Chapitre 6 - King 🏒

Le regard fixé sur le ciel, je contemple avec méfiance les nuages qui surplombent ma tête. Ma clavicule m'élance, ce qui annonce une chute des températures, et sans aucun doute une tempête. Je suis pratiquement certain que d'ici quelques minutes, je vais entendre le tonnerre gronder au loin.

Appuyé contre l'une des poutres de contention du porche de la maison des Zeta Gamma Tau, la musique retentit depuis l'intérieur avec une force étonnante.

Les gars de la fraternité n'ont pas fait beaucoup d'efforts niveau organisation. C'est à peine si j'ai pu me servir un verre, ils n'avaient plus de bière. J'ai dû racler le fond d'un baril pour en obtenir une faible quantité pour me rafraîchir le gosier.

Il n'était pas dans mon intention de me pointer à cette fête minable, mais Montgomery – mon capitaine –, m'a envoyé un texto il y a une heure pour me faire comprendre que j'avais intérêt à ramener ma fraise, sinon, il me le ferait regretter à l'entraînement lundi.

Ainsi, en bon petit soldat, j'ai rappliqué, même si j'aurais préféré rester chez moi à jouer aux jeux vidéo, à l'instar d'Ian qui a refusé de venir. Un vrai lâcheur, ce mec. Heureusement, Cassidy ne dit jamais non à une petite sauterie.

Imaginez sa gueule en découvrant qu'il n'y avait pratiquement plus rien à boire. Il a failli étriper le premier Zeta Gamma Tau qu'il a croisé lors de son arrivée.

Si je suis ici, c'est parce que Liam va balancer son premier speech motivationnel, à l'instar de tous les capitaines avant lui, quelques semaines avant le début de la saison. Et cette fois, il y a de fortes chances pour qu'on se fasse tous remonter les bretelles pour raviver notre colère vis-à-vis de ce qui s'est passé en mars dernier. Nous nous sommes faits éjecter lors de la série éliminatoire, par conséquent, notre pass au Frozen Four nous a filé sous le nez.

La désillusion a été énorme. Notre coach était très déçu de notre jeu, mais aussi de notre comportement sur le terrain. Nous avons réagi aux provocations de l'autre équipe, ce qui nous a valu certaines expulsions. Dont la mienne.

Disons simplement qu'un type de l'équipe adverse s'est mangé malencontreusement ma crosse dans la gueule. J'ai failli lui faire voler son casque.

Même si mon entraîneur était très en pétard à ce moment-là, tout comme une partie de l'équipe, ils n'ont pas eu de mal à comprendre ma réaction.

Suis-je responsable de notre défaite ? J'aime croire que non, que mon expulsion n'a rien changé au résultat. Mais au fond, ça a déclenché une suite d'événements qu'aujourd'hui je regrette.

J'ai de la chance de faire partie de cette équipe, de pratiquer le sport que j'aime le plus au monde et qui me vide la tête. Et je suis conscient que le coach s'est montré très compréhensif, qu'il a passé l'éponge. Dans d'autres circonstances, je me serais fait démonter puis virer de l'équipe. D'ailleurs, je pense que c'est ce que Montgomery aurait souhaité. Il a tendance à dire que je ne suis qu'un aimant à problèmes et que je ramène mes soucis sur le terrain, sans doute parce que certaines de mes conquêtes se pointent lors des matchs pour me faire la misère.

Est-ce que je me comporte comme un enfoiré avec elles ? Peut-être, mais pas à cause de ce que tout le monde pense.

Je suis au courant de ce que les femmes racontent à mon sujet une fois qu'elles se rendent compte qu'elles ne me mettront pas le grappin dessus. Elles inventent tout un tas d'histoires, déforment mes propos et j'en passe. Bien évidemment, toutes ne font pas ça, mais il suffit qu'une petite minorité s'y mette et fasse beaucoup de bruit pour que ma réputation s'en voit affectée.

Et honnêtement, ça me fait chier, parce que je considère les avoir bien traitées pendant nos ébats.

La seule règle ? Aucun attachement.

Et le fait de leur proposer de venir voir l'un de mes matchs n'est pas une promesse, simplement de la politesse. Elles me posent des questions sur le hockey, sur la compétition, alors, naturellement, je leur dis que ce serait super pour l'équipe de pouvoir compter sur leur soutien lors d'une prochaine rencontre sportive. Depuis quand est-ce devenu une sorte d'engagement ?

