Chapitre 19 - King 🏒

— Tu vas tirer la tronche pendant encore longtemps ? s'agace Ian.

Les sourcils froncés, je me tourne vers lui. Je ne vois pas du tout de quoi il parle.

Il lève les yeux au ciel, puis pousse un long soupir. Qu'ai-je fait ? Je me tiens tranquillement assis sur le canapé du salon en attendant l'heure de me rendre à la patinoire. Qu'est-ce qu'il lui prend?

Cass n'est pas là, il est déjà à son entraînement de baseball, et j'avoue que je ne m'attendais pas à voir Ian à la maison. Il devrait être lui aussi avec son équipe. J'ai l'impression que depuis quelques jours, il sèche beaucoup trop les cours. Moi, jouer les mères poules ? Loin de là, néanmoins, je m'inquiète pour lui. Malgré ce que l'on pourrait penser, Ian n'est pas un ange. J'espère qu'il ne reprend pas ses anciennes habitudes. Dans le cas contraire, il risque de s'attirer de gros ennuis.

— T'es sérieux, Ash ? Tu m'ignores, maintenant ?

Il repose sa manette brutalement sur la table basse qui sépare la télé du canapé. Son match virtuel de basket lui a vraisemblablement foutu les nerfs. Pourquoi est-ce qu'il me fait chier ?

— Je lis tranquillement mon livre, tu permets ?

En vrai, j'en ai rien à carrer de ce foutu bouquin bien barbant qui parle d'économie. Non, mes pensées sont encore tournées vers ce qui s'est passé hier avec Brooke.

Je me sens vraiment mal d'avoir merdé à ce point. Je me suis comporté comme un con fini. La moitié des choses que je lui ai dîtes, je n'en pensais pas un traitre mot. Toutefois, la savoir au courant de ce qui me pend au nez m'a foutu les nerfs en pelote. Tout comme le fait que ça semble tellement l'amuser. Bordel, je subis depuis des semaines dans le silence, et elle en rajoute une couche en me narguant.

D'ailleurs, je ne sais pas ce qui a pris Ian de lui en parler. Ça ne regarde personne, encore moins la fille qui m'attire comme un putain d'aimant.

— On peut parler de ce qui s'est passé hier avec Brookie ? poursuit mon ami en faisant fi de ma demande.

Ce surnom me tape sur le système. Il a beau dire qu'ils sont de simples amis, j'ai du mal à le croire. Et ce qui me fait le plus chier là-dedans ? Cette pseudo jalousie qui me ronge à chaque fois que je vois Wolfy en compagnie d'un mec. Ce sentiment de possessivité n'a pas lieu d'être, je le sais bien, pourtant, il reprend le dessus sur ma raison trop souvent à mon goût lorsqu'il s'agit d'elle. Pourquoi ? Je n'en sais foutre rien, c'est la première fois que cela m'arrive.

— Bon, je vois que tu ne vas pas me foutre la paix, râlé-je en fermant mon bouquin.

Je me lève et attrape mon sac de sport. Au moment de me diriger vers la porte de mon appart pour prendre la tangente, Ian me barre la route. Il a sauté par-dessus le canapé puis le comptoir de la cuisine, ce fou.

— Putain, King ! Parle-moi ! Arrête ton comportement de gamin ! Si tu as quelque chose à me reprocher, dis-le !

— Ian, commencé-je avec toute la patience dont je suis capable, dégage !

— Pourquoi tu te fermes comme une huître, hein ? Allez quoi ! Tu m'en veux parce que je suis parti en vadrouille avec ton crush ?

— Ce n'est pas mon crush ! vociféré-je. Tu peux faire ce que tu veux avec qui tu veux, ce n'est pas mon problème !

— On est juste amis, Ash.

Il me regarde de ses yeux de chien battu. Bordel, il m'épuise. Ne voit-il pas que je ne veux pas parler de Brooke avec lui ? Cette nana réveille des sentiments en moi que je préfère garder enfouis. J'aime la vie que je mène actuellement, la dernière chose que je souhaite, c'est me prendre la tête à cause d'une fille. Et Wolfy est un tas d'emmerdes assuré.

— Si tu le dis. Je peux y aller maintenant ? Ou tu vas t'accrocher à ma cheville pour m'empêcher de partir ? ironisé-je.

Quoi que... il en serait tout à fait capable.

Mon ami s'écarte, non sans avoir marmonné sur mon passage :

— C'est toi qu'elle veut, pauvre crétin.

Je ne prends pas la peine de relever et quitte l'appartement, le cœur au bord des lèvres, tout comme le cerveau encore plus en vrac que précédemment.

Une fois arrivé à la patinoire, après une bonne quinzaine de minutes de marche, je remarque la belle Mustang Fastback de Brooke sur le parking.

