Chapitre 7 - King 🏒

Bordel mais c'est une blague ? Il ne nous manquait plus que ça !

Devant la patinoire de l'université, toute l'équipe écoute le doyen Spencer nous informer des dégâts causés par la tempête qui s'est déchaînée sur Oak Ridge pendant la nuit de samedi.

Je suis rentré à l'appartement avec Cass in extremis, après quoi, la pluie s'est abattue tel un déluge sur la ville. Si nous nous étions trouvés sur la route, à coup sûr nous aurions eu un accident. La façon dont il pleuvait n'avait rien de rassurant, nous avons même cru que nous allions devoir faire face à des inondations dans l'appart, surtout à cause des toilettes. On a prié toute la nuit pour qu'elles ne débordent pas.

Vers dix heures, le dimanche, l'averse est passée.

En venant jusqu'au campus, Cass, Ian et moi avons constaté les différents dégâts infligés à Oak Ridge : des arbres arrachés ; des routes coupées totalement démolies ; des voitures coincées dans des garages inondés... bref, c'était à prévoir. Néanmoins, je n'imaginais pas qu'elle aurait pratiquement détruit le lieu d'entraînement de l'équipe ! Une partie de la toiture a été arrachée par les rafales de vent, sans parler de l'inondation qui a eu lieu et qui a foutu en l'air le système de refroidissement ainsi que la tuyauterie. Les gars de la maintenance vont en avoir pour des semaines avec les réparations !

— Nous avons un karma de merde, marmonne Logan, à bout alors que la journée vient à peine de commencer.

Avec la patinoire dans cet état, nous ne serons jamais prêts pour le Ice Breaker qui a lieu dans trois semaines. Bon sang, nous sommes baisés !

Après son petit discours de ce week-end, Liam est sur les nerfs. En ce moment, nous avons la corde autour du cou. Si nous n'arrivons pas à nous sortir du pétrin, les Black Hawkes peuvent dire bye-bye à la saison de hockey.

Nous voilà à nouveau avec le moral dans les chaussettes, je le vois aux têtes de mes camarades. Ce coup bas tombe au mauvais moment. Nous avions besoin d'une motivation, pas de nouvelles emmerdes !

Ce matin, je me suis levé en ressassant les menaces de Liam. Et putain, j'étais encore très énervé vis-à-vis de ses propos dégueulasses. Je crois dur comme fer que cet abruti s'en prend à moi à cause de cette fille qui lui faisait de l'œil.

Bref, quoi qu'il en soit, je ne peux rien faire, si ce n'est me plier à sa volonté. Le batifolage et les dérapages sont terminés, au moins jusqu'à la fin de la saison, en avril donc. Après ça, il ne sera plus mon capitaine et je pourrai reprendre mes anciennes habitudes.

Selon Cass, je devrais me mettre en couple, comme ça, ce débile de Montgomery n'aurait rien à redire et il me lâcherait la grappe. Le souci, c'est que je ferais un petit ami de merde, j'en suis persuadé. Pour le moment, je n'ai pas rencontré la personne qui suscite suffisamment mon intérêt pour que je veuille me caser. C'est peut-être égoïste de ma part, mais je ne dicte pas mon cœur.

J'étais donc résolu ce matin à devenir un gentil garçon, et cette couille nous tombe dessus. Comment va-t-on faire à présent ?

Le coach n'est pas encore arrivé, mais je me doute qu'il est déjà au courant de la situation, contrairement à nous qui avons eu la surprise en débarquant. C'est vraiment la merde !

— Nous sommes censés faire quoi ? demande Liam au doyen, largué.

— Nous allons trouver une solution pour que vous puissiez poursuivre vos entraînements et que les matchs à domicile aient lieu. Je suis en pleine négociation avec la mairie pour que nous puissions louer la patinoire municipale, nous essayons de trouver un créneau.

— C'est toujours Patty qui la gère ? interviens-je.

Quand j'étais gosse, mon père faisait la route depuis Richmond jusqu'à Oak Ridge pour m'emmener patiner. Ça n'arrivait pas souvent, mais j'adorais venir jusqu'ici pour passer du bon temps avec mon paternel.

— En effet. Tu la connais ? s'étonne le doyen Spencer.

— Oui, j'y allais pas mal lorsque j'étais petit. Je peux peut-être aller lui parler pour qu'elle se grouille un peu. Vous en pensez quoi ?

