Chapitre 20 : Bibliothèque

- Moi ? je balbutie.

- Oui, vous. Confirme-t-il. J'ignore ce que vous êtes mon enfant, mais cette pierre renferme de grands pouvoirs, et c'est vous qu'elle a choisis.

- Mais... je bafouille

- Cette pierre est dotée d'une grande sagesse, rien que le fait de la tenir dans mes mains me rend plus sage encore, je le sens; si c'est vous qu'elle a choisis, vous finirez par découvrir pourquoi, ajoute-t-il en me tendant la pierre.

Précautionneusement, je la prends, redoutant qu'elle réagisse comme la première fois, mais cette fois-ci, elle émet une faible lueur. Je la sens frémir dans ma paume. Le Grand Sage observe la réaction de la pierre d'un œil intrigué.

- Nous avons une immense bibliothèque au palais, il y a tout un étalage dédié aux pierres, on dit que cette bibliothèque renferme tous les savoirs, vous y trouverez peut-être un ouvrage qui pourra vous en dire plus sur cette gemme, propose le centaure. Une bibliothèque qui renfermerait tous les savoirs ? Peut-être qu'un livre parlera de pouvoir de glace.

- Et où puis-je la trouver ? je lui demande, intriguée.

- Elle se situe dans l'aile ouest du palais, Mélusine pourra vous y conduire si vous lui demandez, en attendant, je vous conseille de rentrer vous reposer dans vos appartements, un repas vous sera livré. Nous dit-il.

- C'est très aimable à vous, lui répond Aaron.

- Encore merci d'avoir résolu ce problème, vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le souhaitez, ajoute le Grand Sage

- Je pense en effet que nous allons devoir prolonger notre séjour ici. Nous nous retournons tous vers Aaron, surpris. Je me suis blessé au bras, je suis incapable de nous renvoyez d'où nous venons, explique-t-il, tant pour le centaure que pour nous.

C'est vrai que plus Aaron utilisait l'alchimie plus sa blessure grandissait, et c'était pour des petits cercles de transmutation. Je n'ose imaginer ce qui se passerait s'il devait en créer un assez puissant pour nous ramener au camp.

- Je serai ravi de vous héberger quelques jours de plus, le rassure le Grand Sage. Je ne vous retiens pas plus longtemps, vous devez mourir d'envie de prendre une douche, ajoute-t-il. C'est vrai que l'eau salée me tiraille la peau, et l'idée d'une douche chaude et réconfortante est des plus alléchantes. Nous remercions le Grand Sage pour son hospitalité et nous nous dirigeons vers nos chambres pour nous rafraîchir et nous reposer après cette journée éprouvante.

***

Je laisse l'eau brûlante de la douche dégouliner le long de mon corps fatigué. La sensation de chaleur apaisante est un réconfort bienvenu après la lutte intense contre les sirènes et notre marche à travers la forêt.

Pourtant, même dans cette oasis de tranquillité, mes pensées sont agitées. Je repense à la mystérieuse pierre que nous avons découverte dans la grotte, à ses motifs étranges et à la façon dont elle a réagi lorsque je l'ai tenue. Il y a quelque chose en elle, quelque chose que je ne comprends pas encore, mais qui m'attire inexplicablement.

Mes pensées se tournent également vers mes pouvoirs de glace. D'où viennent-ils ? Pourquoi m'ont-ils choisi ? Et comment puis-je les maîtriser ? J'ai l'impression de naviguer en eaux troubles, de flotter entre des questions sans réponses.

La vapeur de la douche enveloppe la salle de bains, créant un cocon d'intimité. Pourtant, malgré la chaleur apaisante de l'eau, je frissonne. Mon esprit est en ébullition, tourbillonnant entre la pierre mystérieuse et mes pouvoirs naissants.

Je ferme finalement le robinets, coupant court à mes pensées. Je sors de la douche et me sèche avec les serviettes laissées à disposition. Je m'habille avec le second uniforme que j'ai amené et sort de la salle de bain.

- C'est pas trop tôt ! s'exclame Livia en me voyant sortir. J'ai cru que tu 'étais noyée là-dedans, raille-t-elle avant de prendre ses affaires dans ses bras et de courir pour aller prendre une douche. Néra est allongée sur son immense lit et contemple le plafond incrusté de gemme.

