Chapitre 28 - King 🏒

Le sifflet du coach Phillips retentit.

Je m'arrête net, à deux doigts d'encaisser un nouveau point à Jackson. Cet entraînement se révèle très revigorant ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas aussi... bien. Vivant.

— Liam ! gueule notre mentor. Dois-je te rappeler que King et toi faîtes partie de la même équipe? Pourquoi tu veux tellement lui voler le palet ?

Face à sa remarque, je jubile. On dirait bien que depuis le retour de notre capitaine, les choses ne se déroulent pas selon son bon vouloir. Pire encore, la fille qu'il convoitait est officiellement mienne.

Oui. M-I-E-N-N-E. Mienne.

Est-ce puérile de ma part d'avoir tout fait pour le narguer ? Peut-être bien, mais il le méritait amplement. Lors de son retour parmi nous, il a voulu mettre les points sur les « i ». Après tout, le fait d'avoir embrassé Brooke en plein couloir de la fac n'était pas un geste très discret. Elle était super mignonne avec ses yeux légèrement écarquillés et sa bouche entrouverte, elle ressemblait à une lapine prise entre les phares d'une voiture. Ce baiser volé a eu l'effet escompté, et même s'il me faisait très envie, c'était avant tout une stratégie. Premièrement pour que le plus de monde soit mis au parfum. Et deuxièmement, pour éloigner les potentiels dalleux. Ai-je eu l'impression de marquer mon territoire tel un chien qui pisse dans un coin ? Un peu, quoi que nécessaire.

À présent, je suis certain d'une chose : les rumeurs vont sacrément vite. À peine ai-je eu le temps d'atteindre ma salle de cours que ce connard de Monty se pointait pour me rappeler à l'ordre.

Quand je lui ai fait comprendre que je ne jouais pas avec Brooke, que c'était très sérieux entre nous, il est devenu blanc comme un linge. Subséquemment, il a viré au rouge cramoisi tant la colère le rongeait.

Il veut me piéger ? Ce sera de plus en plus compliqué. Ses menaces n'ont jamais quitté mon esprit, et il n'a jamais été question de relation stable. On ne m'a interdit à aucun moment d'avoir une copine. Non, il m'a simplement ordonné d'arrêter les coucheries. Et j'ai suivi ses commandements au pied de la lettre. D'ailleurs, pour le moment, j'ai gardé ma queue à l'intérieur de mon froc. Pour combien de temps ? Je n'en sais rien, ce sera à Brooke d'en décider. C'est elle qui mène la danse.

Pour en revenir à Liam, est-ce que je l'ai entubé ? Il faut croire que oui.

En plus, on dirait que le coach en a ras le bol de ses pétages de plombs et de ses airs de diva. De ce que je sais, sans connaître les noms des rapporteurs, certains de mes coéquipiers se sont plains du comportement de notre capitaine. Ils ont profité de son absence pour en parler à Phillips.

Si jamais Liam est mis au courant de cette « trahison », il va immédiatement penser que je complote contre lui et que je pousse les autres à la mutinerie. Or, les gars ont suffisamment de jugeote pour penser par eux-mêmes. Je n'ai pas besoin de leur mettre des idées dans la tête.

— Pardon, coach ! gueule-t-il.

— Cesse d'être individualiste, Montgomery ! Ce n'est pas avec une telle attitude que nous arriverons au Frozen Four !

Notre entraîneur frappe là où ça fait le plus mal, surtout pour Liam. Il s'agit de sa dernière année à Oak Ridge. De ce que je sais, il ne compte pas poursuivre ses études encore deux ans. Par conséquent, il s'agit de sa dernière opportunité pour atteindre la finale du championnat national.

— Dix minutes de pause, les demoiselles !

Amusé, je retire mon casque de protection et prends une grande goulée d'air. Mes cheveux trempés de sueur collent mon front, je quitte la glace pour aller me poser sur les gradins.

