"A Tattoo and a bracelet, that how I lost her" -7
Huit agitait nerveusement sa jambe. Elle jeta un rapide coup d'oeil au plafond et soupira. Son père n'essayait pas d'améliorer ses souvenirs liés à cet endroit. Venait s'ajouter aux entrainements et aux tortures quotidiennes, une aiguille qui rentrait et sortait dans sa peau, perforant sa chair tendre pour graver à l'encre indélébile un parapluie sur son poignet. Quatre était déjà passé et il enlaçait Allison qui essuyait ses larmes de douleur. Deux était assis dans le fauteuil noir et ses yeux plissés sous la peur accentuait celle de la jeune fille. Il faisait tout pour oublier l'aiguille mais il ne pensait qu'à ça, elle ne remarqua bien lorsque Grace posa sa main sur le bras de Deux et qu'il sursauta violemment la faisant reculer. Qu'il ne s'excuse pas montrait l'intensité de son trouble. Huit remit une mèche de cheveux échappée de ses tresses derrière son oreille en se mordant les lèvres. Elle était la suivante et sa peur avait un goût amer, elle s'efforça de déglutir pour en faire passer le goût, sans succès. Un retroussa sa manche et frotta son poignet encore vierge, puis en s'apercevant du malaise de sa soeur, il posa sa main sur son bras et lui adressa un sourire encourageant. La brune le lui rendit en le remerciant tout bas, sa gorge nouée l'empêchait de parler. Le tatoueur annonça enfin qu'il avait fini avec Deux qui se releva en chancelant de soulagement.
La jeune fille se leva et se dirigea vers le siège en tremblant. L'homme lui passa un tissu humide sur le bras et attrapa son engin de torture. Il essaya de la rassurer mais aucune parole n'aurait pu apaiser Huit. Son coeur battait si fort qu'elle croyait presque qu'il allait jaillir de sa poitrine et venir s'écraser sur la tête du tatoueur qui se penchait sur son poignet. Dès que l'aiguille entra en contact avec sa peau, la métisse trouva la sensation si désagréable qu'une bile amère lui remontait le long de l'oesophage. Incapable de supporter cela sans broncher, son poignet perdit sa consistance et le bruit de sa pointe s'enfonçant dans le bois était l'un des plus satisfaisant qu'il lui avait été donné d'entendre. Le tatoueur recula brusquement, choqué et la jeune fille en profita pour se dégager tout aussi brusquement. Seul la rotation de l'engin de torture brisait le silence irréel qui s'était abattu dans la pièce. Huit baissa les épaules, sachant très bien ce qui l'attendait.
— Numéro Huit ! hurla le Monocle, qu'est-ce donc cette attitude inconcevable !
La main de son paternel s'abattit sur sa fine épaule et elle grimaça. L'adolescente se retourna et présenta son bras à Hargreeves qui enroula un bracelet de fer en dessous de son coude. La froideur du métal la fit frissonner et, en regardant ses pieds, elle partit se rassoir. Tous la regardait avec incompréhension. Le tatoueur haussa un sourcil et réessaya d'effectuer ce pourquoi on l'avait payé. Huit appela désespérément son pouvoir qui ne répondit pas. La douleur la transperça en même tant que l'aiguille et la métisse gémit. Cédant peu à peu à la panique, elle rappela son don et une autre décharge la foudroya. À moitié groggy, elle s'avachit sur le dossier et serra les dents. Dieu savait qu'elle détestait l'invention machiavélique de son père. Depuis qu'il avait vu qu'il n'avait aucune note se rapportant aux électrodes sur la numéro Huit, il avait bricolé un bracelet qui bloquait ses pouvoirs en lui envoyant une décharge électrique. La première fois qu'elle avait essayé, un hurlement de surprise et de douleur avait déchiré la nuit, faisant croire à l'académie que Huit avait été attaqué. Ils en avaient conclu qu'elle avait fait un cauchemar et elle avait trop honte pour leur dire la vérité.
Son tatouage passa bien vite et elle put se relever et elle boitilla vers le Monocle et agita son bras sous son nez. Certes, elle n'aimait pas utiliser son pouvoir, mais elle haïssait encore plus se sentir impuissante. Il ne lui adressa pas un regard et elle comprit que sa punition pour avoir défié, bien involontairement, un des plans de son paternel serait d'arborer son foutu bracelet toute la journée. Voire même plus.
Huit n'avait pas vu Un, Six et Cinq passer, trop occupé à ruminer. Ils se rassemblèrent autour d'elle et Trois osa poser la question qui les agitait tous,
— C'est quoi ? son ton était inquiet, légèrement teinté de jalousie, elle en voulait à sa soeur d'avoir un cadeau en plus, elle ne savait pas que ce cadeau était empoisonné.
— Un bracelet qui bloque mes pouvoirs ! fulmina la d'ordinaire calme jeune fille qui, sous la coup de la colère prononça des paroles irrattrapables, ce truc me rend aussi ordinaire que Sept !
La concernée s'était avancée pour savoir si sa soeur chérie allait bien mais elle se figea en entendant ces mots. Son visage se décomposa et elle recula de quelques pas, assommée. Huit écarquilla les yeux et cria,
— Sept ! Je suis désolée ! Je ne le pensais pas ! elle esquissa un mouvement pour attraper la brune qui se dégagea et remonta les escaliers à tout vitesse.