Mon téléphone vibre dans ma poche arrière et me sort de ma rêverie. Automatiquement, après avoir lâché un long soupir rempli de frustration, je l'attrape, même si je sais déjà à qui appartient le texto reçu.

Montgomery, message envoyé à 23:15

Rendez-vous dans le sous-sol de la fraternité dans cinq minutes, juste les membres de l'équipe.

Je retourne à l'intérieur, et aussi incroyable que cela puisse paraître, vu la qualité des boissons et de la musique, les lieux sont bondés. Je peine à me frayer un chemin à travers une bonne partie du rez-de-chaussée. Chaque pièce est soit une piste de danse, soit un bar improvisé, où jeux de beuverie se succèdent, dont le fameux bière-pong.

Je bouscule du monde ; on m'insulte ; je réponds par des doigts d'honneur et finalement, après avoir fait des pieds et des mains pour m'extirper de cette marée humaine, j'arrive devant la porte du sous-sol.

Avant de pousser le battant, je fais le vide dans ma tête et prends une grande inspiration. Une fois de l'autre côté, je le referme derrière moi. Je descends les marches, d'où j'entends déjà du chahut : ils sont déjà tous là.

Arrivé à destination, je compte rapidement les dix-sept membres de mon équipe. Certains discutent assis sur un canapé en cuir, d'autres jouent au billard ou au baby-foot.

Je perçois rapidement Liam, une queue de billard à la main, qui me repère tout aussi vite. Il hoche la tête à mon intention, je hausse les sourcils en signe de salutation et il demande à tout le monde de la fermer.

De manière synchronisée, les gars se taisent et cessent leurs activités.

— Bien ! Il semblerait que tout le monde soit là. Tout d'abord, merci d'être venus à la dernière minute. J'aurais dû vous prévenir plus tôt, mais cette fête n'était pas prévue.

— Vu l'organisation médiocre, on te croit, le tacle Miles, avec raison.

— La saison débute dans trois semaines, continue Liam. Les prochains entraînements seront décisifs, je vous veux vraiment à fond dedans. Le tournoi Ice Breaker arrive sous peu, et je compte sur vous pour le remporter. Sans parler des matchs du championnat d'Atlantic, qui se termine en mars et qui nous mènera tout droit aux éliminatoires de la NCAA et finalement, au Frozen Four. C'est notre putain d'objectif cette année : gagner le championnat national. Et si on se fait à nouveau éliminer, croyez-moi, il vaut mieux pour vous que vous courriez très vite et très loin, nous menace-t-il, avant de me regarder de travers.

— Tu sais bien que nous n'avons pas perdu exprès, lance Milton. Ces enfoirés de Lake Point nous ont bien baisés, sans parler de cet arbitre de mes deux qui était à leur botte.

Merci ! Enfin quelqu'un qui dit les choses comme elles sont ! Non seulement ce type n'a pas signalé plein de fautes lorsque c'étaient les Cougars de Lake Point qui les commettaient, mais en plus, il m'a expulsé pour avoir pété la tronche de ce fils de chien de Bennett. Une tête à claques, cet enfoiré ! Je n'attends que ça que de recroiser sa route pour reprendre ma revanche.

— J'en ai rien à foutre ! Ce que le coach vous dit vous rentre par une oreille et vous ressort par l'autre, n'est-ce pas ? Nous ne pouvons pas répondre à leur provocations ! Nous devons être au-dessus ! S'ils savent comment jouer avec nos nerfs, comment nous déstabiliser, alors nous perdrons à chaque fois !

— C'est plus facile à dire qu'à faire, soupire Jamie. À la place de King, j'aurais aussi cassé la tronche de ce connard de Bennett.

— Totalement, ses propos étaient gerbants ! me soutient Parker.

D'autres acquiescent, mais personnellement, je n'ai pas envie de me remémorer cet incident. Moins j'y pense et mieux je me porte.

— C'est ma dernière année, bordel de merde, et je veux remporter le championnat de la NCAA ! explose Liam, sans se soucier de nos ressentis. Je désire quitter l'université avec le sentiment d'avoir accompli quelque chose dans ma vie.

— T'es injuste, se plaint Novak. Nous avons remporté le tournoi Ice Breaker et la saison de notre conférence... il n'y a qu'aux éliminatoires que nous avons merdé. Deux de trois, ce n'est pas trop mal, non ?

Liam clôt les paupières, pousse un long soupir.

