VIII.
Je voudrais d'abord vous remercier pour les lecture et tous les votes. Si vous écrivez, vous connaissez l'importance de ces retours.
Promis, la chevelure de Malefoy ne m'obsède pas.
Je vous laisse découvrir les conséquences de l'ivresse de Narcissa, bonne lecture !
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Immédiatement, Narcissa dépêche un hibou pour communiquer sa version de l'incident.
Mère, je n'aurais jamais la vulgarité, l'indignité de tripoter quelqu'un, encore moins Lucius Malefoy dont le Père est un si grand bienfaiteur pour notre monde. Ne prêtez pas attention à ces chuchotements de couloir, proférer dans l'unique but de ternir l'aura immaculé de la Grande et Pure Famille Black, blabla.
Quelques répétitions sur la jalousie des Sang-Mêlé, une obsession parentale, trois lignes sur le chat maternel, une immonde créature que Narcissa déteste dans le plus grand secret et sa missive quitte Poudlard.
A la rédaction de cette lettre, la jeune fille se découvre un talent rare et, depuis, chaque jour est une chance offerte d'en apprendre un peu plus sur ce don.
Les sorciers peuvent accomplir ses désirs, sans être forcés par le Mur. Contraints par une toute autre magie.
Un sourire, un mot bien placé à un joueur de Quidditch, une remarque sur l'éclat d'une robe, un rire et Narcissa obtient tout ce qu'elle veut.
*
La rumeur se répand comme si le Mur n'avait jamais existé.
*
— J'avais bu, répète Narcissa à une meute de troisième année qui a l'audace de l'aborder dans un couloir. Je ne comprends pas qu'on en fasse une telle histoire.
Expression plate, élocution glaciale.
*
— Vous n'avez vraiment rien de mieux à faire ? persifle Cornelia un soir dans la salle commune. Dégagez !
Visage fermé, regard assassin.
*
— Le prochain qui ose me dévisager, menace Violet à un essaim de première année qui se disperse dans le parc, finira au fond du lac !
Affirmation rageuse, poings serrés.
*
Même le corps enseignant participe à cette atmosphère. Le jaune pâle de la potion Wiggenweld de Narcissa lui vaut un simple désolant et Slughorn laisse Kimberly quitter sa classe lorsqu'elle simule des crampes d'estomac.
Peut-être que le retour de Violet entretient le feu nourri de l'ennemi.
Même chez les Serpentard, noyer une camarade de dortoir n'est pas un événement aisément oubliable.
*
— Ils finiront bien par se fatiguer ? s'inquiète Kimberly au déjeuner.
Grâce à la clémence de ce printemps timide, les bancs de la Grande Salle sont quasi déserts.
— Ils s'ennuient, voilà tout, tranche Violet. J'en profite pour vous informer de mon nouvel objectif : trouver le remplacement d'Avery.
Kimberly lâche son petit pain, les yeux écarquillés.
Narcissa n'y comprend rien. Dans les histoires d'amour, une rupture n'est-elle pas supposée mener à la tristesse et aux regrets ?
Même Cornelia est intéressée.
— Pas Lestrange, énumère Violet, ni Malefoy, encore moins Yaxley. Je ne suis pas mécontente d'être libérée d'Avery, si vous saviez ce qu'il m'obligeait à faire ! Ma mère est de méchante humeur, ajoute-t-elle plus bas, elle s'imaginait déjà appartenir à la famille Rosier, mais je lui ai promis de piéger un sorcier du même calibre.
— Pourquoi pas Abbott ?
— Sa famille possède un domaine en Ecosse, précise Kimberly en hochant la tête à la proposition de Cornelia.
Après tout, Narcissa n'y a jamais rien compris. Dans les charmantes histoires de Cœur Sorcière, les héritiers luttent pour dépasser leur timidité, combattent les obstacles invisibles et repoussent leurs limites pour avouer leurs sentiments à la sorcière qui les obsèdent. Mieux encore, par une série de malentendus, deux êtres que tout oppose réalisent que leurs âmes sont destinées par le pouvoir de l'Ancienne Magie.
La réalité est amère, faite d'arrangements sordides et de compromis décevants.
— Il y fait froid, non, hésite Violet.
— Laughald ?
— Le capitaine de Quidditch ?
Son étonnement dénote un intérêt un peu tiède.