Huit prit son visage entre ses mains, désespérée. Devait-elle rattraper Sept ? Contre tout attente, ce fut Grace qui l'enveloppa dans une étreinte protectrice. La métisse se fondit dans ses bras et inspira à fond. Sa mère sentait le pancake, comme toujours. Malgré l'absence de battements de coeur, Huit s'apaisa rapidement sous les caresses de sa mère d'adoption. La jolie blonde sécha ses larmes et lui dit,
— Si tu ne vas pas lui parler, tu ne pourras pas t'excuser tu sais ? Et puis, si vous ne vous parlez plus, vous n'avez pas pouvoir donner vos ballets et ça c'est hors de question ! le ton léger et moqueur de Grace la fit sourire et elle s'empressa d'acquiescer et de monter voir sa soeur.
La jeune fille se balança d'avant en arrière devant la porte de Sept, hésitant à frapper. Sa musique s'échappait de sa chambre. Elle jouait à chaque fois qu'elle était contrariée, vexée ou qu'elle en avait besoin. Et c'était triste de dire qu'elle jouait énormément. Huit se voyait très mal déranger sa soeur en plein morceau alors elle retira ses grosses chaussures et ses chaussettes, toqua à la porte et l'ouvrir en grand avant de se mettre à danser. Les notes s'enroulaient autour d'elle et dirigeaient ses mouvements. Tantôt pointe, tantôt pirouette ou saut de chat, elle dansait pour Sept, ses gestes plein de douleur et son visage désolée implorait son pardon. L'adolescent finit droite comme un I et ses yeux bruns cherchèrent ceux de sa soeur.
— Je suis tellement désolée Sept...je ne voulais pas dire ça, pardonne-moi...
— Tu le pensais, tu sais que je suis ordinaire mais tu ne sais pas la douleur que j'éprouve chaque jour à tous vous voir jouer et vous entrainez ensemble. Je n'ai jamais le droit de participer à vos missions alors que les policiers sont aussi ordinaires que moi ! Les gens acclament la Umbrella Academy, sauf moi, ils lisent ses aventures avec passion, sauf moi. Ils connaissent tous vos noms, vos pouvoirs et ils tueraient père et mère pour pouvoir vous toucher. Mais pas moi. Ils ignorent tous la dernière soeur Hargreeves, la normale, la banale numéro Sept ! Celle qui n'est même pas assez importante pour prendre la photo de famille avec vous ! accusa la septième Hargreeves, la voix pleine de fiel, je pensais que toi tu t'en fichais ! Mais c'était un mensonge ! elle lui claqua la porte au nez.
Huit sentit les larmes lui monter aux yeux et bientôt elles coulèrent, amères de regrets et gouttèrent sur le sol. Elle ramassa piteusement ses affaires qu'elle lança dans sa chambre avant de s'affaler sur son lit et d'éclater en sanglots. Son corps tressautait sous ses hoquets et sa vue se troubla. La métisse se moucha bruyamment et la froideur du métal sur sa joue la fit soudainement réaliser que ce bracelet avait causé sa dispute avec Sept. La jeune fille avait besoin de passer sa colère sur quelqu'un, ou quelque chose et ce bracelet était parfait. Elle sortit de sa chambre comme une tornade et rejoint sa fratrie qui était réunie dans la salon. Huit se jeta sur Deux et les deux tombèrent à le renverse. Tous les regards convergèrent vers eux. Elle arracha un couteau de la ceinture de Deux et le brandit férocement. Un fonça vers elle comme un boulet de canon et l'écrasa. Il pensait qu'elle voulait heurter le jeune garçon. Huit se débattit comme un diable si bien que même la super force de Un lâcha lorsqu'il se prit un coup de poing dans le nez. Elle se mit rapidement à genoux et elle approcha le couteau de son coude, il lui échappa des mains lorsque Deux, voulant éviter qu'elle ne se blesse, lança le livre de Six et dévia la lame. Le temps que Huit ne relève la tête Un l'avait attrapé par les épaules et la plaqua contre le sol. Elle arrêta de bouger lorsqu'elle vit qu'Un saignait du nez. Ses yeux retrouvèrent sa lucidité et elle leva la main et essuya le sang de son frère avec sa manche.
— Qu'est-ce qui se passe Huit ! s'exclama Six qui s'était précipité vers elle.
Ce fut à ce moment qu'elle réalisa à quel point son comportement avait dû être inquiétant pour eux, elle était apparue de nulle part et s'était jetée sur Deux pour prendre son couteau...
— Je veux retirer le foutu bracelet de Père, mais j'ai besoin d'un couteau, souffla t'elle comme une excuse.
— Bah fallait le dire plus tôt ! grogna Deux, encore sonné que sa soeur, d'apparence si fragile avait réussi à le faire tomber.
Un enlève ses mains ses épaules et Deux passa la lame sous son bracelet avant de tirer d'un coup sec.
— C'est bon ! Tout es revenu à la normale ! sourit le blond qui l'aidant à se mettre debout.
En contemplant les débris du fer, Huit songea que les choses étaient loin d'être comme avant si Sept ne lui pardonnait pas.
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Hey guys ! How are you ?
Ce chapitre vous plaît-il ?
Que pensez-vous de la réaction de Sept face à la phrase de Huit et à la réaction de cette dernière au rejet de Sept ?
Love, Valentine.
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