Chapitre 10
Musique: I'll be good de Jaymes Young.
- Ta mère s'est toujours demandé comment c'était possible. Elle n'arrivait pas à faire son deuil, elle réfléchissait constamment sur la raison de sa mort. Elle.. elle était anéantie. Toi et ta si belle frimousse, vous ne l'aidiez malheureusement pas à ce moment. Tu pleurais ton père, tu attendais son retour. Tu n'avais que six ans, tu ne comprenais pas encore.. Soupire ma grand-mère alors que je sens les larmes monter. La vie est devenue un cercle vicieux à la suite de tous ces événements, ta mère a repris l'entreprise en mains, cherchant désespérément des réponses et toi, tu assimilais petit à petit que ton papa ne rentrera plus jamais à la maison. C'est bien des semaines plus tard que nous avons tout découvert ou devrais-je dire, ta mère.
Une larme roule le long de nos deux visages meurtris par des souvenirs horribles. Ce que me raconte Mia me fait mal, très mal. Mon cœur saigne face à tout ce qu'a subi ma famille, face à tout ce dont j'ai subi sans même m'en rappeler. La seule chose qui me pèse est le mensonge de ma mère. On m'a toujours dit que mon père était décédé lors d'un accident de voiture mais rien ne s'accroche à cette version. Alors, pourquoi maman aurait-elle menti?
- Joe Coltons, elle reprend la voix éraillée, à la mort de ton père s'est proposé de reprendre les rênes de l'entreprise le temps que vous vous releviez et que vous lui disiez au revoir comme le grand homme qu'il était. Soit disant, elle soupire. Il est resté à la tête de nombreuses semaines, le temps que ta mère reprenne des forces et lorsque c'est elle qui l'a rétrogradé, cela ne lui a pas plu. C'est à partir de ce moment que tout est parti une énième fois en vrille. Ton père a été assassiné par celui qu'il considérait comme l'un de ses plus proches amis.
Son discours s'arrête et je l'en remercie. Le coup que je me prends en plein dans le ventre n'est rien face à la réaction de mon cœur. Joe Coltons à tué mon père. Je n'ai pas les mots pour décrire cette situation tant je suis sous le choc.
- Je n'ai pas fini..
J'encre instantanément mes yeux à ceux de ma grand-mère, la bouche entrouverte par tout ce qui m'arrive.
- Il voulait cette entreprise plus que tout au monde et quand ta mère a repris le rôle de ton père, Coltons voyait rouge. Il a menacé ta mère de te tuer s'il ne devenait pas le PDG de la boîte. Il était prêt à te massacrer de ses mains pour avoir ce dont il rêvait. Le lendemain de cette révélation, ta mère et toi êtes parties en Floride en laissant tout derrière vous.. Ça a été très dur pour ton grand-père et moi-même mais nous ne pouvions partir. Je sais que nous t'avons menti à de nombreuses reprises et je m'en excuse mais si ça devait se reproduire, je le referai afin de te protéger un maximum et pouvoir te laisser vivre ta vie de jeune femme.
J'ai l'impression de vivre un cauchemar éveillé. Je n'arrive pas à assimiler autant d'informations, mon monde est en train de s'écrouler au fil des secondes qui passent. Mon père est mort de ses mains, ma mère s'est fait menacer et a dû fuir de chez elle. J'ai été menacé du haut de mes quelques années, tout ça pour une entreprise. Je vais me réveiller, n'est-ce pas?
Pourtant, lorsque je fixe ma grand-mère dans l'attente qu'elle me lâche que tout n'est que blague et conneries, je ne vois que ses yeux humides de larmes. La tristesse et la crainte sondent ses iris verts. Tout est réel.
- Il sait ou du moins, il a toujours su que la boite te reviendrait tôt ou tard. Tu es l'héritière de cette entreprise et il n'attend que de te retrouver afin de reprendre ce qui lui revient. J'en suis persuadée. Tu ressembles tellement à ton père.. Ça va le rendre encore plus fou. Cela fait plus de dix ans que ta mère vit dans la peur, te protégeant le plus possible. Peut-être a-t'il lâché l'affaire et qu'il ne te fera rien mais je n'arrive pas à m'y percevoir. Je suis sûr qu'il sait depuis toujours où tu te caches et il n'attend que la bonne occasion pour agir. Léna, tu dois vraiment faire attention..
Ma grand-mère me serre les mains, me réveillant d'un épais brouillard au sein de mon esprit. Je possède une entreprise à plusieurs millions de dollars et un tueur à gage me veut morte pour ladite entreprise. Bordel, je vais m'évanouir.
Je trouve cette histoire hallucinante, surprenante mais surtout, irréaliste. Mon père et ce Coltons étaient amis, enfin, c'est ce que pensait probablement mon père. L'amitié qu'ils entretenaient n'était qu'un contexte pour l'approcher et mettre le grappin sur le gros lot.
- Mais s'il ne fait plus partie de l'entreprise, tu penses vraiment qu'il me veut encore du mal?