Assoiffé, j'attrape ma bouteille d'eau afin de me désaltérer. J'avale à la vitesse de l'éclair, et bientôt, je la vide. Du coin de l'œil, je vois Liam me foudroyer du regard. Entre ses mains, il serre sa crosse de toutes ses forces, les mâchoires contractées. Il ne peut pas savoir à quel point ça me fait plaisir de le voir aussi vénère. S'il tente quelque chose, il s'en mordra les doigts. On dirait que la situation s'est retournée contre lui, il n'imagine même pas à quel point ça me réjouit de le voir aussi paumé.

Le roue tourne, comme l'on dit.

— Alors, l'amoureux, ça roule ? me demande Logan en me donnant une tape dans le dos. Tu pètes la forme, dis-moi ! C'est quoi ton secret ?

— Se faire pomper, bien évidemment, balance Parker, goguenard.

Il me gratifie d'un clin d'œil, je lui réponds d'un doigt d'honneur. Honnêtement, son insinuation ne me plaît pas du tout. Pour plusieurs raisons. Mais la principale étant que Brooke est ma copine, et que mes camarades lui doivent un respect. Je n'aime pas ce qu'il insinue.

— T'es vraiment débile, marmonne Jamie à son encontre en prenant une gorgée d'eau.

— Bah quoi ? C'est ma manière de le féliciter ! Il a réussi à retourner l'ultimatum de Liam contre lui.

— J'avoue que ça, c'était super bien joué, renchérit Logan. Tu as suivi nos conseils.

S'ils savaient que je suis simplement super mordu de ma copine depuis le moment où j'ai posé les yeux sur elle, ils se foutraient bien de ma gueule. Mon choix d'avoir entamé une relation avec Brooke n'a strictement rien à voir avec les menaces de Liam. Elle n'est pas une issue facile pour assouvir mes pulsions sexuelles comme ces deux dégueulasses pensent. Bordel, la seule fois où il s'est passé quelque chose entre nous, je ne l'ai même pas laissée me toucher. Je me suis plié en quatre pour lui faire du bien. À aucun moment je n'ai pensé à me servir d'elle afin de mettre un terme à mon abstinence forcée.

— Je n'ai rien suivi du tout, mets-je les points sur les « i ». On est ensemble, point barre, et je vous prierai de garder vos insinuations salaces pour vous. La prochaine fois que tu fais une remarque de ce genre, Parker, je te pète la gueule.

Mon ton calme le pousse à reculer. Il me connaît bien, il sait que s'il dit un mot de travers, je lui explose la mâchoire.

— Brooke est ma copine, et je veux que vous la traitiez comme tel. Est-ce que je suis suffisamment clair ?

Logan et Parker se contentent de hocher la tête, ils semblent avoir perdu leur langue. Quant à Jamie, il arbore un sourire qui fend son visage. Diverti, il me frappe à deux reprises l'épaule.

— Pardon, c'était juste une blague, s'excuse le gardien de but.

— Ouais, reprend Parker. Ta nana semble vraiment chouette, et elle est canon. Enfin, non, elle n'est pas canon, elle... Me frappe pas, d'accord ?

Je dois prendre sur moi pour ne pas éclater de rire. Mince, on dirait qu'il a vraiment la trouille. Brooke est à tomber, c'est un fait, je ne peux pas le pulvériser parce qu'il a des yeux et bon goût. Néanmoins, sa manière d'en parler ne s'avère pas graveleuse, alors, ça ne me gêne pas. Je ne suis pas possessif, je veux juste qu'ils réfléchissent avant de parler, surtout s'il s'agit d'elle.

— Et c'est la propriétaire de cette beauté de Fastback, précise Logan, amoureux de cette caisse. Petit bâtard, t'as déjà eu l'occasion d'y faire un tour, avoue.

Oui, certes, mais Wolfy est dure en affaires. Sa caisse, ses règles. Pour le moment, elle ne m'a pas laissé prendre le volant. Néanmoins, le moment viendra où je ferai vrombir le moteur de cette merveille. Il faudra juste que je me montre extrêmement généreux la prochaine fois qu'elle et moi intimerons. Pendant qu'elle jouira, je lui demanderai bien gentiment de me laisser conduire sa caisse et là... elle tombera dans mon piège.

