Chapitre 4

Musique: Silence de Marshmello et Khalid


Assise depuis de nombreuses minutes sur ce tabouret, je patiente que l'infirmière revienne avec quelques médicaments contre la douleur. Je n'ai qu'une grosse entorse mais il est préférable d'en prendre, ça me soulagera.

Ma cheville est bandée et j'ai une jolie attelle que je vais devoir garder une semaine ensuite, je constaterai si je la garde encore un peu ou non. Me connaissant, il est fort probable que je la vire très vite. Cette attelle est un enfer, je n'ai fait que quelques pas depuis que je l'ai et j'ai déjà une envie grandissante de la retirer pour la jeter le plus loin possible.

Ce qui me passe aussi par la tête c'est le visage de l'autre rouquine dont j'ai envie de tordre le cou jusqu'à la voir morte. Je ne sais pas si elle voulait me tuer ou simplement me blesser mais dans les deux cas je ne m'en suis pas sortie indemne et je jure qu'elle le regrettera. Et si je lui envoyais mon attelle dans la tête tiens?

Je ne suis pas une fille méchante, loin de là, je ne suis ni pour les bagarres ni pour d'autres absurdités mais ce qu'elle à fait, c'est surréaliste. Heureusement qu'Edan et ceux qui l'accompagnaient ont su passer d'une facilité déconcertante au-dessus de mon corps sinon je serais très certainement morte par écrasement de motocross.

Ce n'est que le deuxième jour de cours et j'ai déjà failli y passer, je me demande vraiment ce qu'il va m'arriver ces prochains jours, voire ces prochaines semaines. Ce qui est sûr, c'est que je vais devoir me méfier de la rouquine et la garder à l'œil au risque qu'elle recommence ses procédures de meurtres. Je n'ai pas envie qu'elle arrive à ses fins la prochaine fois.

- Voilà, tu en prends un lorsque la douleur est insoutenable et seulement lorsque tu as mangé quelque chose.

J'acquiesce simplement, la remerciant d'un petit sourire et quitte l'infirmerie d'une humeur des plus agréables. Je soupire tout en me dirigeant vers la sortie du lycée, où je sais que je retrouverai une Mia folle d'inquiétude. Il était hors de question que je continue les cours après ce qu'il s'est passé, puis, l'infirmière ne m'a pas laissé le choix en contactant ma grand-mère.

Lorsque je passe enfin les portes, je remarque instantanément sa vieille voiture noire garée non loin. J'avance tant bien que mal et grimpe à l'intérieur sous son regard accusateur.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé? Elle lâche, la portière encore ouverte.

Son regard est empli d'émotions, elle est autant choquée que inquiète. Observer ses traits tirés par l'angoisse me tord le ventre. Je hais la mettre dans cet état, elle a déjà assez subi, elle aussi..

- Ma cheville est juste foulée, je t'expliquerai tout en rentrant, je souffle en souriant afin de la rassurer du mieux que je le peux.

Ma grand-mère acquiesce et démarre la voiture. Durant tout le long du trajet, aucune de nous ne parle, toutes les deux focalisées sur la route face à nous. Ce n'est pas habituel, jamais nous ne restons dans un mutisme elle et moi et pourtant, je garde les lèvres scellées devant le bitume qui défile devant mes yeux. Je n'ai qu'une seule envie en cet-instant, me blottir dans mon lit et ne plus jamais le quitter.

Sauf qu'une fois de retour à la maison, Mia me prépare le canapé, place délicatement ma cheville sur un coussin et me regarde d'un pied ferme, attendant que je lui explique comment j'en suis arrivée là. Coincée, je soupire et décide de lui dire toute la vérité bien qu'elle risque d'exploser.

- On t'a poussé? ON. T'A. POUSSÉ? Qui est-ce?

Son corps fait les cent pas alors qu'elle hausse de plus en plus le ton. Elle m'inquiète!

- Mamy, ne t'inquiètes pas, ça va. Ça ne sert à rien de savoir qui en est l'auteur.

- Léna, tu ne te rends pas compte à quel point c'est grave! Imagine si ces motos avaient raté leurs sauts.

