M. Chapitre 2

Chapitre 2
- Matthew -

Les personnes qui pensent trop ont besoin de 7 heures de sommeil, sinon ils pensent encore plus le lendemain.

⛱ Ce réveil est plus douloureux que les anciens. Tout mes membres pèsent 6 fois plus lourd que d'habitude, j'ai l'impression de m'enfoncer dans le matelas. Ma tête, c'est pire que tout. Un sifflement agaçant ne cesse de retentir. Je tape sur mon crâne puis me bouche les oreilles mais nada. Le bruit continue.

Une grosse baleine est couchée sur moi mais je n'ai aucune nouvelle d'elle. Et vu comment nous sommes habillés, j'en déduis qu'on n'a pas fait que jouer à la marelle ensemble. En faite, pour tout dire, j'ai plus trop de souvenirs d'hier. Moi qui m'étais dit que ça allait être une petite soirée. Je savais qu'il y allait avoir de l'alcool puisque j'ai aidé à organiser la mission IFSLSP - Il Faut Sauver La Soirée Pourrie.

C'est pas moi qui suit aller chercher la beuh, j'étais contre mais ils insistaient tous alors je n'ai pas eu d'autres choix que d'accepter. Tout ce que j'ai fait, c'est regarder la scène de loin et ramener de l'alcool.

Je la pousse nonchalamment sur le côté, elle ne se réveille même pas. Elle se retrouve au bord du lit, agrippée comme un cochon pendue au matelas. Mes yeux l'analysent en faisant appelle à ma mémoire. Blonde, grande, sourcil épais, d'une finesse rare, aucun souvenir.

Je me lève et immédiatement ma tête crie de l'aider. Pourquoi est ce que je me suis bourré la gueule !? Parce que demain c'est la rentrée ! Plus jamais je bois.

Je ramasse mon caleçon, mon pantalon et mon t-shirt que j'enfile rapidement. Sans jeter un regard derrière, je descends les escaliers très lentement, marche par marche jusqu'à arriver dans une pièce degueulasse. On pourrait croire qu'il y a eu la troisième guerre mondiale ici. Une odeur de cigarette mélangée à de la transpiration coupe mon appétit.

Je m'arrête pile en bas des escaliers pour observer les tags faits sur le mur d'en face. « nique le gouvernement », « fuck l'autorité » et plein d'autres trucs d'ados rebelles en crise. Et puis certains à côté, ont gravé leurs noms au couteau.

J'essaye d'éviter les cadavres gisant au sol afin d'attraper le coupable de tous ces corps. Son étiquette est déchirée et pourtant je sais de qui il s'agit, sûrement parce que, comme tous les autres, je n'ai pas pu résister à son odeur si envoûtante. C'est comme la plus bonne des sensations, la plus bonne des saveurs, la plus bonne des visions. Mieux encore qu'une glace chez Martin, mieux qu'une victoire à un match de basket, mieux qu'une fille nue sur un lit. Elle a quelque chose qu'elle est la seule à avoir et qui la rend parfaite sur tous les domaines.

Je la repose sur une table pour ouvrir les fenêtres. Je meurs de chaud. Cette pièce me donne la nausée alors je décide de la quitter.

J'entends les voix de Rachel et Ethan au loin. Le petite couple est en train de s'engueuler de si bon matin à cause de leur cuite d'hier. Je rentre dans la cuisine en me massant les tempes. Rachel reproche à Ethan d'avoir trop bu alors qu'elle n'arrivait plus à aligner trois mots.

-Wow faites moins de bruit, vous m'explosez les tympans, râlé-je.

Ils soufflent en même temps et je peux enfin prendre mon petit dej' dans le calme. Je vais chercher une bouteille de lait dans le frigo que je verse dans un verre semi-sale, semi-propre. Trop crevé pour me battre, je bois une gorgée puis cherche quelque chose à me mettre sous la dent.

Si j'avale pas un médoc très vite, ma tête va exploser comme les rats dans la saison 3 de stranger things.

-Vous savez qu'on est pas sensé être là, normalement hier on était sensé tous être parti du lycée, s'inquiète mon meilleur pote.

-Perso hier j'étais plus là, renchérit sa petite amie en lui souriant méchamment.

-Ouais enfin t'étais pas sobre non plus vu comment t'es allé chercher ta pote cheloue..., la calmé-je.

Elle me lance un regard noir mais ne se laisse pas abattre.

-De une elle s'appelle Justine et de deux t'as pas intérêt à la toucher.

Je ris doucement avant de continuer.

-Elle est où d'ailleurs ?

