Chapitre 9

Musique: Dynasty de MIIA

- Est-ce qu'Edan est un Coltons?

- Euh.. Non c'est un Kold.

Je soupire tout l'air que contenait mes poumons et revis. Sourire aux lèvres, je remercie le ciel de ne pas avoir mis la mauvaise personne sur ma route. Je n'ai pas fait la connaissance d'un tueur à gage, merci.-

- Super.. Merci Maëlys. On se voit lundi!

Le portable de ma grand-mère toujours entre mes doigts, je laisse mes pensées prendre en otage mon esprit bien trop perturbé par toutes ces informations. La question qui me taraude le plus le crâne c'est la manière dont a su ma grand-mère pour Joe Coltons et son travail sombre. Bien que les informations que m'a données Maëlys soient claires, il y a une part cachée qui m'empêche de tout comprendre. Cette part enfouie chez Mia.

Je soupire une énième fois, sachant pertinemment que je n'aurais pas les réponses à mes questions. La chose la plus logique serait d'oublier toute cette histoire et de simplement éviter de croiser la famille Coltons. De plus, cette journée a été éprouvante bien que géniale. J'ai failli mourir une deuxième fois par des motocross et grâce à Edan, encore, je suis saine et sauve. Espérons juste que la troisième ne sera pas la bonne.. Je commence sérieusement à me demander si San Diego ne voudrait pas ma mort?

Á Miami les seules pensées qui affluaient dans ma tête étaient d'aller à la plage, de profiter le plus possible du beau temps, de profiter de ma mère et de mes amies. Or, ici toutes mes pensées ne tournent qu'autour de mort, de conflits et de problèmes.

Décidée à virer toutes ces pensées maussades de mon esprit, je me dirige vers la salle de bain afin de prendre une longue douche chaude suivie d'une bonne nuit de sommeil qui, je le sais, me remettra sur le droit chemin.

Le regard fixé à ce dessin animé platonique, je suis l'histoire de ce petit extra-terrestre sans vraiment la suivre. Bien qu'hier je me suis couchée avec la tête vide de pensées, ce matin, elles sont revenues en masse. Certes, ce qui me trotte dans la tête ne concerne pas Edan ou les Coltons mais ils sont relativement liés à ce qu'il m'est arrivé en deux semaines. Je repense à toutes les choses déroulées depuis mon premier jour de cours, il y a de ça maintenant trois semaines.

Tant de choses passées que j'en viens à me demander ce qu'il se passera durant cette troisième semaine de cours. Est-ce que Nyce a prévu d'agir ou restera-t-elle loin? Vais-je revoir ce pilote ou au contraire, ne plus jamais le revoir? Difficile à dire. Cependant, la chose que j'ai apprise depuis mon arrivée en Californie c'est qu'il faut savoir vivre à l'instant présent, penser à ce que l'on fait maintenant plutôt qu'à ce qui arrivera demain. C'est quelque chose que nous sommes tous capables de faire et que nous devrions suivre à la lettre. Ayant vu la mort de près, deux fois, j'ai bien compris qu'il était plus que temps de penser au moment présent. Le futur est inquiétant, empli d'angoisse et de désillusions en tout genre. Rempli de questions sans réponses et de "et si" pouvant construire un tout nouveau monde.

Je souris soudainement lorsque le souvenir de ma mère me vient, elle serait heureuse de m'entendre parler de cette manière. Elle qui ne vivait que de: "Viendra ce qui doit arriver." "Profite de ce que tu as." Parfois, j'en viens à me demander quelle était sa réaction en me voyant dépérir au fil des jours suite à son départ. La fille que j'étais à Miami a complètement changé. Autrefois pétillante, souriante et prête à faire les cents coups, je ne suis plus que timidité, angoisse et agressivité. Sa mort m'a détruite mais pour elle, pour nous, je compte retrouver celle que j'étais avant. Alors, prise d'un élan volonté de changer, j'éteins la télévision et grimpe à l'étage afin de me préparer.

- Je sors! Je crie à ma grand-mère.

Aucune réponse de sa part mais je ne m'en fais pas. Elle est probablement concentrée sur l'une de ses tâches. N'ayant toujours pas récupéré mon téléphone, j'emprunte celui de ma grand-mère, histoire de savoir appeler les autorités si une nouvelle motocross venait à me foncer dessus.

Sur le trottoir, je souris tout en observant les alentours. Je me sens plus légère. Je connais cet endroit par cœur maintenant, il s'agit du seul endroit où j'allais au début de mon arrivée à San Diego. J'ai trouvé cette petite plage en naviguant sur mon portable à la recherche d'un petit coin tranquille. Rien de mieux qu'une plage pour apaiser son être tout entier.

Lorsque j'y arrive, je m'empresse de retirer mes baskets et d'enfouir mes orteils dans le sable chaud. Le vent frais frappe ma peau faisant un contraste parfait avec la couche dorée à mes pieds. L'océan face à moi semble si calme, si apaisé lui aussi. Je m'y approche d'un pas léger, m'asseyant au bord du sable mouillé afin d'observer l'horizon.

