Chapitre 11 - King 🏒
Pour la troisième fois depuis le début de l'entraînement, Miles me plaque contre la bande de la patinoire. Dernièrement, c'est devenu son passe-temps préféré. Grand copain de ce salopard de Liam, je soupçonne ce dernier de lui ordonner de me foncer dessus dès qu'il en a l'occasion. D'après mon capitaine, cela devrait m'aider à bosser sur mes points faibles. Mon cul, sale fils de...
Le coach Phillips siffle à deux reprises pour que nous quittions la glace. Perché sur mes patins, ma crosse à la main, j'obéis, à l'instar de mes camarades. Ceux qui détiennent le rôle de l'équipe adverse râlent, ils n'ont réussi à marquer aucun but. Après tout, Logan est un meilleur gardien que Jackson.
— Les gars, le tournoi Ice Breaker a lieu ce week-end, débute le coach. Vous avez beaucoup travaillé ces dernières semaines, je sais à quel point cela n'a pas été simple.
Et encore, c'est un euphémisme. J'ai passé le plus clair de mon temps sur la glace, jusqu'à très tard le soir. Quand je rentre à l'appart, je veux simplement manger un bout et m'étaler sur mon lit. Je suis tellement lessivé que je n'ai même plus le temps de penser à ma vie sexuelle inexistante. La dernière fois que j'ai approché une fille, ça date de ma balade en voiture avec Brooke. Certes, cela s'est mal terminé, néanmoins, il m'arrive d'y songer, amusé par la tournure des événements.
Depuis, je crois ne pas l'avoir croisée, pas même à la patinoire. Je sais sciemment qu'elle évite l'équipe. Elle doit terminer son cours et filer en quatrième vitesse afin de nous esquiver. Même sur le campus, il ne me semble pas l'avoir remarquée. Ses boucles brunes et son regard gris si expressif ne m'auraient pas échappés.
Je n'ai toujours pas de nouvelles de cette fichue clôture. Compte-t-elle me demander de lui rembourser les réparations ou passe-t-elle l'éponge sur ma dette afin de ne pas revoir ma tronche ?
Repenser à son air ahuri lorsque je l'ai abandonné sur le bord de la route m'arrache à chaque fois un petit sourire jouissif. Oui, je suis un connard. Et alors ? Elle l'avait bien cherché pour le coup. Toutefois, je me repasse ces scènes en boucle lorsque je suis dans mon lit, quand la pression dans mes burnes est trop intense et que je recherche la délivrance. Fantasmer sur son petit corps galbé ainsi que sur sa bouche insolente me font vriller encore plus vite qu'un porno.
Putain, je lui ai juste parlé deux fois, et pourtant, elle a réussi à se glisser dans mon esprit. Je me demande quand sera la prochaine fois où nous ferons joujou, tous les deux. Je l'attends au tournant, et je suis persuadé que ce sera très amusant.
Sinon, pour en revenir à l'équipe, à cause de ce souci avec la patinoire du campus, nous redoublons encore plus d'efforts. Elle ne risque pas d'être réparée avant au moins un bon mois. D'après le doyen, les gars de la maintenance font ce qu'ils peuvent, mais honnêtement, ce n'est pas assez. Je les vois venir : ce mois se transformera en deux ou trois. Voire jusqu'à Noël.
Ça me blase rien que d'y songer.
Étouffé, je retire mon casque. La sueur me colle à la peau, mes cheveux sont trempés. J'ai hâte de me doucher, mais surtout, de rentrer chez moi. Je dois rendre un devoir qui traîne sur mon bureau depuis deux putains de semaines, et je ne l'ai toujours pas fini. J'ignore comment je vais m'y prendre pour le rendre en temps et en heure, ma prof ne m'épargnera pas. Certains sont plus cool envers les sportifs, ils comprennent tout l'investissement que cela implique. D'autres, en revanche, nous mènent la vie dure. Et cette année, j'ai droit à une vieille peau aigrie qui n'en a rien à foutre.
Phillips continue son petit discours. À deux jours de ce premier tournoi de la saison, j'espère sincèrement que nous allons le remporter. Enfin, nous allons tout faire pour. La chance, sans travail acharné, ne sert strictement à rien.
Malgré toutes les complications qui se sont produites, nous avons bossé avec obstination, tous les maudits jours, afin d'être au top de nos capacités. Liam nous a poussés dans nos retranchements, nous avons donné tout ce que nous avions dans le ventre lors des entraînements, comme si nous disputions de vrais matchs.
