M. Chapitre 32
Chapitre 32
- Matthew -
Quand quelqu'un vous ment, c'est parce qu'il ne vous respecte pas assez pour être franc et il pense que vous êtes trop stupide pour connaître la vérité.
🥤Qu'est ce qu'elle pense cette fille ? Que tout tourne autours d'elle ? Bah non, j'en ai rien à foutre de sa petite planète.
-Je t'évite pas mais là il faut que j'y aille, on a un match bientôt, je dois retourner m'entraîner.
-Je sais, je suis cheerleader cretin.
Elle marque une petite pause pendant laquelle son regard me toise de haut en bas comme pour vérifier que j'étais digne de confiance. Elle ouvre la bouche puis la referme. J'ai envie qu'elle se referme sur la mienne. Waouh.
-D'ailleurs je crois que je vais arrêter ...
-Pourquoi ?
Ouais je me demande bien pourquoi. Pourquoi est ce que j'ai posé cette question. Misère je vais être bloqué là pendant encore longtemps ? Si y'a une voyante dans les parages, qu'elle me le dise.
-Avec les compètes de gym, j'ai plus le temps.
Ha bah d'accord, elle se la joue busy maintenant. Moi aussi j'ai une life.
On traverse une rue, passe devant une école maternelle mais je ne réponds toujours pas, je ne sais pas quoi dire. J'essaye pourtant de trouver la meilleure phrase pour abréger ce supplice. Si elle s'en va ça veut dire adieu ce faux couple de merde mais bonjour Jessica. Je sais pas trop ce que je préfère pour être honnête...
Elle me re-regarde de haut en bas, cligne des yeux deux fois puis continue sur un autre sujet tout en marchant.
-Tu sais ce que Logan m'a trouvé comme excuse ?
-Nan...
Comme excuse pour ...?
-Que soit disant j'étais pas assez avec lui .. et tout le patatra alors que je passe mes journées a ces dépends.
-Ouais, il a pas de couilles pour te dire que t'es relou.
Elle ouvre les yeux en me regardant fixement puis les détourne un peu sur le côté pour réfléchir et enfin elle finit par hocher la tete alors qu'on arrive devant la porte de chez moi.
-Tu veux entrer ?
Je regrette déjà de lui avoir posé la question. Il peut y avoir ma mère à l'intérieur, une maison en bordel complet et aucun sujet de conversation avec elle. Mais trop tard, elle a accepté.
Je sors mes clés de ma poche de manteau et en insère une dans la serrure. Un bruit aigu se fait entendre instantanément. On entre dans le premier sas. Je récupère le courrier dans la boîte à lettres puis appuie sur le bouton de l'ascenseur.
Je n'ose pas la regarder ni guetter sa réaction. Les murs sont à repeindre, il y a de la moisissure partout, une odeur d'urine continuelle, des enfants criards, des chiens rebels, des araignées tissant leur toile et pour couronner le tout un plancher qui craquent dès le premier pas passé.
L'ascenseur s'ouvre sur un vieillard tatoué jusqu'au front et qui fume sans même attendre d'être dehors. On le laisse passer gentillement alors qu'il nous fusille du regard. Elle sourit malgré tout, légèrement gênée.
On entre à l'intérieur et j'appuie sur le bouton 1 alors qu'il est déjà parti. Nous sommes balancés de gauche à droite comme dans tout vieux monte-charge. Puis les portes se ré-ouvre sur un couloir mal éclairé avec des murs qui ont essayé d'être peint en rouge. On sort rapidement de peur de se faire percuter par les portes. Toujours dans un silence terrible elle observe de droite à gauche. Une trottinette est posé devant une entrée.
La lumière grésille avant de s'éteindre. J'appuie sur un bouton en me dirigeant vers mon appart. Elle se rallume au bout de quelques secondes alors que mes clés trouve le trou de la serrure. Elle attend patiemment, aucune émotion descriptible.
Je prends une légère respiration avant de pousser la porte. J'entre le premier en déposant mes clés sur une commode qui ne tient plus très bien. On arrive directement sur le salon en L de taille petit et de peu de mobiliers. Un canap, un meuble télé et un tableau horriblement laid qui tombe en lambeau, c'est pour dire !
On traverse la première partie puis tournons à gauche pour trouver la porte de la cuisine. Elle me suit à la trace comme si elle avait peur de se faire attaquer. Moi, je guette les quelques indices qui peuvent me faire penser que ma mère est absente ou présente. Je déclare qu'elle n'est pas là.
La porte de la cuisine est déjà ouverte alors on entre simplement à l'intérieur. Elle n'est pas non plus dans un très bon état. Je crois que la pièce maître c'est ce four qu'on a acheté pour rien puisque personne ne s'en sert, enfin seulement quand on réchauffe des pizzas. Il commence à muter tellement il est pas entretenu.
J'ouvre le frigo pour constater que je n'aurai pas du : il est pratiquement vide. Je prends une bouteille de jus multi fruit, la seule boisson qui nous reste. Je revérifie du coin de l'œil la date de péremption. 09.28.2018.
