Chapitre 49 - Brooke ⛸️

La bouche pâteuse, j'attends, assise dans le bureau du doyen. Mon pouce prend cher, je m'acharne sur lui à défaut de ne pas pouvoir extérioriser la frustration qui me consume depuis hier soir.

J'ai toujours autant de mal à le croire, et en même temps, je ne suis même pas surprise. J'aurais dû douter, m'y attendre. Après tout, c'était plutôt évident, pas vrai ?

King garde son calme après avoir expliqué avec des preuves irréfutables qui avait piraté son ordinateur et pourquoi l'université était impliquée. Les recherches de Max ont donné lieu à une trouvaille plutôt intéressante. En effet, le virus qui a infesté l'appareil avait été envoyé depuis une adresse professionnelle appartenant à l'université. Le nom de domaine, l'adresse IP... tout les reliait à cette affaire.

Selon la jeune hackeuse, King aurait reçu un mail appartenant à l'administration de l'université et aurait cliqué sur le lien, sans se douter un seul instant de ce qui lui pendait au nez. Le mail n'avait pas été détecté comme dangereux par son antivirus, parce que techniquement, il ne l'était pas. Celui qui avait organisé le piratage avait procédé de manière très subtile, de sorte que mon copain ne puisse se rendre compte de rien. Selon Max, on a eu de la chance de découvrir le pot aux roses assez rapidement. Apparemment, le dispositif n'aurait été infecté que quelques heures avant. Il n'empêche que cela a donné accès au pirate à tout le système, et à cette webcam qui nous a filmé pendant nos ébats.

Rien que d'y penser, mon estomac se noue et la colère me traverse de part et d'autre. Je n'arrive pas à comprendre, à concevoir pourquoi cette personne a agi d'une telle façon. Ça m'attriste, et en quelque sorte, je m'en veux, parce que j'aurais dû y penser. Après tout, son comportement étrange aurait dû me mettre sur la voie. Au moins, douter d'elle.

King a eu du mal à réaliser que ni Liam ni Miles étaient connectés à cette affaire, de près ou de loin. Nos deux principaux suspects s'avèrent innocents, tandis qu'une personne dont on n'aurait jamais songé est la coupable.

Impatiente, je titille ma jambe rageusement. Ash, assis à côté de moi, pose une main sur mon genou afin de me calmer. La chaleur de sa paume me réconforte un tant soit peu, néanmoins, l'appréhension qui s'est emparée de moi depuis la veille ne part pas.

En attendant l'arrivée de notre coupable, je me remémore la soirée de la veille, avant et après qu'elle ne soit bouleversée. Malgré le choc, nous avons beaucoup parlé et King m'a raconté dans les moindres détails tout ce qu'il avait appris au sujet de son père. Cette révélation m'a estomaquée, jamais je n'y aurais pensé. Notre vision lorsqu'on est enfants peut être totalement biaisée sur la réalité. Nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont, et les adultes tentent de nous protéger du mieux qu'ils le peuvent, afin que nous ne grandissions pas trop vite. Il y a des choses qu'un enfant ne doit pas voir, ou vivre, dans le but de garder son innocence le plus longtemps possible. Alors je comprends les décisions de sa mère. Elle voulait le préserver de la véritable nature de son père, ce héros qu'il admirait tant. C'est louable, j'ai été touchée par son récit, et surtout, apprendre que les choses avec Amanda et James pouvaient être réparées. Qu'il allait faire des efforts afin de rattraper le temps perdu et ainsi, se racheter.

Dans le plus intense des silences, je l'ai écouté s'épancher, fascinée par toutes ses remises en question. Nous nous ressemblons plus qu'il n'y paraît, et ce constat me surprend toujours autant.

— Ça va aller, chuchote-t-il sans quitter un instant le Doyen Spencer des yeux.

L'homme est très nerveux également. Il faut avouer qu'il en a sans doute vu des vertes et des pas mures, néanmoins, il semblerait que ce soit la première fois qu'il doive faire face à ce genre de situation. Elle n'est pas anodine, c'est certain.

Soudain, la porte du bureau s'ouvre et je demeure assise, tandis que King se lève d'un bond, les poings serrés. Je suis incapable de détourner mon regard du responsable du campus. Debout, les mains posées sur le bureau, il fixe avec une grande peine la personne qui vient de franchir le pas de son bureau.

— Mademoiselle Jensen, soupire-t-il, asseyez-vous.

Au bout de quelques secondes, je tourne la tête vers Abby, qui n'a toujours pas bougé d'un iota. Elle a été convoquée sans raison spécifique, mais d'après son air horrifié, elle doit désormais savoir pourquoi elle est ici.

