"Our Malediction" -2
Huit haïssait cet endroit. Elle était débout, bien droite, au milieu du Manoir, au dessous de l'énorme chandelier branlant. Pour conforter son don. Le Monocle, obnubilé par son équipe de super-héros miniature, les avez fait choisir, à elle et à Trois, des coiffures officielles de super-héroïnes. Celle qu'elles auraient durant leurs missions et pendant leurs entrainements. Si sa soeur avait opté pour une simple demi-queue, laissant ses cheveux ondulaient avec entrain sur ses épaules, Huit avait choisi de tresser ses cheveux en millions de petites nattes qu'elle finissait par attacher en queue bien haute. Hargreeves, éternellement vêtu de son costume trois pièce des années 40, serrait son carnet dans ses bras et fixait la brune. Regard qu'elle lui rendait, les yeux vides.
— Huit ! Concentrez-vous ! roula sa voix dans le silence morbide du Manoir.
La jeune fille acquiesça discrètement et se prépara. Elle savait très bien ce qu'il allait faire. Il lui lança quelque chose. Exactement comme elle l'avait prévu. Huit serra les dents et ferma ses poings en même temps que ses yeux. La douleur arriva et reflua comme une vague alors que son don agissait. Un vague courant passa à travers son corps et elle sut qu'elle avait réussi. Le jeu en bois que le Monocle avait lancé s'écrasa et finit sa course dans les escaliers, derrière elle. La métisse ouvrit les yeux et dévisagea son père. Il claqua sa langue avec réprobation,
— Vous avez fait perdre la consistance de tout votre corps. Vous n'êtes pas assez concentré ! Je sais que vous pouvez centrer une petite zone de votre corps et de lui faire perdre consistance !
La brune baissa les yeux au sol. Elle décevait toujours son père. Il lui disait qu'elle était douée mais qu'elle n'utilisait pas son don à son maximum. Mais comprenait-il que cela lui faisait mal ? Qu'à chaque fois qu'elle se rendait inconsistante elle devait se concentrer pour ne pas se disperser ? Que modifier la nature profonde des molécules ne peut pas se faire son souffrance ?
Sachant ce qu'il allait dire, Huit ramassa le jeu, un simple cube en bois, et le donna à son père. Elle revint se placer en face de lui, la tête haute, prête à essayer de rendre Hargreeves fier.
— Où allez-vous lancer le cube, Père ? Que je me focalise sur cette zone, demanda la jeune fille.
Un simili-sourire vint étirer le coin des lèvres du Monocle qui hocha la tête et lui annonça qu'il allait lui jeter le cube dans le ventre. Rassurée par cette information, Huit s'imagina d'un couteau découpait proprement tout son ventre, sans aucune effusion de sang. Aussitôt une violente douleur la scia en deux. La brune se courba, juste un peu, et planta ses ongles dans ses paumes. Elle pouvait sentir chacune des ses cellules se liquéfier avant de se reformer dans un constant mouvement qui la déchirait. Un courant passa à travers son estomac et elle lâcha sa prise. Huit se redressa en soufflant bruyamment et n'osa pas regarder son père. Il finit par lui dire,
— Parfait Sceptre ! Vous avez tout à fait réussi ! Mémorisez-bien ce processus, nous le retravaillerons à la prochaine leçon.
Ravie, la jeune fille remercia son père avant de détaler dans le salon où l'attendait ses frères et soeurs. Dire qu'ils étaient frères et soeurs étaient trop loin de la vérité. Ils étaient plutôt comme des amis, forcés de vivre sous le même toit. Numéro Un et Numéro Deux étaient à peine d'accord sur la manière de respirer. Mais, vivre sous le même toit créant des liens, certains Hargreeves étaient très proches. Spaceboy et Rumeur étaient très proches. Kraken, même s'il le montrait peu, appréciait énormément Séance. Cinq était très souvent avec Sept. Horreur était la plupart du temps plongé dans ses livres mais il s'entendait bien avec tout ce petit monde. Quant à Spectre, personne ne savait comment, mais elle avait gardé une insouciante naïveté qui mettait de la gaité dans la maisonnée. Mais ils savaient tous qu'elle préférait Six, ce n'était un secret pour personne et tous l'avez toujours pris pour une évidence.
La jeune fille, qui avait maintenant treize ans, adorait sa famille dysfonctionnelle, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils ne formaient pas une vrai famille. Leur père ne les aimait pas, leur mère était un robot. Ils étaient en constante compétition pour savoir qui allait avoir les meilleurs pouvoirs, et les minuscules sourires de Sir Hargreeves. Qui, ne les considéraient pas lui-même comme des frères et soeurs à part entière. Comment vous considérez comme une famille si vous n'aviez pas l'amour qui allait avec ? Oh, Grace était une véritable mère pour eux, ils l'appelaient même "Maman". Mais Huit ne se volait pas la face, elle était programmée par le Monocle qui pouvait à tout moment les effacer de sa mémoire. Elle avait préféré s'attacher à la seule personne qui la comprenait mieux que personne.
