"Ghost" -11

Bérénice n'avait pas compris ce qu'il s'était passé. Elle était partie d'entraîner à l'école de danse toute la matinée, sa professeure avait été très étonnée d'accueillir l'un des célèbres miraculés du 1 octobre avant d'être étonnée par ce qu'elle était capable de faire. La jeune fille avait passé un moment surréel, comme figé hors du temps et de sa routine ordinaire. Elle était rentrée en sautillant, pressée de tout raconter à Ben. Mais, lorsqu'elle était rentrée, sa bonheur humeur s'était envolée. Ils affichaient tous des têtes d'enterrement et des traces de larmes maculaient leurs joues, Klaus pleurait toujours et ses sanglots faisaient renifler tout les autres. Le coeur de Bérénice avait chuté lorsqu'elle avait remarqué l'absence de Ben. Dès qu'Allison l'avait aperçut, elle s'était précipitée vers elle et l'avait étreint fortement. Perplexe, Bérénice lui rendit son étreinte et son sang se glaça dans ses veines quand les larmes de sa soeur commencèrent à lui mouiller les épaules. Par dessus la tête de la troisième Hargreeves Bérénice chercha le regard de Luther, il devait savoir ce qui faisait pleurer Allison. Alors qu'elle croisait ses yeux brillants, le blond détourna le regard. La métisse repoussa doucement Allison et leur demanda,

— Qu'est-ce qu'il se passe ? sa panique s'entendait dans sa voix et elle se mordait convulsivement les lèvres.

Aucun se semblait prêt à lui répondre. Diego finit par se lever, il s'approcha d'elle et lui prit les mains. Bérénice était sûre qu'il pouvait entendre son coeur tambouriner dans sa poitrine.

— Bérénice...c'est à propos de Ben. Il est parti, annonça t'il d'un ton grave.

Ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise et elle oublia comment respirer durant une poignée de secondes.

— Mais...il ne serait jamais parti sans me le dire ! balbutia Bérénice, confuse. Sa panique reprenait peu à peu le pas sur sa raison.

— On le sait, mais Ben est mort, lâcha tristement Diego.

L'annonce tomba comme un couperet. La jeune fille s'arriva pas à assimiler les mots que son frère venait de prononcer. Ses oreilles bourdonnèrent et étouffèrent sa dernière phrase. Bérénice avait l'impression d'avoir la tête entourée de coton. Une vive douleur à la poitrine la fit se courber en deux et elle porta ses mains à son coeur. Un cri de douleur inhumain jaillit de sa gorge, elle n'arrivait même pas à reconnaitre le son de sa propre voix. Ses jambes cédèrent soudain sous son poids et elle s'effondra sur le sol. Elle sentit ses yeux la brûler et des larmes dévalèrent ses joues rondes tel un torrent. À genoux sur le sol, elle cacha son visage dans ses mains et hurla de plus belle. Sa voix se brisa.

— Bérénice, viens avec moi s'il te plaît, demanda Grace qui avait entendu la souffrance de sa fille. Reconnaissant sa mère, la métisse se releva difficilement et s'appuya sur Grace pour marcher. La douleur manifeste de Bérénice avait ravivé celle de la fratrie et leurs larmes recommencèrent à rouler.

La jeune fille avait l'impression de marcher dans un couloir fait de brume et d'ombres. Le sol ondulait sous ses pieds et le plafond s'assombrissait, Bérénice s'appuyait lourdement sur sa mère qui tordait son visage plastique en moue de chagrin. Une litanie de mot sortait de la bouche de la métisse, il n'était pas difficile de comprendre qu'elle répétait le nom de son cher Ben. Une éternité plus tard, elles émergèrent dans une salle que Bérénice connaissait bien. L'infirmerie, petite salle sombre à l'unique lit de métal inconfortable, la jeune fille s'était toujours dit que le Monocle avait dû créer cette pièce la plus désagréable possible pour qu'aucun des miraculés n'ait envie d'y aller. Cela devait lui éviter les simulations et les contraignaient à se montrer très vigilant lors des missions. Le lit était toujours vide, aussi lorsque Bérénice aperçut une silhouette allongée sur celui-ci, son coeur déjà brisé, s'émietta. Échappant à l'étreinte de Grace, elle se précipita en chancelant vers le lit pour découvrir une vision d'horreur.

Ben était étendu sur la surface métallique, beaucoup trop immobile, beaucoup trop pâle, beaucoup trop froid. Un nouveau cri de désespoir monta de la gorge de Bérénice qui s'écroula sur le corps du miraculé. Un haut-le-coeur lui brûla l'oesophage lorsqu'elle rendit compte de la raideur de l'asiatique. Ses larmes lui piquèrent les yeux et imbibèrent de douleur et de remords son uniforme. De gros sanglots la secouèrent et des hoquets s'échappèrent de sa bouche, elle agrippa la veste de Ben comme une enfant se raccrochait à sa poupée préférée lors de ses cauchemars. Mais, à la différence de l'enfant, Bérénice ne se réveillerait pas de son cauchemar car il était terriblement réel.

