Chapitre 7

Musique: Find Me de Sigma et Birdy

Paralysée sur cette route, j'observe ces motocross sortir les unes après les autres de cet épais nuage poussiéreux alors que mon cerveau me hurle de bouger, de courir, de sauter derrière la barrière. J'agis trop tard, je le sais, je le sens. Mes pas sont lourds sur cet étendu de terre sèche, mes jambes courent mais mon esprit semble ne pas le comprendre, terrorisé par ce qu'il est en train de se dérouler à seulement quelques mètres de lui.

Le premier pourrait me toucher dans les secondes qui suivent si je n'atteins pas la rambarde, et vite. Mon cœur semble à deux doigts de me lâcher tant la peur le submerge, ne parlons pas de ma cheville qui me lance atrocement face à ce que je lui demande. Mes dents s'ancrent dans la chair de ma lèvre inférieure, si fort que le goût âcre du sang s'immisce rapidement dans ma bouche. Je ne veux pas mourir, pas maintenant, c'est trop tôt. Les yeux fixés sur la balustrade, je me lance plus fortement sur ce sol terreux, je cours à en perdre haleine. Je cours pour la vie.

Un dernier coup d'œil vers ce qui arrive bien trop vite et je m'effondre sur le sol, m'échouant dans un fracas sur cette terre sèche. Malgré la douleur qui émane de mon corps, je me redresse. Cependant, il est trop tard, ils sont là. Trois mètres me séparent de la barricade mais le temps que j'y accoure, je serais déjà propulsé par l'une de ces motocross.

Le premier, s'élance à une vitesse folle tandis que ses concurrents le suivent à la trace. Mes pupilles braquées sur ces derniers, je suis prête à être percutée ou contournée de justesse. Les secondes passent comme des heures et pourtant rien ne se passe à l'exception de l'arrêt total du premier pilote.
D'un coup franc et contrôlé, le pilote tourne son guidon afin de laisser son engin glisser dans ce sable et se stopper dans un dérapage contrôlé.

Un nuage nous englobe au même instant que mon cœur s'effondre. Je papillonne des yeux tandis que je peine à respirer pleinement devant ce spectacle des plus chaotiques. Nos regards s'ancrent à l'instant où il le pose sur moi. Des noisettes brunes emplies de quelque chose d'inexplicable. De magnifiques iris.

Lunettes sur son casque, il soulève ce dernier, me laissant l'occasion d'apercevoir la beauté de son visage. Doux, angélique, magnifique.

Je ne peux le lâcher du regard, oubliant totalement la course qui continue de se dérouler à nos côtés. Sa main balaye ses cheveux ébènes pendant que de l'autre, il me tend son casque.

- Dépêche-toi, les autres sont là. Je ne veux pas perdre.

Le ton de sa voix est à la fois doux et autoritaire, je dirais même vainqueur. Muette et complètement absorbée par cet homme au regard de feu, j'attrape le casque qu'il me tend et le place sur ma tête. Je suis dans un état second, encore plus lorsqu'il me demande de monter derrière lui, sa paume gantée tendue vers moi.

Je l'agrippe, passant ma jambe de l'autre côté de la motocross et m'asseyant dans le dos de ce pilote. Ses concurrents passent à nos côtés à une allure phénoménale et pourtant, il prend le temps de se tourner vers moi, plongeant ses iris bruns dans les miens. D'une force que je ne lui pensais pas capable, il attrape mes avants-bras afin de les placer autour de son torse d'une poigne de fer. La chaleur qui émane de sous sa combinaison me fait frissonner bien que la chaleur à San Diego soit tout aussi chaude.

Alors que j'attends qu'il démarre en trombe, au lieu de cela, il ne fait rien, semblant attendre je ne sais quoi, la tête tournée vers ses adversaires qui le dépassent petit à petit depuis maintenant plusieurs secondes.

- Dépêche-toi! Je hurle à mon tour, surpassant le bruit qui nous entoure.

