-I-

~Ce soir-là~


Les yeux fermés, j'avais la tête penchée sur la vitre de la voiture, la sensation d'y être me berçait comme un bébé cherchant le sommeil.

Maman tient absolument à ce qu'on aille en vacances. Son boulot de traiteur en chef ne lui permettait pas de passer suffisamment de temps avec moi.

Personnellement, je n'ai rien contre ça, mais si aller en vacances signifie que je ne serai plus avec mes potes, que je ne verrai plus mon petit-copain et surtout que je serais cloîtrée avec cette femme pendant un mois.

Alors là, je vais pas du tout me marrer.

— Tu peux au moins voir le paysage. Commence-t-elle, sûrement pour faire la conversation.

J'aime pas trop quand on discute parce-que très souvent ça finit mal et puis on se dispute.

Afin d'éviter une potentielle altercation, je m'exécute sans dire un mot.

J'observais les collines et le ciel bleu qui faisait défiler les nuages.

— Alors comment ça va à l'école ? Elle me demandait en lançant un bref regard sur moi.

J'ai ressenti des yeux désapprouvant le fait que j'étais vêtue d'un Jean bleu qui recouvrait mes jambes fines le tout en ayant un haut court qui dévoilait mon nombril.

Jamais elle n'a été fan de mon accoutrement.

Mais bon, je suis obligée de répondre à sa question, car rester aussi trop silencieuse peut être une source de problème avec elle.

Toujours être stratège quand on parle à ma vieille.

— Bof, tranquille, disais-je en mettant ma main sur le menton.

Le chemin allait être long je le sentais. Cependant, elle n'abandonnait pas l'idée de me parler.

— Tes camarades sont aussi en vacances je suppose.

«Mais c'est quoi ces questions ?! » avais-je envie de lui hurler.

— Mouais. Affirmais-je tout en me contenant.

Elle arrêta avec ses questions et se concentrait sur la route.

Je soupirais intérieurement, je ne serai pas forcée à mettre mes écouteurs pour qu'elle m'épargne de son bavardage.

De plus qu'elle était dans un ensemble tailleur blazer boutonné en col v de couleur rouge. C'est son habitude de toujours vouloir être responsable et à la mode, c'est l'un des rares comportements que j'aime chez ma mère.

Ce qui gâche l'ambiance ce qu'elle veut plutôt que je m'habille comme une grand-mère, son souhait est que je porte des longues robes avec des chapeaux et puis quoi encore.

Tout ceci annonce le début d'un voyage empoisonné de toute façon, nous ne sommes même pas encore arrivées que je souhaite déjà un impossible retour dans l'immédiat.

Elle veut aller au bord de la mer, profiter du vent, qu'on soit toutes les deux. Qu'on rit et s'éclatent comme des folles.

Dommage pour elle, je compte l'esquiver jusqu'à la fin.

— Ça fait déjà deux heures que tu roules. J'émets comme remarque.

— Heureusement pour toi nous sommes déjà arrivées. Dit-elle en souriant. Regarde, elle rajoute en indiquant la mer avant de se garer dans un parking.

J'aurais plutôt dit, malheureusement pour moi, nous y sommes.

J'ose croire que tout va bien se passer, elle reste ma mère, ce n'est pas le diable, juste que j'en ai marre qu'elle soit impulsive à chaque fois.

Nous descendions de la voiture.

Une sorte de guide est venue pour nous accueillir, elle nous salua le sourire aux lèvres tout en faisant des bises sur nos joues, maman faisait pareil.

Par mimétisme je fis de même.

— Bienvenue à vous chère mère et fille. Déclare-t-elle en joignant ses mains, toujours avec un sourire collé sur les lèvres.

À entendre sa voix, j'ai reconnu cette femme avec qui la daronne organisait justement nos vacances ici durant la semaine.

J'aime pas trop les gens qui passent leur temps à sourire surtout pour une raison imprécise. Je me limitait à penser qu'elle faisait son job cette dame donc je ne me suis pas attarder sur son sujet.

— Je me présente, Janesea Lekoumba, je serai votre guide à l'intérieur et à l'extérieur de notre hôtel. Je ferais en sorte que vos vacances soient un paradis sur terre. Venez, suivez-moi, le personnel s'occupera de vos bagages. Elle le disait toujours avec son sourire qui décidément ne s'arrêtait pas.

Par la suite, elle nous escorte justement au palace du nom de Mulanna.

Elle était immense, dotée d'une forme cubique, je fus charmée par la grande bâtisse qui s'élevait sur mes yeux.

Lorsque nous y entrâmes, je fus agréablement stupéfaite par la grandeur de l'espace d'accueil, les décorations murales étaient fleuries, le plafond immaculé bien-sûr. Tout semblait parfait ici, même le personnel était classe.

C'est clair que cet environnement soit attrayant. J'avoue que ma mère a pensé à la crème de la crème.

Être en vacances dans un hôtel de luxe sera certainement inoubliable. Enfin, j'espère.

Nous avions prit un ascenseur, ensuite Janesea nous conduisit à notre chambre.

Elle nous expliquait avec démonstration que la porte était automatique, on voyait bien qu'elle n'avait pas de poignet, alors il fallait une carte spécialement prévu pour celle-ci afin d'y entrer ou sortir.

Après que nous soyons entrées dans les lieux, je cherchais à cacher mon admiration pour la beauté que nous offrait cette pièce.

Les gardiens sont venus avec nos bagages et les ont déposés tout près de nous. Ils sortirent sans se faire remarquer.

Il y'avait un balcon qui montrait la vue sur la mer, les oiseaux chantonnant, l'air pure. L'atmosphère avait l'ambiance nette qu'il fallait. Ça ce sont des vacances.