- Tout va bien ? Je lui demande. Elle tourne légèrement la tête dans ma direction.

- Oui ça va, je m'inquiétais simplement de savoir comment on pourrait rentrer, me dit-il. Je la regarde septique.

- Ce ne serait pas plutôt à propos de Jason ? Je lui demande, taquine. Sa peau pâle rougie.

- Pas du tout, se défend-elle. Elle marque une pause. Enfin... Peut-être un peu...

- Qu'est-ce qui te tracasse ?

- Je n'en sais rien, je ne me suis jamais vue comme ça, quand il a été blessé c'est comme si je n'étais plus vraiment moi, je voulais vraiment faire du mal à cette sirène... m'avoue-t-elle en se redressant légèrement sur les coudes.

- Oui... je commence hésitante, mais d'un autre côté c'est aussi grâce à toi qu'on a pu les vaincre, je lui dis.

- Oui, d'accord, mais il n'y a pas que ça, Jason ne m'a jamais regardé comme je le regarde, m'avoue-t-elle, les yeux embués. Il n'en a toujours eu que pour Livia, ce qui l'intéresse chez les gens ce n'est pas la beauté, mais la force, et j'ai l'impression qu'il commence à s'intéresser à moi uniquement à cause de ce moment où je me suis laissée submergée par la colère... Néra a donc elle aussi remarqué que Jason la regardait différemment.

- Je comprends, je commence, Néra est dans une situation délicate et l'ignore comme réagir. Mais... Peut-être qu'il avait juste besoin de cet élément déclencheur pour se rendre compte que tu tenais à lui et que lui tenais à toi ? Je propose.

- Peut-être...

- Quoi qu'il en soit, prends ton temps, je lui conseille.

- Oui, tu as raison. Au fait ! ajoute-elle en se redressant complètement pour me faire face. J'ai entendu ce que t'as dit Aaron, il a été injuste, tu n'as pas du tout été un boulet lors de cette mission, au contraire, c'est ton idée de mur végétal qui nous a sauvés. Les paroles de Néra me ramène celles du chef d'escouade en tête. Jihanna, tu n'es qu'un poids mort ici ! Tu ne fais que nous retarder !

- Je ne sais pas pourquoi il me déteste, je lui avoue.

- Je ne pense pas qu'il te déteste, c'est juste que c'est la première mission sans notre ancien compagnon Achille, elle m'avoue cela la gorge nouée. Un silence pesant commence à s'installer.

- Que... Que lui est-il arrivé ? je lui demande.

- Ca fait maintenant trois mois qu'il s'est fait capturer par des créatures ténébreuses, Aaron se sent terriblement responsable; il était avec lui quand ça s'est produit. M'explique mon amie. C'est donc pour cela qu'il voulait que je me mette à l'abri.

- Je comprends mieux...

- Tu ne devrais pas juger Aaron trop vite, il n'a pas eu une vie facile, Livia et lui se sont enfuis de Nymphéa enfant. C'est lui qui l'a protégé, leur mère est morte sous ses yeux; c'est Livia qui me l'a dit; son frère l'avait empêché de regarder mais lui, ça l'a marqué à vie.

Cet aveu me retourne l'estomac, je comprends maintenant pourquoi Aaron est si froid, qu'il refuse de s'attacher aux gens. Je ressens le besoin de prendre l'air.

- Excuse-moi, je dis à Néra avant de sortir de la chambre.

Dans le couloir, je m'adosse à un mur et prends une profonde inspiration. Ca fait beaucoup trop d'informations dans la même journée. J'ai besoin de marcher un peu. Je commence à déambuler au hasard, explorant ses couloirs et ses pièces avec une curiosité croissante. Le palais est un véritable labyrinthe de splendeur et d'histoire.

Je passe devant un boudoir richement décoré, avec des meubles en bois finement sculptés et des tapisseries aux couleurs vives qui racontent des récits anciens. Les portraits de Muses et de centaures ornent les murs, donnant vie à l'histoire du lieu.

Ensuite, j'entre dans une grande salle à manger dont les murs sont recouverts de miroirs qui reflètent la lumière et l'espace, créant une atmosphère de grandeur. De grandes tables sont disposées le long de la pièce, prêtes à accueillir de nombreux convives. Je me demande à quelles célébrations ces lieux ont pu assister au fil des siècles.