Cette femme a énormément de caractère, et d'après mes souvenirs, elle n'aime pas les imprévus. Techniquement, c'est la mairie qui octroie les permis, toutefois, si on veut la patinoire, c'est vers elle que l'on doit se tourner, pas vers des politiques de pacotille.

— Toute aide est la bienvenue, Kingston. Si tu peux donner un coup de main, je t'en serais reconnaissant.

— Bien monsieur, j'irai la voir le plus tôt possible, promets-je.

J'ai droit à un regard de travers de la part de Liam, visiblement il n'aime pas que je me rende utile. Que faire ? J'aime être indispensable lorsqu'on me menace de m'éjecter de mon équipe. Si j'ai un comportement exemplaire, que je me démène, je montrerai ma bonne volonté au coach et ce crétin ne pourra pas m'évincer aussi facilement.

— Les travaux risquent de prendre très longtemps ? demande Jamie au doyen.

— Je ne sais toujours pas. Ceux de la maintenance sont en train d'évaluer l'étendue des dégâts, mais plus de trois semaines, c'est certain.

— C'est foutu pour le Ice Breaker, marmonne Parker, dépité.

— Paniquez pas, les mecs, les rassuré-je. Nous aurons accès à la patinoire municipale. On ne pourra peut-être pas s'entraîner le matin et le soir, mais nous nous laisserons la peau des fesses sur la glace à chaque entraînement. Nous ferons des sessions doubles.

— Depuis quand prends-tu les décisions ? me rabroue Liam, hautain.

— Ce n'est pas une décision, mais un simple constat. Nous ne pourrons pas disposer de la patinoire municipale à notre guise. Par conséquent, lorsque nous l'aurons, nous devrons bosser davantage, au lieu de diviser nos sessions en deux comme nous le faisions jusqu'à présent, elles seront en continu.

— Ce n'est pas toi le capitaine ! grogne cet abruti.

— Je n'ai pas besoin de dire que je suis le mâle alpha pour que les gens le sachent, contrairement à toi, marmonné-je, agacé par son attitude de merde.

Un jour, je vais péter la gueule de ce con et il l'aura bien cherché. J'en ai marre de son sale air suffisant, à me prendre de haut et à me rabâcher h24 son putain de statut au sein de l'équipe.

— Bon, les gars, ça suffit, intervient Miles.

Je replace mon sac de sport sur mon épaule. Liam me sort de plus en plus par tous les trous. À force de m'emmerder, un jour, il risque de se prendre un retour de bâton. Et par « retour de bâton », j'entends ma crosse de hockey en pleine gueule.

— Ce qui importe c'est le bien-être de l'équipe et que vous puissiez poursuivre vos entraînements, continue le doyen afin de calmer l'ambiance. Tu me diras si ta visite chez Patty a porté ses fruits, Kingston.

— Oui, monsieur.

Sur ce, nous nous dispersons en groupes de trois ou quatre. Parker, Logan et Jamie me collent aux basques tandis que je me dirige vers le parking pour laisser mes affaires dans le coffre de la voiture de Cass.

— C'est quoi cette guéguerre qu'il y a entre Monty et toi, King ? demande Parker, loin d'être ravi par le précédent accrochage.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Arrête de nous prendre pour des cons, vous avez failli en venir aux mains à l'instant, enchaîne Logan. C'était déjà tendu, samedi, lorsque vous êtes partis discuter.

— Disons que je ne réagis pas très bien aux menaces.

Je sors de ma poche le double des clés de la Jeep et ouvre le coffre où je balance mes affaires.

— Des menaces ? s'étonne Jamie. De quoi avez-vous causé au juste ?

— De ma vie sexuelle. Apparemment, elle est trépidante et affecte directement le bon fonctionnement de l'équipe.

Je m'attendais à ce qu'ils éclatent de rire, à ce qu'ils disent à quel point c'est absurde. Au contraire, ils échangent des regards entendus et gardent le silence. D'accord, je vois. Ils sont au courant. Ce connard de Liam devait être de mèche avec toute l'équipe pour me tomber dessus. Suis-je donc entouré par une bande de traîtres ?

— Ne le prend pas mal, King, embraye Parker, mais l'année dernière, tes dérapages étaient... très nombreux.

— Je ne compte plus le nombre de filles qui se sont pointées lors des entraînements ou des matchs pour te gifler. C'était beaucoup trop récurrent, soupire Logan.