Hier, lorsque Cassidy a prononcé son nom au téléphone, j'ai eu du mal à réaliser, à comprendre ce qu'il était en train de raconter. Mon cœur s'est brisé un peu plus face à cette trahison.

Pourquoi avoir fait une telle chose ? Je l'ignore, mais cette question me brûle les lèvres depuis la veille. J'aurais voulu me rendre jusqu'à son dortoir pour lui demander des explications, mais Poppy m'a convaincu de ne pas m'en mêler et de laisser l'université gérer tout ceci. Afin qu'il soit difficile d'arriver jusqu'à elle, elle a pris certaines précautions que Max a fini par démasquer.

Livide, Abby ferme la porte derrière elle et s'exécute, la tête baissée. Elle est incapable de me regarder. La colère gronde moi, tout comme chez King. Se trouvera-t-elle des excuses ? Cherchera-t-elle à se dédouaner ? Ou admettra-t-elle son méfait ?

— Savez-vous pourquoi je vous ai convoquée ? lui demande l'homme, très sérieux.

— Je pense savoir, oui, couine celle que je pensais être mon amie.

Cependant, elle m'a démontré qu'il n'en était rien. Jamais je n'aurais cru qu'elle serait allée si loin. Quel était son but en nous filmant ? Parce que, visiblement, elle n'a pas diffusé la vidéo. Alors que voulait-elle ?

— Bien, alors je ne vais pas tourner autour du pot, mademoiselle. Vous êtes exclue définitivement de cette université.

La sentence tombe comme une massue sur ma tête. Elle est irrévocable, ce ne sont pas des paroles en l'air. Notre doyen a pris très au sérieux les preuves que nous lui avons fournies.

La tête rentrée dans ses épaules, Abby se crispe, mais ne pipe mot.

— Vos fautes sont très graves, poursuit l'homme, et vous avez de la chance que je ne contacte pas la police ! Hacker l'ordinateur d'un autre étudiant pour avoir accès à sa webcam... Qu'est-ce qui vous a traversé l'esprit ?!

Oui, on se le demande bien. Elle avait tout planifié pour qu'il soit très difficile de remonter jusqu'à elle. Si Max n'avait pas fouiné comme une folle, il se pourrait que jamais nous lui ayons mis le grappin dessus. Elle a utilisé son compte pro de l'administration pour envoyer le lien infecté. Et à partir de là...

— Vous avez bafoué le prestige de cette institution en utilisant votre position dans l'administration pour commettre des actes illégaux.

J'imagine, que d'une façon ou d'une autre, elle l'aurait quand même fait. Je pense qu'elle a envoyé le lien depuis l'administration parce que de cette façon, King cliquerait sans se méfier un seul instant. C'est pervers comme méthode.

— Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?

Il lui laisse l'occasion de s'exprimer, et j'ai vraiment envie qu'elle la saisisse, afin de comprendre, de trouver un sens à tout ceci. Parce que, pour moi, ça n'en a pas. Elle voulait me faire du mal ? Balancer cette vidéo sur les réseaux ? Ses motivations m'échappent, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un acte purement méchant. Quelque chose m'échappe, et tant que je ne saurais pas de quoi il en retourne réellement, je ne cesserai de cogiter.

Toutefois, elle ne dit rien.

— Bien, c'est votre droit de garder le silence. Je vous prierais de me rendre votre badge d'accès aux installations et de quitter le dortoir dans le plus bref des délais. Un agent de sécurité vous accompagnera. Vous avez jusqu'à ce soir. Et bien sûr, vos actes répréhensibles figureront sur votre dossier. Vous pouvez disposer, Mademoiselle Jensen.

Tremblante, elle se remet debout, mais King avance d'un pas.

— Attends !

Instinctivement, elle se fige.

— J'aimerais comprendre. Pourquoi as-tu piraté mon ordinateur ?

Oui, Abby, pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi ne pouvais-tu pas être tout simplement mon amie ? Pour quelle raison as-tu décidé de tout bousiller ? Je me souviens de son sourire la première fois que nous nous sommes parlées, de cet air un peu innocent, introverti, qui m'a plu à l'instant. Sans parler de ce t-shirt à l'effigie de Bad Omens qui m'a interpellé.

Toutefois, elle se contente de reluquer King avec un dédain qui me dépasse. La raison de sa haine envers lui, ainsi qu'envers les sportifs en général, m'échappe. Sans prendre la peine de répondre, elle quitte le bureau, et alors que mon copain est sur le point de la poursuivre, je l'arrête.

— Je m'en occupe, soupiré-je, fatiguée mentalement.