Nos efforts paieront ce week-end, j'en suis persuadé. Seulement quatre équipes parmi les six conférences participeront à ce tournoi. Remporter le Ice Breaker serait une belle façon de débuter cette saison, et ça annoncerait un pronostic intéressant pour la suite. Même pour les bookmakers.
Plus que deux petits jours et nous rapporterons le titre à Oak Ridge. J'y crois.
— Reposez-vous ce soir ! Demain nous partons pour le Dakota du Nord, et vendredi, la demi-finale aura lieu.
Nous décollons demain dans l'après-midi, je dois encore préparer mes affaires. Malheureusement, au lieu de me taper une grasse matinée, je vais devoir me lever tôt pour rendre ce fichu devoir. La date butoir est vendredi, et je suis absent. Si je ne veux pas me faire recaler par ma prof de Droit, j'ai intérêt à me bouger le cul. Cette bonne femme a une dent contre moi, je n'invente rien. À chaque fois, on dirait qu'elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour m'emmerder. Je me demande si elle n'a pas des liens de parenté avec Liam. Ils sont aussi casse-couilles l'un que l'autre.
Mes études de commerce et management ne m'enchantent pas des masses, mais c'était à peu près le seul cursus envers lequel j'avais un certain penchant. Je ne pouvais pas juste venir à l'université pour jouer au hockey. Non, cela aurait été trop beau pour être vrai.
Puis, mon beau-père a accepté de me payer la fac seulement à cette condition. Un jour, j'occuperai une place essentielle dans l'entreprise familiale. Selon James, je dois être préparé pour gérer notre petit empire.
Tu parles, comme si j'en avais quelque chose à foutre !
— Je vous veux frais, en forme, poursuit le coach. Alors s'il vous plaît, évitez de faire la fête ce soir !
Phillips n'est pas stupide, il a lui aussi été jeune. Il sait pertinemment ce que nous faisons en dehors de l'université. Il n'est pas tombé de la dernière pluie. Derrière ses cheveux virant au blanc, je l'imagine sans mal sauter les minettes de l'époque... Il a quel âge déjà ? Il doit approcher les soixante-dix ans. Est-ce qu'on draguait de la même manière au paléolithique ?
— Ils vont se tenir à carreau, certifie Liam. Ils savent à quel point ce premier tournoi est crucial pour nous.
Après quoi, cette saleté de capitaine nous lance un regard entendu. C'est sa manière d'insinuer que si nous merdons, il prendra un plaisir fou à nous faire regretter notre minable existence.
— Bien, dans ce cas, on se voit demain après-midi, les gars.
Le bus nous emmènera jusqu'à Richmond. Depuis la capitale, nous nous envolerons jusqu'à Fargo, où le tournoi se déroule cette année. Puis nous rentrerons dimanche dans la soirée. Une partie de notre club de supporters se déplace avec nous, tandis qu'une autre reste sur place afin de préparer les festivités en cas de victoire.
Le coach détourne son attention de nous. La plupart des gars soufflent, la pression n'a fait qu'augmenter ces dernières semaines. À présent, elle est cruellement palpable. Et ça, c'est loin d'être rassurant.
***
J'ai beau être propre comme un sou neuf depuis au moins trente minutes, je suis le « Maître des clefs ». En gros, étant donné que Patty me les a confiées il y a trois semaines, je suis responsable de la fermeture de la patinoire. Ce rôle devrait revenir à Liam, lui qui se vante d'être capitaine, mais visiblement, c'est selon ses envies. Pourriture.
Claqué, je bâille à plusieurs reprises. Appuyé contre la porte de sortie, j'attends que les derniers gars sortent des vestiaires. Il n'y a pas assez de douches pour que nous nous douchions tous en même temps. En plus de ça, il y en a une qui est en panne. Il n'y a pas d'eau chaude. J'ai eu la bonne – ou plutôt la mauvaise – idée de vérifier par moi-même. Ça les a bien fait rire lorsque je me suis mis à gueuler comme Michael Jackson dans Billie Jean.
Mon blouson à l'effigie des Black Hawkes sur le dos, je prends une grande inspiration. Putain, ils ne peuvent pas bouger les vers de leurs culs ? Ils abusent, ces enfoirés ! J'ai autre chose à foutre que jouer les concierges !
Logan, Jamie et Parker sont les derniers à quitter l'enceinte de la patinoire. Une fois qu'ils ont franchi l'embrasure, j'éteins les lumières et ferme derrière moi.
— Un souci, King ? La douche froide ne t'a pas fait de bien ? se moque le gardien.
— Il est tard, bande de cons. J'ai encore un devoir à terminer et mes affaires à préparer. Vous auriez pu vous magner un peu !
Je suis de mauvaise humeur, et alors ? Ces dernières semaines n'ont pas été faciles.