Le sixième Hargreeves.
— Alors Huit, comment ça s'est passé ? lui demanda gentiment Sept qui savait que la jeune fille détestait ses entrainements.
— Plutôt pas mal si on exclu la douleur, j'ai réussi à faire disparaître juste un morceau de mon corps et pas mon corps tout entier ! avoua t'elle, avec un sourire qui dissimulait mal sa fierté.
Trois et Sept, en bonnes soeurs, la félicitèrent tandis que Un semblait intrigué par le fait qu'elle n'arrivait pas d'emblée à faire disparaitre ce qu'elle voulait de son corps. Lorsqu'il le lui fit remarquer, Huit lui répondit,
— Ce n'est pas comme toi et ta super force, c'est différent. Je...je dois modifier mon corps pour ça et il ne le veut pas forcément, je dois être très concentrée sinon mes cellules font ce qu'elles veulent.
Et partent où elles veulent, ajouta t'elle intérieurement, ayant toujours cette boule au ventre, cette peur incontrôlable de disparaître, soufflée par le vent comme des milliers de grain de poussière à chaque fois qu'elle utilisait son don.
Deux était là lui aussi, mais seulement parce qu'il était occupé à tester ses capacités en lançant son couteau géant un peu partout. Et Six la regardait doucement tandis qu'elle parlait, sachant très bien ce qu'elle ressentait. Peu à peu, les autres partirent et ils se retrouvèrent seuls. Les deux se laissèrent tomber sur le canapé et Huit soupira,
— Ils ne savent pas ce que c'est eux.
— Oui, quels chanceux ! acquiesça Six.
— Trois n'a même pas besoin de s'entrainer, elle a juste à avoir un peu d'imagination et le tour est joué, pouffa t'elle, sa voix légèrement tentée d'amer, jalouse de la facilité de sa soeur.
Le jeune garçon médita longuement sur les paroles de la métisse. Il repensait à son propre don, ses monstres qui surgissaient de sa poitrine. À chaque fois, son torse se déchirait et les monstres en qui personne ne croyait devenaient réels. S'il comprenait si bien la peur de Huit de se disperser aux quatre vents, c'est parce qu'il la partageait. Six avait peur qu'un jour, l'un des monstres, lassé d'être invoqué par un gamin, décide de...le faire disparaître. Il lui répondit,
— Je sais pourquoi est si proche. On est tout les deux atteint d'une malédiction.
Il sentit son corps se tendre tandis qu'elle répondait incertaine,
— Je ne sais pas Six...peut-être que ce n'est pas malédiction ? sa voix sonnait comme une question.
— Malédiction, sort néfaste que l'on souhaite à quelqu'un ou une condamnation au malheur qui a été décidé par une puissance supérieure. Ou, sort hostile et malheur auquel on semble être condamné, récita calmement Six.
L'adolescente se redressa, attentive.
— Personne ne nous condamne au malheur. C'est donc un sort hostile. Mais, on a des pouvoirs, des dons ! On s'en sert pour aider les gens ! Peut-on considérer ça comme une malédiction ?
— Père nous condamne au malheur en nous faisant utiliser nos dons qui nous font mal ! Un pouvoir peut devenir une malédiction lorsqu'il s'avère dangereux pour la personne qui le porte ou pour son entourage. Comme, comme les loups-garous ! Et...il se tut, la gorge serré, incapable d'en dire d'avantage.
Huit avait l'impression de l'air s'était épaissi. Deux aurait pu couper la tension avec ses couteaux géants. Elle comprenait tout à fait ce que voulait dire le jeune garçon.
— Toi, tu as peur de te faire dévorer par l'intérieur et de nous blesser... et moi, j'ai peur de disparaitre. Et ça se trouve, je vous ferai tous mourir d'asphyxie à cause de ma poussière ! ajouta t'elle dans une piètre tentative d'humour.
Six n'éclata pas de rire, mais il sourit. Un petit sourire qui la fit sourire, elle aussi. Tant qu'elle l'avait à ses côtés, sa malédiction n'était pas grand chose.
Juste une petite rature sur un magnifique tableau.
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Hey everyone !
Comment allez-vous ?
Voici le deuxième chapitre de cette fanfiction, où vous prenez connaissance du pouvoir de notre petite protagoniste ! Vous aviez déjà sûrement des idées grâce à son matricule "Spectre" mais que pensez-vous du don que je lui ai choisi ?
Que pensez-vous du duo Six-Huit et du chapitre en général ?
Votez et commentez si cela vous fait plaisir !
Love, Valentine.
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