M. Chapitre 4
Chapitre 4
- Matthew -
Même les plus forts descendent un jour de leurs grands chevaux.
⛹🏻♂️-Si je vous ai réunis aujourd'hui, c'est pas pour glander les jeunes, nous motive mon coach.
On se met tous en mouvement et quoi de mieux pour commencer qu'un petit échauffement en course à pied.
-Dix tours de terrain.
-Mais monsieur, c'est le redémarrage, vous voulez pas commencer doucement, réclame un gars de l'équipe.
-Quinze tours désormais ! Vous êtes encore jeunes alors profitez de vos jambes et courez.
Il va s'assoir sur sa petite chaise de camping, comme à son habitude pour nous observer sous un angle qui, pour une raison qui m'échappe, lui convient parfaitement.
-Et si un autre ose encore râler, vous allez voir si c'est dur ce que je vous demande.
Il tire sur les bords de son magazine de sport et s'interrompt de lire quelque fois pour voir si nous faisons bien le tour des poteaux et que nous courons à vitesse suffisante. Et puis s'il trouve qu'on ne va pas assez vite il crie le nombre de tours qu'on doit faire en plus : « plus cinq tours pour Clément ».
Je suis exténué, heureusement pour l'instant je n'ai pas de temps en plus. Mes jambes s'agitent toute seule, mon cerveau ne contrôle rien. J'entends simplement mon cœur battre très fort et l'air qui rentre et sort de ma bouche. Je me sens plusieurs fois vrillé et partir dans les étoiles mais j'arrive à me rattraper de justesse.
-Fin d'échauffement, on passe aux tirs au panier. Le premier qui ose rater son lancée me fait dix pompes.
Chaque joueur de l'équipe, suant et puant comme des bêtes, se met à courir vers les paniers de basket pour prendre un ballon et faire ses lancées. Nous avions l'habitude de faire ce genre d'échauffement l'année dernière mais faut dire que c'est compliqué de reprendre directement comme ça. Deux mois en faisant le minimum de sport possible et un échauffement intensif dès le début, ça fait mal.
Le premier joueur de la file tire. La balle atterrit dans le panier. Il rejoint l'arrière de la queue. Puis c'est au deuxième. Et ainsi de suite jusqu'à mon tour. Tous les conseils du coach me reviennent en mémoire et j'essaye de tous les mettre en pratique. Poignet cassé, axe de rotation, hauteur. Je tire. Marqué.
Au bout de 10-15 paniers, j'avoue qu'on en peut plus. On les rate presque tous et les pompes n'arrangent rien. Mes muscles se montrent de plus en plus présents, ma respiration haletante a du mal à s'en remettre.
⛹🏻♂️-Très bien les jeunes, fin d'entraînement. Je suis déçu par beaucoup qui ont perdu de leurs capacités physiques. J'avais réussi à vous former mais visiblement il va falloir que je recommence, c'est bien comme ça je vais pouvoir prendre des nouveaux qui veulent faire ça en loisir. Non mais vous avez vu ce que vous m'avez fait ? C'est pas parce que je lis que je ne vous regarde pas, retenez bien ça et je finirais la-dessus, je vous surveille en permanence, j'ai des yeux partout. Allez vous changez, y'en a qui pue tellement qu'il va leur falloir plusieurs douches pour enlever cette odeur.
Tout le monde souffle de fatigue. Dans les vestiaires, ils ragent contre ce coach qui est, soit disant, incompétent et complément débile. Je me contente de prendre ma douche, de remettre mon uniforme de petit élève riche, de me recoiffer et de me parfumer avec un des sent-bons miteux que ma mère veut bien m'acheter. Je ne participe aucunement à leur débat ridicule même s'ils m'y invitent. Je n'ai pas envie de m'attirer les foudres de l'entraîneur. J'ai ma bourse d'étude grâce à ce poste de capitaine de l'équipe. Si je venais à le perdre, je pourrais dire au revoir à mon lycée et retourner dans un public qui coûte une misère mais où je me fais sans arrêt tapé et harcelé.
Je mets mes pensées de côté pour filer dehors afin d'avoir le temps d'aller m'acheter une boisson au supermarché d'à côté pour le déjeuner. Va falloir que je reprenne des forces. J'allume une clope au passage que je n'ai même pas le temps de finir. Elle m'aide tout de même à me détendre.
⛹🏻♂️-Cinq euros pour une putain de boisson ragoutante, je suis dégoutté, je m'exclame en ouvrant mon ,Tupperware' une fois assis à la cantine.
Mes amis se placent autours et commencent aussitôt à déballer leur déjeuner. Bien vite, le sujet principal se dit être une fille se nommant Justine. J'ai l'habitude d'entendre leur conversation sur les fesses ou les seins d'autres nanas mais cette fois, je ne l'a connais pas. Peut-être une nouvelle.
-C'est qui ?, je demande même si tous les gars se foutent déjà de ma gueule.
Apparemment, c'est l'attraction d'aujourd'hui. J'aurais donc louper un missile atterrissant à LA. Si cette fille arrive à se demarquer autant c'est qu'elle est sacrément fraîche. Je refoule mes envies perverses pour écouter leur réponse.
