Chapitre 16

Maxence est sorti de l'hôpital hier et heureusement parce qu'il était tellement insupportable que Jo et moi avons interdits Rafael d'y mettre les pieds. La nourriture est insupportable et il ne supporte plus le mépris ou la compassion dont fait preuve le personnel soignant envers lui. Nous avons fait le test de Rafael dès qu'il est rentré et Jo a fini complètement bourré au bout de cinq minutes alors qu'il avait bu qu'un verre. Quant à l'éthylotest, il était un peu trop supérieur à ce qu'il avait réellement bu. Maxence et Rafael se sont regardés complètement désespérés par cette nouvelle contrainte, ça m'a bien fait rire, j'avoue.

Aujourd'hui, nous sommes dans la voiture de Jo et nous allons à la plage ! Et ce n'est pas vraiment pour bronzer surtout qu'aujourd'hui, il fait plutôt gris, en même temps, on est en septembre. Je sais que je ne vais avoir aucun moyen d'y échapper, les garçons ont décidés pour mon entraînement de nager cette fois dans la mer et pas là où je peux avoir pieds. C'est bien pour ça d'ailleurs qu'on a loués un bateau pour quelques heures. Heureusement, le conducteur nous a certifié qu'il nous laissera tranquilles pendant que je plongerai même si on a dû insister, il avait peur qu'il nous arrive quelque chose et qu'il en soit le responsable. Jo a donc trafiqué un papier dans lequel nos parents certifient qu'il ne sera pas responsable et ça a vraiment intérêt d'être le cas. J'appréhende beaucoup cet entraînement même si je sais qu'il est nécessaire pour que je puisse connaître mes limites.

-Les gars, commence Rafael, je pense que je vais arrêter le lycée. Ma mère commence à avoir de plus en plus de mal financièrement et mon géniteur commence à réduire les pensions alimentaires donc je vais devoir travailler à la place.

-Tu ne peux pas essayer de travailler en dehors des cours ? Je demande

-Je n'ai plus le temps, les entraînements commencent à devenir importants donc je ne peux pas les arrêter et c'est pareil avec mes pouvoirs je suppose. Je n'arrive même plus à faire mes devoirs. Et puis, comme ça je pourrai aussi payer certaines choses qu'on aura surement besoin.

-On comprend tu sais, lui répond Jo, ce n'est pas un problème pour nous de le faire.

-Oui, je sais mais je n'aime pas ça donc si je peux le faire ça m'arrange.

Des fois, j'oublie que Rafael a du mal avec l'argent. On le sait mais on n'y fait pas forcément attention. Les machines de la salle d'entraînement ont surtout été financées par Jo et moi. C'est plus facile pour nous, ses parents ont les moyens donc il a pas mal d'argent mis de côté et moi, je suis tellement importante pour mes parents, qu'ils acceptent quand je leur demande en général. Maxence a mis quelques-unes de ses économies dans le bateau mais c'est compliqué pour lui aussi, ses parents s'engueulent souvent donc c'est jamais vraiment le moment de demander quelque chose. Et Rafael, sa situation est critique, j'admire beaucoup sa mère pour tout ce qu'elle a dû traverser. Une fois, elle m'a dit : « Ce sont mes enfants qui me maintiennent en vie... Lorsque je voyais Rafael me regarder du haut de ses 5 ans avec des larmes pleins les yeux, je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller. » C'est une femme forte et s'il y a bien une femme à qui je voudrais ressembler, ce serait elle.

Lorsque nous arrivons enfin devant le bateau, la pression commence à monter et je stresse. Un silence alourdit l'ambiance depuis l'annonce de Rafael et même si j'avais réussi à penser à autre chose, ce n'est plus le cas et maintenant je suis juste une boule à retardement.

Un monsieur choisi ce moment-là pour sortir de son bateau. L'homme aux cheveux blancs se trouve être assez imposant, il nous serre la main chacun notre tour avec un grand sourire et se présente d'une voix bourrue :

-Bonjour je m'appelle Philippe et je serai à vous tout au long de cette après-midi. Bienvenue sur mon bateau : Bernina.

Franchement, je trouve qu'il en fait un peu trop mais bon, le plus important c'est qu'il sache naviguer. On s'installe alors sur son bateau et lorsque j'entends le moteur vibrer et quitter le port, je n'en peux plus.

-Dis-moi comment vous comptez faire pour avoir un œil sur moi lorsque je serai sous l'eau ? Je suis en maillot de bain et l'eau est à moins de quinze degrés, tu comptes faire comment ? Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée, on aurait dû continuer mon entraînement à la piscine municipale ça suffisait largement !

-Mina calme-toi, commence Jo, tu sais très bien pourquoi on va s'entraîner à la mer. L'eau est ton élément, si nos missions se passent dans l'eau, je suppose que tu seras obligée de passer par l'eau froide, les poissons voire pire. Quant au reste, il y aura une corde qui sera accrochée au bateau, tu n'auras qu'à tirer dessus pour qu'on te remonte et je vais te passer une ceinture avec plusieurs caméras et une sorte de patch qui contrôlera les battements de ton cœur donc si il y a un problème, on sera au courant.

Je me tais et essaye de contrôler au mieux ma respiration afin de me calmer. Je regarde la mer au loin et au bout de cinq minutes, j'ai enfin retrouvé ma sérénité.

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