- Mais ils l'ont réussi, je proteste la seconde d'après. Et puis je vais bien, je suis devant toi, vivante.

Ses yeux verts s'ancrent aux miens et une lutte invisible l'assaille. Elle semble perdue sur ce qu'elle doit faire en cet-instant. Faire une esclandre auprès de mon lycée ou me faire confiance?

- Je te jure que s'il t'arrive encore un truc, aussi minime qu'il soit, je trouverai l'auteur et il sera assailli de mes coups, elle finit par soupirer en s'asseyant à mes côtés.

Un rire me transperce alors que je la regarde jurer. Il est clair qu'il vaut mieux pour Nyce de ne pas croiser la route de ma grand-mère ou elle risquerait de repartir avec des bleus et des cheveux en moins. Je suis persuadée que même l'homme le plus musclé aurait peur en voyant Mia débarquer sac à la main, cheveux en pétards et armée de sa tête de furie meurtrière.

Après cet épisode, ma grand-mère a décidé de rester avec moi et de faire l'invalide à mes côtés proposant divers films à regarder, cela en grignotant des choses tout sauf saines pour notre corps. Le gras aide le cœur, c'est connu. C'est bien pour ça que l'on mange des glaces dès qu'on a le cœur en miettes. En ce qui concerne le reste de la journée, elle s'est passée dans la même humeur, sans embûches, comme si on était seules au monde. Maintenant, couchée à même le sol de ma chambre, je soupire, frustrée.

Pourquoi me coucher par terre alors qu'un lit énorme et confortable me juge à même pas deux mètres de là? Parce qu'il fait chaud et que je ne peux pas réfléchir correctement si mon corps est en nage. Le sujet dont je pense ne fait qu'augmenter la chaleur de mon pauvre corps terrorisé. Évidemment, je parle de cette matinée et de l'autre rousse. Je n'arrive pas à comprendre la raison. Ce n'est pas comme si je lui avais fait la pire crasse au monde, je lui ai simplement répondu dans les dents. Ce n'est pas parce que quelqu'un vous remet à votre place qu'il faut tenter de l'assassiner! Et demain, qu'est-ce qu'il va m'arriver au juste? Le deuxième jour je suis à deux doigts de finir écrasée par non une mais trois motocross alors les jours suivants, qu'en sera t-il de moi?

Toute cette situation me fait délirer et penser à trente-six choses en même temps. Notamment à Maëlys qui, je m'imagine, serait peut-être prête à me dégager de sa vie car ne l'oublions pas, Nyce est l'une de ses meilleures amies..

Bien que ça ne fasse que peu de temps, je les apprécie réellement, ça a été un réel coup de coeur amical et m'imaginer les perdre me fait psychoter. Cependant, je ne veux pas être le problème dans un groupe d'amis, bien que Nyce soit devenue la personne que je déteste le plus en ce-moment, je n'ai pas envie de la priver de ses amies. Bien qu'entre nous, elle mériterait de finir seule avec des chats mais je ne veux pas être aussi mauvaise qu'elle. Je ne lui pardonnerai en aucun cas son acte. Son âme est pourrie jusqu'à la moelle.

Néanmoins, comme je l'ai déjà dit, je devrais faire attention et si je dois rendre les coups, je n'hésiterai pas une seconde. Dans un soupir, je finis par me relever, le dos complètement froid dû au sol. Fatiguée de toute cette journée, je m'installe correctement dans mon lit, non sans maudire cette foutue attelle, et m'endors peu de temps après.

Le réveil est un cauchemar auquel on a du mal à se réveiller, telle une paralysie du sommeil. Dès que j'ouvre les yeux, tout me revient en tête comme si l'on m'administrait une énorme gifle. L'attelle qui me couvre la cheville me nargue alors que je me lève afin de m'apprêter. Je râle et maudis cette foutue rouquine tout en m'habillant et déjeunant. À chaque marche descendue, une insulte lui est destinée. Pourtant, bien que le réveil était compliqué, me voilà assise au fond du bus, mes éternels écouteurs dans les oreilles. J'observe tous ces étudiants grimper au sein du bus scolaire et le paysage qui défile comme une mauvaise chanson. Au fond, je sais que je n'attends que l'arrêt de Maëlys mais avec toute cette histoire et mes pensées, débiles je le sais, mon estomac ne peut s'empêcher de se tordre à la pensée qu'elle pourrait me nier.