Après que ma mère eût à finir la conversation avec notre guide, elle ferma la porte et s'assit sur un des fauteuils de la pièce assez spacieuse.

J'ai pris le temps d'observer cette femme débordée la plupart de son temps.

Son visage ne présentait pas de rides, son teint chocolat aussi propre qu'à sa fleur de jeunesse, des lèvres pulpeuses sans rouges à lèvres. Mes amies disent parfois que j'ai le même visage qu'elle. Je me trouve pas aussi naturelle que ma mère, pourtant son élégance me donne envie d'être comme elle.

*La première semaine*

Cher journal intime,

Avec maman, nous sommes allées à la plage tous les jours, contrairement à elle je savais particulièrement bien nager, aussi froussarde qu'elle puisse être par moment, ma mère me filmait juste tout en faisant bien attention à ne pas être trop proche de l'eau.

On jouait aussi au beach-volley avec d'autres vacanciers et on finissait très souvent nos soirées dans les restaurants que nous proposait Mulanna.

Et parfois la nuit on se racontait des histoires de notre quotidien social.

C'était magnifique.

*La deuxième semaine*

Cher journal intime,

Maman sait jouer aux cartes ! Je ne savais pas qu'elle pouvait me gagner un jour à un jeu mais bon, nous avons enfin trouver un truc en commun. Malheureusement elle passe son temps à me gagner et ça me fout les rognes.

Il y'a un mec de seize ans j'crois qui me fait la cour. Ma folle de mère me demande de me lancer, je suis pas vraiment d'accord, c'est vrai qu'il est beau. Il appartient sûrement à une famille de riche mais non.

J'aime mon mec putain !

Je crois que dès la semaine prochaine je vais dire à la daronne que je suis en couple j'ignore encore sa réaction mais bon on verra bien !!

*Troisième semaine*

Je ne sais pas trop mais depuis mercredi maman est un peu sur les nerfs. On dirait qu'elle a reçu une mauvaise nouvelle. J'espère que ce n'est pas moi parce-que je lui dis que j'étais en couple.

Elle ne l'a pas trop mal pris et ni trop bien non plus.

Je vais juste essayer d'aller en rythme molo molo.

Mes amis me manquent, avec maman je n'ai pas droit à mon téléphone, ça aussi fait un sujet de débat qui s'est très mal terminé vendredi.

Mais là où j'ai été franchement contrariée contre elle c'est quand je me suis habillée en bikini samedi pour venir la rejoindre et elle s'est mise à hurler partout comme une dingue.

J'y crois pas elle a osée me foutre la honte. À moi ? Reeyane ? Elle rêve. Le soir là on a failli se battre.

J'ai pleuré quand elle me menaça de jetter mon téléphone.

On s'est engueulée toute la journée de dimanche, ce sont les voisins qui ont contacté le personnel. Janesea a essayé de calmer les choses.

Je veux plus parler avec ma mère, on ne peut pas s'entendre elle et moi. Demain soir je vais disparaître et elle va le regretter.

*Le lendemain*

Chère journal intime

On ne s'est pas adressées la parole de la journée, j'ai mangé seule dans mon coin et elle est partie au restaurant.

Je veux déjà rentrer, c'est la dernière semaine. Encore quelques jours. Je crois que je vais d'ailleurs fuguer de la maison, elle ne me verras plus jamais.

Elle m'énerve tellement. J'aimerais tant l'aimer mais bon je vais me barrer de sa vie.

-•-

Le soir venu, je suis sortie en douce, j'ai pris mes vêtements pour aller nager, ensuite je suis arrivée à la plage.

Une envie étrange m'envahit et je me suis retournée pour regarder en direction de notre chambre.

— J'vais juste lui faire peur quelques minutes hehe elle ne me criera plus jamais dessus. Pensais-je avant de plonger dans l'eau.

Je nageais mais cette fois-ci je ne me sentais pas. Je sais pas si c'est ma conscience ou si c'est la vague qui arrive.

Peu importe, je ne parviens pas à contrôler mon corps, ma tête entre et sort de l'eau, je risque m'étouffer si je ne sors pas d'ici.

Mais je suis déjà trop loin.
En si peu de temps je fus éloignée de la terre-ferme.

Je paniquais. Suis-je vraiment ici ? J'aimerais de tout cœur être ailleurs en pareil moment.

Avec ma mère de préférence.

J'ai fais une grossière erreur, j'aurais pas dû laisser maman, je ne sais pas dans quel état elle est en ce moment.

J'ignore si je viens de rêver ou pas mais une fille nue aux cheveux courts de couleurs noirs est apparue devant moi.

Elle avait de petits yeux de couleur marron clair. Elle aussi était Noire.

On dirait qu'elle me parlait. Je ne pouvais rien comprendre car nous étions dans l'eau !

Quelques minutes après.

Plus rien.

Le vide total.

Est-ce la fin ?

Je me réveille enfin, une sensation chaude et grumeleuse recouvrait ma peau, c'est forcément des graines de sable que j'ai dans les cheveux.

Le soleil éclairait mon visage.

Le bruit lointain des vagues sonnaient comme un rêve sans fin, je ne parvenais pas à respirer convenablement.

C'est à ce moment que j'ai entendu des croassements rauques. C'était certainement un corbeau.

***
Une personne aux cheveux blancs, l'observait et envoya son chiot vers elle.

C'était un adulte.

***

Reeyane regarde le ciel, des larmes naissent de sa joue, caressent son visage maussade, et meurent sur ses lèvres sèches.

Elle a l'étrange impression d'être déjà venue ici. Mais elle ne reconnaît point ce lieu. Un chiot vint dans sa direction.

Rendez-vous le 11 septembre 2022.

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