Quoi ? Je n'ai jamais dit que je serais fairplay. Je compte bien faire usage de mes habilités sexuelles dans le but de m'asseoir derrière le volant de cette beauté.

Toutefois, à la simple idée de la toucher à nouveau comme lors de nos ébats dans les vestiaires, ma queue frémit dans mon froc. Bon sang, elle est tellement bandante lorsqu'elle est en extase. Le souvenir de son odeur suffit à me rendre dingue.

— En parlant du loup, se marre Jamie. Ta chérie est là.

Face à ce simple constat, mon cœur rate un battement et je me retourne précipitamment vers elle. À quelques mètres de moi, Brooke observe les lieux, telle une brebis pénétrant pour la première fois dans l'antre du lion. Un sourire étire mes lèvres en voyant qu'elle porte le blaser que je lui ai offert pas plus tard qu'hier. Il porte mon numéro, qui est également son porte bonheur. Le blouson lui va trop grand, elle me rappelle un hobbit. Elle est trop craquante.

Elle a boudé en disant qu'elle ne le mettrait jamais, mais il faut croire qu'elle a craqué. Après tout, il lui va à ravir. Puis, ce n'est pas n'importe quel blouson, c'est le mien. Il a mon odeur, et je sais qu'elle l'aime particulièrement. À chaque fois que je la serre contre moi, elle inspire mon parfum jusqu'à en être rassasiée.

— Allô ? King ? Ici la Terre ! You-hou ! se moque Logan en passant une main devant mes yeux.

Brooke tourne le regard vers moi et s'arrête de marcher. Tout sourire, sans faire attention aux commentaires de mes trois co-équipiers, je m'élance vers elle en retirant mes gants et l'étreint avant de l'embrasser à pleine bouche.

Le souffle coupé, elle me rend mon baiser avec envie, tout en gardant une retenue que je n'ai pas. Sans doute intimidée par tous ces regards curieux qui nous dévisagent, elle met fin relativement vite à notre échange, alors que je meurs d'envie de continuer à la dévorer. Ses joues cramoisies m'amusent tant elle est timide. Elle est tellement mignonne derrière ses petits airs bourrus qui me rendent fou.

— Salut. Je ne savais pas si tu viendrais.

— Sa... salut, bredouille-t-elle. Moi non plus, mais me voilà.

Ce midi, je voulais à tout prix manger avec elle, mais elle refuse de s'asseoir à la même table du réfectoire que moi. Je ne lui en veux pas. Après tout, c'est assez compréhensible. Elle souhaitait la paix et notre relation est loin de passer inaperçue. Voilà pourquoi je n'insiste pas, même si je ne cesserai jamais de lui proposer de manger à mes côtés.

Je crois qu'elle préfère passer ce temps de pause auprès de Poppy et l'autre petite blonde qui me lance des regards meurtriers à chaque fois qu'elle me croise. C'est quoi son nom déjà ? Ally ? Amy ? Bref, on s'en fout !

— Ton cours de patin s'est bien passé ?

— Oui, soupire-t-elle. Les gosses me rendent dingue.

Instinctivement, je me marre. Oui, je me souviens parfaitement de la dernière fois où j'ai assisté en secret à l'une de ses leçons. Les mômes la faisaient tourner en bourrique, c'était plutôt marrant.

— C'est moche de se moquer, Dillinger, boude-t-elle.

— Arrête, te voir trimer avec des mini-humains c'est super drôle.

Sans hésitation, elle me tire la langue et me donne une légère frappe sur le torse. Manque de bol, je porte mes protections et ses yeux écarquillés après l'impact me certifient qu'elle a un peu mal.

— Merde, marmonne Wolfy.

— Ça t'apprendra à me frapper, vilaine fille, lui chuchoté-je à l'oreille avant de lui mordiller le lobe.

Son corps frisonne contre moi, je me délecte de ses réactions ainsi que du regard foudroyant qu'elle me réserve. Ses yeux qui lancent des éclairs sont magnifiques. Une tempête fait rage dans ses iris parfaitement gris. Dommage que nous ne soyons pas seuls, je me serais fait un plaisir de lui démontrer ô combien ces œillades meurtrières m'excitent.