Cet endroit est comme une piqûre de rappel concernant ma vie passée en Floride. Quand j'ai su pour ma mère, j'ai cru que mon monde s'écroulait. J'étais en cours à ce moment, le directeur de l'établissement était venu me chercher à même ma classe afin de discuter avec moi. On l'avait appelé lui car j'étais dorénavant orpheline, personne ne pouvant venir me récupérer afin de m'annoncer la nouvelle. Jamais je n'oublierai ces mots, face à lui dans son bureau, son regard empli de pitié.

- Je suis désolé  Mademoiselle Jenkins de vous annoncer cela mais.. Il s'est arrêté afin de dévier le regard et reprendre. ll s'agit de votre mère, elle nous a quitté.

Cette phrase signifiait deux choses: la première, ma mère, ma confidente était partie définitivement. La seconde était que j'étais dorénavant seule.

Au début, les gens ont eu ce regard de pitié que j'ai commencé à détester dès les premières secondes. On me regardait bizarrement parce que la pauvre, elle était orpheline, n'avait plus aucune famille. Ni père ni mère pour l'aider dans cette épreuve. Seule. Puis, les gens ont commencé à devenir méchants, il s'agissait d'un moyen pour me mettre plus bas que terre. On se moquait de ma piètre vie et dès qu'ils en avaient la possibilité, ils me rappelaient que j'étais une orpheline, sans famille ni amis. Car oui, celle que je considérais comme une sœur auparavant, m'avait tourné le dos à la suite de tout ce harcèlement. Au début, j'en souffrais beaucoup mais j'ai ensuite compris qu'il ne s'agissait pas d'une bonne personne, comme tous les autres au final. Dans mon malheur, j'ai eu la chance d'avoir réalisé le 3/4 de l'année scolaire. Je comptais les jours, attendant de partir de ce lycée maudit, pleurant chaque nuit le décès de ma mère et la vie affreuse qui m'attendait.

Un mois, trente jours, à supporter toute cette pression, ces regards et ces moqueries. Un mois durant lequel j'ai enterré ma mère et vécue dans deux familles d'accueil différentes. J'ai ensuite pu quitter l'État pour me rendre dans celui de la Californie afin de rejoindre la seule personne encore vivante au sein de ma famille, Mia, ma grand-mère.

Pour des raisons de santé, Mia n'avait pas pu me rejoindre de l'autre côté du pays et je ne lui en ai jamais voulu. Elle comme moi avons beaucoup souffert. Pour nous donner du courage et enfin réussir à sourire, ma grand-mère me racontait des anecdotes de ma vie ici, avant le départ de ma mère. Elle m'a aussi expliqué les raisons de ce dernier, la douleur qu'elle éprouvait pour mon père parti trop tôt était trop difficile. Elle avait besoin de partir loin afin de surmonter cette épreuve. En ce qui me concerne, je n'avais que six ans à l'époque, je ne me rappelle de rien.

Maman et moi étions très fusionnels, notre passe temps favori était d'aller à la plage pour bronzer, papoter et prendre une glace. On changeait à chaque fois de goût afin de goûter le plus de parfums possible. Malgré ça, ma préférée reste tout de même celle au chocolat. Simple et efficace.

En ce qui concerne mon père, je n'ai malheureusement que très peu de souvenirs de lui. On m'a expliqué que c'était probablement mon cerveau qui avait volontairement effacé des souvenirs afin de ne pas nous faire souffrir davantage. Un traumatisme soit-disant. Bien que Mia me raconte énormément de choses sur lui, j'ai toujours ce petit pincement au cœur, comprenant que je ne le connais qu'à travers des souvenirs d'autres personnes.

Je suis arrêtée dans mes pensées lointaines par la sonnerie d'un téléphone. Je renifle tout en chassant les larmes qui jonchent mon visage. C'est à peine si je les ai senties. Quelques instants plus tard, une deuxième sonnerie retentit et cette fois, je décroche.

- Mamy?

- Tu es où? Il faut que tu rentres, maintenant!

Son ton autoritaire et angoissant m'inquiète d'une force que je ne saurais décrire. Il lui a suffit d'une phrase pour me mettre dans tous mes états et pour me réveiller du coma léthargique dans lequel j'étais depuis de nombreuses minutes.

- Qu'est-ce qu'il se passe? Je crie, affolée, tout en courant sur le sable maintenant moins chaud.

- Dépêche-toi!

Le cœur battant soudainement à mille à l'heure, j'enfile mes baskets sans retirer les nombreux grains de sable sous mes pieds et cours. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais ce qui est sûr, c'est qu'elle est en panique. Si Mia panique, c'est que quelque chose de grave se passe. Alors je cours encore plus vite, m'essoufflant à en avoir mal au cœur, sprintant autant que mon corps le puisse. Tant je cours, mon cerveau n'a pas le temps de s'affoler et de s'imaginer les pires choses qui pourraient arriver. Heureusement, pour mon coeur comme pour moi, je vois au loin la maison de ma grand-mère et tape le sprint final.

