraison est effectuée, je suppose que tu vas recevoir ton paiement rapidement.

Clive acquiesça d'un hochement de tête. Mais plutôt que de partir tout de suite, il voulait être sûr de recevoir ses cent mille crédits. S'il n'obtenait pas ce qu'il voulait, il repartirait avec cette inconnue. C'était une façon de fonctionnement qu'il respectait depuis des années, et cela lui permettait de ne pas se faire escroquer comme à ses débuts.

Une fois que Thésus eut terminé d'écrire sur son clavier virtuel, il ferma l'écran holographique.

— C'est fait, dit-il en se levant.

Il s'approcha de nouveau vers la jeune femme terrorisée. Elle n'arrêtait pas de scruter Clive d'un air suppliant, mais il faisait tout pour éviter de croiser son regard. Son cœur lui disait de la récupérer et de fuir le plus vite possible, mais sa réputation risquait d'en prendre un coup, et il serait recherché par les hommes de Karos.

Pour savoir s'il avait reçu le paiement, Clive sortit sa Clavem. Une petite tablette très fine qui servait de carte d'identité. Avec ça, il pouvait circuler partout où il était autorisé, mais aussi consulter ses comptes bancaires. Et pour l'instant, rien n'apparut.

— Ça va sûrement mettre un peu de temps, signala Thésus.

Le Valien attrapa le bras de la jeune femme pour la relever, mais Clive agrippa sa toge synthétique dont la capuche dissimulait son crâne chauve.

— Que fais-tu ? gronda Thésus.

— Tant que je n'ai pas de paiement, vous n'aurez pas la marchandise.

Marre de se faire traiter de cette façon, la prisonnière repoussa la main de Thésus et s'éloigna vers le fond du bureau sous les yeux éberlués des deux hommes. Les bras tremblants, elle tendit les paumes en avant pour leur demander de ne pas s'avancer.

— Je vous jure, il faut que vous fuyiez cette planète ! Vous allez tous mourir !

Elle pleurait. Clive n'avait jamais vu quelqu'un pris soudainement de folie. L'espace d'un instant, il voulait la croire et partir en courant, mais Thésus n'était pas de ce bord-là. Il s'apprêtait déjà à la massacrer au vu de la colère qui déformait son visage.

Alors qu'il approchait, elle se mit à hurler en se tenant le bras gauche. Face à la souffrance foudroyante, elle tomba à genoux et serra la mâchoire. Mais rien n'y faisait, elle continuait de hurler alors que la combinaison se désagrégeait au niveau de son bras. Petit à petit, Clive assista à un spectacle incroyable. Sa peau se détachait en des milliers de petits cubes. Ils se rassemblèrent au milieu de la pièce pour forme une nouvelle structure. Thésus reculait contre la baie vitrée, les yeux écarquillés.

— C'est quoi ce bordel ? hurla-t-il.

Mais elle ne pouvait plus répondre. Son bras avait maintenant disparu, laissant un moignon cybernétique près de son épaule. Au centre, les morceaux se rassemblèrent pour former un cube plus grand, de la taille de deux poings, avec une lueur violette à l'intérieur. Ne sachant pas ce qui se passait, et écoutant son instinct, Clive courut attraper son ancienne prisonnière pour la relever.

— Viens ! clama-t-il.

— Attends !

Elle se débattit et recula jusqu'à la fameuse Rika.

— Aide là ! cria-t-elle en tentant de libérer ses chaines.

Clive jeta un œil à Thésus. Heureusement pour eux, il restait émerveillé par la beauté de ce cube lévitant dans les airs. Mais le mercenaire sentait que tout allait mal finir, il y voyait déjà une bombe exploser et détruire le bâtiment. Il sortit son pistolet de son étui et tira sur les chaines de Rika. Il lui agrippa le bras et la tira, ignorant ses plaintes étouffées par le bâillon.

Au moment de sortir, le cube s'élança dans les entrailles de la terre, perforant tout le bâtiment dans un sifflement. Clive, surpris, ne put qu'assister au spectacle alors que sa prisonnière le poussait à sortir rapidement. Que se passait-il, bon sang ? Karos avait-il prévu tout ça de là où il était ? Clive grinça des dents, furieux de s'être fait avoir par cet enfoiré.