— Quelle bonne idée, soupire Kimberly, il est si grand ! Et roux, comme toi ! Tu imagines, tous tes enfants auront une chevelure flamboyante !
Cornelia enfonce le clou :
— Et il ne lorgne pas toutes les sorcières comme Avery.
— Enfin, c'est ridicule, intervient Narcissa en les considérant comme des abruties, on ne choisit pas un mari pour ses cheveux.
Bien que Malefoy...
— Sa famille possède un château en bord de mer, marmonne Violet, l'expression songeuse.
Malefoy n'est pas timide et aucune série de malentendus ne les sépare l'un de l'autre, se reprend Narcissa. Juste une petite idiote qui prend ses rêves pour la réalité, quelle grande romance.
— Alors, du nouveau dans le dortoir de sixième année, demande Andromeda en faisant irruption pour se servir un jus de citrouille, cela fait longtemps ! Je ne reste pas, je dois...
— Laughald et moi allons sortir ensemble, coupe Violet en repoussant son épaisse crinière sur ses épaules.
— Oh, répond la sœur de Narcissa, un peu décontenancée. Tu aurais pu faire pire, conclut-elle après un temps, saisissant une pomme pour partir. Faites attention, jeunes nymphes !
*
Mrs Black lui répond succinctement.
Ne t'en fais pas, ce n'est qu'un détail. Le chat se porte à merveille.
Pour la première fois, devant l'écriture serrée de sa mère, Narcissa admet que cette histoire l'inquiétait. Plus maintenant, la rassure cette lettre.
Malefoy n'est qu'un détail.
*
Violet réussit à les convaincre de l'accompagner aux entraînements de Quidditch de l'équipe de Serpentard.
Ainsi, sous une chaleur étouffante pour un mercredi matin, Narcissa, Kimberly, Cornelia et Violet s'entassent dans un coin ombragé des gradins, les yeux rivés sur Steve Laughald.
Mouillé de transpiration, le capitaine hurle sur ses coéquipiers. Plus grand et deux fois plus large, ses gestes amples et autoritaires imposent l'immobilité à tous les sorciers sur le sable. Une explication sonore sur les déplacements en défense, comprend vaguement Narcissa, en captant des brides de la discussion.
— Mm, il n'a pas l'air très gentil, s'inquiète Kimberly.
— Ce n'est pas grave, Avery me criait souvent dessus.
Derrière ses grands lunettes rondes, Violet ne quitte pas sa cible des yeux.
Laughald enfourche son balai pour une démonstration en image. En quelques mouvements énergétiques, il exécute une Feinte de Porskoff avant de redescendre crier sur son équipe.
Intimidant, reconnaît intérieurement Narcissa. Incomparable à la souplesse nonchalante d'Avery. A sa paresse de prédateur, vernie des manières de l'aristocratie.
— Il est quand même un peu jeune, non, insiste Kimberly.
— Comme si cela se remarquait ! ricane Cornelia.
Techniquement, Laughald a un an de moins. Dans les faits, Violet est si menue, lui si imposant, que personne ne le remarquerait. Par sa puissance, Laughald règne sans conteste sur l'équipe de Quidditch. La maison Serpentard lui accorde cette déférence teintée d'admiration secrète et distante. Personne ne lui a jamais fait remarquer qu'en cinquième année, on ne brigue pas le poste de capitaine. Narcissa y reconnaît la force de caractère avec laquelle Violet parvient à s'imposer en dépit de sa taille, son visage rond et ses lunettes.
— Il nous regarde, chuchote Kimberly.
Toutes se figent en regardant le terrain en contrebas où Laughald et ses coéquipiers plissent les yeux dans leur direction.
— Par pitié, glapit Violet en se détournant pour contempler le vide des tribunes, ne le regardez pas toutes en même temps ! Il va savoir.
— Que veux-tu que nous fassions un samedi matin dans les gradins du terrain de Quidditch, s'agace Narcissa.
Son regard ne dévie jamais de l'équipe qui discute en dessous.
— On est venues voir l'équipe s'entraîner, dit-elle plus froidement.
— Tu as raison, panique Violet en se relevant précipitamment, on ne vient jamais ici ! Il va forcément deviner ! Il faut partir !
La rousse tire Kimberly par la manche de sa robe pour l'obliger à la suivre.
— Ne va-t-il pas trouver plus bizarre que nous partions en urgence sans terminer l'entraînement ? se tracasse cette dernière en trébuchant à moitié.
