Les larmes aux yeux, j'avais les larmes aux yeux depuis le début de la journée. Mike était venu me voir plusieurs fois, et je l'avais jeté comme une vieille chaussette ! Il devait me détester... Le pauvre. J'avais été une peste, je le savais. Mais je savais également que je ne pouvais pas tricher, et même si, oui, c'est mon rêve de réussir et de partir dans ce tour du monde, je ne peux pas tricher, car je ne mériterai pas ma place...


Encore une fois, une infirmière me sortit de mes pensées et me parla.


- Mademoiselle Anderson, je vous informe que vous pourriez sortir de l'hôpital demain.


Un soupire de soulagement m'échappa et je bafouillai un " j'en peux plus ".


Miraculeusement, l'infirmière m'entendit et un petit souffle exaspéré l'échappa et je levai les yeux au ciel.


- Je vous apporterez votre plateau repas dans quelques minutes.


Après ces mots, elle tourna les talons et s'en alla. Juste avant de quitter ma chambre, elle, à son tour, bafouilla les mots " Quelle peste ". Elle avait raison, depuis mon accident, je devenais complètement parano... En fait, je crois que j'ai peur que quelqu'un s'en prenne à moi, à nous... Je veux vite rentrer chez moi. Et puis, je crois aussi que j'avais peur pour Mike. On pouvait s'en prendre à lui d'une minute à l'autre. Et je n'étais pas là pour le surveiller. Alors, oui, on peut dire que j'ai peur... Je l'aimais tellement... Mais ce n'est pas pour cela qu'il faut que je sois une peste !


Il était tard, et, étant donné la saison, il faisait déjà nuit noire.


Je pris la télécommande et allumai la télévision de la petite chambre d'hôpital. Il était 21 h 11, et, alors qu'il n'y avait aucun programme télé, j'arrêtai de saper, sur une série TF1. Mike venait de m'envoyer un message, disant qu'il venait me voir malgré l'heure et qu'il espérait que je m'étais calmée.


D'un seul coup, la porte de la chambre s'entrouvrit et je vis Anna, l'infirmière, rentrais avec un plateau repas dans les mains.


- Merci.


La jeune fille hocha la tête en souriant, tout en me servant du vin. À mon tour, je souris, sans aucune raison. Rien que le sourire heureux d'Anna m'avait redonnée de la bonne humeur, alors que j'oubliais totalement mes problèmes. Mais j'étais loin de savoir ce qu'il allait arriver...


*


* *


Mike ouvrit la portière de notre voiture. Pour la quatrième fois de la journée, il se dirigea vers l'hôpital, pour venir me voir. Un large sourire était affiché sur son visage et il semblait heureux. Il avait une surprise pour moi, sans même que je ne m'en doute. J'avais de la chance de l'avoir, j'avais été affreuse avec lui, et lui, il m'offre un cadeau ! Il est vraiment incroyable...


Mike arriva en plein centre ville, à quelques kilomètres de l'hôpital. Il attrapa son portable, dans la poche avant de sa sacoche et s'apprêta à taper mon numéro de téléphone. Mon portable vibra alors, et je répondis sur-le-champ.


- Allô ?


- Lyzie, c'est moi, j'arrive dans une dizaine de minutes.


- Tu sais Mike, je ne te le dis pas souvent, mais tu es incroyable, et même à dix-heures moins le quart, tu viens me voir, alors qu'aujourd'hui, j'ai été une vraie peste ! Je suis vraiment désolée.


- Oh, merci beaucoup ! Pas grave, peu importe. Et sinon, ça va ?


- Oui, parfaitement, merci, je pars demain.


- Génial ! Je suis super content pour toi ! Tu m'as manqué.


- Toi aussi...


Après ces phrases, nous nous emportions dans une conversation qui me détendait tellement ! Je lui avais parlé du concours de stylisme que j'allais passer sans, évidemment, lui raconter cette histoire de triche.


