IX.
Merci pour l'accueil que vous avez réservé à la précédente partie.
J'ai adoré lire vos réactions et hypothèses. Néanmoins, personne n'a deviné la suite !
Et pour cause... Bonne lecture !
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Narcissa ne le dit à personne.
Comment partager cette expérience sans pouvoir déterminer avec clarté ce qu'elle ressent ?
En public, l'hébétement se dispute avec la colère. Dès que Malefoy apparaît dans son champ de vision, Narcissa veut lui foncer dessus, le gifler, le griffer, lui arracher les yeux, lui crier de la regarder, de lui parler, de la prendre en considération. Le forcer à lui témoigner de la gentillesse, de l'égard, de l'attention. Narcissa veut des cadeaux, des sorties à Pré-au-Lard, une relation.
La bienséance la retient. Son éducation lui a enseigné le respect des souhaits d'un gentilhomme et Malefoy ne fait que suivre les règles édictées pour protéger son intégrité.
Narcissa ne fait que le dévisager, hébétée.
Dans l'intimité, elle rêve souvent de leur nuit de noces. Quelquefois, un serpent, lent, suave, rampe dans son ventre pour la paralyser. D'autres fois, Malefoy crève le ciel avant de descendre en piqué, et de l'envelopper de toute l'envergure de ses ailes.
Chaque fois, le plaisir inouï de ces étreintes la réveille.
Brûlante, en larmes.
Parce que Narcissa sait bien qu'autant qu'elle le veuille, autant qu'elle le craigne, jamais Malefoy ne se comportera ainsi.
*
Son premier rendez-vous avec Laughald devient le secret le mieux gardé de Violet. D'habitude si volubile, leur camarade de dortoir se révèle énigmatique, concédant tout juste après l'insistance de Kimberly que le Quidditch ne constitue pas un enjeu majeur de leurs discussions.
Tout le monde en déduit que le couple passe son temps à se bécoter.
*
— Il nous faut quelqu'un pour Cornelia.
— Quelqu'un ? répète l'intéressée en offrant son visage au soleil.
— Un petit-ami, illustre Violet, les yeux rivés sur les étudiants en contrebas, près du lac, le père de Kimberly lui a déjà dégoté un fiancé... Quant à Narcissa... Eh bien, une partie de l'école en est à moitié amoureux.
La jeune Serpentard somnole en cette douce après-midi et cette remarque l'extirpe de son état léthargique.
— Qu'est-ce que tu racontes...
Narcissa le saurait, tout de même, si des sorciers l'appréciaient de cette manière.
— Choisis l'heureux élu, élude Violet en encerclant le parc d'un mouvement profond, il te mangera dans la main.
— Je ne te savais pas si sensible au sort de ton prochain, ironise Cornelia.
Ses nattes et la paire de solaire sur son nez lui donnent un air plus décontracté qu'à l'ordinaire dans ce doux après-midi de printemps.
— D'où te vient tout cet altruisme ? Laughald parvient à mettre un peu de plomb dans cette cervelle de moineau ?
— C'est une bonne idée, temporise Kimberly. Te trouver un petit-ami...
— Tu manques de confiance en toi, analyse Violet, ce qui provoque un ricanement chez Cornelia, mais je t'assure que tu es mignonne. Certains hommes adorent les maigrichonnes...
— Laisse-la tranquille.
— Non, laisse-moi finir, Cissy, insiste la rousse, j'ai déjà entendu Avery et Lestrange parler de son c-
Sans un mot, Cornelia se lève et dégringole la colline en direction du château.
— Ton problème, c'est que tu ne sais jamais quand la fermer, tranche Narcissa, un peu froide.
*
— Rien de surprenant, défend sa soeur lorsque Narcissa lui rapporte les commentaires de Violet. Tu es une très belle jeune fille. Et une Black.
— Et alors ?
Andromeda explore sa malle à tissus, à la recherche d'un châle.
— Et alors, tu appartiens à une famille prestigieuse qui suscite les convoitises.
Ce qui expliquerait l'engouement d'une partie de la population estudiantine, sans cette idée de prétendants amoureux. . A la pensée que des hommes pensent de cette manière à sa personne... Le dégoût et le malaise suscités par cette remarque près du lac s'estompent peu à peu.
— Qu'est-ce que tu cherches ? demande Narcissa, alors que sa collection d'écharpes et foulards commence à s'amonceler sur son lit.
