-IX-
~Naître pour mourir, mourir pour naître à nouveau~
***
Jadis, à l'époque des Infinies, l'univers était inorganique à son commencement. Puis, petit à petit, une myriade d'éléments imperceptible ont réagis les uns avec les autres et se sont joints avant de se défaire, pour se recomposer à nouveau et ainsi de suite jusqu'à ce qu'un système subsiste : La Matière Primordiale.
***
— Tu es enfin prête pour la vérité, affirma-t-il, les pattes sur mon épaule droite.
Mon regard demeurait fixé sur ce corbeau qui décidément apparaissait quand il le voulait.
— Je veux juste rentrer chez moi, dis-je en croisant les bras.
— Tu sais bien que c'est faux, tu es une personne curieuse mais qui malheureusement, se ment trop à elle-même, me retorque Iv comme s'il me connaissait tellement. Tu veux bien plus que rentrer chez toi, tu veux aussi savoir des choses au sujet d'Oblivion et le lien que tu entretiens avec ce village.
Comme à son habitude, il lisait dans mes pensées.
C'était frustrant, je devais garder mon calme, fallait plutôt que je souffre de l'écouter.
— Tu n'as pas tord, je t'écoute dans ce cas, dis moi ce que je dois savoir.
Le décor s'était effacé pour laisser place à cette sorte de dimension blanche.
Je m'y retrouvais la plupart du temps lorsque je devais avoir accès à certaines informations.
Je tremblais à l'idée que tout allait se jouer sur ce que j'allais entendre.
Enfin, cette histoire se termine.
— Je vais à nouveau revoir maman, lui présenter mes excuses avant de lui raconter cette folle aventure, elle ne me croira sûrement pas, pensai-je, Van, je dois m'excuser aussi auprès de lui, je ne peux pas gâcher une amitié d'enfance pareillement. Il mérite mes excuses, me rappellai-je en plissant les yeux comme pour mieux visualiser son visage.
Lui, c'est mon plus grand ami, on a grandit ensemble, hélas, avant d'aller en vacances, nous avions eu de légers soucis, on ne s'était plus parler pendant des semaines.
À présent, je regrette tant de choses, quand j'y pense, j'ai tellement fait du mal à ceux que j'aime.
Le corbeau me sortît de mes pensées lorsqu'il m'interpella.
— Je suppose que tu sais à présent que la Matière Primordiale a engendré deux frères lors des Infinies.
— Oui Deiyo et Diyuw, répondai-je comme si c'était une leçon à bûcher.
Le paysage immaculé se métamorphosa en un panorama étoilé, c'était sûrement les paroles du corbeau qui influençait tout ce qui nous entourait.
Si mes pensées furent exactes, cela préconisait que les Infinies se sont déroulées, ou, se déroulent dans l'univers.
C'est juste ma petite théorie.
— Voilà, Ils vécurent seuls dans la Brèche et se sont mis à créer l'île Mendana, Diyuw de son côté créa Adma et Deiyo, Lylis, poursuivit le Corbeau-Narrateur.
Soudainement, sous mes pieds, je pouvais apercevoir l'île.
J'avais l'étrange sensation que, toute la vie qui s'y trouvait pouvait être observée à partir d'ici.
De plus que si cela n'a pas été le cas bien avant que j'y penses même.
— Je le sais tout ça ! tins-je à lui dire pour qu'il en vienne droit au but.
— Lors de ta lecture des Cinq Parchemins, qu'a-tu appris ?
— Que pour sortir d'ici je devrais tuer ce fameux Deiyo.
— C'est intéressant. Tu sais donc que tu es la réincarnation de Lylis, vu que c'est à elle que j'ai adresser le message sur la Tablette-Défendue.
J'ai marqué une pause.
Il avait raison.
Le message ne m'étais pas adressé.
Pas directement quoiqu'il en soit.