Quand je me retourne je découvre qu'elle s'est assise sur une chaise et qu'elle a sorti son téléphone de sa poche. Elle regarde dans le vide. Je cherche deux verres que je choisis avec précaution par critère ménager. Je les pose sur la table, un devant elle et un en face de moi puis je fais couler du liquide le long de leur parois. Je referme la bouteille que je pose à côté puis m'assois pour attraper mon verre.
-Si on m'avait dit que je serais un jour en train de boire un jus avec Matthew Anderson... je l'aurai pas cru.
Elle sourit en sirotant sa boisson. Elle passe son regard de ses mains qui tiennent son gobelet à mon visage.
-Ils font quoi tes parents dans la vie ?
J'écarquille les yeux en tournant la tête pour éviter qu'elle ne remarque mon malaise.
-Ma mère est vendeuse.
Mal alaise, je bois une gorgée.
-Et ton père ?, demande t-elle innocemment en continuant de boire.
Je tousse deux, trois fois tellement sa question me reste en travers de la gorge. Elle lève un sourcil comme pour demander silencieusement si je vais bien.
-J'en sais rien.
Je n'ose pas la regarder.
-Ouais, parfois le nom de leur métier est galère à retenir.
Je la regarde et hausse un sourcil. C'est sur qu'elle ne connaît pas ce que c'est un problème. Au lieu de m'énerver contre elle face à sa naïveté, je trouve ça mignon et hoche la tête alors elle me sourit par dessus son verre.
J'ajoute un « disons ça » à peine audible en me levant pour ranger. Elle se lève également.
Pourquoi il n'y a que deux classes de gens dans ce monde ? Ceux qui ont tous les problèmes en même temps et ceux qui en connaissent aucun ?
Je souffle en plaçant mon gobelet vide dans l'évier et elle fait de même.
-Tu fais pas la vaisselle ?
-Flemme...
-Oh bah vas y je la fais, j'aime bien nettoyer les plats sauf que chez nous on a un lave vaisselle et une femme de ménage, alors c'est pas souvent que je peux le faire !
« Un lave vaisselle et une femme de ménage ». J'ai envie de lui cracher au visage mais je me retiens.
-Bah fais toi plai'z.
Elle attrape le liquide vaisselle et un verre. En l'attendant, je sors mon portable.
Cette fille est folle. Mais elle commence à me plaire. C'est pas tous les jours que j'ai une boniche gratos. Elle vient quand elle veut.
Je me promène, perdu dans mes messages alors qu'elle finit la vaisselle. Elle pose les verres sur un étendoir.
-Si tu veux j'ai ma chambre à nettoyer ...
Elle rigole et va au salon. Je la suis à travers la maison, comme si elle était chez elle. Elle observe ma manette posée sur le meuble tv et je lui propose une partie de jeu vidéo.
-Je sais pas jouer, à la maison on a pas ça, on a à peine le droit de regarder la télé.
C'est possible ? Je pensais pas que ce genre de personnes existait dans la vraie vie !
-Mais y'a personne pour te surveiller quand tu rentres des cours alors tu peux tricher.
-Ha ha nan, ma mère ne travaille pas ou à temps partiel parfois. Elle s'occupe de mon petit frère la plupart du temps.
Elle me sourit puis pose sa tête contre le canapé. Je reste bien droit à l'examiner alors qu'elle fixe le sol.
Un bruit de clé se fait entendre. Oh non misère, pas elle. Je me redresse pour observer ma mère en train d'enlever ses chaussures en crachant des injures.
Je n'ai même pas le temps de cligner des yeux que la française est déjà en train de lui dire bonjour.
-Justine, enchantée !
-Salut, répond ma mère d'un ton mauvais en la passant au scanner.
Elle la contourne en me faisant comprendre du regard, qu'elle ne l'aime pas. C'était prévisible, elle semble parfaite, bien habillée et bien éduquée aux premiers abords, ce qui a tendance à agacer ma mère parce qu'elle sait très bien qu'elle ne lui ressemblera jamais.
Ma mère se barre dans sa chambre alors que nous nous réinstallons sur le sofa. J'ai eu chaud, elle a pas fait un scandale.
-Il est 18 heures, je vais y aller, lache t-elle au bout de quelques minutes.
-Ok... J'te jure un jour, je t'apprendrais à jouer aux jeux vidéos. Tu ne peux pas continuer ta vie sans savoir ça.
Elle sourit, encore.
Puis elle attrape sa veste qu'elle avait consciencieusement posé sur le meuble de l'entree sans que je ne l'ai vu et elle va à la porte. Elle ouvre sa bouche puis la referme. Elle appuie sur la poignée, la baisse, tire vers elle et passe un pied dans le couloir.
-Tu sais que Thomas a pris son courage à deux mains et a demandé à Rachel si elle voulait sortir avec lui.
-...
-Ils sont en couple.
Elle se tourne après avoir ajouté ça et disparaît dans l'ascenseur.
Pourquoi j'ai comme l'impression qu'elle a essayé de me faire passer un message ?
La chose la plus importante en communication c'est entendre ce qui n'est pas dit.
-Peter Drucker
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top