— Si on se contente de si peu, alors on échouera, bande de bouffons ! s'énerve notre capitaine. On ne peut pas prétendre au podium et ensuite se contenter du minimum ! Gagner le championnat de la NCAA sera une consécration pour nous tous, et surtout pour le coach Phillips.

Si Liam termine ses études à la fin de l'année, notre coach part en retraite. J'ai du mal à croire que dans quelques mois, ce ne sera plus lui qui me remontera les bretelles. Et même si Montgomery est un con profond, c'est un bon capitaine, je ne pourrai jamais dire le contraire. Il joue son rôle à la perfection.

Après notre défaite en mars, la soif de vengeance n'a cessé de grandir en moi. On nous a volé ce match, et je compte tout faire pour mener mon équipe à la victoire cette saison. Sur ce point, je ne suis on ne peut plus d'accord avec mon capitaine. Nous devons nous démener cette année pour que le nom des Black Hawkes s'écrive à nouveau dans l'histoire du hockey universitaire.

— Il faut que nous restions soudés, concentrés. Il n'y a que comme ça que nous parviendrons à quelque chose. Je veux vous voir motivés, que vous soyez aussi affamés que moi !

— Vous savez que Monty a raison, le soutiens-je. L'année dernière, on nous a volé notre pass pour le Frozen Four. Mais cette année, nous allons tout dégommer sur notre passage et nous allons démontrer à tout le monde de quoi nous sommes faits.

De l'ambition ? Ce n'est pas ce qui me manque. Je suis prêt à tout pour mener mon équipe à la victoire. Ce championnat, je jure sur tout ce que je connais que nous allons le remporter.

Les gars commencent à s'enjailler, à y croire. Nous devons garder cet espoir intact, même si nos illusions ont été piétinées de la pire des façons il y a tout juste quelques mois. La pression augmentera au fur et à mesure que nous nous rapprocherons du but. Mais nous ne devons pas flancher. Si nous avons soif de victoire, alors nous l'aurons !

Cette défaite a miné le moral de toute l'équipe, et je vois encore notre confiance en nous battre de l'aile. La peur est là. Nous craignons de fournir des efforts comme la dernière fois et de voir tous nos espoirs voler en éclats de manière drastique.

— Nous devons nous montrer plus malins et patients que nos adversaires, nous rassure Liam. Même si gérer ses émotions sur le terrain s'avère compliqué.

Pour ne pas dire que c'est pratiquement impossible. L'émotion du jeu nous pousse plus facilement à déraper, voilà pourquoi il y a énormément d'accrochages pendant les matchs de hockey. Il s'agit d'un sport de contact, où nos nerfs sont facilement mis à rude épreuve. Les bagarres sont permises dans la ligue pro, pas dans l'universitaire. Tout combat est sanctionné par l'expulsion de celui ou ceux qui ont débuté le conflit. Et si nous n'avons pas lâché les crosses avant d'en venir aux mains, la peine est pire.

— Je sais que nous pouvons le faire, j'ai confiance en vous. Mais j'ai besoin que vous y mettiez toutes vos tripes, que vous donniez tout ce que vous avez dans le ventre pendant les prochains mois ! Je ne peux pas gérer l'équipe seul, j'ai besoin de vous tous à mes côtés et que nous soyons sur la même longueur d'onde ! On est soit une équipe, soit rien du tout.

Sans même le vouloir, j'esquisse un petit sourire. Ce crétin a réussi à me déclencher la chair de poule.

— Alors, qu'est-ce qu'on est ? embraye Liam, d'un ton décidé.

À nous tous de répondre à l'unisson, chaque speech motivationnel se termine de la même manière.

— Une équipe.

— Je n'ai pas bien entendu, reprend Liam, solennel. Qu'est-ce qu'on est ?

— Une équipe !

— Quoi ? Pardon ? Plus fort ! Qu'est-ce qu'on est ?

— Une équipe ! gueulons-nous.

Le tonnerre gronde, il se confond avec les coups de talons que nous portons au sol, faisant retentir tout le sous-sol.

— Et qui sommes-nous ?!

— Les Black Hawkes d'Oak Ridge !

— Et qu'est-ce qu'on va faire ?

— Tout rafler !

Jackson, Finn et Parker se mettent à hurler tels des loups, ils sont bientôt suivis par le reste de l'équipe. Cette ambiance a de quoi rebooster, je l'admets. En cet instant, Liam pourrait me dire que nous allons conquérir le monde, je le suivrais les yeux fermés.

— Bien, putain ! C'était ce que je voulais entendre ! Cette année, ce sera notre année, bordel de merde ! certifie Montgomery, voyant l'engouement accroitre au sein de nos rangs.