Je me souviens que Retehs m'avait dit, la première fois que j'étais allée à Ogatha, que Lylis contrairement à Adma, voulait découvrir le monde tangible.
En effet, ayant peur d'être supprimée elle aussi, Lylis demanda l'aide de Diyuw pour s'enfuir.
J'avais complétement zappé cette information.
Donc je suis la réincarnation de la création de Deiyo.
Je ne savais pas comment me sentir après avoir compris tout cela.
Je dévisageais le corbeau sans vouloir admettre ses propos.
Et pourtant ça semblait être vrai.
— C'-c'est toi... c'est toi Diyuw, alors, qui a détruit la Tablette-Défendue ?
— Tu sais déjà qui c'est.
Effectivement, pour moi cette personne n'était nulle autre que Deiyo.
— Jon est-il la réincarnation de Deiyo ? essayai-je d'établir comme lien.
Depuis qu'il parlait, la seule personne que je pouvais soupçonner n'était que lui.
Le surnom de "l'Enfant-Poète", ses capacités surnaturelles, sa façon de me regarder d'ailleurs.
Et la fois où j'étais partie chercher Owhen, lorsque j'avais touché la main de Youne, des souvenirs voyant Jon crier, j'ignorais la raison, mais je connaissais son influence sur l'île et tous ses habitants.
— Non. Deiyo est le vrai nom de Jon, Jon n'est que le sobriquet que Dreya lui avait donné, je voudrais dire, que tu lui avais donné, clarifie-t-il.
— Je comprends tout ! mais attend ! Ça signifie que...
— Oui, Jon est mon frère.
Tout me paraissait plus évident, mais pourquoi Jon ne parvenait pas voir le corbeau ? faisait-il semblant ? et d'ailleurs où se trouve réellement l'île Mendana ? qui sont-eux, ces frères qui ont sont à l'origine de ce lieu aberrant ?
Les questions se multipliaient à une vitesse bactérienne dans mon cerveau.
— Dit moi tout à votre sujet ! au sujet de l'île aussi ! n'oublie pas de me parler de moi, enfin, de mes vies antérieures. Je veux l'histoire même !!
Il me fixa un long moment et prit la parole quelques minutes après.
***
Nous sommes nés sans trop savoir pourquoi.
Aucune raison logique ne pouvait justifier notre présence dans la Brèche.
D'ailleurs, c'est un lieu indescriptible, cependant, pour résumé, cet endroit comporte le "tout" et le "vide" à la fois.
Seuls les Chanōra étaient au courant de son existence et de la nôtre.
Le reste de l'humanité ne pouvait pas concevoir l'idée d'un tel monde, ni de notre présence dans le monde intelligible.
Deiyo et moi sommes les toutes premières entités issues de la Matière Primordiale.
Avant que nos semblables n'apparaissent, mon frère et moi se sentions si seuls que nous avions décidés de jouer les créateurs à notre tour.
Nous créâmes donc une île pour y séjourner avec nos créations.
Mendana, fût le nom que l'on a choisit.
C'est en Chanōra, ça veut dire en français, "sommeil éternel".
J'eus l'idée de créer Adma.
Deiyo quant à lui, avait l'impression que ma créature avait comme un manque, comme si elle était une moitié qui attendait impatiemment d'être complétée.
On l'observait des fois déambuler dans le village d'Odimbeya fabriquant des instruments divers.
Odimbeya fût le nom originel du village, sa traduction contrairement à "Oblivion" ne signifie pas directement l'Oubli.
Odimbeya également en Chanōra, pourrait correspondre à : l'oubli de tout ce qui est éphémère.
Mais vu que c'était trop long, sans trop savoir pourquoi, Dreya voulu changer ça pour Oblivion, Deiyo amoureux accepta sans hésiter.
C'est donc dans ce village, qu'Adma découvrit le feu.
J'avoue qu'au début, cela m'amusait de le voir ainsi, seul à explorer ce que l'île pouvait lui offrir.