— L'abstinence ne te réussit pas, ricane Parker.
Les mâchoires contractées, je ne réponds pas à ce crétin. Ce serait tendre le bâton pour me faire battre. Ma situation fait beaucoup marrer ces imbéciles, les menaces qui planent au-dessus de ma tête sont devenues le sujet numéro un de conversation au sein de l'équipe. Ces salopards ont même lancé des paris.
La dernière fois que Parker en a parlé, je pensais qu'il blaguait, pas qu'il aurait les couilles de m'humilier d'une telle façon. Bien évidemment, tout le monde s'est empressé de miser sur mon échec, mis à part Jamie.
— Lâchez-lui un peu la grappe, rouspète ce dernier.
Le gamin vient à peine d'intégrer l'équipe, cependant, il est très différent de nous. Il est gentil et respectueux. Il me rappelle sous bien des aspects Ian. Tous deux s'entendraient à la perfection, j'en suis persuadé.
— Oh, ça va ! Si on ne peut plus rigoler un peu, ronchonne Logan.
Nous descendons les marches extérieures, quand soudain, arrêtée devant un feu rouge, je perçois la bagnole qui me fait les yeux doux depuis quelques semaines. Je l'ai vue la première fois garée sur le parking du campus, non loin de la Jeep de Cass. Elle a tout de suite attiré mon attention à cause de sa peinture flambant neuve, on dirait que son propriétaire en prend grand soin. Et il faut que je l'admette, il a un putain de goût. Je donnerais n'importe quoi pour avoir une caisse pareille, une petite beauté de collection.
— Waouh ! s'extasie Parker. C'est moi, ou c'est une Mustang Fastback de 1969 ?
— Putain, le propriétaire est un sacré veinard ! enchaîne Logan. Tu sais que ce modèle coûte la peau des fesses ?
Si je le sais ? Bien évidemment. En plus, il est difficile à trouver. On n'en fabrique plus depuis des années, des décennies sûrement. Ceux en circulation ont été retapés, et ce genre de réparations n'est pas donné à tout le monde. Tu m'étonnes que son conducteur en prend soin comme de la prunelle de ses yeux ! Il a dû y laisser un rein pour pouvoir payer le mécano à l'origine d'un tel chef d'œuvre.
Plus d'une fois, au long de ces trois dernières semaines, j'ai été tenté de laisser un bout de papier avec mon numéro sur le parebrise. En voyant cette merveille, j'ai tout de suite eu envie de l'acheter.
Reflexe de gosse de riche, que voulez-vous ?
— Ou veinarde, le corrige Jamie.
— Impossible qu'une minette conduise une voiture pareille, ricane Parker. Non, les nanas préfèrent les coccinelles et ce genre de conneries.
— Tu vis dans quelle décennie, bouffon ? m'offusqué-je.
— Allez, King, arrête. Tu dois bien admettre que ce n'est pas une bagnole pour une meuf ! Ce serait du gâchis, en tout cas. Avec une femme au volant, le moteur ira se faire foutre en moins de deux.
Le feu passe au vert et la Mustang démarre aussitôt, sans que je puisse vérifier qui se trouve au volant. Néanmoins, je ne suis pas d'accord avec les propos de Parker. Ses remarques misogynes me tapent sur le système.
— Bon, ce n'est pas que je ne vous apprécie pas, mais je me casse, soupiré-je en coupant court à cette conversation sans queue ni tête.
— Repose-toi, me souhaite Jamie.
— On se voit demain, mec ! me hèle Logan alors que je leur tourne déjà le dos.
— Et branle-toi devant un porno ! gueule Parker, goguenard.
Pour seule réponse, il a le droit à mon doigt d'honneur. Je suis épuisé, je ne veux même pas songer à tout le travail qui m'attend en arrivant à l'appartement. Même l'idée de me masturber me semble fastidieuse aujourd'hui.
***
Une fois la porte franchie, je retire mes chaussures et les range dans un compartiment de l'armoire à l'entrée. Je n'ai pas envie d'entendre Cass me casser les pieds. Ce mec est un putain de maniaque.
Dans l'imaginaire collectif, les mecs sont des gros crado qui ne se lavent que sous la contrainte et qui sont incapables d'entretenir un appartement propre. Je trouve ce stéréotype plus ou moins vrai, même si je n'entre pas dans la catégorie de mecs qui préfère vivre dans sa crasse plutôt que de passer un coup de balai.