Il semble hésiter, mais récapitule et me laisse gérer. Une fois en dehors des locaux de l'administration, je la vois avancer d'un pas rapide à travers les couloirs. Afin de la rattraper, je lui cours après. Arrivée à son niveau, je saisis son épaule et elle se retourne, brusquement, les yeux rouges, remplis de larmes. On dirait qu'elle est prête à en découdre, pourtant, en me découvrant à la place de King, elle se détend.

— Tu ne vas même pas t'expliquer ? m'étonné-je. Tu me dois au moins ça, non ?

J'ai besoin de comprendre ses motivations. Je ne peux pas juste croire que c'est une peste égoïste, c'est bien trop simple. Et si j'ai bien appris quelque chose dernièrement, c'est que les choses sont toujours beaucoup plus complexes qu'on ne le pense.

— Je...

Son menton tremble, elle tente de se reprendre en poussant un long soupir dans le but de retrouver sa voix.

— Ce n'était pas toi que je voulais filmer, Brooke. Je souhaitais simplement attraper King en flagrant délit avec une autre et te montrer quel genre de mec il était. J'ai entendu votre dispute sur le parking l'autre jour, m'avoue-t-elle. J'ai vu ces deux filles l'aborder et lui faire des propositions qu'il n'a même pas refusées. Je ne comptais pas diffuser cette vidéo, simplement te la montrer pour que tu vois de tes propres yeux quel genre de type il était et que tu ne pouvais pas lui faire confiance. Je... je voulais juste te protéger.

Les sentiments qui déferlent en moi sont très contradictoires. D'un côté, je suis soulagée qu'elle n'ait pas fuité cette vidéo et d'un autre, pourquoi est-elle obsédée à ce point par ma relation avec King ?

— Lorsque tu as découvert la webcam en fonctionnement, je me suis sentie extrêmement mal. Ta réaction m'a interpellé, et j'ai effectué quelques recherches à ton sujet. J'ai compris ce qui t'était arrivé et que je venais, sans le savoir, d'ouvrir une plaie encore béante.

Donc, elle n'était au courant de rien vis-à-vis de Boston ou d'Aaron. Est-ce que cela rend son geste moins cruel ? Je n'en sais rien. La rancœur est bien là, je lui en veux terriblement d'avoir semé la zizanie dans mon couple.

— Pour quelle raison voulais-tu me protéger ? enchaîné-je, ayant le besoin d'aller au bout de cette affaire.

Elle se mord l'intérieur de la joue, puis essuie les larmes qui coulent à flot de ses yeux.

— Avant d'arriver à Oak Ridge, j'étudiais à l'université de West Carolina. Je l'ai quittée après le suicide de ma meilleure amie.

Cette révélation est comme un seau d'eau froide en pleine figure. Même si je suis très fâchée, je ne ressens pas moins une vague de compassion vis-à-vis d'elle.

— Elle est tombée amoureuse du mauvais type. Un sportif comme King, la coqueluche du campus, m'explique-t-elle. Il s'est foutu de sa tête de la pire des façons. Il a joué avec elle comme il l'a voulu, au point de la démolir. Elle l'aimait sincèrement, et ce fils de pute a tout fait pour la détruire. À la fin de leur relation, mon amie n'était plus qu'une coquille vide. Avec ses mensonges à répétition, ses tromperies continues et ses humiliations, il lui a volé toute sa joie de vivre. Elle, elle s'accrochait à lui, même s'il était nocif pour elle.

Oui, ça me parle.

On dirait Aaron, le prototype du connard par excellence imbu de lui-même.

— Il disait l'aimer, mais dès qu'il en avait l'occasion, il n'hésitait pas à aller voir ailleurs. Et une fois qu'il en a eu marre d'elle, il s'en est débarrassé comme d'une vieille chaussette. Grace était une âme pure, sensible, elle voyait toujours le meilleur chez les gens, même s'ils ne le méritaient pas. Et transie d'amour pour un salopard de la pire espèce, elle a décidé d'en finir.

Un long frisson me parcourt tout le corps. Son récit est poignant, tout comme la façon de le raconter. Il prend aux tripes, et d'une certaine façon, je m'y retrouve. Je me mets à sa place.

— J'ai voulu faire payer ce fils de chien, parce qu'il était coupable d'un tel drame. Tu ne peux pas pousser quelqu'un à bout à ce point. Il s'est même pointé comme une fleur à l'enterrement, rit-elle, dégoûtée et les larmes ne cessant de couler. Je savais qu'il allait la blesser, et je ne l'ai pas mise en garde. Je voyais bien comment il était, mais Grace était aveuglée. Et quand j'ai voulu la prévenir, il était trop tard.