Quel autre choix avons-nous ? Dans une compétition sportive, si l'ambition n'est pas au rendez-vous, autant raccrocher nos patins et rentrer chez nous. Néanmoins, la motivation est palpable en ce moment même.

— Quant à toi, continue Liam en se tournant vers moi. On va avoir une petite discussion tous les deux.

Surpris, j'arque un sourcil. Qu'est-ce qu'il me veut maintenant ? Il va encore me passer un savon pour ce qui s'est passé en mars dernier ? C'est bon, j'ai saisi, je n'ai pas besoin qu'il me rabâche l'incident pendant cent ans.

— Viens avec moi, m'ordonne-t-il en passant à mes côtés avant de remonter les escaliers.

Je lance un coup d'œil auprès des gars, ils haussent les épaules, comme s'ils ignoraient de quelle question il en retourne. Liam gueule mon nom depuis le haut des marches, et résigné, je m'exécute. Ce type est aussi mal luné qu'un putain de caniche. Je le fréquente depuis deux ans, et nos caractères ont toujours été en opposition. L'année dernière, il est devenu capitaine, succédant ainsi à Donnelly, celui qui le précédait et qui terminait ses études. Liam est tout le temps sur mon dos, surtout depuis qu'il a appris que son crush a atterri dans mon plumard il y a quelques mois. À l'époque, je l'ignorais. Est-ce que ça m'aurait arrêté ? Je n'en sais rien, j'étais bourré.

Une fois en haut, nous retournons au sein de la fête avant de bifurquer jusqu'au salon et continuer à monter des escaliers, jusqu'à atteindre le premier étage, ainsi que la chambre de mon capitaine. Fermée à clé, il l'ouvre et m'invite à y entrer le premier. D'abord un poil réticent, je finis par céder en constatant le regard foudroyant dont ce type me gratifie. Putain, qu'ai-je encore fait pour le mettre en rogne ? Depuis la rentrée, je me tiens tranquille, je n'ai fait aucune vague. Alors qu'est-ce qu'il a à me reprocher ?

— Tu veux bien en venir au fait, s'il te plaît ? Je voudrais rentrer chez moi. Cette sauterie craint.

— Tu n'en feras toujours qu'à ta tête, King, pas vrai ?

— Honnêtement, Liam, je ne sais pas à quoi rime tout ce cirque. Qu'as-tu donc à me dire que tu ne pouvais pas balancer devant les gars ? Tu m'as demandé de venir à cette fête, je suis venu. Tu m'as ordonné de te suivre, je l'ai fait. Je t'avoue que je ne sais pas ce que tu attends de moi.

— J'attends de toi que tu gardes ta queue dans ton froc cette saison, lâche-t-il, en colère.

Mes sourcils se soulèvent, estomaqué par ses propos. Ce que je fais pendant mon temps libre ne le regarde en rien. À ce que je sache, je peux encore sauter qui j'ai envie sans devoir lui demander la permission.

— Je ne déconne pas, Asher. L'année dernière, tes conquêtes qui venaient aux matchs pour te baffer nous ont bien gavées.

— Je n'ai rien à me reprocher.

J'ai droit à un rire sans joie de sa part, suivi d'un regard meurtrier.

— Tu n'as pas de quoi être fier de ton comportement. Tu ruines la réputation de l'équipe, on en a tous ras le bol.

— « On » ou plutôt « tu » ? le corrigé-je.

Je ne compte pas fermer ma gueule. Je sais pertinemment qu'il ne peut pas me saquer, qu'il me supporte parce que je suis un bon ailier et qu'il a besoin de moi pour remporter les matchs. Toutefois, je ne vais pas le laisser dicter ma conduite. Ma queue, c'est moi qui la commande, et personne d'autre. Ce n'est pas un branleur dans son genre qui va m'interdire de l'utiliser comme bon me semble.

— Tu ne l'aurais pas un peu mauvaise parce que tu n'arrives pas à tremper ton biscuit autant que tu le voudrais ? le titillé-je, mauvais.

— Tu crois honnêtement que j'envie ton libertinage à deux balles ? Tous les mecs ont des coups d'un soir, mais ton cas dépasse les bornes. Non seulement tu vends du rêve à ces filles que tu trompes, mais ensuite, tu n'assumes pas la responsabilité de tes actes.