— Le châle bleu nuit... Qui fait des merveilles avec ma robe de bal...
— Laisse-moi regarder.
— On m'a demandé trois fois en mariage jusqu'ici, reprend Andromeda pendant que Narcissa se penche sur sa valise, dont deux rien que l'été dernier. Quelle affaire...
— Vraiment ? s'étonne Narcissa sans lever la tête.
— Oui, heureusement, j'ai réussi à tenir tête à Mère. Ah, le voilà ! Donne-le-moi. Tu devrais en faire de même.
— Avec le châle ? répète la plus jeune, les cils battants en se redressant.
— Mais non, sourit Dromeda, tenir tête.
*
Puis, brusquement, Violet ne veut plus entendre parler de Laughald.
— Plus un mot à ce sujet ! menace la rousse.
*
Le dernier vendredi du mois d'avril, Narcissa attend le top départ de la soirée des Serpentard pour partir se réfugier à la bibliothèque.
A cette heure, ne pas participer à la fête, en plein milieu de la salle commune, ressemble à une bénédiction. Ne pas se ridiculiser une nouvelle fois ou, pire, croiser Malefoy est son tout dernier projet. Narcissa se concentre dorénavant sur ses études et relations amicales. Cette histoire de mariage attendra l'été, lorsqu'il sera l'heure de recevoir les attentions courtoises de son fiancé. Ses rêves finiront par entendre raison.
En plus, son essai sur la troisième loi de Golpalott lui donne du fil à retordre. Slughorn a tendance à surestimer le niveau dans sa classe et ce devoir est proprement délirant. Même Kimberly, la plus brillante des Serpentard, a mis trois semaines à en venir à bout ! Comment Narcissa peut obtenir une bonne note, sans le Mur ?
Par chance, à cette heure tardive, les rayonnages sont quasi déserts. Après trois allées, deux livres et une plume neuve, Narcissa s'attelle à la tâche.
La-troisième-loi-de-Golpalott-établit-que-l'antidote-d'un-poison-composé-doit-être-égal-à-plus-que-la-somme-des-antidotes-de-chacun-de-ses-composants, lui indique poliment un manuel.
Quel enfer. Déjà que le cours de potions est un supplice en soi, il faut maintenant ajouter des calculs et Malefoy dans l'équation.
Sa plume commence à gratter le papier.
Lorsque sa nuque commence à se raidir, un bruissement lui fait relever la tête de ses notes chaotiques.
Laughald a tiré la chaise d'en face.
— Narcissa, écoute...
— Non, rejette-t-elle en bloc avant de baisser les yeux sur son devoir.
Il a dû la suivre.
Impossible que le capitaine de l'équipe de Quidditch se promène fortuitement dans la bibliothèque un vendredi soir.
Violet va être furieuse.
— Je t'en prie, chuchote-t-il.
— Non, répète Narcissa de sa voix la plus froide. Laisse-moi.
— Tu ne comprends pas, je-
Irritée au-delà de toute mesure par cette interruption, elle enroule son parchemin et range sa plume, le visage fermé.
— Violet ne veut plus me parler, ni me voir, murmure Laughald. Est-ce que tu pourrais lui passer un messa- Mais écoute-moi !
Il hausse le ton sur les derniers mots.
— Je ne suis pas la bonne personne pour cette affaire, commence Narcissa qui se lève, la sangle de son sac sur l'épaule.
Un cri de douleur et stupeur mêlées lui coupe la parole. Elle a contourné la table pour partir, mais Laughald lui tord le poignet pour la retenir.
— Un problème ?
Ce timbre traînant, reconnaissable entre mille...
Les yeux étrécis par la suspicion, Malefoy les guette. Son regard gris fait régulièrement la navette entre la main de Laughald sur son poignet et l'expression interdite de sa future promise.
— Non, répète pour la énième fois Narcissa en tirant son bras.
Laughald la libère sans résister.
Les livres pressés contre sa poitrine, elle s'éloigne en hâtant le pas.
*
Dans la nuit, l'angoisse brute sur le visage de Laughald taraude Narcissa.
Peut-être pourrait-elle en toucher un mot à Violet ? Sans lui révéler que son ex petit-ami est venu l'accoster dans la bibliothèque... Mais juste s'informer poliment des raisons de leur soudaine rupture ?
Par amitié.
*
— Alors, tente-t-elle prudemment au petit-déjeuner, Laughald, mmmh ?