-Comment t'expliquer explicitement ?, commence un mec. Cette fille elle est juste parfaite, son corps c'est les montagnes russes. Space moutain.
Ils rigolent comme des débiles alors que j'essaye de reconnaître une fille avec leur description salasse. Mais rien ne me vient en tête.
-Ça doit encore être une pute, lâché-je en avalant un bout de mon sandwich.
Rachel et une de ses amies arrivent. Habituellement, elle vient nous rejoindre seule. Elle mange souvent avec nous mais cela la lasse rapidement. Parler cul à une table de mecs n'est pas son fort. J'avoue qu'on est le cliché du beauf. Cette pensée me met mal à l'aise.
-Qui est une pute ?, questionne la petite amie d'Ethan en s'asseyant à côté de lui.
-Je sais pas, une fille qu'ils décrivent comme super bonne. Connais pas. Mais bon, tu les connais.
-Elle s'appelle comment ?
-Justine je crois. Pas très courant comme prénom pourtant...
Tout le monde se tait d'un seul coup, j'ai créé un énorme blanc gênant. Je me tourne vers Ethan pour mieux comprendre le pourquoi du comment de cette situation embarrassante.
-La fille qui est en face de Rachel, c'est Justine..., m'explique t-il tout simplement alors que mes yeux se dirigent vers cette jeune femme.
Elle me regarde avec un sourcil levé alors que le malaise monte en moi un peu plus. Elle soutient mon regard pendant de longues minutes. Ses yeux verts ne me quittent plus, pourtant je n'y lis pas l'éternellement envie que les filles ont à me sauter dessus, plutôt une sorte de dégoût.
Bon bah j'ai le choix entre courir comme un lâche vers la porte le plus vite possible, ou aborder un autre sujet un peu moins gênant. Je me creuse la tête pour en avoir un qui arrive rapidement.
-Les élections des associations sont bientôt, non ?, j'enchaîne.
-Ouais, qui va participer d'ailleurs ?, me soutient mon meilleur ami.
Tout le monde se remet à manger, le malaise toujours au-dessus de nos têtes, menaçant.
-Justine voulait aller à celle des cheerleaders, balance Rachel.
Vu comment elle la regarde, même elle, n'était pas au courant et vient de l'apprendre. Au moins, elle a arrêté de me regarder, c'est déjà cela de gagner.
-Et qu'est ce qui te fait croire que tu vas gagner ?, je lui demande sur de moi en mâchant un bout de pain.
Ce sandwich jambon-beurre n'est pas très bon, bien qu'il met coûté une fortune. Comme quoi, la qualité n'est pas une question de prix. J'arrive à l'avaler grâce à la boisson que j'ai acheté.
-Je fais de la gym depuis toute petite, me répond elle aussitôt me clouant profondément le bec.
Sa voix est rauque et trahit son air hautain. Son accent n'est pas d'ici, elle a du mal à prononcer ses mots.
Je me replace dans ma chaise alors que mon voisin me souffle « 1/0 ».
-Et qu'est ce que madame fait d'autre ?, je lâche lassé même si cela ne m'intéresse point.
Elle fronce les sourcils.
-Répète plus lentement.
Ses yeux tombent sur ma bouche et elle fronce les sourcils.
-T'es malentendante ?; demandé-je une lueur d'ironie couvrant ma voix.
-Je suis française loser, parle mieux, je comprends rien.
« 2/0 »
-Bon moi je me casse.
Je prends mon plateau et le dépose avec les autres tout aussi sale puis je gagne la cour où je souffle. J'ai l'impression d'être rentré en apnée depuis bien trop longtemps. En tout cas il faut que je trouve un moyen de remettre miss parfaite à sa place. J'ai honte de l'admettre mais je me suis fait clasher.
⛹🏻♂️Le sur-sur-lendemain est encore bien pire, la française fait encore plus parler d'elle avec son passage pour être choisie parmi les cheerleaders de l'année. Ils disent que c'est une bombe, qu'elle est gentille, généreuse et drôle. A les écouter parler on pourrait croire que Dieu est arrivé en terre américaine.
-Je vous promets je suis arrivée et les professeurs me regardaient déjà tous. Terrifiant...
C'est difficile d'évaluer quelqu'un sur sa personne artistique sans le regarder.
-Elle était magnifique dans son petit ensemble sportif, la coupe Rachel qui me donne l'eau à la bouche.
-Bref là n'est pas la question puisque j'étais tétanisée.
-Et finalement elle a enchaîné salto arrière, souplesse et autres sauts magnifiques. Si avec ça t'es pas prise ma vieille, je ne sais pas qui ils peuvent prendre !
-C'est fort probable le refus, ils ne veulent peut être pas d'une fille qui ne comprend rien à ce qu'ils racontent.
-Mais non en plus cela leur fait de la pub, un côté « regardez comme on est sociale et porté vers le monde ».
-C'est pas que cette discussion ne m'intéresse pas mais ils annoncent les résultats pour toutes les disciplines alors moi j'y vais.
On part donc tous vers le gymnase où une foule applaudit les directeurs des différents clubs.
Les rêves ne tiennent qu'un fil.
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