Il n'en faut pas plus à mon pilote pour appuyer d'une main lourde sur l'accélérateur et nous envoyer au centre des hostilités. Je l'entoure plus fortement devant la vitesse à laquelle il roule, sentant mes cheveux se perdre dans le vent chaud de la Californie.

L'esprit encore embrumé de tout ce qu'il se passe, je ne peux m'empêcher de regarder cet homme conduire et dépasser ses concurrents comme s'il s'agissait d'un jeu d'enfants. Ses mèches brunes partent dans tous les sens dû au vent et la poussière qui recouvre ses traits me tord le ventre. C'est lui qui aurait dû garder ce casque et non moi. Pourtant, nous y sommes, lui et moi sur cette motocross à tenter de gagner une course dans laquelle je n'ai pas ma place. Petit à petit, j'essaye de reprendre contenance de mon corps et observe ce qu'il se passe de chaque côté de nos corps, ces motocross que nous slalomons et dépassons dans une précision bluffante, ces mêmes concurrents qui tentent de reprendre leurs places face à mon pilote qui ne cesse d'augmenter la vitesse et les manoeuvres.

Concentré et plus que focalisé, mon pilote accélère encore avant de tourner d'un mouvement franc son guidon afin de nous faire déraper dans le dernier tournant. Je le sais en voyant au loin le drapeau d'arrivée. Seule une motocross nous sépare de la victoire.

Mon corps en entier vibre de sensations nouvelles. L'adrénaline, le stress et l'envie de voir ce pilote gagner, voilà de quoi je vibre en cet instant. Je devrais avoir peur, crier de me déposer sur le bas côté, pourtant, la seule peur qui me tiraille l'estomac est le fait qu'il pourrait perdre la course par ma faute. Si cela venait à se passer, je m'en voudrais terriblement et je ne saurais le regarder dans les yeux. Lui qui possède de si belles prunelles..

Le grognement que fait mon sauveur me ramène à la réalité. Le premier dans la course semble avoir compris que nous étions à ses trousses et il accélère. D'un bleu électrique, la motocross semble nous narguer de la première place qu'il possède, pour l'instant.

Un combat de coq va se lancer.

- Accroche-toi! Me crie soudainement mon pilote.

Je ne proteste pas, au contraire, et l'enserre plus fort avant que mon corps ne glisse vers l'arrière. Qu'est-ce qu'il fait? L'engin se redresse alors que mes cheveux raflent le sol. Soudain, son corps glisse contre le mien, me faisant perdre la tête le temps de quelques secondes. Heureusement pour moi, il s'en rend compte assez vite et nous ramène sans attendre sur les deux roues.

La tête maintenant calée contre son dos, je tente de reprendre une respiration normale et de calmer le rythme enflammé de mon cœur face à tant d'adrénaline. C'est à peine si j'entends les cris émanant du public et le mouvement que prend la motocross alors que nous ralentissons.

C'est terminé.

Un amas de personnes débarque dès l'instant où le pilote pose son pied droit au sol, des gens venant le féliciter, lui demander ce que je fais là et surtout, qui je suis. Certains en viennent même à nous toucher, lui comme moi. C'est à ce moment précis que je prends conscience de ce qu'il vient de se passer. Je suis arrivée par mégarde sur une piste de course, un pilote s'est arrêté, m'a prise avec lui et nous avons terminé cette même course.

Je serre un peu plus mes doigts autour de la combinaison du pilote, angoissée par cet afflux de personnes. Je regarde à tour de rôle tous ces gens qui me posent des questions et qui me fixent telle une bête de foire, la gorge complètement sèche et l'esprit complètement affolé par toute cette situation. C'est à peine si je prends conscience d'être toujours accrochée à ce pilote.

- Dégagez!

La voix rocailleuse de ce dernier me fait sursauter et alors que j'ouvre la bouche pour prononcer quelque chose, mon corps est à nouveau collé contre son dos, la motocross avançant dans cette foule de monde. Je ne comprends rien à ce qu'il se passe mais pourtant, je le laisse nous guider je ne sais où, loin de tout ce peuple avare de réponses.