Les cheveux tirés par sa queue-de-cheval, Cornelia stoppe tout acte de torture sur le contenu de son assiette et se redresse légèrement, les yeux vifs.
— Oui, Violet, susurre-t-elle, tu n'as jamais raconté quoi que ce soit...
— Parce qu'il n'y a rien à en dire, répond l'intéressée en versant plusieurs cuillères de sucre sur son pamplemousse.
— Allez, tu nous as bien décrit tous les détails de tes explorations avec Avery, jusqu'à l'apparence de sa b-
— Ce que veut dire Cornelia, coupe Narcissa, c'est que tu as réussi à supporter Avery.
— Ce n'est pas pareil, grince Violet en plantant sa cuillère comme un poignard.
Le pamplemousse se noie dans son jus.
— Tu ne me feras pas avaler que Laughald est plus pervers qu'Avery, rétorque Cornelia.
Silence.
— C'est un joueur de Quidditch, continue la brune, comme partagée entre le rejet et l'intérêt. Un cinquième année, à moitié c-
— Tu es atroce ! crie Violet. Très bien, puisque tu veux tout savoir ! A notre premier rendez-vous, il ne m'a même pas embrassée (Elle vibre, les joues rosies par l'indignation) Il voulait parler... De moi, mes intérêts, ma famille... Sans arrêt, parler, parler, parler. Comment se passe ma journée, ai-je besoin d'aide, que veux-tu faire à Pré-au-Lard et je supportais toute cette... cette folie sans rien dire ! Et quand, enfin, je réussis à l'embrasser, ce... ce scélérat veut... Merlin...
Violet reprend son souffle avant de bredouiller :
— Il tombe à genoux pour me... m'embrasser là.
— Il quoi ? s'exclame Cornelia.
— Exactement ! s'emporte la rousse. Et j'ai essayé d'être raisonnable, de lui expliquer que cela ne se faisait pas entre gens convenables, même mariés ! Et alors, il m'a demandé... Merlin, il a osé me demander ce qui me plaisait dans la chambre !
— Euh, répond avec éloquence Cornelia en échangeant un regard éberlué avec Narcissa.
— Déjà que je dois faire la conversation, décider de nos activités, je refuse de... de m'abaisser à ce niveau, comme une vulgaire... Merlin, qu'est-ce que je dirai à ma Mère ? Au moins, avec Avery, il suffisait de l'écouter lui et le laisser faire son affaire...
— Tu n'es pas forcée de tout raconter à ta mère, chuchote presque Cornelia.
— Tu ne comprends pas, affirme rageusement Violet en épongeant avec la manche de son uniforme les larmes qui menacent de couler. Je ne suis pas intelligente, drôle et intéressante comme vous, quand il me pose des questions, je ne sais jamais ce que je dois répondre, j'invente... Il- il, il m'embête, renifle-t-elle.
— Je pense que ce garçon t'apprécie beaucoup, tente avec prudence Narcissa, les doigts sur une brioche. Et qu'il cherche à te connaître et te faire plaisir, parce que tu es une sorcière intelligente, drôle et intéressante. (Pause) Peut-être que ce n'est pas... convenable (le mot est soigneusement choisi) mais qui peut savoir ce qui se passe entre vous, si tu n'en parles pas ?
— Tu crois ?
— Mais oui, surenchérit Cornelia. Et si tu ne sais pas ce qui te plait dans la chambre, tu peux toujours le découvrir par tes propres moyens, sourit-elle en mimant un geste éloquent avec deux doigts.
— Tu es dégoûtante, frémit Violet en laissant tomber sa cuillère meurtrière. Bon, peut-être que j'irai lui parler...
— A la bonne heure ! rugit la brune. Qui veut parier sur le retard de Kimberly ?
*
Après le petit-déjeuner, la journée se poursuit sur un ton plus morose. Cornelia a perdu sa bonne humeur et Kimberly, la tête dans les nuages, est plus discrète que d'habitude.
Potions, arithmancie, déjeuner, métamorphoses.
A la sortie de son cours de soin aux créatures magiques, Severus Rogue l'attend près de l'enclos.
Un mauvais pressentiment fait peser un poids dans son estomac et une voix glaciale s'élève, derrière son dos :
— Je pensais avoir été clair sur l'interdiction d'implications sentimentales.
Rogue s'éloigne, le piège refermé.
Comment respecter son plan d'évitement si son dulciné ne consent aucun effort ?
— J'ignorais, dit Narcissa en se retournant, que nous étions impliqués sentimentalement.