J'ai près d'une heure d'avance, ce qui signifie qu'elle dispense encore son cours. Au lieu de rester dehors, je décide de faire le tour du bâtiment afin d'entrer par une autre porte. Je ne tiens pas particulièrement à ce qu'elle me voit arriver.

Je ne sais pas trop ce que je fais, mais une fois à l'intérieur, j'entends les cris de gamins un poil hystériques et la voix de Wolfy qui leur demande de se tenir tranquilles.

Un peu dans l'ombre, j'observe la scène, amusé. La patineuse a du mal à gérer ses six élèves et semble au bout de sa vie. D'ailleurs, il y a une petite peste qui lui donne du fil à retordre. Hissée sur ses patins, la gosse se complait à narguer sa professeure, à zapper son autorité. Elle est suivie par deux autres filles qui doivent avoir autant de personnalité qu'un caillou.

Je me délecte du spectacle, il ne me manque plus que le cornet de pop-corn et un coca bien frais pour être totalement à l'aise. Je prends place sur les gradins, dans un angle où il n'est pas aisé de m'apercevoir.

C'est ainsi que pendant une bonne trentaine de minutes j'observe Wolfy à l'ouvrage. Au lieu de se prendre la tête avec les trois pestes, elle focalise son attention sur les trois autres qui sont là vraiment pour apprendre. Elle les aide du mieux qu'elle le peut, surtout le seul garçon du groupe, qui se tient un peu à l'écart. Il doit se sentir seul, sans doute pas totalement à sa place, néanmoins, il tient bon pour sa passion. C'est admirable.

Brooke est une enseignante formidable, et la voir dans son élément est particulièrement fascinant. Lorsque je la vois patiner, énormément de questions m'assaillent. Je pourrais sans doute chercher des informations sur elle sur Internet, mais je préférerais qu'elle s'ouvre à moi et se confie. Oui, c'est beau de rêver, n'est-ce pas ?

J'ai été plus d'une fois tenté de checker ses réseaux sociaux, mais je me suis toujours abstenu. Je trouve que c'est malsain. Et ce que l'on retrouve sur le web ne dépeint pas forcément la réalité.

Au bout de quelques instants, une petite alarme retentit, annonçant la fin du cours. Soulagée, Brooke soupire et sourit chaleureusement à ses élèves. Les mères de ces garnements arrivent les unes après les autres. Les gosses quittent la glace avant de se diriger vers les vestiaires, accompagnés de leurs génitrices, afin de se changer.

Les mains sur les hanches, la belle patineuse laisse échapper une petite complainte pleine de lassitude. En effet, elle a l'air claquée. Hier, elle était rayonnante, aujourd'hui, on dirait qu'elle n'a pas fermé l'œil de la nuit.

Elle commence à ramasser le matériel présent sur la glace et je suis tenté de descendre pour lui filer un coup de main. Néanmoins, je ne bouge pas, je me contente d'admirer chacun de ses mouvements, de ses glissades. Elle le fait avec tellement d'aisance que j'en viens à me dire qu'elle a dû passer une grande partie de sa vie à patiner.

La glace est son élément, il n'en fait aucun doute. Le froid des lieux rougit ses joues, tout comme ses lèvres, les rendant encore plus irrésistibles. Si je ferme les paupières, je visualise à la perfection les nuances grisâtres de ses iris si particuliers. Je n'aime pas tout ce qu'elle me fait éprouver, et à la fois, il s'agit sans équivoque de la meilleure sensation possible. Je me sens pris au piège, paumé dans ma tête. C'est la première fois que je suis confronté à un tel désir, son ampleur m'effraie, me paralyse.

Et je crois que ce qui me fait encore plus flipper, c'est de savoir qu'elle se sent de la même manière. Elle me l'a pratiquement avoué à son insu. Son corps parle pour elle, je sais lire le langage corporel d'une femme et son regard... il ne trompe personne.

Hier, lorsque je lui ai foutu plein de chantilly sur le visage afin de la faire enrager, je n'avais qu'une envie : prendre ses joues entre mes mains et lécher chaque parcelle de peau jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune trace de mon méfait. Mais c'était trop risqué. J'aurais fini par m'emparer de ses lèvres, et je l'aurais dévorée tout entière.

Les bras appuyés sur le dos du siège en face de moi, le regard perdu, les gosses refont leur apparition accompagnés de leurs mères. Ils saluent leur professeure et s'en vont. Une fois tous partis, Brooke sort son portable de sa poche et au bout de quelques instants, une musique rock retentit dans toute la patinoire. J'en déduis qu'elle compte se lâcher, à mon plus grand plaisir.

Je devrais peut-être manifester ma présence, mais pour le moment, je préfère demeurer discret. J'ai beaucoup trop envie de voir ses enchaînements, de me délecter de chacun de ses mouvements graciles. J'ai l'impression que la dernière fois remonte à beaucoup trop longtemps. Une éternité semble s'être écoulée.