La tête sur le point d'exploser, je me rends compte que mes yeux sont aussi brouillés de larmes. Aussi étrange que cela puisse paraître, je la comprends. Je conçois à présent pourquoi elle insistait tellement.

— Et j'ai voulu t'éviter cette souffrance, voilà pourquoi j'ai piraté l'ordinateur de Kingston. J'étais persuadée que, tôt ou tard, il te ferait du mal. Et cette conversation que j'ai entendu avec deux de ses anciennes conquêtes m'a persuadé qu'il ne tarderait pas.

Aussi étrange que cela puisse paraître, cela explique certains de ses comportements qui me déroutaient. Il s'agit avant tout d'une personne avec un traumatisme, qui n'a jamais été en mesure de tourner la page. Elle s'est laissé consumer par la haine, les préjugés et ses démons.

— Pourquoi avoir quitté ton ancienne université ?

— Parce que je ne pouvais pas supporter de voir tous les jours le fils de pute qui avait volé toute la lumière de ma meilleure amie. À chaque fois que je le croisais, j'avais envie de le tuer.

La rage que je perçois dans son regard est très communicative. Elle a fait un transfert.

— Et qu'en est-il de Sanders ? Tu sais, le mec que tu as accusé l'année dernière.

Instinctivement, elle serre les mâchoires et pousse un très long soupir, avant de croiser ses bras devant sa poitrine.

— J'ai pété un câble, admet-elle. Il me rappelait Justin, le salopard qui a détruit Grace, et... j'ai eu l'impression de prendre ma revanche sur lui.

Donc, un innocent a fait les frais de sa frustration. Ce gars s'est fait virer de l'équipe de baseball à cause de son mensonge.

— Je n'aurais pas dû mentir, aujourd'hui, je m'en veux. Je parlerai au coach Miller avant de partir et lui dirai toute la vérité.

Certes, c'est un geste louable, mais ça n'efface pas ce qu'elle a fait. Son accusation était très grave.

— Abby... tu as besoin d'aide.

— Je sais, ricane-t-elle au point où elle me brise le cœur. Je suis vraiment désolée, Brooke. Pour tout. Prends soin de toi.

Sans plus attendre, elle fait demi-tour et continue sa route, tandis que je reste là, le cœur au bord des lèvres, en sanglots alors que je la contemple s'éloigner, puis disparaître de ma vue, ainsi que de ma vie.

J'espère sincèrement qu'elle pourra trouver la paix et se pardonner, parce que je suis certaine d'une chose : au fond, elle pense avoir été responsable du sort de sa meilleure amie.

***

Assises à une table chez Benny's, le marchand de glace le plus réputé d'Oak Ridge, Poppy et moi dévorons une glace comme s'il n'y avait pas de lendemain. Après tous les événements de la journée, mon corps me réclamait une bonne dose de sucre et de douceur.

Je me sens terriblement mals à cause de tout ce qui s'est passé, je regrette même qu'Abby ait été virée du campus. Ça ne règle pas le problème, et après avoir tout raconté à mon amie, elle-même trouve qu'il aurait été plus avisé de l'aider au lieu de l'enfoncer.

— C'est tragique ce qui est arrivé à son amie, commente-t-elle en fixant l'immense Banana Split qui nous fait face.

— Franchement, je me suis sentie mal, avoué-je.

— Il y a de quoi. Elle me tapait sur le système, mais j'ignorais tout ce qui se cachait derrière sa carapace.

On n'imagine jamais le pire, c'est certain. On préfère ne pas trop se mêler des affaires des autres afin de ne pas en ressortir affectés. Nous avons chacun nos vies, nos soucis, nos tragédies, ce n'est pas pour autant que l'on doit faire payer nos disgrâces au reste du monde.

— D'après mon beau-père, il va réadmettre Sanders dans l'équipe, m'annonce-t-elle. Abby n'a pas perdu de temps, elle a tout avoué.

Au moins, elle a tenu parole. C'est louable de sa part, même si ça n'efface pas ses actes. Elle a quand même pourri la vie d'une personne innocente pendant de longs mois.

— Tu avais raison à son sujet, lorsque tu disais que tu ne croyais pas à cette histoire.

Poppy se contente de hausser les épaules, loin d'être ravie d'avoir été dans le vrai.

— J'ai cru Sanders parce que je le sais inoffensif. Si cela avait été un autre mec, peut-être que je serais moi aussi tombée dans le panneau. Au moins, on peut dire que cette histoire se termine bien.