Le visage inexpressif, Malefoy répond, sans réagir à sa provocation :
— Ne jouez pas les idiotes. Cette chose intolérable avec Laughald, c'est fini. Maintenant.
La cape de son uniforme claque avec le vent.
Sans un regard, le Préfet prend la direction du château.
*
Le stade explose lorsque l'arbitre siffle la fin de match. Yaxley a attrapé le vif d'or.
— On a gagné ! On a gagné ! scande Kimberly, les joues peintes d'émeraude et d'argent.
Fan inconditionnelle de Quidditch, cette dernière a réussi, pour une fois, à convaincre ses amies d'assister à la demi-finale entre Serpentard et Serdaigle. De l'avis de Narcissa, le nouvel intérêt de Violet pour le Quidditch a joué un rôle non négligeable dans ce revirement. Cette dernière se hisse sur la pointe des pieds pour tenter d'apercevoir Laughald dans la foule compacte du terrain.
— Où est-il ?
— Là, indique Cornelia.
Avec sa taille et son envergure, Laughald est facile à repérer. Des élèves revivent les moments forts du match en hurlant les actions décisives, les plus enhardis pressent l'épaule du capitaine un bref instant avant d'être repoussé par la marée humaine. Laughald répond à toutes les sollicitations, avec patience et politesse, mais tout son corps rompu par la fatigue est déterminé à rejoindre les vestiaires.
Au bout d'un moment, lorsque l'euphorie de la victoire entame sa phase descendante, le capitaine et ses coéquipiers parviennent à échapper à la foule.
Néanmoins, quand l'équipe passe près des gradins, Laughald, victorieux, fier et sale de transpiration, prend une pause et, comme si Narcissa avait mis à exécution un plan tortueux et diabolique pour leur réconciliation, décoche un calme :
— Merci, Narcissa.
Avant d'adresser un sourire secret à Violet dont le visage, pour la première fois dans l'histoire de Poudlard, rosit de gêne.
Plus loin, Malefoy est lugubre.
*
Le dimanche, Narcissa ne s'aventure pas à l'extérieur et, lundi, tous les septièmes années quittent Poudlard pour la semaine de découverte.
*
— Ne regardez pas ! prévient Cornelia en se contorsionnant dans tous les sens entre la porte de son armoire et les rideaux tirés de son lit pour mettre son pyjama.
— Personne ne regarde, marmonne Narcissa, le nez plongé dans le dernier numéro de Cœur Sorcière enchanté pour ressembler à un fascicule de potions.
— Ne regardez pas ! répète Cornelia lorsque Violet entre dans leur dortoir.
— Quel cirque, tous les soirs, soupire Violet en précipitant sur son lit sans plus de cérémonie.
Le mouvement surprend Narcissa qui lève les yeux de l'histoire de Merlin et la fée Viviane dont il est éperdument amoureux.
Depuis dimanche, la rousse est d'une humeur massacrante. Cette semaine de découvre — une tradition répugnante où les étudiants se lancent à la quête de leur vocation dans des forums médiocres organisés par les grandes écoles, notoirement connus comme prétexte à l'alcool et la débauche — lui ronge les sangs. Par rapport à Laughald. Ce dernier participe à la semaine de découverte du Ministère de la Magie et la rumeur chante que l'an dernier, la fête a été si magique que tous les participants ont intégré la formation du ministère.
Cornelia doit suivre le même raisonnement, car, d'un coup de baguette magique, elle tente un :
— Accio !
Pour arracher à Violet tous ses secrets.
A sa grande surprise, une lettre traverse la chambre jusqu'à sa main tendue. Tiens donc...
— Rends-la-moi ! crie Violet, pétrifiée par les implications.
— Tu connais les règles, ricane la brune. Quiconque se fait piéger par un Accio...
— Peut-être que cette fois... essaie Kimberly en sortant de la salle d'eau, infléchie par la mine épouvantée de Violet.
— Non, coupe Narcissa qui repose son magazine, déjà que nous n'avons plus le Mur, toutes les règles ne peuvent disparaître. Ce serait... comme Gryffondor !
— Merci, Narcissa, applaudit Cornelia, perchée théâtralement sur une malle, comme une actrice d'opéra. Alors, qu'avons-nous là... Une lettre... (sa voix se suspend un instant, le temps de retourner l'enveloppe et déchiffrer le nom de l'expéditeur) de Laughald !