Mes yeux apprécient sa danse glissante, elle improvise à merveille. Elle se libère de ses sentiments, ses frustrations, sur la glace. Je le vois sur son visage, elle donne tout ce qu'elle a dans le ventre. Cependant, elle ne prend jamais de risques, elle ne tente jamais de pirouettes, pas d'Axel non plus. Cela a pour but d'augmenter ma curiosité à son sujet. Se pourrait-il qu'elle ait peur ? Pourtant, son adresse laisse croire qu'elle a le niveau suffisant pour tenter un tel saut...

Soudainement, mes réflexions sont interrompues par l'arrivée d'un indésirable : Liam.

Contrairement à moi, il est entré par la porte du bas, celle qui donne automatiquement accès à la piste. Brooke le remarque sans tarder : son enchaînement prend fin. Le visage à présent fermé, elle n'est pas ravie par cette interruption. Je me doute qu'elle me taillerait en pièces si elle savait que je la mate depuis un coin sombre de la patinoire depuis pratiquement quarante-cinq minutes.

Ce crétin la regarde, fulminant. Il est sérieux ? Après ce qu'il lui a fait, il ose être en colère ?

Brooke quitte la glace, remet les protections sur les lames de ses patins et marche comme elle le peut jusqu'aux vestiaires. Elle passe près de Liam sans lui accorder le moindre coup d'œil, elle agit comme s'il n'existait pas. Bien évidemment, son ignorance le frappe en plein dans son égo, et alors qu'elle est déjà dans les vestiaires, ce con la suit.

En état d'alerte, j'attrape mon sac et descends les gradins. Je ne pense pas qu'il s'en prendra à elle, néanmoins, ce crétin va sans doute avoir droit à son caractère de cochon. Je ne pense pas qu'elle demeurera docile si cet imbécile empiète à nouveau sur son espace personnel.

Je m'approche de la pièce, j'entends leurs voix, mais au lieu de rentrer, je m'arrête au pas de la porte, partiellement entrouverte. Si je ne fais aucun bruit, ils ignoreront tout de ma présence. La conversation qui parvient à mes oreilles est tout un spectacle, et je ne peux m'empêcher d'imaginer les expressions faciales de Wolfy.

— Écoute, je voulais simplement m'excuser pour ce qui s'est produit l'autre jour. Je n'aurais pas dû t'embrasser, mais tu souriais ! Ça m'a induit en erreur.

Je réprime un fou rire. Vraiment ? C'est la seule excuse qu'il a trouvée pour justifier son comportement ? C'est pathétique, franchement.

— Et j'étais censée faire quoi ? Bouder pour que tu ne ressentes pas le besoin de fourrer ta langue dans ma bouche ? réplique Brooke, acerbe.

Bien, Wolfy. J'adore ton côté cru.

— Non ! Ce que... Je trouve que...

Liam pousse un long soupir, nerveux. En gros, il n'a aucune excuse, mais comme toujours, il ne veut pas être le méchant de l'histoire. Cependant, là, il l'est. D'autant plus après tout ce qu'il a laissé dire à Miles à propos de Brooke. C'est juste une grosse enflure qui l'a mauvaise parce que cette fille a eu le cran de lui dire « non ». À ce niveau, il devrait être habitué au rejet.

— Bref, je voulais m'excuser. Désolé si tu t'es peut-être sentie mal à l'aise...

— Peut-être ? persifle Brooke. Je te le dis clair et net : je ne me suis pas sentie à l'aise. D'après toi, ma réaction était celle de quelqu'un qui appréciait ?

Il s'agit d'une question rhétorique, mais je suis certain que ce crétin aura le cran de répondre. Et je ne me trompe pas.

— Je n'en sais rien, ça n'a pas dû énormément te traumatiser étant donné que tu n'as pas tardé à te jeter dans les bras de Kingston.

En entendant mon nom, je me raidis. Bordel, j'étais sûr qu'il était au courant. Bien évidemment, ça n'a pas dû lui échapper.

— Pardon ? Tu te prends pour qui ? Je ne suis pas l'un de tes gars que tu peux contrôler, alors fous-moi la paix !

Putain, le caractère farouche de Wolfy va avoir raison de moi. Si elle savait à quel point j'ai envie de l'embrasser en cet instant. Elle a le cran de tenir tête à cette enflure, je me sens comme une merde à côté.

— J'ai besoin de savoir.

La voix de Liam se déplace. Je la sens plus près de moi. Est-ce qu'il lui barre la route ?

— Vous avez couché ensemble cette nuit-là ?

Un silence de plomb suit cette question. J'imagine Brooke, de marbre, debout devant Liam, la bouche légèrement entrouverte. Choquée, elle doit sans doute chercher une belle repartie à lui balancer pour lui boucler le clapet. Ce type n'a honte de rien, il est vraiment prêt à tout pour me pourrir.