— Bah alors, mec ? scande Logan derrière moi. Tu ne fais pas les présentations ?

Un poil soulé par son cirque, je lève les yeux au ciel et attrape la main de Brooke dans la mienne. Nos doigts s'enlacent, je l'entraîne avec moi vers les gars, qui se trouvent un peu plus loin. Tendue de la tête aux pieds, afin de la rassurer, je caresse doucement le dos de sa main. Je ne suis pas stupide, j'ai compris d'où venait sa réticence envers les sportifs, surtouts envers les hockeyeurs. Ceux de Lake Point lui en ont fait baver pendant des mois, et encore à ce jour, ils s'amusent à ruiner sa réputation. Je n'oublie pas que l'un d'eux a envoyé la fameuse vidéo à Miles.

D'ailleurs, ce crétin se trouve de l'autre côté de la patinoire, collé au train de Liam. Dès qu'il aperçoit Brooke, il se dépêche de détourner le regard, surtout après avoir croisé le mien. Ça me rassure de savoir qu'il prend mon avertissement au pied de la lettre.

— Brooke, commencé-je une fois devant mes coéquipiers. Voici Logan, Parker et Jamie.

Elle les salue poliment, et ces petits cons semblent subjugués par son aura. À croire qu'ils n'ont jamais parlé à une fille. Je ne prends pas la peine de réciter les noms de mes autres coéquipiers, puis surtout, le coach revient tout juste de son bureau. Je vais bientôt retourner sur la glace.

— Tu en as pour très longtemps encore ? me demande Wolfy.

Naturellement, je passe mon bras autour de sa taille et la serre contre moi, le regard rivé sur elle. Elle pose une main sur mon torse, puis je murmure à son oreille :

— Tu es si pressée que ça ?

— Tu m'as promis d'aller manger un bout. J'ai faim, moi ! s'exclame-t-elle, nonchalamment.

— J'aime les filles qui ont de l'appétit, la taquiné-je avant de lui voler un baiser. Encore trente minutes et je suis tout à toi, d'accord ?

Je hume le parfum de ses cheveux et l'embrasse sur la tempe. Elle soupire d'aise, ses muscles se détendent et j'en viens à oublier la présence de mes camarades. Je me contente de la tenir contre moi, de l'observer et de respirer le même air qu'elle.

— Tu peux attendre sur les gradins et... admirer ma superbe tactique de jeu.

Après un clin d'œil, elle roule des yeux, ce qui fait marrer les trois autres cons. Ce que j'aime avec Brooke, c'est que malgré ce début de relation, elle demeure elle-même. J'aime nos échanges piquants, qu'elle continue à me résister. Bon sang, c'est on ne peut plus excitant !

— Qui dit que je vais te soutenir ? me nargue-t-elle.

L'idée de lui claquer les fesses pour lui apprendre les bonnes manières me traverse l'esprit. Cependant, il y a trop de témoins. Je ferai ça plus tard, lorsque nous aurons droit à une certaine intimité. Je rêve de faire de très vilaines choses à ce beau petit cul rebondi, comme par exemple y planter tendrement mes crocs, ou encore le lèch...

— La pause est terminée ! annonce Phillips. Au boulot !

Ma belle patineuse se met sur la pointe des pieds, embrasse ma mâchoire et me promet de m'attendre sagement.

Aux anges, je remets mon casque de protection ainsi que mes gants. À mes côtés, mes camarades haussent les sourcils à plusieurs reprises et commentent à quel point je suis mordu.

Que pourrais-je rétorquer à ça ? C'est définitivement le cas, je ne le nierai pas. Elle me fait perdre le contrôle d'une manière qui me dépasse totalement. Et j'adore ça. Tout ce qu'elle me fait éprouver, toutes ces sensations que je découvre à son approche. Elle sera ma perte, mais je suis près à prendre le risque.

***

Après une douche express, je m'habille en quatrième vitesse dans le but de quitter les vestiaires le plus vite possible. Brooke m'attend depuis bientôt quarante-cinq minutes, et même si elle m'a bel et bien encouragé pendant l'entraînement, il n'empêche que je ne souhaite pas la faire poiroter plus longtemps.