— Arrête, gémit Violet, la tête enfouie dans son oreiller pour échapper à la scène.
— Continue, commande sèchement Narcissa, la règle...
Une froideur à l'opposé de la curiosité malsaine qui lui brûle l'estomac.
Comment un sorcier s'adresse-t-il à sa petite-amie dans l'intimité ?
Kimberly, elle, se rapproche et pose une main hésitante sur l'épaule de Violet.
— Il n'est parti que pour une semaine, que peut-il bien te raconter ? s'interroge Cornelia en brisant le cachet de cire.
Un feuillet assez épais lui tombe dans les mains.
— Chère Violet, lit-elle à haute voix, grandiloquente.
La destinataire lève la tête pour ne rien rater, Kimberly a les yeux rivés sur Cornelia.
— La réunion d'information de lundi matin... Blablabla... Deux pages ennuyeuses sur ses deux premiers jours de semaine de découverte ! Merlin, comment peux-tu supporter toute cette parlotte, lance-t-elle à l'adresse de Violet en balançant en l'air plusieurs pages.
— On s'y habitue, c'est agréable à la longue, hésite Violet, clairement attirée par l'idée de récupérer les feuilles volantes.
Son futur époux lui raconterait-il ses journées ? Peu probable. L'héritier Malefoy ne la consulte déjà pas sur les sujets importants, comme l'éventualité d'un mariage,il ne dirait rien d'aussi trivial.
— Mouais, congédie Cornelia en reprenant sa lecture, la soirée organisée jeudi soir... blabla ...
— Quelle soirée ? l'interrompt Violet, les sourcils froncés.
— Peu importe, condamne la brune. Quatrième page, encore des sornettes sur son avenir... La formation de coopération magique, blabla. Ah, enfin ! Si tu me permets, Violet, j'aimerai partager ici ce que je n'ose exprimer de vive voix...
Clouée sur place par l'intérêt et une peur sourde, Narcissa focalise son attention sur Violet pour vivre l'effet de ses mots.
— Cette promenade à Pré-au-Lard suivie de cette excursion à la volière font partie des plus (un gloussement railleur interrompt sa lecture) beaux moments de mon existence... Qui aurait pu imaginer que Laughald soit si niais ? Je n'arrive même pas à lire la suite sans hurler de rire !
Rouge, étourdie, stupéfaite... Les émotions défilent à toute vitesse derrière les lunettes rondes...
— Si tu m'y autorises, j'aimerai t'offrir ma douceur et ma compréhension... Si tu me le permets, je...
— Cela suffit, craque Narcissa.
Les sentiments, les mots d'un autre, toute cette situation lui fait mal.
— Récupère cette maudite lettre, casse Narcissa en l'arrachant des mains de Cornelia pour la jeter sur Violet.
Elle récupère son numéro de Cœur Sorcière et noie toutes ses pensées bouleversantes dans l'histoire tragique de Merlin et sa Viviane.
Mais, même derrière les rideaux tirés de son lit à baldaquin, Narcissa entend Violet interroger Cornelia et Kimberly. Vous pensez que cela veut dire qu'il m'aime bien ? Mais bien, comment ? Vous êtes sûres ? Mais si-
Et toute cette situation lui mine le moral, qui lui offrira sa douceur et sa compréhension ?
*
Laughald envoie deux hiboux avant son retour.
*
— Un mot, dit Malefoy en refermant la porte derrière lui.
— Cette discussion, cet endroit, ce n'est pas approprié, s'agace Narcissa, occupée à ajuster la dernière création de Mrs Guipure sous son uniforme scolaire.
— J'ai jugé l'entorse aux règles pertinente, considérant la situation avec Laug-
— Je vous arrête, tranche-t-elle sans daigner lever les yeux, sa robe claudine lui presse la poitrine comme un corset, ce qui l'étouffe à moitié, c'est le petit-ami de Violet et toute allusion à une relation entre lui et moi est offensante.
— Vous n'avez pas fait preuve de cette loyauté avec Avery.
— Rien ne s'est passé avec lui ! explose Narcissa.
La moitié de sa maison prend peut-être pour acquis le fait que les mots sur le Mur lui étaient destinés, mais que Malefoy, en tous, lui renvoie en plein visage !
La colère, l'indignation pulsent en sourdine. Le poison se diffuse dans ses veines, son coeur. Elle se détourne du miroir pour lui planter son mépris dans les yeux.