Cependant, aussi étrange que cela puisse paraître, surtout venant de la part d'un type comme Knight, il a un réel souci avec la propreté, les microbes et tout ce qui s'ensuit. Je le soupçonne d'être un mysophobe refoulé. Lorsqu'on était plus jeunes, Ian et moi nous amusions à boire à son verre rien que pour l'emmerder. Il piquait des crises à chaque fois. Pour lui, la propreté est primordiale, voilà pourquoi l'appartement se doit d'être toujours impeccable. Du moins, les pièces communes.
Sur le frigo traîne notre planning des tâches de la semaine. Aujourd'hui, c'est à mon tour de m'occuper de la vaisselle. C'est mon meilleur ami, mais parfois j'ai l'impression de vivre en coloc avec Monica Geller. Au moins, sa discipline légendaire l'aide énormément dans tout ce qu'il entreprend. Il n'est pas le meilleur lanceur de l'histoire de l'équipe de baseball universitaire d'Oak Ridge pour rien.
Je traverse notre cuisine américaine aux électroménagers dernier cri, balance mon sac de sport dans un coin, près du couloir qui mène à nos chambres, et rejoins les mecs au salon avant de m'affaler sur mon fauteuil. Je suis crevé, putain ! Et demain, une longue journée m'attend.
— Bordel, tu rentres enfin ! s'exclame Ian en arrêtant le film qu'ils matent. On a cru que tu avais décidé d'emménager à la patinoire.
— Tu es sûr que ça va ? T'as l'air à bout, poursuit Cass, inquiet.
Malgré ses airs bourrus, en réalité, ce mec est la mère poule de notre petit groupe. Il est habitué à prendre soin des autres. Il vient d'une famille nombreuse, et il a été élevé une grande partie de sa vie par sa mère. Son père s'est fait la malle lorsqu'il avait dix ans, laissant sa femme avec cinq mioches à charge. En tant qu'aîné, Knight s'est démené pour venir en aide à sa mère. Encore aujourd'hui, s'il étudie à Oak Ridge, c'est parce qu'il a reçu une sacrée bourse. À côté, il bosse comme un malade après ses entraînements, afin d'épauler sa famille. Pratiquement tout ce qu'il gagne, il le lui donne. Jenna travaille aussi comme une forcenée, les frais qu'elle doit payer pour l'une de ses filles est conséquent. En pensant à Pearl, mon cœur s'étreint.
La vie n'a pas souri à Knight. À Ian non plus, d'ailleurs. Ni à moi, pour être honnête. Nous avons tous des familles dysfonctionnelles, c'est peut-être pour ça qu'on s'entend aussi bien depuis que nous sommes gosses.
— Ça va, soupiré-je, les paupières closes.
— Si tu es déjà dans un tel état alors que la saison vient de débuter, je ne donne pas cher de ta peau, mon pote, embraie Ian, également soucieux.
— Hum. Je... je... gère.
— Oui, on voit ça, pouffe Cass.
Il ne faut surtout pas que je m'endorme, j'ai un devoir qui attend sagement que je le termine. Mais... peut-être qu'un petit somme ne me ferait pas de mal ? Juste cinq minutes. Rien que cinq petites minutes.
***
Après seulement quelques secondes, je rouvre les yeux. Je n'ai pas bougé d'un pouce, mais les mecs ne sont plus dans le salon. La télé est éteinte, tout comme les lumières. Instinctivement, je sors mon portable de la poche de mon jogging. Mes orbites s'écarquillent en remarquant l'heure : 5 heures du matin !
Putain ! Combien de temps ai-je dormi ?
J'ai envie de m'éclater la tête contre le mur ! Il faut que je fasse ma valise, et que je termine ce maudit boulot à la noix. Je dois le remettre dans quatre heures !
Bon sang, j'ai intérêt à me reprendre, parce que sinon, demain je vais me faire défoncer. Si je suis à côté de mes pompes, Liam me massacrera et je ne veux lui donner aucun prétexte.
Rapidement, je file à la salle de bain prendre une douche froide afin de me remettre les idées en place, puis me sers une tasse de café noir avant de taffer pendant les trois prochaines heures, tandis que mes colocataires dorment à poings fermés.
J'espère que ça en vaudra la peine et que Mme Jones se montrera juste pour une maudite fois.
Si je n'ai pas minimum un C plus, elle va m'entendre.
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Le pauvre King est débordé, il ne sait plus où donner de la tête. Puis ce tournoi à remporter, ces cours qui lui prennent son énergie... l'année universitaire vient à peine de commencer, mais il a déjà besoin de vacances 🤣
Bref, j'espère que vous avez kiffé ce chapitre et que vous avez hâte de lire la suite ! 👀
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ça fait toujours plaisir ^^
On se retrouve demain pour la suite à 20h 💕
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