Ma curiosité me pousse encore plus loin, et je finis par atteindre les cuisines du palais. Les portes s'ouvrent pour révéler une scène animée et parfumée. Des fées s'affairent à préparer un festin, coupant, assaisonnant et cuisinant avec grâce. Les odeurs alléchantes de plats exquis emplissent l'air, me faisant saliver malgré moi.

Alors que je me délecte de la bonne odeur qui règne, l'une des fées présentes me remarque. Elle abandonne brièvement sa tâche et s'éclipse rapidement pour informer une autre fée de ma présence.

C'est alors que je remarque que cette fée n'est nulle autre que Mélusine, la fée aux ailes irisées et aux cheveux couleur de lune, se dirige vers moi avec grâce.

La fée qui m'a repérée lui chuchote quelques mots à l'oreille, et Mélusine s'approche doucement de moi. Sa voix est douce quand elle me demande :

-Jihanna, tout va bien ? Que faites-vous ici ?

Je lui souris légèrement, cherchant à la rassurer.

- Oui, tout va bien, Mélusine. Je me promenais simplement pour vider un peu ma tête après la journée mouvementée que nous avons eue.

Mélusine incline la tête avec compréhension.

- Je comprends. Les promenades dans le palais peuvent être apaisantes. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me le dire. Vous êtes la bienvenue ici.

Je réfléchis un instant.

- En fait, je commence, j'aurais bien besoin que vous me rendiez un petit service, je lui avoue.

- Bien-sûr dites moi.

- Je cherche la Grande Bibliothèque, vous savez où elle se trouve ?

Mélusine sourit chaleureusement à ma requête.

- Bien sûr, suivez-moi, Jihanna. La Grande Bibliothèque n'est pas très éloignée d'ici. Je vais vous y conduire, même si je ne pourrai pas rester avec vous, car j'ai encore du travail à accomplir ici.

Je lui adresse un sourire reconnaissant.

- C'est très aimable à vous, Mélusine. Votre aide est précieuse.

La fée commence à voler gracieusement, et je la suis à travers les couloirs et les salles du palais. Les murs sont décorés de fresques magiques et de tableaux enchanteurs, et le palais déborde de cette atmosphère mystique propre aux lieux féeriques.

Au bout de quelques minutes, nous arrivons devant une grande porte en bois richement sculptée. Mélusine s'arrête devant elle et la pousse doucement pour me laisser passer.

- La voici, Jihanna, la Grande Bibliothèque, annonce-t-elle avec un sourire. J'espère que vous y trouverez ce que vous cherchez. Si vous avez besoin d'aide pour autre chose, n'hésitez pas à me faire signe.

Je la remercie chaleureusement et entre dans la pièce. La Grande Bibliothèque s'étend devant moi comme un labyrinthe de savoir et de mystère. Les étagères s'élèvent jusqu'au plafond, chargées de livres reliés de cuir, de parchemins manuscrits, et de grimoires anciens. La lueur douce et dorée qui émane de lanternes suspendues au plafond ajoute une aura magique à cet endroit déjà impressionnant.

Je me sens minuscule au milieu de cette immense collection de livres. Les étagères s'étendent à perte de vue, chacune d'elles regorgeant de textes anciens, d'histoires oubliées et de secrets mystiques. Les livres portent des titres écrits dans des langues que je ne comprends pas, et les illustrations sur les couvertures évoquent des mondes fantastiques et des créatures légendaires.

Alors que je parcours les allées entre les étagères, l'odeur du vieux parchemin et de l'encre me remplit les narines. Je me sens à la fois humble et excitée devant ce trésor de connaissances. Le temps semble s'écouler différemment ici, comme si chaque livre renfermait une partie de l'histoire de ce monde enchanteur. J'ai la sensation que je pourrais passer des heures, des jours, voire des semaines, à explorer les secrets et les mystères qui y sont enfouis.

Concentre toi Jihanna

Je zigzag entre les rayonnages. Comment je pourrais trouver un rayon qui parle de pierres ?

Je me rappelle soudain avoir vu des écritaux au-dessus des rayons lors de mon entrée dans la bibliothèque. C'était sans doute la clé pour trouver ce que je cherche.