C'est comme si je me trouvais dans un film, tout se passant au ralenti, je fonce droit sur la porte, l'ouvrant à la volée dans un bruit affolant. Complètement à bout de souffle, je suis arrêtée dans ma torpeur par ma grand-mère occupée à faire les cents pas au sein du salon, le regard braqué sur ses pieds et ses doigts qui s'entortillent les uns aux autres.

Face au bruit fracassant de mon entrée, elle remonte son regard émeraude pour le plonger dans le mien. Ses yeux sublimes sont rougis par les larmes, ses joues d'un rouge écarlate et sa peau aussi blanche que de la porcelaine. Qu'est-ce qu'il s'est passé? Ce sont les mots qui refusent de franchir la barrière de mes lèvres tant la vision de ma grand-mère me déstabilise. Celle-ci s'avance d'un pas rapide, attrapant mes mains dans les siennes, si froides.

- Léna, tu es en danger.

Toujours muette, je la fixe sans comprendre. Mon cœur semble à deux doigts de me lâcher mais je sens au fond de moi que ce qu'elle va me cracher, sera le début de l'enfer.

- C'est.. Léna, c'est une histoire si complexe. Je t'en prie, lorsque tu connaîtras tout, ne sois pas fâchée. Je, elle s'arrête, serrant plus fort mes mains. Ta mère et moi t'avons caché tout cela pour ton bien, pour que tu vives ta vie comme tu l'entendais. Je ne voulais pas te l'annoncer après son décès, tu n'aurais pas tenu le coup. Je.. je ne pensais pas qu'il allait revenir. Léna.. Je suis désolée.

Tremblante, confuse et surtout, complètement à la ramasse, je prends mon courage à deux mains afin de souffler:

- Mamy, s'il te plait. Qu'est-ce qu'il se passe?

Ses yeux trahissent l'angoisse qui l'anime. Ses gestes sont mécaniques, peureux. Elle ferme la porte d'entrée à double tour dans mon dos avant de me tirer vers le canapé du salon. Mon cœur tambourine comme un fou dans ma poitrine et ne parlons pas de mon sang qui bouille dans mes veines. J'ai peur. J'ai peur de ce qu'elle va m'annoncer. Je suis en danger, ce sont ses mots. Pourtant, je n'ai rien fait mis à part la petite altercation avec Nyce. J'ai toujours été gentille, polie et jamais je n'ai été trop loin dans mes actes.

Elle soupire à l'instant où nous nous asseyons, le regard fuyant.

- Hier, je t'ai demandé de ne pas t'approcher des Coltons.

- Oui mais..

- Léna, laisse-moi finir, elle me coupe, le regard subitement dur.

Je finis par acquiescer, serrant mes lèvres l'une contre l'autre, attendant ce qui j'en suis sûr, changera le cours de ma vie.

- Le père de cette famille, Joe Coltons est un..

- Tueur à gage, je sais.

En ce moment je vois ses yeux me parler, ses pupilles me demandent comment cela est possible, où j'ai appris cette information et pourquoi je l'ai su. Alors je fais ce qui me semble le mieux à faire, je lui raconte tout sur ma conversation avec Maëlys, sur le pourquoi du comment j'en suis arrivée à savoir tout ça. Durant tout mon récit elle me regarde sans ciller, probablement choquée que je sois déjà au courant alors qu'elle ne m'en a parlé qu'hier. Son corps me répond d'un hochement de tête mais son regard semble perdu, déconnecté de la réalité. Je la laisse digérer, attendant qu'elle assimile chacun de mes mots. Cependant, les minutes passent et plus rien ne se passe, c'est comme si son esprit avait été envoyé sur une autre planète.

- Mamy? Je souffle du bout des lèvres.

Ma grand-mère sursaute, replaçant son regard embué dans le mien.

- Ton grand-père avait une entreprise de marketing qui fonctionnait terriblement bien. A sa mort, c'est son fils qui l'en a hérité, ton père Lucas. Tout se déroulait parfaitement, il était adoré mais aussi détesté par certains. A l'époque, quand tes parents étaient mariés et essayaient de t'avoir, Joe Coltons est arrivé. Ton père et lui sont vite devenus amis et associés. Selon ta mère, ils étaient même de très bons amis. Au point qu'ils fêtaient Noël avec lui et sa femme..

Sa voix se fait plus erratique, plus amer et alors que j'attends la suite, son regard s'ancre au mien et c'est à ce moment, que je comprends que la suite ne me plaira pas.


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AAAAAAAh

Qu'est-ce qu'il se passe dans la villa???

Léna, elle vit des choses. Parfois certaines personnes n'ont que de la malchance.. Car vous et moi savons, ça ne sent pas bon toute cette histoire 😫

Vous allez bien malgré ce chapitre un peu maussade? C'est triste et je n'aime pas la tristesse. Si je pouvais faire la fête et m'amuser tous les jours..

Enfin, bref!

A dimanche prochain :)

K

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