Chapitre 1 : Nymphéa
Un frisson me parcourt l'échine tandis que je regarde autour de moi, à la recherche du moindre indice qui pourrait me confirmer que nous sommes bel et bien à Nymphéa. Mais rien à changer, les dalles humides de l'escalier sont les mêmes plus bas que juste au-dessus.
— Qu'est-ce qu'on fait ? demande Néra, visiblement peu rassurée.
— Si on est vraiment descendus jusqu'à Nymphéa, je propose qu'on remonte, affirme Livia qui, malgré sa tentative pour calmer sa voix, n'en mène pas large non plus.
Sans attendre la confirmation d'Aaron, elle fait demi-tour et tente de poser le pied sur la première marche de l'escalier pour remonter. À sa grande surprise, elle ne peut pas avancer. Elle pousse sur sa jambe, mais quelque chose d'invisible semble la retenir. Livia pose ses mains devant elle, les doigts s'étalant contre une barrière invisible, comme si elle était bloquée par de l'air solidifié.
— Je... je ne peux pas remonter, dit-elle, la panique montant dans sa voix.
Elle se retourne vers nous, les yeux écarquillés de stupeur et de peur.
— Je ne peux plus remonter, répète-t-elle, comme pour se convaincre de la réalité de la situation.
Néra blêmit et Aaron se tend, les poings serrés.
— Ça doit être une sorte de barrière magique, murmure Aaron, essayant de garder son calme. On est vraiment à Nymphéa.
— On est piégés ici ? Demande Néra, sa voix trahissant sa terreur.
Je sens la tension monter parmi nous. La perspective de rester coincés dans ces profondeurs n'a rien de rassurant. Il nous faut trouver une solution, et vite. Je scrute à nouveau les alentours, cherchant un indice, une sortie, ou n'importe quoi. Mais seuls les murs de pierre suintent d'humidité, et le silence est seulement brisé par notre respiration nerveuse.
— Je vais tenter un sort pour supprimer la barrière, dit Aaron. Il se rapproche des dernières marches de l'escalier, et pose ses mains devant lui, comme pour vérifier qu'il y a bien une barrière. Il sort de sa poche une des pierres avec lesquelles il a l'habitude de faire des tracés sur le sol. Avec son habituel geste vif du poignet, il trace un cercle de transmutation sur le sol, avant de l'activer quelques secondes après. Une lueur rougeâtre émane des tracés. Aaron fronce les sourcils, concentré et prononce des phrases aux accents rugueux.
Au bout de quelques secondes, il arrête et se relève. Il avance la main devant lui, et je retiens mon souffle, priant pour que l'alchimie ait fonctionné. Mais la main du chef d'escouade rencontre à nouveau cette même barrière invisible. Il se retourne vers nous et secoue négativement la tête.
— Ça n'a pas fonctionné, nous confirme-t-il.
Néra blêmit.
— Qu'est-ce qu'on fait alors ? Demande Livia, tout aussi pâle que son amie.
— Nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à descendre, déclare Aaron en scrutant chacun d'entre nous. Nous devons trouver une autre sortie.
Livia, visiblement tendue, le regarde avec inquiétude.
— Mais si nous sommes vraiment à Nymphéa, objecte-t-elle, il n'y aura pas d'autre sortie. Et dès que les reines auront vent de notre existence, elles nous feront exécuter.
Son affirmation me frappe de stupeur. Je n'aurais jamais imaginé que les reines puissent être capables d'une telle cruauté. Mon regard passe de Livia à Aaron, puis à Néra et Jason, cherchant une réponse dans leurs expressions. Mais il n'y a que le silence pesant qui plane dans l'escalier obscur.
— Je ne pensais pas qu'elles seraient capables de ça, murmuré-je, plus pour moi-même que pour les autres.
— Peut-être qu'il y a une autre solution, suggère Néra d'une voix tremblante. Peut-être qu'on pourrait trouver un moyen de les convaincre de nous laisser partir.
— Et comment comptes-tu faire ça ? Rétorque Livia, la voix empreinte de scepticisme. Les reines ne se soucient pas des intrus, elles veulent seulement préserver leur royaume.
— Mais que pouvons-nous faire d'autre ? Je demande, cherchant à apaiser les craintes qui nous assaillent.
— Nous sommes sûrement en train de paniquer pour rien, suggère Néra, les mains tremblantes. Peut-être que nous avons simplement eu une fausse sensation, et que nous ne sommes pas vraiment à Nymphéa.
— C'est possible, admet Aaron, mais si nous continuons à descendre et que nous découvrons que nous sommes bel et bien à Nymphéa, nous serons déjà trop loin pour faire demi-tour.
— Et si nous tentions de nous cacher ? Propose soudain Jason, ses yeux scrutant chacun de nous.
— De toute façon, nous ne pouvons pas remonter, affirme Aaron d'un ton catégorique, nous n'avons pas d'autres choix. Nous nous débrouillerons, je trouverais un sort d'invisibilité ou quelque chose. Sans nous laisser l'occasion de riposter, il fait apparaître une flamme dans le creux de sa main et commence à descendre les escaliers.
Jason, Néra, Livia et moi sommes maintenant éclairés uniquement par la flamme que tient Livia. J'hésite quelques secondes avant d'emboîter le pas au chef d'escouade. Il a raison : nous n'avons pas d'autres options.
