Chapitre 10
Maxence
Ce mercredi est horrible ! Mina a décidé de nous embaucher en tant que décorateurs d'intérieurs durant toute la matinée. Nous avons tous dû l'écouter sous peine d'éveiller la bête et d'en subir les foudres et je vous assure, personne ne veut jouer avec elle dans ces moments-là. Et de ce que j'ai pu comprendre, elle a beaucoup évoluée et je ne pense pas que ce soit une si bonne idée que ça d'attiser sa colère.
N'empêche que Mina aurait pu prévoir un festin en récompense ou au moins nous payer de quoi bouffer ce midi... Bref, après une matinée à aménager la salle, elle est prête pour l'entraînement de cet après-midi.
Mina a vu les choses en grand, elle a transformée une partie du terrain de tennis en salle de sport et plusieurs machines ont été installées le long du mur. Ces grosses boîtes blanches qu'on a dû installer tout à l'heure et qui pèsent une tonne, personne n'a jugé utile de nous en parler, autant à moi qu'à Rafael. Et quand je dis « personne », je parle de Jo et Mina. Bon, Jo n'est pas très bavard, c'est vrai mais Mina aurait pu laisser de côté son rôle de sorcière cinq secondes non ?
Mina s'est changée et elle semble assez apprêtée pour nous éclater la tronche : brassière de sport, short moulant arrivant un peu au-dessus des genoux, baskets et sifflet placé au bord des lèvres. Je crois que je ne suis pas le seul à baver mais on a à peine le temps d'ouvrir la bouche qu'elle nous envoie à différents endroits de la salle :
- Rafael et Maxence, vous filez au tapis de course pour vous échauffer et vous y restez trente minutes minimum, ordonne-t-elle, le temps ne change pas bien sûr. Jo tu me suis et grouillez-vous ! Je n'ai pas votre temps moi !
En cinq minutes, on s'est tous plus ou moins changés et chacun est à son poste, on se croirait à l'armée. Je ne suis pas sûr d'avoir payé pour ça. Et même lorsque j'essaie de régler le vélo à la course la moins difficile, Mina qui semble être devenue une machine de guerre réglée sur coach cruelle revient aussitôt pour le régler au maximum. Malheureusement, mes yeux doux ne semblent pas avoir le moindre effet sur elle... Rafael, qui court juste à côté de moi, ressemble à un cochon d'inde trempé dans sa roulotte. Mina a dû régler sa machine assez forte à lui aussi. Et ça me rassure pas mal, il y a pire que moi et ça rend cet entraînement assez comique.
- T'inquiète Rafael, on pourra toujours tricher sur le temps ! lui dis-je en rigolant
- Toi, tu prends vraiment Mina pour une conne ! Elle a veillée à ce que le temps soit inscrit sur les machines donc tu ferais mieux de te bouger le cul le plus rapidement possible !
Je tourne la tête vers le cadran de la machine. Encore une fois, je suis dans la merde... Je ne vais pas avoir d'autre choix que de me mettre au boulot...
Jo finit par nous rejoindre un quart d'heure plus tard aux machines.
- Maxence, Mina t'appelle me dit-il essoufflé.
- Enfin ! Je suis libre !
- Ne cries pas victoire trop vite, me préviens Rafael avec un de ses éternels sourires diaboliques.
Notre coach, un peu trop personnelle à mon goût, est assise sur une chaise proche du coin des courses, un verre à la main. Ses jambes sont tendues et je serai prêt à parier que là maintenant, elle ne serait pas contre un petit rayon de soleil. Lorsqu'elle me voit arriver, elle sourit avec un petit air arrogant et je m'attends au pire.
- Premièrement, m'énumère-t-elle, tu n'es pas censé marcher aussi lentement. Deuxièmement, ce diabolo fraise n'est pas pour toi. Et troisièmement, t'as cinq minutes pour me faire quatre tours de terrain !
Elle siffle et je n'ai pas le temps de dire « ouf » que mes jambes se mettent déjà à courir. Le terrain est énorme et il est presque impossible d'y arriver. J'ai bien dit presque puisque Maxence, lui, peut y arriver !
En faisant les quatre tours, je suis obligé de passer par les « entraînements spéciaux » que Mina nous a concocté et, je l'avoue, ils me font quand même un peu flipper. Il y en a quatre, un pour chacun de nous je suppose. Ces sortes de boîtes prennent beaucoup plus de place que les ordinateurs de contrôle qui y sont reliés. Nos noms, comme si on ne les connaissait pas y sont inscrits distinctement dans cet ordre au-dessus de chaqu'une de ces boîtes banches.
Essoufflé après la torture de ces quatre tours de terrain, c'est une course chronométrée qui m'attend. Mina est toujours sur sa chaise et son verre me fait clairement de l'œil. Je ne dirais pas non à un peu de sucre à ce moment précis...