— D'accord, d'accord, répète Violet en se rasseyant sagement, Kimberly dans son sillage. Ne le regardez pas ! Enfin, pas trop, se reprend-t-elle.
— Peut-être qu'ils s'intéressent juste à la Pute du Mur et la Folle du Lac, sans penser à mal, observe Cornelia.
*
— Le Quidditch à travers les âges, déchiffre Kimberly à haute voix lorsque Violet revient de son expédition dans les rayonnages de la bibliothèque avec un gros livre abîmé. Tu t'intéresses au Quidditch ? s'étonne-t-elle.
— Elle s'intéresse à Steve Laughald, précise Narcissa, le nez plissé par le dégoût contrebalancé par son sourire légèrement hautain.
— Et alors ?
Kimberly est perdue.
— Ce que tu peux être bête, s'ennuie Cornelia.
Plusieurs magazines de mode sorcière sont éparpillés devant cette dernière, papiers glacés qu'elle feuillette négligemment du bout des doigts.
— Laughald aime le Quidditch, Violet veut que Laughald l'aime, toujours aucun lien ?
Kimberly fronce les sourcils, la plume avec laquelle elle rédige son dernier devoir d'arithmancie en main :
— Mais tu n'aimes pas le Quidditch.
Violet rejette l'argument d'un revers de main :
— Ce n'est pas important. Avec ce livre, je pourrais l'impressionner par mes connaissances.
— Mais c-
— Quel est ton problème avec Laughald, exactement ? l'interrompt Cornelia. Tu n'arrêtes pas : il n'a pas l'air gentil, il est plus jeune, il aime le Quidditch. Si tu crevais l'abcès ?
— Mm, j'ai appris récemment certaines choses à son sujet, s'empourpre Kimberly en reposant soigneusement sa plume. Tu devrais-
— Quelles informations, demande Violet en levant les yeux du livre de Quidditch.
En effet, Laughald n'est pas précisément le type d'étudiant à susciter les ragots. Le rythme de ses journées est dicté par les cours et entraînements sportifs. Aucune liaison féminine, aucun ami proche, aucun scandale, rien, si ce n'est sa carrure impressionnante et son regard sévère. Même sa famille ne soulève aucun commentaire, son père travaille au Département de la coopération magique internationale.
Si Kimberly possède des informations inconnues du public à propos de Laughald, aucune chance que Violet ne parvienne pas à les lui extirper.
— Quelles informations, répète la rousse, en plantant ses ongles dans le bras de Kimberly.
— Je pense juste qu'il n'est pas ton-
La prise de Violet se resserre. Encore, encore...
— Il est maudit ! gémit Kimberly en retirant son bras d'où ruissellent des filets de sang.
— Maudit ? répète Narcissa, intriguée.
— Par qui ? s'impatiente Violet, déjà prête à saisir de nouveau sa camarade de dortoir.
— Pas moi ! s'empresse de répondre Kimberly en repliant d'un geste défensif son bras. Mon petit frère, il-... En début d'année, il a passé les sélections pour l'équipe et Laughald-
Prise d'un pressentiment, les yeux rivés sur le bras de Kimberly, pressé contre sa poitrine, Narcissa complète son récit :
— Par ton amulette, n'est-ce pas ?
Une amulette de malédiction. Malefoy...
— Oui ! s'écrie Kimberly en reculant. Et je ne peux rien y faire ! L'ancienne magie égyptienne est immuable !
— Il a déjà été victime d'une malédiction, intervient Cornelia en repoussant le dernier Sorcière Stylée.
— Quelle malédiction ?
— Violet, sourit la Serpentard. C'est certainement cette malédiction qui a provoqué la rupture d'Avery et Violet, pour lui coller notre amie dans les pattes !
— Tu crois ? souffle la principale concernée, ramenée au calme par cette hypothèse.
— Mais oui, confirme Cornelia. Je ne me trompe jamais.
L'esprit de Narcissa est loin, emporté par les implications de Malefoy avec une amulette de malédiction.
*
Malefoy lui a lancé une malédiction. En y réfléchissant, le comportement de Narcissa n'a changé qu'à partir du moment où Malefoy a été en possession de l'amulette. Avant, rien. Après, pensées dérangeantes et obsessions pour des sujets inintéressants et dégoûtants. Comme son premier baiser, l'adéquation de sa personnalité ou le grain de beauté de son ensorceleur. Toute cette histoire n'est que l'aboutissement d'un plan machiavélique savamment orchestré.
