M. Chapitre 34
Chapitre 34
- Matthew -
Pourquoi les filles seraient-elles les seules à avoir peur ?
😨Je suis réveillé par un bruit étrange. Je secoue la française qui ouvre difficilement les yeux. Mon portable m'affiche 4h 45, impossible que ce soit les voisins...
-T'entends ça ?, chuchoté je.
Elle hoche la tête et part devant pour voir d'où provient ce bruit. Je me blottis contre elle comme un enfant le ferait avec sa mère lors d'un orage.
On cherche tout autour de la maison mais il n'y a rien du tout. Aucune trace de quoi que ce soit, mise à part des cadavres ivres évidemment. J'avoue que ma tête tourne un peu et que je risque d'avoir une légère gueule de bois. Elle, elle a l'air de se sentir bien. En tout cas, elle me protège bien. J'ai eu tellement peur que ce soit quelque chose de vraiment grave.
-On ferait mieux de rentrer, affirme t-elle en baissant ses épaules, soulagée.
Chacun part donc dans sa direction pour rentrer chez lui.
😨-Haaaaa. Arreeete s'il te plaît.
Des pleurs.
Des cris.
-Arreeeettee
Pleurs.
-S'il te plaît, chéri
Encore une fois je suis réveillée par des bruits étranges. Je reconnais très bien ces cris.
-Reprends toi !, supplie ma mère.
Ceux de ma mère quand elle se fait maltraiter par un de ses amants. Même si elle n'est pas présente pour moi, je la défends toujours dans ce genre de moment.
Je cours dans le salon et vois le massacre. Un vase brisé à terre, ma mère en sang en train de pleurer alors qu'il continue de lui donner des coups. J'attrape les bras du mec qui se retourne et me frappe au visage. Putain il a de la force ce con.
Ma mère continue de pleurer au sol dans les éclats de verre. Ses jambes, ses mains, son visage sont ouverts.
Le gars continue de me frapper dans les côtes, toujours au même point. Il a de la précision en plus. Il doit avoir fait un sport de combat, c'est pas possible qu'il se batte si bien autrement.
Une fois qu'on se retrouve, ma mère et moi au sol, il s'en va en claquant la porte. Puis c'est à son tour d'aller dans sa chambre en pleurant comme jamais.
J'ai envie de lui crier que le danger est parti mais je me retiens en me disant que comme toujours, elle me répondrait que le danger c'est moi.
Je ne comprends pas comment une femme peut crier aussi fort et ne pas se battre. Même les voisins doivent l'entendre pourtant personne n'a jamais rien fait pour nous sauver. Parfois la fenêtre est ouverte, mais ils ne font rien. On se bat toujours seuls.
Je me relève pour aller à la salle de bain afin de désinfecter mes blessures. Avec le temps, on apprend à se soigner... C'est triste à dire mais c'est elle qui m'a appris à me battre. Depuis quand des parents apprennent à leurs enfants comment faire mal physiquement à quelqu'un ? Je ne sais pas... Je ne suis pas le premier.
Je décide de maquiller mes blessures pour que personne ne me pose de questions lors de l'entraînement de basket tout à l'heure. Je mets un t-shirt avec un col proche du cou et la veste de l'équipe par dessus. Je jette à terre mon short et opte pour un jogging. Avec ça, ca devrait aller. Si quelqu'un remarque mes quelques ouvertures sur le visage, j'inventerai quelque chose. Genre je me suis pris une table. Ridicule mais ça passera forcément.
De toute façon tout le monde s'en fou de mes problèmes. Tant que je joue bien, que je suis actif et bosseur ça leur va. Il faut juste que je réussisse à bouger sans trop souffrir. Sinon, la journée va être longue...
Je ne revois pas ma mère et je ne l'entends pas non plus avant de filer au lycée. On est dimanche et pourtant on ne rate pas un jour pour s'entraîner. Certains sont à la messe, moi je suis au sport. Chacun ses activités.
😨Il est 15 heures quand j'arrive devant la porte de mon immeuble. Je sors mes clés mais ma mère débarque comme une furie. Elle se place devant moi, me bloquant l'accès au hall.
-Comment j'ai pu mettre au monde un gosse comme toi ? T'es vraiment trop con, j'aurai du avorter ! Ton père me l'avait dit que tu nous apporterai que des emmerdes mais je trouvais les gosses mignons alors j'ai voulu te garder. Ça a été la décision la plus conne de toute ma vie. Je pensais avoir une créature mignonne, voilà ce que j'ai eu.
J'encaisse, j'ai presque envie de pleurer mais ce genre de choses m'arrivent tellement régulièrement que j'encaisse et me tais sans même la contredire. A quoi bon ? On ne change pas les ânes en chevaux.
-Tu imagines les emmerdes que je prends dans la face à cause de toi putain. Faites des gosses !, hurle t-elle sur les passants.
Elle me gifle une fois.
-Connard. Tu te prends pour un justicier mais t'es qu'une merde, tu serviras à quoi dans ta vie ? A curer les chiottes, comme ton père. Tu finiras par coucher avec des putes tellement personne ne voudra de toi. Seul avec des chats. Même ta propre mère veut plus te voir. Maintenant va dire à tout le monde comment je te maltraite.
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne ressens pas la gêne que je devrais ressentir face à ma mère qui me dit de telles choses dans une rue passante. Elle s'est défoncée, sûrement parce que cet homme lui plaisait.
Elle traverse la rue d'une démarche théâtrale alors que mon cerveau passe de la tristesse à la colère. Elle ne se retourne pas alors que je la suis du regard.
Je suis en colère mais même pas contre elle car je sais qu'elle n'y est pour rien. Mais plutôt contre toutes ces personnes qui nous regardent comme si nous étions des énergumènes.
J'aperçois la française venir vers moi. Et je sais déjà que si elle me parle, elle va s'en prendre plein la gueule. Mon sang est en train de bouillir, j'ai besoin de me défouler. Si ce n'est pas contre elle, ce sera contre les murs de l'appartement. La cocotte minute va exploser.
-Coucou, je ...
-Ta gueule, retourne jouer avec tes poupées à la princesse dans le monde des bisounours, j'ai pas envie de parler et encore moins avec toi.
J'ai l'impression qu'un astéroïde vient de s'écraser sur la terre.
Des paroles peuvent être plus violentes que des gestes.
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