— Je suis tellement désolé Ben...hoqueta la brune, j'aurais dû rester avec toi...je n'aurais pas dû partir...

Elle murmurait des milliers d'excuses comme si cela allait lui ramener son cher Ben. Peut-être que la mort elle-même, émue devant ce spectacle si déchirant déciderait de faire marche arrière et laisser Ben reprendre sa vie. Bérénice finit par relever sa tête et observait le visage de l'asiatique. Il semblait si paisible, voguant dans les limbes à des millions de kilomètres d'elle, la jeune fille lui caressa la joue et des larmes gouttèrent sur son visage figé. Elle appuya son front sur celui de Ben et ferma les yeux. Elle aurait pu rester des heures ainsi, inconsciente du temps qui passait. Mais son père était arrivé, et murée dans sa douleur, Bérénice ne l'avait pas entendue entrer. Il l'arracha du corps du sixième Hargreeves. La jeune fille hurla et se débattit, pour rien au monde elle ne voulait laisser la dépouille de son frère seule, c'était sans compter sur le Monocle qui l'a traîna jusque dans sa chambre où il l'enferma à clef. Bérénice tapa contre la porte à en faire trembler les murs du Manoir et à s'en faire saigner les mains. Elle voulut se rendre inconsistante mais son père avait bloqué son pouvoir grâce à un nouveau bracelet. Désespérée, la jeune fille se laissa tomber au pied de sa porte et enfouit son visage dans ses mains. Et comme un contre-coup de son trop-plein d'émotion, Morphée enveloppa la miraculée dans une enlace cotonneuse et elle sombra dans un sommeil sans rêve.

Lorsqu'elle se réveilla, Bérénice se comprit pas pourquoi elle gisait à côté de sa porte au lieu d'être confortablement couchée dans son lit. Ses souvenirs la giflèrent et un douleur aiguë lui transperça la poitrine mais ses yeux restèrent secs, elle avait déjà trop pleuré. Elle rejeta une des ses tresses derrière son épaule et se figea. Se relevant, Bérénice tituba jusqu'à son miroir. Elle sursauta devant son reflet pâle et fatigué. La jeune fille ne se reconnaissait plus. Ses tresses lui semblaient de trop, trop enfantines et trop innocentes. Avisant la grosse paire de ciseaux qui trainait sur sa table de nuit, elle se décida. La métisse commença par défaire ses tresses et ses cheveux enfin lâchés lui tombaient dans le bas du dos. Elle attrapa les ciseaux et d'un geste fluide et déterminé, elle coupa sa longue tignasse au niveau de son menton. Sa coupe n'était pas parfaite, elle était même très bancale mais c'était ce qu'elle était devenue sans la présence de Ben. Voilà, songea t'elle, toute ressemblance avec l'ancienne Bérénice est morte. Elle est morte avec lui.

Toute vêtue de noir, la jeune fille errait dans les longs couloirs du Manoir. La dépouille de Ben avait été brûlé et Bérénice s'était effondrée de nouveau. Elle avait du mal à se dire que tout ce qu'elle avait connu et aimé se trouvait dans une minuscule boîte, et que ce qu'elle contenait était morne et gris, froid et mort. C'était tout l'inverse de Ben. L'enterrement était fini et il semblait à la métisse que la vie du Manoir avait été absorbé et s'était envolée. Elle savait très bien ce qu'il lui restait à faire car elle n'allait pas réussir à vivre dans cette demeure après sa mort. Bérénice s'était confiée à Grace qui l'avait aidé à mettre en oeuvre son plan. Ses doigts effleuraient les murs des corridors qu'elle traversait, ultime souvenir de leurs enfances brisées. Elle avait l'impression que le fantôme de Ben l'accompagnait et elle pouvait se revoir le bousculait lorsqu'elle sortait en trombe de sa chambre, elle se revoyait discutait avec lui pendant des heures, lire avec lui et rire devant ses imitations des personnages. Bérénice finit par arriver devant sa chambre, elle l'avait dépouillé de toute vie et toutes ses affaires étaient emballées dans un gros sac. La jeune fille l'attrapa et se faufila hors du Manoir. Elle avait laissé une lettre expliquant sa décision à ses frères et soeurs, elle leur avait aussi expliqué où est-ce qu'ils pourraient la trouver, si toutefois ils voulaient la revoir.

Bérénice avait été acceptée dans une prestigieuse école de danse. Et elle quittait l'Umbrella Academy.

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Ce qui devait arriver, arriva :(
Edit : ce chapitre a été écrit avant la saison 2 d'Umbrella Academy, ce qui le rend incorrect vis-à-vis de la raison de la mort de Ben. Je le sais mais ne désire pas changer ce chapitre.

Love, Valentine.

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