Nous nous arrêtons quelques minutes plus tard, sur une colline où une table et un banc font face à une vue de la ville. Comme si je venais de me prendre une claque, je lâche l'homme et descends de sa motocross dans le plus grand des malaises. Assis sur son engin, le pilote me fixe de son regard de braise me faisant fondre. Il ne dit rien, se contentant de m'observer alors que je suis enclin à de nombreuses émotions.

Je soupire tout en déviant les yeux des siens, trop décontenancé par sa façon de me regarder. Je retire par la même occasion le casque qu'il m'a prêté et le pose sur la table un peu plus loin, face à la vue de San Diego et du soleil qui se couche.

- Est-ce que tu as gagné? Je finis par lâcher, me retournant à nouveau vers lui.

Un sourire s'étire sur son visage poussiéreux tandis qu'il descend de sa motocross afin de venir se planter face à moi. Il me surplombe d'une tête, facilement, et cela à le don de me faire déglutir.

- Nous sommes arrivés en première position.

Je souffle de soulagement, sentant un poids se retirer de mes épaules. Je ne l'ai pas fait perdre sa course.

- Je suis soulagée que tu n'aies pas perdu, je souris, gênée. D'ailleurs, hum.. merci.

Il hausse les épaules en s'approchant davantage, faisant augmenter mon pouls.

- Je ne perds jamais une course. Puis, je n'allais pas te laisser en plein milieu de la piste. D'ailleurs, qu'est-ce que tu foutais là?

Mes joues étaient déjà probablement rouges face à ses prunelles mais devant sa question, je me sens cramoisie. Il va se moquer de moi, qui ne le ferait pas? Pourtant, sa voix qui me semble familière me donne envie de tout lui déballer.

- Léna?

J'arque un sourcil en ancrant mon regard au sien. Totalement dans le flou, je le fixe dans l'attente de comprendre.

- Comment tu connais mon prénom?

Il rit, ses yeux bruns m'envoyant à la fois un sentiment de douceur et de malice. Je le fixe toujours en attendant qu'il daigne me répondre mais au lieu de ça, il hausse un sourcil, croise les bras et se pose contre sa motocross, rieur.

- Tu ne me reconnais donc pas?

Le reconnaître? Comment pourrais-je le connaitre? Je n'ai fait que très peu de connaissances depuis mon arrivée dans la ville. Je me contente alors de secouer la tête et de hausser les épaules. Le pilote se marre encore plus, me lançant par la même occasion un sourire charmeur.

- Et si je te dis Edan, cela te parle?

Á ses mots, je sens ma mâchoire se décrocher et mes yeux s'écarquiller. C'est lui.

C'est le motard qui m'est passé dessus l'autre jour devant le lycée, le même qui m'a ramassé et qui m'a évité d'autres blessures. Edan. C'est pour ça que sa voix me semblait si familière. Toutes les pièces du puzzles se placent formant l'énigme que je ne trouvais pas.

- Ferme ta bouche ou tu vas avaler des mouches, il pouffe.

Son hilarité me ramène sur la terre ferme et je plisse les yeux en m'approchant de lui et de sa motocross.

- Comment voulais-tu que je te reconnaisse? Je ne t'ai vue qu'une fois et tu avais ton casque, je réplique sur la défensive.

Il se marre mais lève tout de même les mains en signe d'abdication.

- Sur ce coup là, tu n'as pas tort, je l'admets.

Je souris en lui faisant une petite révérence ce qui le fait ricaner. Ses dents blanches et parfaitement alignées me rendent dingue, encore plus en écoutant son petit rire. Edan. Ce type est tout bonnement beau. Alors que je le contemple comme un trophée, ce dernier pose son regard brun sur mes jambes et plus particulièrement sur ma cheville.

- Ta cheville va mieux?

J'acquiesce.

- Je dois encore y faire attention mais ça va.

- Tu nous as fait une sacré frayeur ce jour-là, il souffle en ancrant ses beaux yeux dans les miens.

- Si tu savais comme j'ai eu peur moi aussi, je soupire.

Il ricane doucement sans cesser de me fixer me rendant soudainement fébrile.