Les gars n'ont pas arrêté de me charrier, sur la glace ou en-dehors. Ils ont de la chance que je sois de bonne humeur, sinon, ils prendraient cher. C'est ainsi, tout guilleret, que je quitte les vestiaires, enfin prêt à retrouver Brooke.

Cependant, mon bonheur est de courte durée lorsque le coach m'intercepte et me jauge de son œil de lynx.

— Dans mon bureau, joli cœur. J'ai à te causer.

Et il ne s'agit pas d'une demande, mais d'un ordre. Avant de le suivre, je jette un coup d'œil vers les gradins. Wolfy fixe son téléphone, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas de la faire patienter davantage, et Phillips a intérêt à ce que ce soit urgent.

Un poil agacé, je pénètre dans la pièce de la patinoire qui lui est réservée. Ici se trouvent la plupart des trophées gagnés au cours de ces dernières années, ainsi que des photos de l'équipe au cours du temps. À chaque fois que je viens ici, j'aperçois le cliché de mon père et de James, accompagnés de leurs camarades de l'époque. Mon paternel tient entre ses mains le trophée de la NCAA, la seule fois où Oak Ridge a remporté le championnat national.

Le coach prend place derrière son bureau et m'invite à m'asseoir. Étant donné son air peu affable, je m'exécute sans opposer la moindre résistance. À cause de son air bourru, je me demande si j'ai fait quelque chose au cours de l'entraînement qui lui a déplu. Que je sache, je n'ai pas été perturbé par la présence de Brooke, à aucun moment je ne me suis déconcentré. J'avais certains objectifs ce soir, et je les ai tous atteints.

Face à son silence, je commence à me sentir mal à l'aise. Pourquoi ne balance-t-il pas ce qu'il a à me dire ? Aux dernières nouvelles, ce n'est pas son genre d'y aller avec des pincettes. Il n'est pas brut de décoffrage non plus, néanmoins, il n'y va pas par quatre chemins.

— Je pense sincèrement à relever Montgomery de ses fonctions.

Surpris, j'écarquille les yeux. Est-ce qu'il a reçu de nouvelles plaintes ? Ces derniers jours, il n'a pas joué aux cons, mis à part plus tôt sur le terrain, où il voulait à tout prix marquer. Cependant, la décision de Phillips m'étonne.

— Ne fais pas cette tête-là, King. Tu sais pertinemment qu'il n'était pas mon premier choix.

En effet, j'en suis très conscient. Il voulait que j'endosse ce rôle, mais je refusais de porter une telle responsabilité. La seule chose que je veux, c'est jouer au hockey. Le reste, je m'en moque royalement. Ou du moins, je m'en moquais.

À présent, je vois les choses sous un autre angle. L'idée d'être capitaine me révulse toujours autant. Toutefois, si je dois le devenir, alors... je ferai de mon mieux pour mener mon équipe vers la victoire.

— Toi, fils, tu es un leader né. Les gars t'écoutent, ils suivent tes conseils au pied de la lettre et sur le terrain, il n'y a pas meilleur ailier que toi. Je ne voulais pas te mettre la pression, surtout après ce qui est arrivé cet été chez toi...

Instinctivement, je grince des dents. Ma mère l'a appelé après l'incident avec James pour qu'il garde un œil sur moi, mais surtout, pour qu'il essaye de me parler, de me raisonner. Le coach est au courant de tout ce qui s'est déroulé tout au long de mon existence. Il est comme un membre de ma famille, si l'on peut dire. Et après la mort de mon père, il a continué à attiser en moi cette envie de devenir joueur pro.

— Liam n'est pas à la hauteur. Il ne l'a jamais été. Je voulais lui donner une chance de me prouver ce qu'il avait dans le ventre, mais il agit en tyran.

Et encore, le mot est faible.