- Il a toujours voulu cette entreprise. Je ne saurais te dire pourquoi car je ne le sais moi-même pas. Peut-être que son esprit de vengeance s'est calmé ou peut-être pas. Nous ne pouvons en être sur et.. j'ai un mauvais pressentiment depuis ce matin.. Mia serre les lèvres en déviant le regard. Il règne ici, il est aimé de tous comme s'il s'agissait d'un super-héros. Joe Coltons ne dit que ce qu'il a envie que l'on sache, il sait manipuler.
J'ai le cerveau en décomposition et le cœur en miettes.
Mon père n'est pas mort, il s'est fait assassiné.
Ma mère s'est faite menacer.
Je suis passé à côté de la mort à seulement six ans.
Et tout ça, par un seul et même homme. Joe Coltons. Cet homme qu'on ne peut considérer comme tel, cet individu qui ne mérite pas une miette de la vie qu'il possède.
Il faut faire quelque chose, nous ne pouvons pas laisser ce meurtrier vagabonder alors qu'il tue des innocents. Il faut que tout le monde découvre qui il est réellement!
- Il faut raconter tout ça à la police. Prépare-toi, on y va! Je lance en me dirigeant déjà vers les escaliers, l'adrénaline coulant dans mes veines, mais une voix m'arrête.
Sa voix.
- Ma puce.. nous ne pouvons pas. S'il te plait, reviens t'asseoir. Je veux que tu saches tout, je ne veux plus rien te cacher.
Au contact de son regard, je frissonne d'inquiétude. Son visage est tiré par la tristesse me rendant encore plus nerveuse que je ne l'étais déjà. Qu'est-ce qui peut être encore arrivé? Tiendrais-je seulement à une énième annonce..
Dans un soupir dévoilant toutes les émotions qui me taraudent en cet instant précis, je reprends place face à ma grand-mère et patiente.
- Nous ne pouvons rien dire à la police, nous..
- Pardon? Mamy, tu as entendu ce que tu viens de me raconter? Je la coupe, abasourdie.
- Écoute-moi jusqu'au bout.
J'ai le corps tremblant, ne demandant qu'à partir tout raconter à ceux que l'on qualifie de défenseurs. Pourtant, le ton qu'elle emploie me fait rester assise à l'écouter.
- Quelques jours après votre départ, Coltons nous a rendu visite. Il voulait connaître où vous étiez parties et avec ton grand-père nous étions d'accord pour l'envoyer se faire voir. Une larme ruisselle le long de sa joue et je mords ma lèvre, attendant de connaître la suite. Ton grand-père voulait l'envoyer derrière les barreaux pour ton père mais surtout, pour ta mère et toi. Il voulait que vous viviez la vie que vous méritiez, cela même sans Lucas. Coltons ne l'a pas laissé faire et l'a tué de sang froid juste devant mes yeux. Chaque jour je revois cette scène dans mes pires cauchemars, ton grand-père au sol, Coltons souriant et menaçant ma personne de finir dans le même état si j'osais l'ouvrir. J'ai tenu parole.. pour ta mère, pour toi.
Mon.. grand-père, assassiné. Je pars en vrille, mon cœur tente de pomper le plus de sang possible afin de combattre ses battements erratiques. J'ai la gorge sèche, l'esprit enfumé et la respiration saccadée. J'ai besoin d'air. Il faut que je sorte, que je parte le temps de me calmer.
Les larmes pleuvent sur mes joues et pourtant, j'ai l'impression de ne pas les sentir, tétanisée par ce que je viens encore d'apprendre. Les murs semblent se rapprocher de ma personne, m'angoissant davantage. J'entends les paroles de ma grand-mère, sa panique et toute l'inquiétude et la tristesse qui découle de son timbre de voix. Pourtant, je passe au-dessus, me précipitant contre la porte d'entrée. Ses pleurs, je les entends comme s'il s'agissait des miens. Est-ce le cas? Je ne sais plus rien..
- Je.. sortir.
J'ai l'impression de suffoquer tant l'air à du mal à entrer dans mes poumons. J'ai besoin de respirer, de partir d'ici. Ma poitrine me fait un mal de chien, mes yeux me brûlent et ma tête ne cesse de cogner. L'air qui se fraye dans mon corps au fil des minutes me fait un bien fou, m'anesthésiant enfin de toute la douleur que je ressens au fond de mes tripes. Où est-ce que je vais? A vrai dire, je n'en sais rien. Je laisse mes jambes me guider loin de la maison, loin de toutes ces nouvelles affreuses.
Tel un robot, je marche dans ces rues sans savoir quoi faire. J'avance tout en essayant d'assimiler tout ce bordel. Mon cerveau cogite autant que mon cœur souffre. Apprendre que son père est mort est une chose mais savoir qu'il a été assassiné et que toute sa famille a été menacée par les mains d'un seul et même être humain, est dur à avaler. J'ai une envie folle de le tuer à mon tour, de l'écraser avec une voiture ou mieux, un bus. J'ai envie de lui faire regretter tout ce qu'il a fait subir à ma famille. Cependant, la Léna que tous connaissent ne serait même pas capable de le toucher avec un bâton. Si cette entreprise avait été vendue ou encore donnée, mon grand-père, mon père et peut-être même ma mère seraient encore en vie. Notre vie aurait été tout autre, j'aurais connu mon père, nous serions restés ici à San Diego, j'aurais probablement une vie heureuse. Or, la réalité est toute autre, je suis orpheline, la seule famille qu'il me reste est Mia, je ne connais rien de cet endroit et un type me veut morte. Ce type, Joe Coltons, à littéralement foutu ma vie en l'air.