Cependant Deiyo a vite su que cela n'était pas juste et qu'on devait faire quelque chose.
Malheureusement, je m'en fichais.
Alors mon frère a prit les devants et a former à partir d'argile le corps de ce qu'allait être Lylis.
Tout comme Adma, Deiyo créa Lylis de la même façon, ce qui faisait qu'ils étaient tous les deux égaux.
Elle fût la beauté en elle-même, son corps reflétait le côté poétique de mon frère et son esprit était animé des mêmes connaissances que nous.
Cela faisait que Lylis était presque des nôtres, une entité intelligente.
Au lieu de l'aimer comme Deiyo l'avait prévu, Adma était jaloux, il voulait également avoir la connaissance de tout ce qui nous concernait.
Deiyo n'étant pas d'accord, sentant notre autorité menacée, décida un jour de le supprimer.
On pouvait agir autrement, mais mon frère depuis sa création, est un être colérique qui ne sait nullement se maîtriser. Il a toujours voulu avoir la main-mise sur tous les domaines.
Je me suis toujours dit qu'il avait monter ce plan pour qu'Adma cesse d'exister et qu'il ait champ-libre sur Lylis.
Mais bon, mon frère n'a pas eu la maturité de faire autrement.
Contrairement à lui je ne prête pas une attache particulière aux êtres humains.
Pendant cette période, la Matière Primordiale engendrea une troisième entité, celle-ci se nomma : Esiah.
Esiah aussi eût l'idée de créer des êtres humains à notre image, c'est lui qui donna naissance au monde actuel des Hommes.
Il nous copia bien évidemment, concernant le premier couple humain, à la seule différence que l'un a été plutôt fait à partir d'une "côte" de l'autre, ce qui faisait que cet être demeurait soumis à ce dernier.
De toute évidence, le monde d'Esiah, aux yeux de Lylis, semblait plus attractif que Mendana.
Il y avait de vastes territoires, des océans à perte de vue et de tous les côtés, des déserts époustouflants, des contrées gelées qui ne montraient pas leurs fins, bref tout ce qui pouvait pousser sa curiosité au plus loin de la norme.
Lylis voulait y vivre, par contre, elle ne le pouvait pas.
Elle n'avait pas de "Yin" (en Chanōra) c'est-à-dire qu'elle n'avait pas d'enveloppe charnelle qui allait lui permettre de découvrir la vie dans le monde sensible d'Esiah.
Monde où les chairs se côtoient.
Au vu de ce qui était arrivé à Adma, elle avait peur de connaître le même sort que lui.
En réalité, si elle exprimait sa pensée ouvertement à son créateur, qui comme je l'ai dit plus tôt est un être empli de colère, il allait s'y opposer, voir la punir pour avoir eu un tel type de réflexion.
Elle vint donc me voir, de nous deux, Lylis savait que j'étais le plus compréhensif.
J'ai compris que depuis la fois où elle a eut les mêmes connaissances que nous, elle aurait voulu être indépendante.
Être notre semblable.
Je l'avais laissée partir, mais avant je lui avait dit ceci :
«Tu devras revenir dans le monde intelligible une fois que ta vie en tant qu'être de chaire soit terminée,
Tu auras droit à la réincarnation, mais tes souvenirs disparaîtront à chaque nouvelle vie,
Ta volonté de vouloir exister dans la réalité sensible sera préservée,
À chaque fois que tu reviendras ici, tu me reverras,
L'unique façon pour que tu puisses partir sans revenir, serait de tuer Deiyo.»
Elle comprit, et après cela, elle connut la vie sur terre.
Mon frère s'est rapidement rendu compte de l'absence de sa création, il se mit à rager, tellement il était irrité qu'il convoqua une réunion entre toutes les entités-filles de la Matière Primordiale pour me porter un jugement.
Même Esiah était là.
Ma sentence était que je garderai la forme d'un corbeau tout au long de mon séjour au monde intelligible.
