-VIII-
~Voir une réalité inconnue~
Je me réveille, les yeux grandement ouverts, les paupières palpitantes, ma poitrine gonflant et se contractant à chaque fois que je respirais, j'ai cru avoir vu la faucheuse en elle-même.
Devrais-je le dire aux autres ?
En même temps, je n'aimerais pas mettre tout le monde en danger.
Dans ce cas, je ne sortirai pas de ma chambre. Pas tout de suite, je vais bien prendre mon temps avant de mettre mon pied dehors.
Je resterai encore allongée, essayant d'oublier la silhouette que j'ai aperçue hier.
En y pensant d'ailleurs, pourrais-je avoir vraiment confiance en ce corbeau ?
Je plisse mes yeux pour penser à autre chose.
— Ah comme cette fois où Jon m'avait appris à pouvoir compter les heures, vu qu'il n'y a pas de montre ici. Jusqu'aujourd'hui je ne suis pas certaine de maîtriser mais bon tant que je reste dans l'approximation ça me va.
|Début du souvenir du troisième jour|
Jon a toujours eu cette aura que je ne saurais expliquer.
Sans trop d'effort, rien qu'avec sa voix, je ressentais son influence sur moi.
Ce jour-là j'étais assise près de lui. Il avait l'air triste.
C'était la fois où l'on avait parler de Dreya, je crois que c'était la seule même d'ailleurs.
Je m'étais mise à la place de cette fille et Jon à la place de ma mère. Une coïncidence pareille me rendais nostalgique et morose également.
Au final nous avions eu une belle discussion, on s'était même mis à rigoler tous les deux.
Il s'avérait être drôle et cultivé.
Le coucher du soleil se dressait rapidement devant nous, tellement on ne voyait pas le temps passer.
Nous avions enchaîné de belles conversations. C'est ce soir-là qu'il m'avait appris comment il faisait pour connaître l'heure qu'il était.
—Tends ton bras et place ta main à l'horizontal, de façon à ce qu'elle soit parallèle à l'horizon et ce, jusqu'à la placer sous le soleil. Disait-il en me tenant le bras.
Sur le sien, il arborait toujours ce bandeau avec lequel je l'avais vu pour la première fois lorsqu'on s'était rencontrés.
— Mais là c'est la nuit ! M'exclamais-je en le regardant dans les yeux.
Ce moment fût particulier.
On se croisait et se fuyait des yeux, on jouait beaucoup avec nos regards, pourtant cela était charmant.
— Hehehe ! Bien-sûr, je suis juste entrain de t'expliquer tu sais. Me répondait-il simplement en souriant.
J'avais hoché la tête.
— Voilà. Jon poursuivit en détournant son visage avec un regard timide. Garde la paume en direction de ton visage. Il continuait son explication. Compte les doigts sous l'horizon sans prendre en compte le pouce, compte que chaque main équivaut une heure et chaque doigt 15 minutes de lumière du soleil gagnée.
Moi ne comprennant rien, le regardant avec un air perdu.
— Bon par exemple, disait-il après s'être moqué de mon incompréhension. Si tu compte deux doigts alors il restera une demi-heure avant la tombée de la nuit, ce n'est pas si compliqué que ça voyons !
Même après ça, je ne comprenais toujours rien.
— Plus le temps passera, plus tu t'y habitueras et mieux tu comprendras. Il déclarait en croisant finalement mon regard.
— Merci, peut-être qu'un jour je vais pouvoir savoir compter les heures toute seule.
Il me lança un sourire.
— Je crois qu'il se fait déjà tard, on doit aller voir les autres tu crois pas ? Proposa-t-il en se levant.
— Oui oui. Répondis-je en faisant de même.
On s'apprêtait à partir, mais, comme à chaque fois que j'ai un mauvais pressentiment, mon intuition m'indiqua que j'étais observée depuis ma conversation avec Jon.
Je regardais dans tous les sens jusqu'à voir le corbeau.
— Jon ! Jon ! Le corbeau ! Regarde ! M'écriais-je en pointant du doigt l'oiseau.
Le garçon aux cheveux blancs se retourna et regarda dans la direction du volatile.
J'avais l'impression qu'il le regardait sans le voir.