Agacé, je pousse un long soupir avant de lever les yeux au ciel. J'en ai ras le bol que les gens pensent me connaître mieux que moi-même. Que dois-je faire ? Traiter ces filles comme de la merde pendant que je couche avec elles au lieu de leur montrer un minimum de tendresse et d'attention ? Désolé, j'en suis incapable.

— Tu fais tout pour qu'elles s'entichent de toi, puis tu les jettes comme des capotes usagées.

— Très belle image, marmonné-je.

Qu'importe ce que je dirai, sa tête est pleine de préjugés à mon égard. Il ne me croira pas, même si je lui certifie que le ciel est bleu.

— Tu as fait du mal à quelqu'un que j'apprécie, King.

— J'en ai marre de passer pour le méchant de l'histoire alors que je n'ai jamais rien fait de mal.

— À d'autres, veux-tu ? Je suis sérieux King, si une autre fille vient te gifler pendant les entraînements ou les matchs, je te fous dehors.

Son avertissement me glace le sang, surtout parce qu'il semble sérieux. Ça n'a rien d'une menace en l'air pour m'effrayer, non. Il n'a pas l'air de bluffer.

— Donc, tu m'ordonnes de mettre ma vie sexuelle en stand-by ?

Je n'arrive pas à saisir son putain de raisonnement. En quoi mes sauteries mettent en danger nos chances de remporter le championnat de la NCAA ? Il va falloir qu'il m'explique, parce que là, je sèche.

— T'as tout compris. Si j'apprends que tu t'envoies en l'air, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te virer de l'équipe. J'en ai rien à foutre de qui était ton paternel et ce qu'il représente encore à ce jour pour le coach.

C'est à mon tour de grincer des dents.

Il sait que je n'aime pas lorsqu'on parle de mon père, cependant, il retourne le couteau dans la plaie pour que je la ferme. Néanmoins, la colère gronde au fond de moi tel un volcan sur le point d'entrer en éruption. S'il continue de me titiller, je ne donne pas cher de sa peau.

— T'es peut-être un bon joueur, Asher, mais si tu foires, je m'assurerai que tu ne remettes plus jamais tes patins pour jouer auprès des Black Hawkes. Est-ce que tu m'as compris ?

Face à cette menace, je suis pieds et poings liés. Je me sens pris au piège entre mon amour pour ce sport et mon esprit rebelle qui n'a pas envie de céder à son chantage à deux balles.

— Tu n'as pas le droit de faire ça, Liam ! En dehors du terrain, tu...

— Je ne te laisserai pas ruiner ma chance de remporter le championnat national ! grogne-t-il, de plus en plus en colère. Tes dérapages sexuels nuisent à l'équipe, ceux sur le terrain également. Je m'en fous de comment tu gères tes pulsions, mais si j'apprends que tu continues à sauter tout ce qui bouge, je me chargerai personnellement de ton cas.

— L'abstinence, ce n'est pas mon truc.

— Bien, dans ce cas, tu as une main qui peut t'aider à pallier ses effets. Tu n'as pas besoin de t'engager, et elle sera toujours près de toi au cas où tes couilles deviendraient bleues et que tu aurais besoin de te soulager, me rabroue-t-il.

Ce connard dépasse les bornes !

Monsieur veut définitivement que mes bijoux de famille se gangrènent. Putain ! Je suis actif sexuellement depuis mes seize ans, il ne peut pas me dire à présent, à vingt piges, de me la mettre derrière l'oreille !

Se vider le chargeur devant un porno, ça t'aide à tenir un temps. Néanmoins, les sensations ne sont en rien comparables à celles que te procurent le corps d'une femme. Putain, non !

— Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu fais ça, soupiré-je, à bout. Plein de mecs de l'équipe n'ont pas de relations stables et couchent à droite et à gauche, pourquoi tu ne t'en prends qu'à moi ?

Tant qu'à faire, que ce discours s'applique à tout le monde !

— Parce que tu es le seul à créer des emmerdes ! Si tu savais mieux gérer tes coups, ne pas les mêler à l'équipe, cette conversation n'aurait jamais eu lieu !

Mon cul ! Il n'en a rien à foutre que je me prenne des baffes tous les quatre matins. Non, sa petite crise est beaucoup plus personnelle. Je le sais, et il aura beau le nier, il ne peut pas me leurrer.

— Avoue que tu l'as encore mauvaise parce que cette fille m'a choisi moi et qu'elle n'en a rien eu à faire de ta gueule. En vrai, tu es juste un mauvais perdant.

