Qui ne tente rien n'a rien. Yoongi, sans surprise, refusa d'un mouvement énergique. Il disparut pour réapparaître auprès de sa pochette qu'il attrapa pour la serrer contre lui. Jimin sourit.

« C'est rien, je te laisse ton jardin secret, c'est promis. Mais... attends, est-ce que... t-tu es capable de soulever et de déplacer la pochette ? C'est incroyable ! Est-ce que tu peux toucher d'autres objets ? Attends, tu étais assis sur le banc à l'arrêt de bus ? Tu le sentais sous toi, ou bien est-ce que c'était juste une position que tu tenais ? Le meuble sur lequel est la pochette, tu pourrais le toucher ? »

Yoongi haussa les épaules. Il ferma le poing et, pour répondre aux questions de Jimin, il frappa deux fois sur le meuble de bois. Ils se trouvaient dans un minuscule couloir qui menait aux trois pièces de l'appartement de Jimin, et ce dernier, en entendant les deux « poc » produits par son meuble à chaussures, exulta.

« C'est incroyable ! s'exclama-t-il en tendant la main vers la sienne. Alors ça veut dire que moi aussi je peux... »

Il se tut quand sa paume s'écrasa sur le bois, passant au travers du fantôme dont le visage prit un air triste en constatant son intangibilité. Il poussa un soupir muet. Jimin recula.

« Oh... je... je suis désolé, c'était stupide de ma part. »

Yoongi voulut le réconforter, de sorte que par réflexe il posa la main sur son épaule. Jimin sursauta à la sensation, et très vite il comprit : sa chemise était un objet, un vêtement, quelque chose d'inanimé que l'esprit pouvait toucher.

Yoongi lui-même portait une chemise blanche similaire à la sienne avec une veste élégante et chaude et un pantalon droit en tissu noir. Le parfait businessman. Avec ses cheveux gominés en arrière, il dégageait quelque chose de beaucoup trop rigide pour son comportement enjoué et espiègle. La véritable personnalité de Yoongi, sans doute à mi-chemin entre l'esprit bienveillant et le cadre insensible qu'il avait rencontrés, l'intriguait de plus en plus.

Parce qu'ils s'étaient éloignés d'un bond en arrière à l'étrange contact, les deux hommes se tenaient désormais face à face, chacun à un bout du petit couloir. Jimin se racla la gorge et finit par esquisser un sourire embarrassé.

« J'ai pas l'habitude de recevoir des invités. Fais comme chez toi, je vais appeler l'ami qui t'aidera à retrouver ton corps. »

Yoongi obéit : il se tourna puis entra dans la chambre dont il traversa la porte tandis que ses vêtements se modifiaient. Jimin crut le distinguer vêtu d'un t-shirt et d'un jogging avant qu'il ne disparaisse derrière le battant. Il en observa le bois peint de blanc pendant plusieurs secondes avant de réagir, tirant de son sac son smartphone qu'il colla à son oreille après avoir sélectionné le numéro de Hoseok.

« Allô ?

- Salut hyung... tu vas bien ? demanda Jimin d'une voix inquiète en entendant le ton épuisé de son aîné.

- Un peu barbouillé depuis ce midi, mais ça va. Et toi ?

- Je vais bien. Mais il faut que je te parle d'un truc absolument dingue. »

Il lui raconta l'histoire de ce garçon qui lui plaisait et de cette entreprise qui avait envoyé un de ses commerciaux négocier avec Namjoon. Hoseok garda le silence tout le long de son récit, mais à ses « oh » et « non, ouah ! » qu'il lâchait à intervalle régulier, il devina sans mal que le gendarme n'en revenait pas non plus.

Quand il termina de lui résumer sa journée, Hoseok resta stupéfait un moment avant de répondre.

« Eh bah, tu t'ennuies pas, toi !

- Pour une fois, je peux pas te donner tort. Demain tu bosses à quelle heure ?

- Je serai du soir.

- D'acc.

- Tu veux pas lui rendre la pochette toi-même ? s'enquit Hoseok avec le ton curieux d'une personne qui trouvait sa proposition pertinente et logique.

- T'es fou ? Il doit déjà me prendre pour un incapable, je vais pas en plus risquer qu'il croie que je lui ai volé un truc aussi précieux !

- S'il retrouve sa pochette, tu penses pas justement qu'il deviendra beaucoup plus sympa et détendu ?

- Je prendrai pas le risque, rétorqua Jimin.

- Je peux comprendre... Essaie de pas finir trop tard demain soir, comme ça j'aurai le temps de contacter Min Yoongi pour le prévenir que quelqu'un a trouvé un objet qui semble lui appartenir.

- Merci beaucoup, je ferai au mieux. Passe une bonne nuit, et passe le bonjour à Jin.

- J'y manquerai pas, à demain. »

Jimin raccrocha, pivota et sursauta en se découvrant face à Yoongi qui le salua d'un signe de la main. Avant même de prononcer le moindre mot, le jeune homme s'aperçut que l'esprit était bel et bien vêtu d'un t-shirt et d'un jogging, les cheveux coiffés sans l'être vraiment, de manière banale – et cette sobriété lui seyait à merveille.

« Oh, euh... salut. Tout va bien ? »

Yoongi leva son autre main dans laquelle il tenait un bloc de post-it et un stylo qui traînaient sur le bureau de Jimin. Ce dernier saisit aussitôt son intention.

« Si tu pouvais écrire, ce serait super ! Tu veux essayer ? »

Yoongi posa son matériel sur la table de la petite cuisine. Jimin habitait un vingt-cinq mètres carrés divisé en trois pièces – chambre, salle de bains, cuisine. Il vivait de façon modeste mais ne s'en plaignait pas : cette frugalité suffisait à son bonheur. De plus, la décoration qu'il avait choisie dans des tons clairs lui plaisait beaucoup, l'apaisait, et il s'amusait parfois à en changer quelques éléments lorsque ses finances le lui permettaient.

Yoongi, qui ne s'était pas arrêté une seconde sur l'agencement du lieu, commença à écrire. Il tendit enfin un premier post-it à Jimin qui le lut, ravi que cette méthode fonctionne.

C'est qui, Jin ?

Amusé par la question, Jimin y répondit.

« C'est mon frère, celui qui peut nous aider est son petit ami et également mon meilleur ami, Hoseok. »

La bouche de Yoongi forma un O avant que Jimin ne se rende compte de ce qu'il venait d'avouer. Trop tard, toutefois, pour faire machine arrière, car déjà Yoongi s'empressait d'écrire une nouvelle question.

Ils sont en couple ? C'est deux hommes ?

« Oui, opina Jimin avec une certaine mélancolie. Est-ce que ça te dérange ? »

Non, je trouve juste ça étonnant. :3

« Il est mignon ton smiley, rit-il. Et toi, est-ce que tu as quelqu'un ? Tous les gens de mon âge que je connais sont soit en couple soit fiancés voire mariés. »