Andromeda a tenté de la prévenir, mais a-t-elle pris la peine d'écouter ? Non, et maintenant que Narcissa y pense, ce n'est pas dans ses habitudes d'ignorer les conseils de sa sœur. Ni de lui faire des cachotteries.
Même en se le répétant depuis deux jours, Narcissa n'arrive pas complètement à se convaincre de cette idée de malédiction. Déjà, pourquoi lui lancé une malédiction alors qu'ils se connaissent à peine ? Pourquoi ne pas en avoir profité d'une manière ou d'une autre ? Et comment prévoir les conséquences du maléfice et son comportement humiliant ?
Elle lui a touché les cheveux.
On ne domine pas l'imprévisibilité de l'ancienne magie.
Non, Cornelia a élaboré cette idée stupide pour rassurer Violet et son esprit y a adhéré comme une mouche à du miel. Malefoy ne lui a jamais caché les sentiments qu'elle lui inspirait, cette situation est la conséquence d'un malentendu, fruit des mirages de son cerveau malade.
*
— Ne le regarde pas, couine Violet en détaillant Laughald du coin de l'œil.
Son prétendant est enfoncé dans un fauteuil, près du carré central de cette traditionnelle soirée du vendredi soir. Le groupe qui l'enroule entretient une discussion animée, lui médite dans le fond de son verre.
— Comment faire si je dois lui parler ? pointe froidement Narcissa.
Bien que cette ineptie de malédiction l'ait rassurée sur l'inévitable succès de son plan de séduction, Violet continue d'agir comme une imbécile.
— Va le voir avant que Cornelia et Kimberly arrivent, elles ignorent tout de la notion de discrétion.
Narcissa a été promue éclaireur. Parlementer avec l'ennemi, sans révéler les motifs de cette excursion, obtenir la réponse aux questions qui torturent Violet. Voit-il quelqu'un ? Pense-t-il à une autre ? Quel est son type de sorcière ? Comment lui plaire ? Connaît-il Violet ? Lui plait-elle ? Bref, lui faire subir un interrogatoire en règle sans que celui-ci ne se doute de rien, sacré programme.
— Narcissa, chuchote Violet en lui tirant la main.
Depuis cette discussion sur le remplacement d'Avery, cette dernière a repris la détestable habitude de se ronger les ongles.
— Tu- Je v-
— Je m'en occupe, tranche Narcissa pour lui éviter de chercher ses mots.
La nervosité pour un sorcier dont on se moque, la recherche d'approbation qui embrouille la tête, elle connaît.
Et, sans attendre de réponse, Narcissa dégage sa main et s'élance en direction du buffet. Après avoir pris un verre de sirop de citron, elle respire un coup, posément, puis, remonte en confiance la salle commune pour atteindre le carré central.
En s'approchant, son allure accuse un imperceptible ralentissement.
Laughald intimide, son uniforme scolaire est tendu par la masse musculaire de ses épaules et la circonférence de ses bras promet une force herculéenne. Là où la majorité des adolescents ont un corps sculpté en V, de larges épaules qui se resserrent sur des hanches étroites, Laughald est un tronc. Large, de haut en bas.
Une seconde, Narcissa compare la densité de Laughald à Violet, si petite, toute en rondeurs, tendre de la tête aux pieds.
Une force de la nature, en un sens. La seule du dortoir à ne pas compter les calories, à resservir du gratin à chaque repas, à revenir à Poudlard sans hésitation, même après le scandale. Qui parvient à se maintenir hors d'atteinte de la viscosité d'Avery. Avery qui a brisé plus d'une sorcière.
— Laughald, salue Narcissa.
L'intéressé lève la tête de son verre.
— L'entraînement s'est bien passé ? hasarda-t-elle.
Des tâches de rousseur constellent son visage taillé à la serpe, mais des heures d'activités en extérieur ont bruni sa peau d'un teint uniforme.
— Narcissa Black, finit-il par dire avec une gravité inhabituelle pour un sorcier de son âge.
Puis, après un silence et pariant qu'il n'ajouterait rien :
— J'ai tripoté un homme ici, tu sais, sourit-elle de manière un peu tordue.
Sa main caresse l'accoudoir du fauteuil.
— J'ai entendu.