— Que fais-tu ? On doit aller voir les autres. Déclara-t-il en soulevant ses sourcils, la bouche légèrement ouverte.
|Fin du souvenir du troisième jour|
Quand je me rappelle du comportement qu'avait Jon à chaque fois qu'il croisait le corbeau, je remarque toujours qu'il ne le voyait pas comme moi.
Même le premier jour où je suis arrivée ici, quand il m'avait vu nue, le corbeau était présent, pourtant quand je le lui disait, on aurait dit qu'il ne comprenait pas de quoi je parlais.
Comme si j'étais la seule à voir le corbeau.
Par contre, la silhouette qui m'a effrayée la nuit d'hier me semblait avoir une conversation avec lui. Donc ça présuppose que je ne suis pas la seule personne à le voir.
Même Esoral l'aînée des trois femmes maudites, m'avait dit ceci : « Maintenant que tu as lu les cinq parchemins, tu dois retrouver le Corbeau-Narrateur ».
Cela confirme que je ne suis pas la seule à voir ce sombre oiseau.
C'est étrange car Jon semble être une personne dotée de capacités surhumaines, je me souviens que lorsqu'il pleure, il pleut sur l'île toute entière.
En plus, Alawhyn m'avait dit un jour que lorsque je m'étais noyée, Jon a séparée la mer pour me retrouver et que pour ce faire il a eût levité dans le ciel.
Si il est si puissant qu'il le prétend, je trouve ça vraiment étrange qu'il ne puisses pas voir le corbeau, tout comme les maudites ou la silhouette que j'ai vue hier.
Qu'a-t-il de si particulier même ce volatile ?
Aufaite, j'ai pas traduit ce qui a été dit dans les Cinq Parchemins, en plus que je dois aller retrouver le corbeau, lui aussi devra répondre à mes questionnements : la personne avec qui il parlait hier soir, son identité réelle et celles des femmes maudites qui semblent le connaître vu qu'elles m'ont envoyée le voir.
Tant de questions. Surtout que si je me souviens bien Esoral avait dit, lorsque je suis allée à Ogatha pour la première fois, que la Tablette-Défendue a été détruite peu avant ma venue.
Comme quoi quelque chose ne voulait pas que je m'en aille.
Je suis également curieuse de savoir ce qui est à l'origine de la destruction de la Tablette-Défendue.
Toujours sur le lit, réfléchissant à ce que je vais poser comme acte ou pas.
Quelqu'un frappa à ma porte.
— Qui-est-ce ?
La personne entra.
— Bonjour Reeyane, commence Jon avec un bras dans son dos.
— J-jon..? Où étais-tu depuis ?!
— C'est pas ça le plus important, toi ça va ?
— Je vais bien merci, tu m'a juste un peu manqué. Je le disais tout en étant surprise de mon affirmation.
— Ah c'est gentil de penser à moi, dit-il en s'approchant.
Il s'est assis à côté de moi, genre tout près de moi, je sentais même sa chaleur, il était irréprochable ce garçon. Sa beauté devrait être défendue.
— Reeyane, j'ai l'impression qu'on veut nous séparer. Tu sais qu'en réalité je-
— Non ! Ne dit pas ça ! Ne gâche pas tout. Lui coupais-je la parole, imaginant déjà la suite de sa phrase.
Il me regarda surpris de ma réaction, on aurait dit que ce n'est pas à ça qu'il s'entendait, lui qui a l'habitude de l'avance sur moi.
— Jon. Je déclare. Il ne me reste plus qu'une chose à faire et je partirai, j'ai peur de ressentir la même chose que toi mais mon coeur est déjà à un autre, je ne suis pas du genre à voir ailleurs, j'aurais aimé qu'on soit ensemble, ici, mais je penses que ce sera pour une autre vie, dans celle que j'ai actuellement j'ai un ami cher que je dois retrouver et une mère qui doit me pardonner. Je ne veux pas que tu t'y interpose. J'apprécie énormément ce que tu as déjà fait pour moi, mais mon seul bonheur est loin de toi. Sache que je ne t'oublierais jamais quand je m'en irai.
Je soufflais en parlant lentement, de telle sorte à exprimer chaque syllabes pour me faire bien comprendre.
Il était attentif avant de retorquer à son tour.