- Heureusement qu'on connait nos bijoux avec les gars, il renchérit en montrant sa motocross du pouce.

- C'est clair, je ris, mais si on pouvait recommencer et mettre Nyce à ma place ainsi que des conducteurs nuls à la votre, cela m'arrangerait bien.

Je rigole mais cela s'avère plus nerveux qu'autre chose. Repenser à ce qu'elle m'a fait me donne des envies meurtrières. Le pauvre Edan ne comprend rien, sourcillant, il ajoute:

- Qui est Nyce?

- Celle qui m'a poussée.

- Tu lui as refait son portrait? Il pouffe devant ma mine déconfite.

- Pas encore, je grogne en déviant le regard de son visage rieur.

Le pilote se marre un peu et je finis par le suivre, oubliant toutes ces ondes négatives. Cela fait du bien de relâcher la pression et de rire.

- Au fait, tu ne m'as toujours pas expliqué comment tu t'es retrouvée au centre de la piste.

Je grimace mais abdique en m'installant sur le banc. Edan posté contre sa motocross, plusieurs mètres nous séparent et cela m'aidera davantage à me concentrer sur mon récit.

- C'est pas vrai! Il pouffe. T'as la poisse, il lâche lorsque je termine mon histoire.

Jevhausse simplement les épaules. Edan s'avance alors vers moi afin de venir s'installer à mes côtés.

- Tu pouvais juste me suivre sur les réseaux tu sais, pas besoin de se mettre sous mes roues.

J'ouvre grand les yeux devant sa mine sérieuse et m'apprête à rétorquer de vive voix lorsqu'il explose de rire, tapant son genoux de sa main. Rageuse, je lui donne un coup dans l'épaule ce qui ne fait qu'amplifier son rire.-

- Tu n'es pas drôle, je peste.

C'est à peine s'il m'écoute, trop concentré à se payer ma tête.

- C'était.. trop tentant, il souffle encore secoué par son fou rire.

Je souris malgré moi, il a raison c'était tout de même bien trouvé mais ça, il ne le saura jamais.

- Le destin veut que tu sois sur ma route et dans tous les sens du terme.

Les yeux plissés et ses lèvres pressées, il ne tient que quelques secondes avant de repartir dans un rire cette fois contagieux. J'acquiesce en riant moi aussi, euphorique de ce moment. Moment que je n'oublierai certainement jamais d'ailleurs.

Après cet instant de rigolade, nous nous calmons enfin et je repense à notre première rencontre, plus particulièrement le passage avant que lui et ses amis n'arrivent.

- Tu n'es pas dans mon lycée.

Il secoue la tête.

- Je suis au lycée public, il est situé un peu plus loin que le tien.

J'acquiesce, comprenant la raison de leur passage.

- Pourquoi cette question? Tu veux que je passe plus souvent? Il ricane, joueur.

Je secoue la tête non sans sourire. Je n'arrive pas à controler ce stupide sourire!

- C'est juste mes amies qui m'ont dit que vous ne faisiez que passer, j'étais curieuse, je réponds finalement en tournant ma tête vers lui.

Son corps tourné vers moi, le coude à même la table de camping, il me lance un clin d'œil. Sait-il l'effet qu'il procure aux filles?

- On est au même lycée, t'es juste du côté privé, il m'explique et mon cerveau comprend tout. Enfin bref, il se fait tard. Je te ramène?

Je prends quelques secondes pour lui répondre mais finis par hocher la tête. Le soleil est pratiquement couché maintenant, la ville devient de plus en plus sombre et la course est terminée. Je pense que j'ai assez bien vécu cette soirée pour aujourd'hui.


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Coucouuuuu

Vous allez bien?

Chapitre complètement transformé, j'ai adoré l'écrire. J'espère qu'il vous plaira aussi! 🤩

N'hésitez vraiment pas à me dire vos pensées concernant cette réécriture! :)

On s'améliore toujours, en voilà la preuve ahahah

Bref, moins de blabla, je vous dis à la semaine prochaine.

K

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