Mes pas me guident à travers les méandres de la bibliothèque, tandis que je continue à explorer les différents rayons à la recherche de celui qui traite des pierres. Chaque recoin de cette bibliothèque semble renfermer un monde de connaissances, et je me sens écrasée par la richesse du savoir qui m'entoure.

Je passe devant des étagères remplies de livres sur la magie, la botanique, les créatures mythiques et bien d'autres sujets. L'odeur du vieux parchemin et de l'encre imprègne l'air, créant une atmosphère presque mystique.

Finalement, après avoir parcouru plusieurs allées, je remarque un détail qui attire mon attention. Au-dessus d'une rangée d'étagères, il y a une inscription : "Minéraux et Pierres Précieuses." Mon cœur s'emballe d'excitation. C'est exactement ce que je recherche.

Je me précipite vers ce rayon, le cœur battant. Après de longues minutes qui me semblent être passées en un instant, je finis par trouver le rayon consacré aux pierres. Les livres qui s'y trouvent sont plus anciens et poussiéreux que ceux des autres sections, ce qui me donne l'impression que je suis sur le point de découvrir des secrets bien gardés. Mes doigts glissent le long des dos des livres, cherchant celui qui pourrait contenir des informations sur la mystérieuse pierre que nous avons trouvée dans la grotte.

Un livre attire mon attention. Sa couverture est couleur émeraude, mais c'est surtout son titre qui m'intrigue : "Les Nymphes et les pierres". Délicatement, je tire l'ouvrage de l'étalage. Je le pose par terre et commence à le feuilleter. Mais ma déception est grande quand je remarque que la quasi- totalité des pages ont été arrachées. Je referme le livre et le replace dans l'étagère.

Je poursuis mes recherches, dépitée.

Alors que je parcours les étagères, mes doigts glissant sur les dos des livres à la recherche d'informations sur les pierres, je finis par atteindre le bout de l'étalage. Mon espoir de trouver des réponses sur la mystérieuse pierre commence à faiblir, mais je ne suis pas prête à abandonner.

C'est alors que mes yeux se posent sur un livre qui attire mon attention. Son titre est simple mais prometteur : "Tout Savoir sur les Pierres." Je tends la main pour le saisir, mais mes doigts glissent maladroitement, et le livre tombe bruyamment par terre.

Je me précipite pour le ramasser, sentant mes joues s'empourprer d'embarras. En me penchant pour saisir le livre, mes yeux sont attirés par un détail étrange sur le mur à côté de moi.

Il y a une petite crevasse dans le mur, à peu près de la taille du bout de mon pouce. Au départ, je suppose qu'il s'agit simplement d'un endroit où une pierre aurait pu être incrustée et retirée, laissant derrière elle cette ouverture. Cependant, quelque chose attire mon attention lorsque je m'approche pour examiner de plus près.

En fixant la crevasse, je réalise qu'il y a quelque chose d'étrange à l'intérieur. Sans réfléchir, je glisse mon doigt dans l'ouverture, curieuse de découvrir ce qui se cache à l'intérieur. À ma grande surprise, mon doigt rencontre un petit bouton, presque invisible au premier abord.

Je pousse légèrement sur ce bouton, et avec un léger déclic, l'une des briques du mur se décolle légèrement. Mes yeux s'écarquillent de surprise.

Je tends la main pour saisir la brique et la retire avec précaution. Devant moi, une niche se révèle, et à l'intérieur se trouve un objet mystérieux. Je glisse mes mains à l'intérieur de la niche, palpant doucement les parois pour en retirer un vieux livre.

Ce livre semble encore plus ancien que les autres de la bibliothèque, avec une couverture en cuir craquelé et des pages jaunies par le temps. Lorsque je l'ouvre, je découvre des écrits en caractères anciens, presque illisibles. C'est comme si ce livre avait traversé les âges pour atterrir entre mes mains.

Mes doigts effleurent les pages avec respect, et une sensation de mystère et d'excitation m'envahit. Qui aurait caché un tel ouvrage dans cette bibliothèque, et quelles connaissances secrètes pourrait-il renfermer ?

Je plisse les yeux pour en déchiffrer le titre. "Les nymphes et les pierres". Serait-ce l'ouvrage que j'ai trouvé tout à l'heure dans sa version d'origine ?

Alors que j'ouvre le livre, un vieux morceau de parchemin jauni en tombe. Qu'est-ce que c'est que ça ?


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