— J'ignore bien cette chose qu'il te reste à faire, mais-, il voulait m'arrêter.
Je refuse de tomber encore dans ce piège.
— Pas de mais, s'il te plaît, disais-je en me levant du lit pour le fuire.
— Je t'ai écouter tu sais, j'aimerais que tu fasses de même.
J'ai soupirer, croisant les bras, en soulevant les sourcils pour faire signe qu'il reprenne la parole.
— Merci de bien vouloir m'écouter. Il baisse le regard. Reeyane, peux-tu attendre ? Tout ce que je te demande c'est d'attendre, je n'aimerais pas que tu partes ainsi, il y'a tellement de choses que j'aimerais dire, tu es déjà partie une fois, reviens-moi s'il te plaît, on a pu faire mieux, on a déjà eu à faire l'amour dans une autre vie, je ne veux pas voir tomber tout ce qu'on a construit pendant des siècles, je ne veux pas en réalité, te donner de l'espace, car si je le fais tu t'en iras. Moi je m'en irai pas d'ici. Pourquoi partir ? Tu sais nous ne sommes pas ennemis mais on doit se battre, se battre pour nous.
Placée devant le bureau en bois, je me suis retournée pour ne pas lui cracher ma pensée en face.
— Jon je suis désolée, mais je ne te connais même pas en tant que tel. Disais-je en fermant les yeux.
Un calme s'installa pendant un moment.
C'était gênant, j'avais envie de disparaitre, me téléporter, être ailleurs, loin de lui.
Mais cela m'étais impossible.
Je devais subir la pression de l'atmosphère qu'il avait créer avec ce sujet délicat qu'est l'amour.
— Prends ton temps avant d'avancer certaines choses s'il te plaît, mon amour est fragile et pourtant je ne t'ai jamais abandonnée, depuis que je te connais, je t'ai toujours offert ma vie, je me suis toujours tenu avec toi. Alors que dans les bons comme les mauvais moments je ne peux pas vraiment y faire face quand tu dis que tu ne me connais pas.
— Jon arrête je t'en prie. Me sentant déjà mal, ignorant d'ailleurs la raison.
— Pourquoi ne pouvons-nous pas ralentir les choses ? J'ai passé ma vie à rêver que tu mettes enfin ton amour sur moi. Ça sonne bizarre mais de toutes les époques c'est toi mon amour.
À cette allure, pour mettre un terme à cette conversation, mieux jouer avec les mots, surtout quand il s'agit de lui.
— Jon. Si tu m'aimes vraiment, pourrais-tu me faire une faveur ?
— Laquelle ? Demanda-t-il avec une voix excitée.
— Laisse-moi s'il te plaît. Posais-je sèchement.
Je sentais un regard qui me fusillait dans le dos, je ne daignais pas rencontrer ses yeux qui se mettent facilement en colère.
— Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?
— Et certaine.
— D'accord, mais souviens-toi quoiqu'il arrive, on se reverra toujours. Affirme-t-il avant de disparaitre.
Lorsque je me suis enfin retournée, j'ai vu déposé sur mon lit, un bouquet de fleur.
C'était donc ça qu'il cachait derrière lui au moment où il est entré. Il voulait sûrement me faire une surprise.
Tant pis.
Sans perdre une minute, je suis sortie de la chambre.
Les enfants n'étaient pas là, heureusement, c'est une aubaine pour moi.
Peut-être qu'ils sont aller à la plage.
Si c'est le cas, je n'aurai jamais cru dire cela un jour, mais je pourrais aller tranquillement à Ogatha.
Je me suis dépêchée afin de profiter de cette occasion en or.
Une plume noire tomba sous mon regard quand je me précipitais. C'était sûrement celle du corbeau, j'ai levé les yeux vers le ciel.
Je ne l'avais pourtant pas vu.
Sans hésiter, j'ai poursuivi mon chemin.
Une fois arrivée, j'invoque les maudites comme la fois dernière.
Je patiente quelques minutes avant que l'une d'elles ne se dévoile à moi.
Cette fois-ci c'était Retehs.
— Jeune fille, que veux-tu encore ? Elle me questionnait.
— Bonjour. En faite c'est que je n'ai pas pu traduire les mots écrits sur les Cinq Parchemins. Essayais-je d'expliquer en agitant les bras.