Mais pour le moment, pas question de lambiner. Thésus les hélait alors qu'il appelait les gardes. Clive passa devant pour ouvrir la voie, pistolet en main. Dans le couloir, il fit face à tant de soldats dans un endroit clos, qu'il se demandait s'il pourrait tous les tuer en protégeant deux autres personnes.

Mais une chose incroyable le sauva. Une géante feuille blanche coupa le couloir en deux. Les gravats tombaient par centaine dans un gouffre qui s'ouvrait sous leur pied. Les soldats tombaient en hurlant, alors que Clive y voyait une opportunité. Ils s'élancèrent tous les trois devant eux, sautant ensemble de l'autre côté avant que tout ne s'effondre, puis coururent jusqu'à l'extérieur.

Dehors, c'était la panique la plus totale. Des tiges et des feuilles sortaient du sol, détruisant toutes les constructions de Saint Kylvea. La terre s'ouvrait sous la population qui sombrait dans les entrailles de la planète. Une poussée d'adrénaline bouscula Clive jusqu'à sa voiture. Les deux femmes à peine rejoint qu'il démarrait déjà. Pied au plancher, le moteur vrombit et il s'élança dans la ville, jouant du volant et du frein pour éviter les fleurs qui naissaient du cœur de l'astre.

Il ne comprenait pas ce phénomène, mais il n'avait pas le temps d'y penser. Ses pneus crissèrent sur le bitume, alors qu'il fracassa les barrières des différents postes de garde. Les portes déjà ouvertes pour permettre aux fidèles de fuir, il emprunta la même route qu'à l'allée.

Personne n'arriverait à survivre à ce qu'il se passait. Toute la surface de la planète craquait sous la pousse des plantes. Après des blanches, ce furent au tour des noirs de sortirent de terre. Elles détruisaient toutes les montagnes, comme s'il s'agissait d'un simple jouet. Clive pesta quand la terre se craquait sous ses roues. Il frappa le volant, ordonnant à son véhicule de rouler encore plus vite.

Son vaisseau était enfin en vue. Il avait l'impression que la distance était bien trop grande pour arriver en vie. Il continuait de slalomer entre les tiges qui pourfendaient la terre, la sueur perlant son front et les dents serrées à chaque dérapage. Heureusement pour lui, la conduite n'avait aucun secret pour lui et il put retourner à son hangar sans tomber dans le vide. Une fois à l'intérieur, il chargea les filles d'appuyer sur le bouton de fermeture, alors qu'il courait jusqu'au cockpit.

Clive sauta dans son fauteuil de pilote et alluma les machines. Le cœur battant la chamade, il se répétait de se dépêcher s'il ne voulait pas y rester. Les moteurs vrombirent et le vaisseau amorça son ascension.

— Attachez-vous ! ordonna-t-il aux jeunes femmes qui venaient de le rejoindre.

Elles s'installèrent rapidement sur les deux chaises disponibles et bouclèrent leur ceinture. Rika avait jeté le bâillon qui l'empêchait de parler, et l'ancienne prisonnière tentait de cacher la perte de son bras. Clive survola la planète, évitant les feuilles qui poussaient à une vitesse ahurissante. Les tiges manquèrent de fracasser son vaisseau à plusieurs reprises. Ol parvint enfin dans l'atmosphère. Lorsqu'il le traversa, il voulut activer l'hyper espace, mais un éclair de lumière blanc frappa le vaisseau et endommagea les moteurs.

Il pesta d'être coincé dans ce coin de la galaxie. Pour pallier au problème, il enclencha toute la puissance dans les moteurs subluminiques. Ce n'était certes pas aussi rapide que d'aller à dix fois la vitesse de la lumière, mais cela lui permit de s'éloigner de l'orbite d'Aor IV. Une fois hors de danger, il pivota le vaisseau pour que la baie vitrée dévoile ce qu'il venait de se passer.

Lumnerium et Obscurium. Les deux types de fleurs venaient de pousser sur la planète. Ce phénomène rarissime, apparaissant tous les cent ans, sacrifiait une planète pour faire naître une des deux fleurs de la même manière, mais pas aussi rapidement. Et jamais les deux en même temps.

Alors pourquoi, après l'apparition de ce cube mystique, les deux fleurs venaient de détruire une planète en quelques minutes ?


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