— Je suis au courant de ton petit ultimatum bien mesquin. Tu veux virer King de l'équipe, j'ignore les raisons de ton aversion envers lui. Mais je refuse que vous me mêliez à votre guéguerre de mâles alphas.

— Réponds-moi ! Vous l'avez fait ou pas ? s'énerve mon capitaine.

— Va te faire foutre ! lui répond Brooke sans hésitation.

Liam grogne, loin d'être ravi par la résistance qu'oppose la jeune patineuse. Non seulement elle lui résiste sur le plan charnel, mais en plus, elle refuse de vendre la mèche. Elle ne me trahira pas. Quand bien même il s'était passé quelque chose dans cette chambre, elle ne me balancerait pas.

— Mauvaise réponse.

— Tu crois que tu me fais peur ? Des mecs dans ton genre, qui se pensent tout permis, j'en ai côtoyé toute ma vie. Et si tu veux mon avis, au lieu de te mêler de la vie privée des joueurs de ton équipe, tu devrais te concentrer sur tes performances sur la glace. D'après certains, ton jeu laisse beaucoup à désirer.

Putain, ce qu'elle m'excite en disant ses quatre vérités à ce fils de chien.

Un sourire en coin, mon cœur se gonfle de fierté. Plein de choses à son propos m'échappent à ce jour, néanmoins, son caractère, tout autant que son corps, me rendent complètement dingue. D'une manière que j'ignore, je commence sincèrement à croire que cette fille a été créée sur mesure pour moi.

— Tu caches bien ton jeu, espèce de garce. Tu semblais bien plus docile l'autre jour, lorsque tu te dandinais contre moi comme une chienne en chaleur.

— Bien sûr, c'est toujours la faute de la femme quand un mec a du mal à retenir ses ardeurs, n'est-ce pas ? ironise-t-elle, sans s'énerver face aux propos de cet enfoiré. Je suis peut-être une chienne, mais dans ce cas, qu'est-ce que ça fait de toi ?

Liam renâcle, mi-amusé mi-énervé par la répartie de Wolfy. Les punchlines de cette fille sont légendaires, je devrais les faire broder sur des coussins.

— Maintenant, dégage. Cette chienne a bien mieux à faire que de te parler.

Encore une fois, elle m'achève et une envie très étrange s'empare de moi. J'ai le besoin irrémédiable de la prendre dans mes bras et de la serrer de toutes mes forces contre moi.

— T'es vraiment rien qu'une sale...

C'est bon, ça suffit.

Je pousse la porte et bouscule Liam, qui se trouve de l'autre côté. Je fais semblant de débarquer tout juste, de n'avoir rien écouté de leur « conversation ».

Brooke fixe ses pieds, tandis qu'elle tient son bras gauche. A-t-il tenté de la retenir ? Lui a-t-il fait mal ?

Je remarque qu'elle n'a même pas eu le temps de changer de tenue, elle a juste enfilé ses chaussures.

— Qu'est-ce que vous faites, les tourtereaux ? feins-je innocemment, avec une pointe de malice.

Wolfy relève aussitôt le visage et me foudroie de ses iris gris. Au lieu de répondre, elle passe à côté de moi et me bouscule, avant de prendre la tangente. Je suis soulagé de la voir partir, je ne peux imaginer ce que Liam comptait faire.

Appuyé contre l'un des casiers du vestiaire, ce crétin maintient ses prunelles braquées sur moi, comme s'il voulait me faire la peau. Aura-t-il le cran de me demander ce qui s'est produit dans cette chambre ?

Toutefois, les autres gars débarquent les uns à la suite des autres, empêchant ainsi Liam de se lancer dans une nouvelle bagarre. Ça me soulage, mais ce sentiment est vite balayé par l'annonce du capitaine :

— Aujourd'hui, Kingston se chargera de la mise en place et du rangement du matériel !

Il ne me demande pas mon avis, et je n'ai pas le temps de répliquer, car le coach fait également son apparition. Fier de lui, Liam me gratifie d'un petit sourire en coin, insolent. C'est sa manière à lui de se venger, mais surtout, de me démontrer qui commande au sein de cette équipe. 

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Liam, Liam, Liam... tu vas te faire castagner 🤣 quoi qu'il en soit, Brooke est fidèle, et King se rend compte qu'alors qu'elle avait l'occasion de lui créer des noises, elle le protège... de quoi bien le perturber 👀 À présent, que se passera-t-il? 

J'ai qu'une chose à dire, pour les deux prochains chapitres, accrochez-vous, ça va secouer 😏

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ça fait toujours plaisir ^^

On se retrouve demain pour le chapitre 20 à 20h 💕

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