M. Chapitre 82
Chapitre 82
- Matthew -
There's no way I'd be turning the feeling off
Guess I'm everything that I thought that I was not
-Mama by Clean Bandit
👄Ma tête se met à exploser. Merde. Elle me regarde avec ses grands yeux, prête à recevoir ma réponse. Sa tête exprime son impatience un peu plus chaque seconde.
J'y ai déjà réfléchi seul mais je ne pensais pas lui dire. Je l'aime ? Je l'apprécie ? C'est juste pour le fun ? Cette dernière réponse ne semble pas appropriée, je la chasse de la tête.
Elle retire sa main d'un coup. C'est vrai que ça fait longtemps qu'elle attend. Elle s'assoit sur son lit, me faisant dos. Je plaque mon torse contre elle et lui embrasse le cou.
-Tu me rends un peu plus fou de toi chaque jour Justine.
L'entente de son prénom l'a fait frissonner.
-Je n'ai jamais rien ressenti de tel pour personne. Même si parfois ça me terrifie et que je me dis que tu ne mérites pas un boulet comme moi, je ne peux pas m'éloigner de toi. Alors égoïstement je me rapproche. Si j'ai réfléchi c'est pas parce que j'en doute, c'est juste que je suis un con, j'ai appris à ne jamais dévoiler mes sentiments. Je sais qu'un jour tu partiras avec quelqu'un d'autre de meilleur et c'est pour ça que j'ai voulu contrôler mes sentiments, mais je ne peux pas. On va finir par se briser, tu vas vite te rendre compte que je ne suis pas celui que tu vois. Je suis une épave. Si je ne m'arrête pas de fumer c'est pas parce que je n'en ai pas envie, c'est simplement que je suis accro à cette merde. Je suis nocif. Je vis chaque jour dans la peur que tu t'en rendes compte et que tu partes.
Elle tourne sa tête lentement vers moi, caressant mes lèvres des siennes. Ses yeux analysent chaque parcelle de mon visage. Je ne peux plus la quitter des yeux, elle m'hypnotise. qui aurait cru qu'un jour je fasse une déclaration à une fille. J'ai l'impression d'être complètement nu face à elle.
D'un coup elle se retourne et me renverse sur le lit pour se mettre au dessus de moi. Elle s'empare de mes lèvres sauvagement.
-Tu n'es pas du tout idiot Matt.
Un baiser.
-Si je suis avec toi c'est parce que tu es fort, beau, intelligent, drôle, toujours à m'aider et à m'écouter. Tu es attentif à tout.
Un deuxième.
-Tu disais tout ça à ton ex ?
Un troisième qui aspire mes paroles.
-Arrête de te rabaisser, ai confiance en toi et en moi. Avec mon ex c'était complètement différent.
J'hausse un sourcil.
-Tu veux vraiment qu'on parle de lui ?
J'hoche la tete dynamiquement. Elle soupire.
-Très bien. On s'est mis ensemble assez vite. J'étais aveuglée par l'amour, c'était mon premier vrai copain. On est resté un an ensemble où je n'avais d'yeux que pour lui. Puis on a couché ensemble une fois, et chaque soir il en demandait plus. Pendant une autre année c'était principalement que du sexe. Je ne voulais pas ça mais je m'en foutais parce que je l'aimais passionnément. Je lui en ai fait part, on s'est séparé pendant tout l'été et à la rentrée il est revenu et il a recommencé à me baiser chaque fois qu'il pouvait. A côté de ça, il faisait des gestes affectifs en public. Il savait qu'il avait une emprise sur moi, il en a joué.
-Comment ça s'est fini ?
-Fin juin on a décidé de se séparer parce que je partais...
-Donc c'est la distance qui vous a séparé !? Tu pensais à lui en début d'année ?
-De temps en temps mais ca avait tellement été un connard que tout ce que j'imaginais c'était qu'il crève sous un bus.
Mes pensées se bousculent et je ferme les yeux pour mieux réfléchir. J'ai tellement peu confiance en moi, c'est aberrant. Mais si c'était moi dans notre relation qui suis aveuglé ? Aveuglé parce que pour la première fois quelqu'un me donne l'affection dont j'ai envie. Aveuglé parce qu'elle s'occupe de moi comme une maman.
Je sens son pouce effleurer ma peau.
-Matt ?
J'ouvre les yeux pour l'inciter à continuer.
-Ne remets pas tout en question, chuchote-t-elle d'une voix fragile.
Et entendre son ton me brise le cœur. Elle sait lire dans mes pensées comme personne ne le fait. Elle a peur. Et j'ai peur.
Je soutiens ce regard qui me transperce. Ses yeux sont prêts à pleurer. Un mauvais pas de ma part et je la retrouve brisée. Mais je ne peux pas bouger. C'est comme si le matelas me retenait.
On entend une porte claquer en bas et immédiatement on se relève, coupables. Merde, si sa mère me voit ça ne va rien arranger. Je l'a voit faire les 100 pas dans sa chambre ce qui me stresse encore plus. J'attrape son poignet quand elle passe devant moi. Et je l'attire contre moi comme si c'était la chose la plus facile pour moi. En réalité, c'est extrêmement compliqué puisqu'on se rejette sans arrêt tous les deux.
Je l'embrasse longtemps pour lui prouver toute la force de mon amour.
-Merci, murmure-t-elle.
Je lui souris puis elle me pousse dans son dressing en entendant sa mère monter.
Son merci est bien plus fort qu'un remerciement habituel. Il me fait l'effet qu'un gâteau difficile réussi provoque chez un pâtissier, celui d'une note alto atteinte par un soprano.
Elle m'enferme dans sa garde robe juste à temps. Sa mère pousse la porte de sa chambre.
-Coucou ma puce.
Ça y est, je comprends plus rien. D'ailleurs au dîner ils vont parler quelle langue ? Anglais j'espère, sinon on n'est pas fini...
-Salut maman. Ça s'est bien passé ?
-Oui, je suis épuisée. Tu descends faire la table ?
-Oui, dans une minute.
Elle se racle la gorge puis continue :
-Il faut que je vous parle ce soir.
-C'est grave ?
-Non, non pas le moins du monde.
-Ha d'accord. Tu peux me défaire ma tirette s'il te plaît.
J'entends un bruit de fermeture éclair, un baiser être déposé puis des pas sortant.
Justine ouvre en grand l'armoire géante la seconde d'après.
-Come on.
Elle me prend par la main et je me crois dans mission impossible. Elle vérifie qu'il n'y ait personne dans le couloir, puis on descend les escaliers doucement sans faire un bruit.
A la porte, elle dépose un bisous sur mes lèvres puis me laisse partir.
Waouh, quitter cette maison me fait revenir à la réalité aussi vite qu'un parachutiste qui s'écrase sur la Terre. Et voilà, mon stresse revient encore plus puissant. Est-ce qu'une famille a le droit d'interdire sa fille de sortir avec un mauvais garçon ?
Hey baby, we can dance slowly
My darlin', I'll be all you need
- Put it all on me by Ed Sheeran
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