- Léna?
Je sursaute en plaçant la main sur ma poitrine battant à mille à l'heure. Mon corps est aussi raide qu'une montagne mais quand mon regard se pose sur la personne d'où provient cette voix, je me détends.
- Tout va bien? Il ajoute, soudain préoccupé.
Je souris afin de cacher les mœurs de mon être. Je souris afin qu'il ne comprenne pas tout ce qu'il se passe au sein de mon ventre, qu'il ne repère pas à quel point je suis bouleversée.
- Tu m'as juste fait peur.
Son regard noisette me sonde, essayant de lire les secrets que je dissimule.
- Qu'est-ce que tu fais ici toute seule? Ce n'est pas tout près de chez toi.
Je fixe Edan d'un regard ahuri avant de tourner sur moi-même, observant la rue dans laquelle nous nous trouvons. Un quartier similaire au mien.
- Où suis-je? Je souffle pour la première fois depuis plusieurs minutes.
- Chez moi, il pouffe en plaçant ses mains dans les poches de son jeans.
- C'est si loin de chez moi?
Il pouffe une seconde fois et secoue la tête. Complètement à la ramasse, je le regarde faire sans comprendre quoi que ce soit.
- Mmmh.. à genre deux rues d'ici.
- Pourquoi tu me mens? Je crache plus méchamment que je ne le voudrais.
Cependant, le ton que j'utilise ne le démonte pas. Son sourire charmeur me prouve le contraire. Il hausse finalement les épaules avant de passer une main dans sa tignasse brune tandis que mon cœur s'apaise de plus en plus au fil des secondes.
- Sérieusement, pourquoi est-ce que t'es ici? Il se reprend.
- Je me baladais.
L'attitude sereine que j'adopte est en parfaite contradiction avec ce que je ressens au fond de moi, pourtant, je fais comme s'il s'agissait d'une chose normale auprès de ce pilote.
- Je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas Léna.
- Tout va bien, ok? Je soupire en croisant les bras.
Sa posture décontractée, sa gentillesse et sa beauté me plaisent beaucoup mais en ce-moment, il est en train de m'irriter. Il n'a pas à tout savoir, nous nous connaissons à peine. Alors que je comptais reprendre ma route afin de rentrer chez moi, Edan s'approche plus près afin de me tendre la main.
- Viens.
J'observe sa paume d'un œil mauvais mais surtout, perdu.
- Pourquoi?
- Suis-moi.
Ses yeux brillent d'une lueur que je ne saurais décrire mais c'est assez pour me faire abdiquer et lui attraper la main qu'il me tend toujours. Ni une ni deux, il tourne les talons m'emportant avec. La chaleur de ses doigts entrelacés aux miens me calme soudainement.
- Et voilà, c'est chez moi!
Devant nous se trouve une bâtisse blanche, une maison moderne mais typique de San Diego. Edan n'a pas lâché ma main et je ne l'ai pas fait non plus. Au fond, je crois que je veux garder la chaleur qu'il diffuse encore quelques instants afin de penser à autre chose que ce qui m'attend à la maison.
- Pourquoi est-ce qu'on est chez toi? Je l'interpelle, l'esprit embrouillé?
- Pour te changer les idées.
Ses pupilles noisettes ancrées dans les miennes, il sourit et hausse les épaules. Je retire ma main de la sienne et croise les bras dans une optique de mettre cartes sur table face à son comportement.
- Je te préviens, je commence d'une voix forte, je ne m'appelle pas Nyce.
Le visage autrefois neutre, il fronce les sourcils, croise les bras à son tour afin de me fixer d'un air à la fois ahuri et moqueur.
- Je pensais juste à faire une partie de jeux vidéo Léna.
Le malaise..
Son sourire moqueur en dit long sur la couleur de mes joues et alors que je lui demande quels jeux il a pour contourner la gêne de ce moment, je souris en constatant qu'il a réussi là où je n'y arrivais pas toute seule. Je ne lui dirais pas mais, je le remercie de réussir à me faire penser à autre chose le temps d'une heure.
**********************
COUCOU!
Je vous jure, plus je relis et réécris cette histoire, plus je tombe amoureuse d'eux. Ce qu'ils m'avaient manqués purée!!
Qu'est-ce que vous pensez de ce petit duo pour l'instant?
J'aime voyager à travers eux, si vous saviez comme je rêve de partir là-bas.
M'enfin soit, j'espère que vous allez toutes et tous très bien et que vous avez aimé ce chapitre haut en confidences.
D'ailleurs, on en parle? Non mais sérieux..
A dimanche!
K
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top