Mike conduisait tranquillement, son téléphone dans la main, et sans aucune concentration, alors qu'il roulait en pleine nuit. Il avait l'air d'être sur un petit nuage et moi, je n'aimais pas ça. J'avais l'impression que son corps réagissait, mais que son esprit s'était envolé...


- Tu as une petite voix, ça va ? me dit-il soudain.


- Oui oui.


- Lyzie, dit moi la vérité, qu'est ce qu'il t'arrive ?


- Très bien. Tu sais Lena Salazar, la styliste qui m'a convoqué.


- Oui, et ben ?


- Elle m'a dit qu'elle " ferait tout pour m'aider à gagner le concours", autrement dit, tricher, mais je ne veux pas tricher...


- Mais c'est génial !


- Quoi ?


- Lyzie, tu rêves de ce tour du monde et de toute manière, je sais que tu as le niveau. C'est juste qu'en ce moment, tu es fatiguée. Mais tu mérites de partir. Alors saisie ta chance d'y aller.


- C'est une blague ?! Je ne veux pas tricher, et même si c'est une opportunité de partir de cette manière, je veux montrer ce que je vaux vraiment.


- Tu as raison. J'arrive devant l'hôpital, j'arrive dans trois minutes, environ.


- Ok.


- Bon, bisous ma puce je...


Un bruit de freinage me boucha les oreilles, alors que je n'entendais plus Mike parlait.


- Mike, est-ce dont tout va bien ? Mike, réponds-moi, MIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIKE...


Je raccrochai et un "Anna" accompagna un cri d'horreur et l'infirmière claqua la porte, affolée.


- Qui a-t-il ? me questionna-t-elle.


Je lui raconta alors tout et une grimace d'horreur s'afficha sur son visage alors qu'elle ne savait même pas qui était Mike. J'avais peur, très peur. Je ne savait pas ce qui pouvait lui arriver et si c'était de ma faute. Je m'en voulais alors que je n'avais sans doute aucune raison de m'en vouloir.


L'infirmière essaya de me rassurer, mais Mike était mon fiancé et je l'aimais plus que tout. Alors même s'il n'avait rien eu, je ne pouvais pas cesser de m'inquiéter. C'était normal après tout, Mike avait toujours été là pour moi et je lui devais d'être toujours là pour lui. Anna partit de ma chambre et son visage affolé ne faisait qu'empirer. Avant qu'elle ne quitte complètement la salle je la retenue et lui supplia de venir avec elle bien évidemment, elle refusa, et même mon visage terriblement inquiet ne lui fis pas  changer d'avis.

*

* *

30 minutes. Cela faisait 30 minutes que j'attendais, cloué sur mon lit d'hôpital, à m'inquiéter. M'inquiéter terriblement de ce qui pouvait arriver à Mike. J'avais l'impression d'être dans un cauchemar, mais cette situation était loin d'être irréelle. Je me posais toutes sortes de question qui m'inquiétait encore plus que je ne l'étais déjà.

Soudain, la porte claqua et je vis Anna y rentrait. Mon visage horrifié par la peur c'était soudain éclairé, voyant l'infirmière arrivée dans ma chambre. Mais malheureusement, cette lueur d'espoir que j'avais en moi, disparu d'un coup. Un visage navré, peureux et triste était devant moi. Je la questionnai alors sur l'état de mon fiancé.

- Mademoiselle Anderson, j'ai une terrible nouvelle pour vous.

Mon visage se crispa soudain, voyant que la jeune femme devant moi, ne finissant pas sa phrase.

- Nous n'avons pas encore sorti son corps de la voiture, car dès que je l'ai vu, je suis directement venu vous voir.

Dès cette phrase, je crus mourir de chagrin. J'étais persuadé que Mike était mort. Heureusement, l'infirmière finit sa phrase et un immense soulagement m'envahit alors.

- Votre fiancé est dans le coma, et il y restera encore longtemps... Je suis navrée, mais je dois maintenant aller le sauver.