On arrive bien trop vite à mon goût devant chez elle et alors que je la fixe, elle s'avance vers moi, un sourire naissant sur ses lèvres roses.

- Tu vas bien? T'as une tête bizarre, elle lance en s'asseyant à mes côtés.

Mon corps dépressif d'hier laisse instantanément sa place à un corps beaucoup plus serein. Je déglutis et souris, serrant mon sac de mes mains.

- J'étais juste dans la lune.

Réponse bancale mais elle sourit, partant déjà dans l'une de nos discussions traditionnelles. Je la suis sans trop la suivre, complètement paumée. Comment ai-je pu croire qu'elle ferait sa route? Elle n'est pas ce genre de fille, son visage est aussi doux que son cœur, il serait tant que je m'y fasse. Ma vie à Miami ne sera définitivement pas la même qu'ici à San Diego.

- T'es sur que ça va?

Ses iris bruns me fixent, l'inquiétude émanant d'eux.

- Désolée, je souris. Je pense trop à cette attelle. Elle me gratte.

Ses sourcils se froncent alors que son regard dévie de mes yeux à ma cheville, plus précisément sur mon attelle. Attelle qui se trouve sur mon jeans. Bravo Léna!

Maëlys me scrute du regard, essayant probablement de comprendre le secret que je cache au fond de moi, celui que je masque derrière un sourire scintillant mais faux. Elle finit par soupirer et se lever, le bus s'étant arrêté devant le lycée. Je la suis sans trop savoir quoi dire, heureusement pour moi, Vicky nous attrape rapidement, sa bonne humeur émanant de ses pores.

- Tu es bien joyeuse toi, sourit malicieusement Maëlys.

Aux mots de son amie, le regard bleu de Vicky s'illumine. Elle semble sur un monde où tout est amour et bisounours.

- Devinez! Elle lance, euphorique.

Son regard oscille de Maëlys à ma gauche à moi, attendant que l'on se lance.

Diverses choses sortent de nos bouches tels que de l'argent, une nouvelle voiture, un nouveau sac à main, une soirée chez les motards, une soirée chez les Kappa et toutes autres propositions mais rien y fait, c'est un non catégorique.

Je tente de me creuser les méninges, réfléchissant à ce qui pourrait la mettre dans une telle humeur mais mis à part quelques banalités et qu'elle est probablement en crush sur son ami, je ne connais rien.Oh purée!

-Ryan!

Je crie, les yeux exorbitant alors que la blonde face à moi sourit en acquiesçant énergiquement.

- Il a enfin fait le pas? Lâche Maëlys, la bouche entrouverte.

- OUI! Il m'a proposé d'aller faire un tour après les cours.

Je souris tout en les écoutant discuter de la relation Ryan-Vicky. Je suis fière de moi pour avoir trouvé la réponse et encore plus pour mon amie qui semble sur un petit nuage. Je n'entre pas dans leur conversation mais je garde le cap, histoire de ne pas perdre le fil lors de prochaines conversations. Les deux se connaissent depuis un petit temps et bien qu'ils soient proches, ils n'ont jamais fait le pas pour tenter une relation. Peut-être que cette sortie changera tout, qui sait. Malheureusement, les filles n'ont pas le temps de terminer leur conversation sur Ryan que la sonnerie retentit. Maëlys lui fait promettre de tout nous raconter une fois leur rencard terminé et ensemble, nous quittons Vicky pour nous rendre à nos cours de la journée.



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Helloo! 

Petit chapitre Chill, comme dirait certains, avant que tout ne parte en vrille 😂 

Simple et efficace selon vous? 

N'hésitez pas à donner vos avis, c'est toujours crucial :)

Á la semaine prochaine!

K


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