Je suis persuadé qu'il s'agit ni plus ni moins que ça. Il joue de son statut pour me mettre au pied du mur et me pourrir. Il n'en a rien à carrer de l'équipe, il veut simplement se venger.

— Cette fille a un prénom, dont tu ne te souviens clairement pas. Elle est plus qu'un trophée sur ton tableau de chasse, tout comme les autres. En vérité, tu me dégoûtes. Toi et tout ce que tu représentes.

— Ce que je représente ?

— Les mecs comme toi, la gent masculine s'en passerait bien. Tu salis notre réputation. À cause d'enfoirés dans ton genre, les femmes ont du mal à nous faire confiance par la suite.

Là, c'en est trop. Ses accusations me donnent la gerbe et je n'aime pas ce qu'il sous-entend. Je ne suis pas celui qui les aborde, ni celui qui leur propose un plan cul. Je n'en ai pas besoin, elles viennent d'elles-mêmes vers moi, sans que je n'ai rien demandé. Il pense donc que je n'ai que ça à faire de ma vie ? Appâter de la gonzesse ?

— Désolé de foutre en l'air ta petite histoire, mon con, mais sache que ce sont elles qui se bousculent pour s'engouffrer dans mon pieu. Je ne leur promets pas monts et merveilles, du moins, au-delà d'une nuit.

— T'es juste un profiteur, King.

Donc, parce que je suis un homme qui ne souhaite aucune sorte d'attachement avec ses partenaires, cela fait de moi une ordure ? Si ma réputation me précède, comme disent beaucoup, ces filles savent à quoi s'attendre.

Il idéalise cette nana qui lui plaît, or, elle n'a rien d'une sainte. Une femme qui fait ce genre de propositions à un homme n'est pas à son coup d'essai.

Cass n'a pas ce genre d'ennuis, et pourtant, il baise tout autant que moi, si ce n'est plus. Pourquoi est-ce différent ? C'est simple : son compte en banque n'a rien d'attrayant. Celui de ma famille, si.

Et c'est moi le profiteur dans l'histoire ? Elle est bonne celle-là !

— Je ne suis pas un ange, Liam, mais je ne suis pas non plus le démon que tu dépeins.

Il avance d'un pas dans ma direction et me regarde droit dans les yeux, insensible à mes propos.

— Te voilà prévenu, King. La balle est dans ton camp. Je ne déconne pas. Un seul faux pas de ta part, et tu jartes. Alors t'as intérêt à marcher sur des œufs et te concentrer au maximum pendant la saison. Je t'ai dans mon collimateur, et crois-moi, les gars te délatteront si tu merdes. Tu n'as pas intérêt à jouer au plus malin, tu risquerais de te faire mal.

Même si sa menace me fout en rogne, je me contente de hocher la tête, les dents serrées. Liam esquisse un petit sourire satisfait, puis se casse.

Aussitôt a-t-il refermé la porte derrière lui, je balance un puissant coup de pied contre sa commode de nuit. Je me blesse, mais la douleur me permet de canaliser mes émotions, même si je souhaite hurler à mort ma frustration.

J'y crois pas, bordel de merde ! Comment me suis-je fourré dans une telle situation ? Tout ça parce que j'ai une sexualité plutôt débridée ? Mais, putain, ça ne regarde personne !

Je me sens pris au piège, un couteau sous la gorge.

Je pourrais lui dire de se foutre sa saison au cul, mais il sait parfaitement à quel point le hockey compte pour moi. Son moyen de pression fonctionne, je n'ai aucune manière de répliquer, ou même de le berner. Si les gars sont au courant de cet ultimatum, ils vont me fliquer.

On dirait bien que je vais devoir me plier à la volonté de Liam si je désire continuer à jouer au hockey, et surtout, remporter le championnat national. Un seul faux pas, et il se fera un plaisir de me pourrir davantage l'existence.

L'abstinence, cela fait très longtemps que je ne l'ai pas pratiquée, mais ce ne devrait pas être si compliqué, pas vrai ? J'ai juste à éviter les soirées, les bars, l'alcool et les femmes...

Putain, je suis dans la merde.

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Dans ce chapitre, on dépeint l'esprit d'équipe, on rencontre certains des camarades de King et surtout, on plonge davantage dans la tête du personnage principal. Puis, cet ultimatum... reussira-t-il à s'y tenir ?😏

J'espère que ce sixième chapitre vous a plu et vous donne envie d'en lire davantage 👀

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ça fait toujours plaisir ^^

On se retrouve demain pour le chapitre 7 à 20h 💕

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