— Et donc, l'entraînement ?
Laughald se lève alors, conscient que la discussion risque de se prolonger. Persister à rester assis face à une dame est la dernière des impolitesses pour un gentleman et même un austère capitaine de Quidditch ne peut ignorer ce fait. Néanmoins, enfoncé dans ce fauteuil mou, il calcule mal sa trajectoire et, en se soulevant, renverse à moitié son verre sur le fauteuil tandis que l'autre moitié gicle sur la robe de Narcissa. Sous le choc, celle-ci pousse un léger cri, mais, avant que quiconque puisse réparer cette maladresse d'un revers de baguette, le liquide glacial s'évapore et des picotements adoucissent la morsure du froid. Narcissa sait avant même qu'une voix traînante s'immisce :
— Laughald, Black.
Que Lucius Malefoy est derrière elle.
Se retournant en douceur pour laisser le temps aux picotements de disparaître, Narcissa rencontre le regard froid du nouvel arrivant sans broncher.
— Laughald, vous m'excuserez si je vous enlève Mrs Black.
Sa phrase est ferme, définitive. Sans laisser une chance à quiconque de réagir, Malefoy l'entraîne dans le corridor qui mène aux dortoirs.
Sur le chemin, Narcissa attrape tous les détails. Le chignon quasi défait, le même que lorsque Malefoy émerge d'un double cours de potions, dans la galerie qui mène à l'humidité des cachots. La ligne de sa nuque, le tracé de ses épaules, sa démarche.
Cette fois, Malefoy ouvre la porte de son dortoir.
La pièce est comparable à la chambre qu'elle partage avec ses camarades. La même lumière verte filtre à travers les vitres du lac. Les tapisseries médiévales chantent les mérites d'autres sorciers, mais cinq lits à baldaquin identiques, tendus de soie verte et brodés d'argent.
Malefoy lui offre une chaise avant de tirer les rideaux du lit près de la porte.
Le sien ?
Surréaliste, pense Narcissa. Le clapotis des eaux du Lac de Poudlard contre les vitres atténue le bruit généré par la soirée, les enveloppant dans une atmosphère relaxante et intimiste.
L'endroit rêvé pour un premier baiser.
Mais l'expression de Malefoy n'est pas câline. La contrariété marque son visage : froissement des rides du coin des yeux, bouche étrécie dans une ligne dure...
— Je voudrais vous présenter mes ex-, commence-t-elle, à tout hasard, mais la voix sèche de Malefoy lui coupe la parole.
— Ne soyez pas ridicule. Si j'ai pris la liberté d'initier une discussion, c'est pour nous éviter l'embarras.
L'embarras ?
Sage, Narcissa attend qu'il poursuive son raisonnement.
— Vous n'êtes pas censé l'apprendre avant la fin de l'année scolaire, mais nous sommes fiancés.
— Pardon ? Mais- Comment ? Je-
Le ciel lui tombe sur la tête. Les picotements se transforment en bourdonnements qui assourdissent tout, le lac, les lits, Malefoy. Son cœur tambourine. Boum, boum.
Boum, boum, boum.
— Rasseyez-vous et laissez-moi finir.
Narcissa s'exécute, sans réfléchir.
Comme une marionnette aux fils coupés.
Boum, boum.
Boum, boum, boum.
Mais alors, Malefoy l'apprécie ? Il a demandé sa main à sa famille qui a accepté ?
— Nous n'avons pas eu le choix, malheureusement, soupire Malefoy comme accablé par la situation. Votre éclat de la dernière fois nous a précipité dans une configuration fâcheuse.
La course de son cœur s'accélère.
Boum, boum, boum.
— Soyez assurée, reprend-t-il après un silence, de nouveau maître de lui-même, que votre réputation me tient à cœur et que nous avons pris la décision en tenant compte des impératifs de chacun. J'apprécierai que vous ne jetiez pas votre dévolu sur Laughald ou n'importe quel autre sorcier. Je vous assure que je consentirai au même effort.
Dans un état second entre la colère et l'absence, Narcissa considère Malefoy sans réagir.
— Je comprends que cette nouvelle soit bouleversante, mais vous aurez largement le temps de vous en accommoder. Rien n'adviendra avant la fin de l'année scolaire. Ma cour débutera après l'annonce de nos fiançailles, dans le respect le plus strict des règles en la matière.