Un instant, voir Malefoy dans son dortoir, à quelques pas de son lit, si grand, si élégant, superbe dans son uniforme scolaire, lui envoie des papillons dans le ventre, amène à sa conscience de zones jusqu'alors inconnues, comprimant d'autant plus sa poitrine, mais la colère submerge tout, vague dévastatrice.
— Et vous le sauriez si vous aviez pris la peine de me poser la question, de m'offrir un peu de compréhension. Et il ne s'est rien passé avec Laughald non plus. Il voulait simplement mon aide pour convaincre Violet de s'adonner aux plaisirs du cunnilingus. Vous connaissez ?
Narcissa a fait des recherches, histoire d'assouvir sa curiosité et ces recherches envahissent ses rêves. Le serpent ne se contente plus de ramper dans son ventre, la nuit, sa langue fourchue glisse entre ses jambes pour la mordre ici.
— Non, mais-
— Peut-être que la fellation vous est plus familière, tous les sorciers connaissent cette pratique; ricane-t-elle, avec dédain. Une femme pour le plaisir de ces Messieurs... Disons que, dans le cunnilingus, c'est l'homme qui s'agenouille.
— Vous n'auriez pas osé, se révolte Malefoy, blême comme un linge. Dites-moi que vous n'avez pas- Ne m'obligez pas à vous imposer-
— Si, j'ai convaincu Violet de pratiquer cette activité. Et je suis ravie que vous évoquiez les règles de bienséance, jubile froidement Narcissa, puisqu'avant cet été, nous ne sommes pas fiancés. Donc vous ne m'imposerez rien, vous n'avez aucun droit sur moi, ma conduite ou mes fréquentations. Veuillez sortir du dortoir des filles de sixième année, votre présence est parfaitement inconvenante.
Le souffle court, elle se détourne pour desserrer sa camisole.
Avant toute cet épisode avec Laughald et ses lettres, Narcissa avait réussi à se persuader que les traditions aboliraient les frontières entre Malefoy, qu'à terme, à force de patience, de respect, après la Cour, le mariage, leurs vœux et la nuit de noces, leurs rapports finiraient par s'adoucir, que, peut-être, il l'aimerait, au moins un peu, mais toute cette peine, lorsque les mots douceur et compréhension ont été gloussés par Cornelia, Narcissa sait qu'elle ne le supportera pas. Pas à long terme. Et, dans l'attente d'un meilleur plan qui ne consiste pas à laisser Malefoy la maltraiter jusqu'à reddition, Narcissa prend plaisir à reprendre le contrôle.
Malefoy serre les poings, les yeux plissés en deux fentes meurtrières.
*
— Cachottière, accuse Violet un matin en lui mettant la Gazette du Sorcier sous le nez, à la section mariage.
« ABRAXAS MALEFOY
et
CYGNUS BLACK III
ont l'honneur de vous annoncer
les fiançailles de leurs enfants. »
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Si cette partie a mis si longtemps à être publiée, c'est parce que j'ai hésité sur le découpage. Je souhaitais initialement que ce chapitre s'achève sur l'officialisation avec les fiançailles publiques, mais cela faisait vraiment un gros morceaux donc j'ai pensé à couper avant, et, puis... Non, vous lirez tout, bwahaha.
Ceux qui ont l'habitude de me lire savent qu'à un moment de mes histoires, je demande toujours aux lecteurs de me soumettre des petites idées (comme un mot à placer, un nom à utiliser, une intrigue très très secondaire à intégrer) que j'insère dans l'histoire en clin d'oeil pour vous. Ce moment est arrivé. Si vous souhaitez que Lucius appelle Narcissa "ma petite colombe" ou qu'un chat fasse son apparition, c'est le moment de commenter ce paragraphe.
Vous me posez souvent la question, voici enfin la réponse : après celle-ci, l'histoire comprend encore trois parties, soit un total de douze parties.
Enfin, je ne sais pas encore ce que j'écrirai après. Un temps, j'ai réfléchi à rédiger les sept années de mariage de Narcissa et Malefoy avant la naissance de Drago, mais je ne pense pas avoir assez de points intéressants à développer. J'hésite entre une fanfiction et une fiction originale, j'aime écrire des personnages féminins (comme vous le voyez), mais j'ai envie de tenter un boy's love. Et la romance entre ADULTES. I DON'T KNOW. Je réfléchis, je vous informerai à la fin de ce one-shot (ne gloussez pas).
A très vite !
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