Après cela, mon frère et moi ne se parlions plus comme avant. À chaque fois que je le voyais, je devais partir, car il m'avait effacé de sa vie, se comportait comme si je n'existais pas. Il ne parlait pas de moi aux autres enfants. Seules les maudites qu'il négligeait, se souvenait de moi.
Il se sentait trahi car il ressentait un sentiment étranger à notre commun. Une sorte d'attachement particulière envers sa propre création.
Les humains appellent ça : "l'amour".
Il voulu l'oublier bien-sûr.
Il créa donc premièrement Esoral, il avait voulu qu'elle soit comme Lylis. Impossible. Bien qu'elle était dévouée, elle n'était pas sur la même longueur d'onde que lui.
Il créa ensuite Retehs, cette dernière n'était en aucun interressé par son créateur, malgré qu'elle appréciait son côté poète, elle ne voulait nullement être sous ses ordres.
En dernier lieu, il créa Youne, elle par contre était douce, gentille, calme, on ne la remarquait pas trop, malheureusement elle était dotée d'une timidité extrême.
Toutes ses créations l'ont déçu, il se fâcha une nouvelle fois, il priva la première de ses oreilles, la seconde de sa vue et la dernière de sa voix.
Tout ceci dans une atrocité terrible, il criait, il ressentait un réel plaisir à les voir souffrir.
...
La bonne nouvelle était que Lylis revenait toujours, la mauvaise c'est qu'elle nous oubliait également.
Une fois elle était venue sous l'apparence d'un nourrisson qui s'appellait , Djali, un bébé assasiné lors d'un cambriolage de bijoux.
Une autre, sous l'apparence d'une femme mûre, Tessila, elle était une icône dans sa ville, mais par jalousie elle fût empoissonnée.
Encore, sous l'apparence d'une enfant, Igebal, elle avait fait un accident de voiture avec ses parents, tous décédèrent sur le coup.
La prochaine fois, sous l'apparence d'une centenaire, Nesy. Morte d'arrêt cardiaque.
Et enfin comme une jeune adulte, Dreya. Cette dernière était si mystérieuse qu'elle n'a jamais révélé à qui que ce soit comment elle était morte avant de revenir à Oblivion.
Toi tu es sa 6019ème réincarnation.
C'est sous l'apparence de Dreya que tu as vraiment tout chambouler, tu as changer le nom du village.
Désormais : "Oblivion" au lieu d'Odimbeya.
Jon au lieu de Deiyo.
Et même-moi, tu m'as surnommé : Iv.
Mais bon tu ne te souviens pas de tout cela.
***
Trop d'informations firent pleurer mon coeur car je savais au fond de moi que c'était sûrement ici que tout allait s'arrêter.
— Cela veut dire que la silhouette que j'ai vu dernièrement entrain de discuter avec toi...
— Oui c'était lui, c'était mon frère.
— Comment faire pour le tuer ? questionnai-je en imaginant la triste réalité qui devait être mienne au cas contraire.
Dans le cas où je ne tuerais pas Deiyo, je refuse de penser à ce que je deviendrais
— Si tu décides de cesser d'exister. Mon frère mourra. Tu es devenue sa raison d'être ce qu'il est, il n'avait aucune raison d'être avant toi, mais toi tu es venue justifier le ce pourquoi il est devenu.
— il n'y a pas une autre alternative ?
Il me regarda et ne répondit pas.
Je savais que je demandais sûrement l'impossible, mais je le faisais tout de même, pour elle.
Pour maman.
La reverrai-je encore un jour ?
***
Du côté de l'hôtel, Mulanna, un maître-nageur contactait Janesea pour l'indiquer la découverte d'un corps inerte au bord de la plage.
C'était une fille.
Septs enfants se mirent à courir en direction d'elle.
Il y en avait un, en arrière, tout seul, plus grand que les autres, qui pleurait.
***
Elle est enfin rentrée chez elle.
Rendez-vous le 07 Octobre 2022.
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