D'autres héroïnes auraient probablement protesté, scandalisées de ce comportement désinvolte. D'autres auraient réclamé une meilleure considération, un minimum d'égards. Narcissa, elle, baisse les yeux sur ses mains tremblantes, parce qu'elle sait mieux que la romance est réservée aux contes de fées.
— Je vous remercie de votre compréhension, achève Malefoy, satisfait de l'entretien. Peut-être pourrions-nous convenir d'un sujet de discussion pour notre prochain rendez-vous de cet été.
Peut-être que, finalement, Narcissa proteste un peu, car elle s'entend répondre :
— On n'est pas tenus de suivre toutes les traditions.
— Que voulez-vous dire ?
Il a l'air scandalisé.
— On pourrait parler, avant cet été.
Il s'esclaffe, classant cette phrase dans la catégorie des idées ridicules :
— Les petits drame de votre existence ne m'intéressent pas. Je sais déjà tout de ce qui occupe l'esprit d'une sorcière, et, croyez-moi, des éléments plus importants requièrent mon entière attention.
— Oh, vous avez raison, consent Narcissa, la voix docile, pourquoi parler, je sais déjà tout ce qu'il y a à savoir à propos de Lucius Malefoy.
— J'en doute, ricane-t-il avec arrogance, perché sur sa literie comme un seigneur.
— Imbu de sa personne, énumère-t-elle nonchalamment, leader d'une société secrète qui agresse les Nés-Moldu depuis l'an dernier...
Et, d'un ton plus accusateur :
— Vous avez volé l'amulette de mon amie pour lancer une malédiction et vous préparez d'autres mauvais coups. Vous êtes un ambitieux enflé par sa propre importance...
Puis, pour faire bonne mesure :
— Et un gentleman à la chevelure soyeuse.
La surprise lui vole le souffle un court instant, mais Malefoy rétorque, presque joyeux de rencontrer de la résistance :
— Vous vous oubliez. Je suis un sorcier craint, habitué à être obéi.
— Oh, vraiment ? s'étonne-t-elle sans pouvoir se contrôler. Enfin, oui, je suppose, c'est logique.
Cette fois, tout contentement l'a déserté et, furieux, Malefoy pointe la porte et commande :
— Sortez !
*
— NarcissaaAAAAAa, hurle Violet en déboulant dans leur dortoir. NarcissAaaaaa, répète-t-elle en sautant sur son lit. NarcisssaAaaaa, hurle-t-elle comme une possédée en se redressant pour sauter sur la literie voisine, les cheveux ébouriffés.
Cornelia sort brusquement de la salle d'eau, alarmée par les cris.
— Laugh-gh...
— Enfin quoi ? s'agace Cornelia dégoulinante d'eau sans son peignoir. De légers frissons lui parcourent l'épiderme, face à la température moins clémente de la chambre.
Violet reprend son souffle, sans cesser de produire un bruit de fond de gorge, à mi-chemin entre le gloussement et le rire.
— Laughald est venu me parler ! Moi, moi, moi ! Répète-t-elle encore en sautant dans tous les sens. Il voulait savoir si Narcissa allait bien, s'il ne lui avait pas causé du tort...
Cette fois, Violet glousse distinctement.
— Je l'ai rassuré et j'ai proposé un rendez-vous.
Rassérénée par cette confession, la rousse s'effondre sur son lit, étendue dans ses oreillers, les yeux rivés sur le plafond, rouge comme un homard.
— Il a dit OUI, OUI, OUI, OUI, OUI, hurle-t-elle encore en battant des jambes, le visage illuminé par le triomphe. Merci, merci, merci, NarcissAAAAAAAa ! Merci ! Il a dit oui ! A moi !
Narcissa et Cornelia échangent un regard narquois.
— Oh non, se reprend Violet en se redressant, la mine soucieuse. Comment je dois m'habiller ? Je n'ai rien à me mettre ! Et on a rendez-vous demain, dans la serre n°2. Et s'il me trouve hideuse, regrette et finit par me détester ? Narcissa, montre-moi toutes tes robes pour échapper à ce cauchemar. Tout doit être parfait !
— Je l'avais bien dit, ricane Cornelia en disparaissant de nouveau dans la salle d'eau, Laughald ne sait pas encore quelle malédiction lui est tombée dessus.
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Félicitations, vous venez d'achever la lecture de 12 pages word d'un one-shot ("one-shot") de 54 pages.
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