- Jo a fait quinze secondes au cent mètres, me dit-elle, ça m'étonnerai que tu fasses mieux mais essaie toujours !
Je fronce les sourcils, vexé par sa remarque. J'attends le décompte de Mina et accélère un max.
Comment ça, je ne peux pas faire mieux que Jo ! Et puis quoi encore, chacun sa place. Jo, c'est l'intelligent, Rafael, c'est le râleur et moi, c'est le sportif et le beau gosse ! Manquerait plus que les rôles soient inversés et que je me retrouve dans la peau de Mina. Au début, cette idée me révulse. Je m'imagine dans une des robes habituelles de Mina et l'image est sans commentaires, bien que ça lui aille comme un gant ! Et puis, l'idée d'avoir les atouts d'une fille n'est pas entièrement dégueu au final... Wow, je me suis peut être un peu trop emporté dans mes réflexions.
J'atteins les cents mètres et reviens vers la ligne de départ en trottinant, pressé de savoir le résultat.
- Alors ? Je demande
- Vingt et une secondes.
- Seulement ?!
- Jo en a fait vingt-quatre.
Oui, eh bien vingt-quatre c'est plus que vingt et un ! J'étais sensé faire mieux que lui ! Vingt-quatre... Mais... Le but ce n'est pas de faire moins normalement ?
- Tu as fait moins que lui, c'est bon Maxence ! C'est toi le plus fort ! Youpi ! Me dit-elle en exagérant comme si j'étais un attardé. Maintenant, va me chercher Rafael s'il-te-plaît.
Je la regarde de travers, pour la forme et repars vers les machines.
- J'ai fait vingt et un secondes. Je dis avec un sourire de vainqueur aux lèvres en prenant la place de Rafael sur les machines
- C'est bien Maxence ! Tu vas peut-être commencer à maigrir, lance-t-il avec ironie en partant dans la direction du poste de contrôle de Mina.
Je remonte mon t-shirt sur mon ventre qui n'a d'ailleurs pas un bourrelet.
- Je ne savais pas que tu étais jaloux de moi. Je riposte en criant pour qu'il m'entende. Admires mes abdos, bébé, je riposte en bougeant mes sourcils de haut en bas. Ca se travaille t'inquiète, je peux toujours t'aider à avoir les même si tu veux. Et l'offre tiens aussi pour toi Jo !
Il lève les yeux au ciel et j'enlève mon t-shirt afin de mieux montrer mes muscles. Je descends du tapis de course et je commence à poser tel un mannequin. Je finis même par m'allonger avec une jambe couchée, une autre pliée et ma tête posée sur ma main. Je fais un clin d'œil à Jo, qui est toujours perché sur son vélo et qui me regarde d'un air amusé. Evidemment que ça lui plaît, je suis tellement beau que même les mecs hétéros pourraient devenir gays. Aïe !? Je reçois plusieurs coups de pied dans le dos, les jambes et les fesses. Je me relève rapidement mais ça ne suffit pas puisque je suis obligé de me cambrer pour éviter que mon oreille se déchire.
- Si monsieur le clown voudrait bien se mettre au travail, ça arrangerait tout le monde et ça t'éviterait de t'attirer mes foudres ! Me hurle Mina dans l'oreille.
Il va vraiment falloir que je pense à prendre rendez-vous chez le médecin pour vérifier mes tympans ou voir un psy directement, je ne doute pas un seul instant de Mina et de son impact quotidien sur ma santé mentale.
- Tu cries mais tu adores ce que tu vois, je fais avec un autre clin d'œil.
Notre sexy coach personnelle est littéralement en colère et je suis persuadé que si je ne fais rien, elle risque de m'arracher les yeux alors je l'enlace doucement en m'excusant. J'aurais peut-être une chance de calmer le dragon.
- T'es excusé si tu me fais cinq tours de terrain !
Bon, c'est déjà ça, au moins elle ne ressemble plus à une bombe, prête à exploser.
- Traître ! Je dis à Jo, qui s'est marré de l'arrivée de Mina et qui ne m'a même pas prévenu, avant de commencer mes tours de terrain.
Ces tours de terrain ont été les pires de ma vie et je n'exagère pas. Six tours horribles. Elle m'en a rajouté un pour avoir essayé de négocier. Et pendant que je me tuais à la tâche, au sens propre, Rafael et Jo ont eu le droit au diabolo et à leur dose de sucre, eux !
Après quinze minutes de course et deux points de côté, Mina me tend une bouteille d'eau que je vide rapidement en m'écroulant au sol.
- On va maintenant passer aux choses sérieuses, annonce-t-elle.
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