— Des rumeurs sur l'ultimatum qu'il t'a imposé me sont parvenues, embraye-t-il, me prenant de court. Et crois-moi, ce petit con ne peut prendre aucune décision. Être capitaine ne lui donne pas tous les droits. Donc, ses menaces, tu peux les oublier. Tu as sincèrement cru que je te virerais de cette équipe ?

— Honnêtement, vu comme il est fourbe, je n'en aurais pas été étonné, Coach.

— Conneries !

— Et je ne suis pas certain d'être un bon capitaine.

— C'est justement pour ça que ce rôle te revient. Je sais que tu feras de sacrés efforts pour te montrer à la hauteur. Avec Liam, nous n'irons pas loin.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de changer de capitaine en pleine saison, tenté-je de le raisonner. L'année prochaine, si tu veux, je peux prendre la relève, mais là...

— Ce n'est pas l'année prochaine que j'ai besoin de toi, Asher, mais maintenant. Tu es voué à suivre les traces de ton père, que tu le veuilles ou non. Avec Liam, nous fonçons droit dans le mur !

Putain, je le sais bien, mais il ne peut pas trouver quelqu'un d'autre ? La simple idée d'être à la tête de l'équipe me file des sueurs froides ! Il a beau dire que je détiens la carrure d'un leader, je ne pense pas comme lui. Si j'ai refusé lors du départ de Donnelly, ce n'est pas sans raisons. Je ne me sens pas prêt pour une telle responsabilité, un tel engagement. Le poids sur les épaules d'un capitaine n'est pas comparable à celle d'un autre joueur.

— L'équipe a besoin de toi, King. Est-ce que je peux compter sur toi ?

Son air grave me fait légèrement culpabiliser. Je sais que les gars en ont pour la plupart marre de Monty, qu'ils veulent qu'il laisse sa place à quelqu'un d'autre. J'ai pu esquiver ce rôle pendant quelques mois, mais on dirait que cette fois, je ne vais pouvoir y échapper. Phillips semble décidé, avec mon accord ou pas. Bon, peut-être pas tout à fait, mais là, il me demande de l'aide, et je ne peux pas simplement l'ignorer. C'est de l'avenir de l'équipe et de la saison dont on parle. Nous avons une chance d'atteindre le championnat national, ce serait bête de perdre une telle opportunité.

— Bien sûr, coach. Tu sais que je ferais n'importe quoi pour l'équipe.

— Tu es fait pour ce rôle, King. Crois en toi, tu as énormément à apporter à ces gars. Bien plus que Liam et ses jérémiades incessantes.

Ébahi, je ne peux m'empêcher de pouffer. On dirait que le coach subit la présence de Liam depuis le départ. Savait-il quel serait le comportement de Montgomery lorsqu'il l'a nommé capitaine ?

— Tu comptes annoncer le changement quand ? demandé-je avec appréhension.

Je crains que ce tocard ne vienne foutre la merde dans ma vie si jamais il est destitué.

— Dès la semaine prochaine, je demanderai aux gars de l'équipe de choisir un nouveau capitaine.

Un vote ?

— Qu'est-ce qui te fait croire qu'ils me désigneront ? persiflé-je.

— Je le sais, King. Les gars feront de toi leur leader, et Liam devra abandonner son poste.

Je serai cent pour cent légitime. On dirait qu'il a pensé à tout.

— Il ne sera pas d'accord.

Il s'y accrochera telle une sangsue.

— Tu crois que j'en ai quelque chose à faire de son avis ? Ici, c'est moi qui prends les décisions, pas un petit merdeux. Est-ce clair ?

— Parfaitement, coach.

Petit à petit, je sens cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête s'effacer. Savoir que Phillips est entièrement de mon côté s'avère un soulagement.

— Allez, va rejoindre ta copine.

Sans me faire prier, je me lève, la tête en vrac, et avant de quitter le bureau, il me hèle à nouveau.

— Elle est magnifique, Asher. Tu as bon goût.

Le fait qu'il me félicite de sortir avec quelqu'un plutôt que de m'avertir de demeurer concentré sur la saison en dit beaucoup à son propos.

— Elle semble te faire du bien.

Il ignore à quel point il a raison. 

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La suite est déjà disponible :)

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