Vu qu'elle est aveugle, évidemment qu'elle ne voyait pas mes gestes.
— Qu'il en soit donc ainsi.
Esoral et Youne apparurent.
Youne fit survenir les parchemins.
Esoral apparemment devrait me les traduire vu qu'elle pouvait lire et parler. Malheureusement elle ne pourrait pas m'entendre, vu qu'elle est sourde, donc je dois être assez concentrée.
-Premier Parchemin-
Signification : «Fer nkona sukuré matchalla'diba, nahila fir yana djalé aban yul canda.»
Traduction : «Tu devras revenir dans le monde intelligible une fois que ta vie en tant qu'être de chaire soit terminée.»
-Deuxième Parchemin-
Signification : « Fer haï watawa kalosu'wa fu gatimagbo naash lolopo kak'ana.»
Traduction : « Tu auras droit à la réincarnation, mais tes souvenirs disparaîtront à chaque nouvelle vie.»
-Troisième parchemin-
Signification : «Fir oza gi leli na matchalla mabula vabam kala.»
Traduction : «Ta volonté de vouloir exister dans la réalité sensible sera préservée.»
-Quatrième parchemin-
Signification : «O lololpo nawe fer sukuré mo fer no'yo.»
Traduction : «À chaque fois que tu reviendras ici, tu me reverras.»
-Cinquième parchemin-
Signification : «Bong'basi'we fer tela'ko sukuré, vab nasi Deiyo.»
Traduction : «L'unique façon pour que tu puisses partir sans revenir, serait de tuer Deiyo.»
Je me suis demandée qui était donc ce Deiyo.
— J'ai des questions s'il vous plaît.
— Tu en auras droit à trois, donc fais attention à ce que tu vas demander. Me répond Retehs.
J'avale la salive avant de m'exprimer.
— Vous aviez dit que Deiyo et Diyuw sont nés de la matière primordiale. Qu'est-ce que c'est au juste ?
— la Matière Primordiale est l'être suprême, unique, transcendant, universel, créateur de toutes choses, doté d'une perfection absolue, constituant le principe de salut pour l'humanité.
— Ah c'est Dieu quoi, analysais-je en chuchotant.
— Est-ce une question ?
— Euh non non
— Le nom ne change en rien l'identité qu'est l'origine même de toutes choses. Passe à ta seconde question.
— Une fois, vous aviez une fois évoqués un terme que je n'avais pas du tout compris : "Les Infinies". C'est quoi exactement ?
— C'est l'équivalent de ce que les êtres humain appellent : "le temps". Et pourtant, en réalité, les infinies sont des périodes intemporelles où les entités issues de la Matière Primordiale coexistent, créant sans cesse de nouvelles formes de vie.
— Merde j'aimerais savoir tant de choses mais il me reste juste une seule question à poser ! Pensais-je.
— Je t'écoute pour ta dernière question.
Je cogitais sur ma question pendant plusieurs minutes. J'hésitais vraiment.
— Où se trouve l'île Mendana ? J'interrogeais finalement, me souvenant que le premier jour où j'ai ouvert les yeux ici, ce fût mon premier questionnement.
— L'île Mendana se trouve dans la Brèche, elle a été conçue dans celle-ci, elle obéit aux frères issus de la Matière Primordiale, tout en subissant l'influence des Infinies. Tous ses habitants appartiennent à une réalité différente de la tienne.
J'ouvrais enfin les yeux, il ne me reste plus qu'une seule chose à faire.
— Merci. Je crois que maintenant je devrais aller retrouver le Corbeau-Narrateur.
— Bonne chance, jeune fille, sinon, à la prochaine. Me dit Esoral.
Un vortex surgit dans mon champs de vision et je me suis faite emportée par celui-ci.
Je suis arrivée à Oohlaa cette fois-ci, le corbeau était sur mon épaule.
— Tu es enfin prête pour la vérité. Lance-t-il.
J'ai délicatement retourné le visage pour posé mon regard sur l'oiseau aux yeux rouges.
***
Jon au loin, les observait, le regard en colère, le ciel se grisait.
Une tempête approche.
***
Une vérité sera dévoilée.
Reeyane va-t-elle enfin rentrer ?
Rendez-vous le 30 septembre 2022.
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