— Donc, vous saviez que Liam comptait m'imposer un ultimatum ?

Honnêtement, ça me fait chier qu'ils aient été au courant et qu'ils ne m'aient pas prévenu de ce qui me pendait au nez. J'ai l'impression de m'être fait poignarder dix-sept fois dans le dos.

— Nous savions qu'il allait te mettre les points sur les « i ». Que t'a-t-il imposé ? se surprend Parker.

— Comme si vous l'ignoriez, bande de Judas ! grogné-je en refermant le coffre d'un coup sec.

Tous les trois ricanent face à mon insulte, cependant, ça ne me fait pas marrer. S'ils avaient un souci, ils auraient dû venir m'en parler au lieu de laisser Liam faire son cirque.

— On se doute qu'il t'a demandé d'arrêter de déconner et de réduire ton nombre de partenaires sexuelles, lance Logan.

— Réduire ? ricané-je. Non, il est allé bien plus loin. Il m'a exigé de garder ma queue dans mon froc pendant toute la saison.

— De l'abstinence ? s'esclaffent-ils à l'unisson.

— Te connaissant, tu ne tiendras pas deux semaines, se marre Jamie.

Ouais, merci pour la confiance, les mecs, songé-je, dépité.

— Il va bien falloir, parce que sinon, ce salopard me virera de l'équipe.

Leurs sourires s'effacent de manière synchronisée. On dirait bien qu'ils n'étaient pas au courant pour cette partie de l'ultimatum.

— Tu plaisantes ?

— En ai-je l'air ? Ce crétin l'a juste mauvaise parce que j'ai sauté son crush et que la pilule a du mal à passer. C'est juste une vengeance personnelle de sa part.

Je m'appuie contre le flanc de la voiture, toujours aussi énervé que samedi. Je pensais m'être calmé, mais ma colère était simplement endormie au plus profond de moi. Bon sang, ce que j'ai envie de lui éclater la gueule !

— Il nous avait confié qu'il comptait avoir une discussion avec toi à ce sujet, mais il n'a jamais été question de te virer de l'équipe, me confie Logan, choqué.

— Allez, vois le bon côté des choses, soupire Parker. Réduire ton activité sexuelle te permettra d'être plus performant sur le terrain. Tu seras beaucoup plus concentré, et tu ne te disperseras pas en repensant à tes séances de culbute.

Je lui lance un regard noir. Pour qui me prend-il ? Je ne pense pas tout le temps au cul, je sais faire la part des choses. Mis à part la semaine dernière, où j'avais un peu la tête dans les nuages après mon coup foireux du week-end, mais en général, je suis on ne peut concentré sur mon jeu. Une fois que je pose le pied sur la glace, plus rien n'importe.

— Du coup, plus de nanas ? demande Jamie, l'innocence incarnée.

— C'est bien, je trouve, nous aurons plus de chances de pécho comme ça, se bidonne Parker avant de me gratifier d'un clin d'œil.

Tant mieux si ça les fait marrer, en ce qui me concerne, je vais avoir une épée de Damoclès au-dessus de ma tête pendant toute la foutue saison. Marcher sur des œufs ? Quel euphémisme !

— T'as toujours l'option couple, réfléchit Logan à haute voix. Je suis certain que si tu avais une partenaire stable, Liam n'aurait rien à redire.

Oui, Cass m'a fait la même réflexion.

Néanmoins, quelle nana accepterait un tel deal ? Parce qu'il est hors de question que je sois officiellement en couple, qu'une fille me tienne par les couilles et que mon univers ne se résume qu'à elle. Les papillons dans le ventre et tout ce qui s'y rapproche me filent la gerbe.

Toutefois, une partenaire de parties de jambes en l'air stable, qui accepterait mes conditions... ça, ce serait envisageable. Des sexfriends, en somme. Ça a l'avantage du sexe, sans les engagements qu'être en couple implique. Oui, là, je serais gagnant, c'est certain.

Mon dieu, je ne suis qu'un putain d'égoïste ! Je ne peux pas faire ça à quelqu'un. Les sexfriends, ça marche rarement, il y en a toujours un des deux qui finit par payer les pots cassés, et la dernière chose que je souhaite, c'est faire souffrir quelqu'un. On me reproche déjà d'être un salaud, je ne veux pas en rajouter une couche.

Je crois que la meilleure solution, ce sera l'abstinence, bien que ça me pèse. Je vais devoir m'y faire, point.