Quelques secondes après, j'entends les bruits de pas des autres derrière nous. Je fixe mon regard sur le dos d'Aaron. La lueur de la flamme dessine sa silhouette athlétique, mettant en relief les contours de ses épaules solides. Les reflets roux de ses cheveux dansent au grès de ses pas. Pendant un instant, je me perds dans mes pensées en fixant ses boucles rousses.
Un silence pesant règne parmi nous, seulement rompu par le bruit de nos bottes sur les dalles, chacun est absorbé par ses pensées et ses inquiétudes. Je ne peux m'empêcher de me demander ce qui nous attend au bas de cet escalier.
La lueur de la flamme que tient Aaron ne nous permet pas de voir très loin, et nous ignorons quand l'escalier termine.
Au bout de quelques minutes, Aaron commence à ralentir devant moi, et je manque de me heurter à lui.
Intriguée, je regarde par-dessus son épaule. Nous sommes arrivés en bas des escaliers, et nous nous trouvons dans une pièce rectangulaire, dont les parois sont faites de la même pierre sombre et humide que les marches. Il nous est impossible de voir ce qu'il se trouve au fond de la pièce, le feu d'Aaron n'éclairant le chemin que sur quelques mètres.
Aaron déplace sa main de gauche à droite, pour voir si quelque chose ne se cacherait pas dans les recoins de la pièce. Mais il n'y a strictement rien.
— Il y a quelque chose plus loin ? Demande Jason.
— Je ne sais pas, avoue Aaron. Je pense qu'il va falloir continuer, ajoute-t-il. En disant cela, il pose un pied sur le sol et commence à avancer. Je reste figée un instant. J'ai un mauvais pressentiment. Je finis par lui emboîter le pas, en jetant des coups d'œil de tous les côtés.
Nous progressons depuis plus longtemps que je n'aurais cru, l'endroit où nous nous trouvons ressemble plus à un corridor qu'une pièce. Seul le bruit de nos pas rompt le silence pesant. Mon estomac se noue ; je scrute chaque recoin visible du couloir, m'attendant à voir surgir quelqu'un ou quelque chose à tout moment.
Soudain, Aaron s'arrête. Étant trop occupée à regarder autour de moi, je me heurte à lui.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demande Néra.
— Chut ! grogne Aaron en levant la main d'un geste autoritaire.
L'angoisse me serre l'estomac.
— Qu'est-ce qu'il y a ? répète Néra en chuchotant.
— Écoutez ! répond Aaron.
Intriguée, je tends l'oreille, espérant pouvoir entendre ce qui a interpellé le lampade. Au début, je n'entends rien et me demande si le chef d'escouade n'a pas perdu l'esprit. Puis, au bout d'un moment, je finis par entendre ce qui l'a stoppé : un grondement sourd et régulier, comme un soupir rauque ou un ronflement. Je me tourne vers les autres pour voir s'ils entendent la même chose ; ils me rendent un regard inquiet.
— Qu'est-ce que c'est à votre avis ? murmure Néra, blême.
— Aucune idée, lui avoue Aaron. Malgré le grondement, il commence à avancer prudemment.
— Qu'est-ce que tu fais ? Lui demande Livia, paniquée.
— Tu veux faire quoi d'autre, rester plantée ici pour toujours ? lui rétorque le chef d'escouade. Il n'a pas tort. Je lui emboîte le pas, la peur commençant à se frayer un chemin dans le creux de mon estomac.
Nous avançons lentement, tendus comme des arcs, nos oreilles attentives à chaque son, chaque murmure de l'obscurité. Au fur et à mesure que nous progressons, le grondement devient de plus en plus distinct. Livia et Jason dégainent leurs épées en premier, suivis par Aaron et enfin moi. Nos lames scintillent faiblement à la lumière des flammes d'Aaron.
Chaque pas nous rapproche de la source de ce bruit inquiétant. Nos respirations se synchronisent, silencieuses, presque imperceptibles, tandis que le grondement sourd continue de résonner.
Après ce qui semble être une éternité, nous débouchons dans une immense salle circulaire. Les murs disparaissent dans l'obscurité, et le plafond est si haut qu'il se perd dans les ténèbres. Nous nous arrêtons, nos yeux s'ajustant à la pénombre, cherchant l'origine de ce grondement incessant.
Là, au fond de la salle, une gigantesque masse sombre se soulève et s'affaisse de façon régulière. Le grondement provient de cette créature colossale. Qu'est-ce que c'est que ça ? Nous restons figés, hypnotisés par le mouvement lent et régulier de cette chose immense.
Néra émet un petit cri de stupeur avant de se couvrir la bouche, ses yeux grands ouverts d'effroi. Le bruit du grondement s'arrête soudainement, plongeant la salle dans un silence écrasant. Nous retenons tous notre souffle, nos cœurs battant à tout rompre. Le cri de Néra a réveillé la créature.
nda :
Et voilà pour le premier chapitre du tome 2 ! J'espère qu'il vous a plu ♥ Le rythme de publication de ce tome sera surement plus irrégulier que le premier, j'essaie d'écrire deux histoires en même temps et ce n'est pas une mince affaire haha
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