Cela dépend du point de vue, mais en effet, on peut la laisser derrière nous à présent. J'espère sincèrement qu'Abby s'en sortira, où qu'elle aille et qu'elle trouvera la façon de se pardonner. Les décisions de son amie ne sont en rien sa faute, et elle le comprendra un jour. Elle doit simplement faire son deuil.

— On peut laisser cette histoire derrière nous, à présent, continue Poppy.

Je me contente de lui sourire, parce que c'est vraiment ce que je veux. Continuer de l'avant, avec King à mes côtés, mais aussi avec elle, Tray, Knight et Prince. Rien ne me ferait plus plaisir.

Tout à coup, mon copain débarque et s'assoit à mes côtés. Il ne tarde pas à me voler un baiser, et par la même occasion, ma cuillère afin de piocher dans ma glace. Cette habitude à lui qui me tapait auparavant sur le système, me semble des plus attendrissantes désormais. Après mes cours, j'ai rejoint Poppy ici, et je lui ai également proposé de venir après son entraînement. Il ne s'est pas fait prier.

Sans grande surprise, Cass et Ian sont là aussi. Ils prennent place à côté de Poppy. Mon amie se retrouve entre les deux, les yeux légèrement écarquillés.

— Ça a l'air bon, remarque le blondinet en observant notre dessert.

— Eh bien, va t'en commander un, répond Poppy, un brin possessive.

Je me marre, tout comme les autres. Elle craint sans doute qu'Ian se permette de lui voler sa glace, à l'instar de King. Cependant, celui qui franchit les limites n'est pas le joueur de Lacrosse, mais Knight. Il n'hésite pas à lui dérober un peu de chantilly à l'aide du bout de son index.

Poppy le fixe, bouche bée, outrée par tant d'audace.

— À quel moment t'ai-je donné la permission ? s'offusque-t-elle. Maintenant, je vais devoir le jeter. Va savoir où tu as foutu cette main. Tu as contaminé ma glace !

— J'ai la peste à présent ? raille-t-il.

— La peste, je ne sais pas, mais la syphilis, sans doute ! Vu où tu laisses traîner ta queue, ce serait même très probable.

King et moi nous tendons à l'unisson, fascinés par cet échange cinglant. Poppy est le feu, et Cass, la poudre. Ensemble, ils sont explosifs. J'ignore si un jour ils arriveront à s'entendre, à être sur la même longueur d'ondes, mais pour le moment, ce n'est pas gagné. Ils ne font que se chamailler à longueur de journée. Même moi quand j'ai connu Ash, ce n'était pas aussi violent.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es jalouse ? rétorque-t-il, provocateur.

— Jalouse de quoi, abruti ?

Et c'est reparti pour un tour. Les échanges sont tout aussi drôles que gênants, alors je finis par les écouter d'une oreille distraite.

Pendant qu'ils se prennent la tête, je me laisse aller contre King qui passe un bras autour de mes épaules. Sentir son corps chaud me procure un sentiment de sécurité, salvateur. Son odeur m'envahit, je me repais d'elle, tandis qu'il caresse tendrement la peau de mon bras nu. Il dépose un baiser sur le sommet de ma tête, et je souris, heureuse de me trouver ici. Avec lui. Avec les autres.

Je ne demanderais à être nulle part ailleurs.

Je suis consciente d'à quel point je suis chanceuse.  

🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒🏒

🥺🥺🥺🥺🥺

Voilà, certaines avaient des soupçons, d'autre pas. Vous aviez toutes vos théories par rapport à la haine d'Abby envers King, envers les sportifs en général. Rien à voir avec de la jalousie en fin de comptes. Si elle a été aussi cash à plusieurs reprises, c'était avant tout pour protéger Brooke. Ça n'excuse en rien ce qu'elle a fait, c'est même assez glauque et super intrusif, mais elle avait ses raisons, qui pour elle étaient de poids. 

Brooke lui rappelait sa meilleure amie, et elle a vraiment paniqué en voyant qu'elle pouvait finir de la même manière. Ça n'efface en rien les propos horribles qu'elle a pu tenir, mais ça explique son comportement. Son intention n'était pas de blesser Brooke, tout le contraire, elle voulait la protéger par-dessus tout. 

Elle a fait des choses vraiment horribles, comme pourrir Sanders alors qu'il ne l'a jamais agressé. La frustration et la rancoeur sont deux sentiments qui peuvent nous pousser à commettre des actes abjectes. 

Néanmoins, le chapitre se termine sur la joie et la bonne humeur, avec un nouvel aperçu de la relation entre Poppy et Knight 🤣

On se retrouve demain pour la publication du chapitre 50 à 20h 💞

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