— T'imagines King en couple ? se moque Parker. Il ne tiendrait pas deux semaines avec la même fille.

Sa remarque m'énerve, sans doute plus qu'il ne devrait. Qu'insinue-t-il ? Que je suis un infidèle ? Non, contrairement à ce qu'il croit, je suis quelqu'un de loyal.

— Du coup, tu vas te plier à la volonté de Liam ? m'interroge Logan.

— Je n'ai pas vraiment le choix. Le hockey est une priorité pour moi.

— Sois réaliste, King, soupire Parker, jamais tu ne tiendras sept mois sans ken. Même Jamie ne tiendrait pas, et pourtant, il est puceau !

— Hey ! Je t'ai déjà dit que je ne l'étais pas ! s'offusque ce dernier.

— À d'autres, mon choux, le titille Parker. Pour en revenir à toi, King, j'ai presque envie de parier sur ton échec.

— Vraiment, Parker ? Tu veux te faire du fric sur son dos ? lance Logan, blasé.

— Avoue qu'on gagnerait à coup sûr, me provoque-t-il, un sourire insolent au coin des lèvres. Tu sais tout autant que moi qu'il sera incapable de garder sa braguette fermée.

— Votre manque de confiance en moi m'afflige, ironisé-je, alors qu'au fond, je m'en branle de ce qu'ils peuvent penser.

On est peut-être camarades, on se fréquente de temps en temps, mais ils ne me connaissent pas. Ils ne sont pas Cass ou Ian, jamais ils sauront qui je suis vraiment. Ils ne voient que ce que je souhaite leur montrer.

— Bon, les loosers, je vous laisse. J'ai une patinoire à nous obtenir.

— Tu vas te taper la gérante ? s'esclaffe Parker.

— Va te faire foutre, lui réponds-je en le gratifiant en prime d'un doigt d'honneur avant de monter dans la voiture.

Une fois derrière le volant, je claque la portière et attends que ces trois débiles débarrassent le plancher. Tout le monde a décidé de me casser les couilles dernièrement. Serait-ce un retour de karma ? Depuis deux semaines, les emmerdes me collent au train. Est-ce la façon dont l'univers a de me punir pour avoir failli sauter une femme mariée ? Toutes ces menaces, sont-elles donc un appel à l'ordre du cosmos ? Je commence à le croire.

Je sors mon téléphone de la poche arrière de mon jean et écris un message à Cass pour le prévenir que j'emprunte sa voiture. Je reçois presque instantanément sa réponse :

Knight, message envoyé à 09 :20

T'as intérêt à la rendre comme neuve. Si elle a ne serait-ce qu'une égratignure, je te fais la peau. Et franchement, au lieu d'utiliser ma caisse, va chercher la tienne. Elle pourrit dans ce garage de Richmond alors que c'est une putain de beauté. Ta connerie est condamnable !

Il sait parfaitement pourquoi je suis réticent à l'idée d'aller la chercher. Je n'ai pas envie de le voir, pas après notre dispute de cet été. Je vais éviter cette maison comme la peste pour les prochains mois. Je me débrouillerai, ou au pire, j'en achèterai une autre. Mais honnêtement, je ne veux rien qui vienne de lui. Je ne souhaite rien lui devoir, pas même une bagnole.

Je ne prends pas la peine de lui répondre et introduis la clé dans le contact afin de démarrer le véhicule. Le moteur crache un peu ses tripes, Cass va devoir l'emmener dans pas longtemps chez le mécano. Toutefois, mon ami a raison, je ne peux pas dépendre de ce tas de ferraille. Je sens que d'ici peu, malgré toutes ses tentatives pour sauver cette caisse, elle va rendre l'âme.

Ainsi, je quitte le parking et conduis vers le centre-ville d'Oak Ridge, là où se trouve la patinoire municipale. J'espère réussir à amadouer cette femme pour obtenir à mon équipe ce qu'elle convoite : la victoire.

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Les choses se corsent pour les Black Hawkes. Mais face à l'adversité, il faut se montrer unis... ça, King l'a compris, ce qui ne semble pas être le cas de tout le monde 👀 Reussiront-ils à remporter le premier tournoi de la saison? 

J'espère que ce septième chapitre vous a plu ! En tout cas, j'espère surtout que cette ambiance sportive/équipe vous plaît !

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ça fait toujours plaisir ^^

On se retrouve demain pour le chapitre 8 à 20h 💕

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