-Rentrée, et elle a eu des problèmes avec ses parents. On s'est appelée ce matin et elle est privée de sortie.

Un gros blanc s'installe où nous entendons seulement les cuillères tomber au fond des bols pour récupérer les céréales de la cafète. Quel genre de parents punit son enfant parce qu'il rentre un peu amoché ? Comme si eux ne s'étaient jamais pris de cuite.

J'imagine déjà la scène chez elle. Les parents catho à fond, vivant dans un « petit » 300 mètres carré, allant chez papy-mamie tous les week-ends et ayant un planning d'etudes pour leurs enfants claire et précis établi dans leur tête. Le genre à vouloir que leur fille ait 21 dans toutes les matières, qu'elle ne couche pas avec quelqu'un avant le mariage et qui considère la tenue du dimanche comme une tenue chic et distinguée. Alors que tout le monde s'habille comme un chien parce qu'il décuve de la veille.

-Quand elle m'a dit que t'avais pas réussi à la pécho, j'étais morte de rire.

Je l'observe un moment essayant de voir si elle est sérieuse. Les deux amoureux rient en cœur alors que je leur lance un regard si sombre que même un mange-mort aurait eu peur. Call me Potter. Ou Hedwige parce qu'elle est trop classe cette chouette. Mais pas Hermione parce qu'elle se la joue trop miss je-sais-tout alors que c'est pas un dico. Elle doit tout avoir dans sa baguette, c'est tout...

N'empêche c'est relou d'avoir une baguette genre clairement avoir ses pouvoirs dans la peau au lieu de tout posséder dans un bout de bois, c'est mieux. Tu dois transporter ton cylindre de 30 cm partout avec toi. Ou alors faudrait un sac, comme les sacoches à ordi. Et même là ce serait chiant. Parce que le jour où tu l'oublies et que c'est là que Voldemort décide de t'attaquer avec ses 3500 soldats, t'es dans la merde. Tout le monde n'est pas Harry Potter et ne survit pas à un sort meurtrier en ayant une cicatrice grave stylée sur le front. En même temps, tout le monde n'a pas des lavabos amovibles qui descendent jusqu'à une salle secrète où dort un monstre...

-Tu perds de tes charmes bg, renchérit mon ami.

Il me met une tape sur la tête en passant nettoyer son bol et, parce qu'ils sont cons, j'évite de leur préciser que madame s'est déhanchée contre moi comme jamais. Et qu'après elle a discuté avec moi pendant une demi-heure. Enfin, discuter est un bien grand mot. On s'est plutôt enfilé des verres en fumant. On était déjà dans le mal, autant ne pas faire les choses à moitié et se mettre bien comme il faut.

Après on a critiqué les gens qui étaient ridicules. Comme ces bolosses à lunette qui étaient terrifiés à la seule pensée de faire quelque chose d'illégal. Ou ces mecs qui étaient assis en gang sur une table et qui relookaient les filles une par une sans jamais aller leur parler.

Je trouve ça triste d'aller à une soirée si c'est pour rester assis tout le long. Va danser, chanter, parler, fumer. De toute façon les gens sont tellement torchés qu'ils ne se souviendront de rien le lendemain. Sauf ces gens surhumain qui viennent mais ne boivent jamais une goutte d'alcool. Ou ces gens qui filment tout de A à Z soit parce qu'ils font l'album du lycée soit pour leur dossier perso ou pour se vanter d'être aller à une soirée.

Les gens commencent à se réveiller et comme je ne suis pas d'humeur à faire la cosette et que je n'ai pas envie de retrouver celle qui a finit dans un lit de l'infirmerie avec moi, je me casse rapidement. Ils rangeront tout seul. Apres tout c'est 50/50. J'ai ramené la boisson, à vous de nettoyer les dégâts.

Je trouve mon portable dans une des poches de mon pantalon et je m'empresse de le déverrouiller. Moi sans mon tel, ce n'est pas moi. 7h 50 sur mon téléphone par jour. Si tu me cherches, tu sais où me trouver. Si tu le vois et que je suis pas à côté, c'est pas normal, inquiète toi parce que je suis probablement mort. J'ai toujours besoin de lui. C'est le meilleur pour se sortir des moments de gêne, pour s'enfuir vite fait, pour faire passer le temps ou pour faire croire à une fille qu'elle nous intéresse.

J'ai essayé une semaine en limitant le temps passé sur mon écran. J'y arrive pas. J'ai tout le temps besoin de vérifier que personne ne m'ait envoyé de messages, d'écouter de la musique ou de rechercher la météo. Après tout qui peut juger ? Tous les jeunes sont scotchés à leurs écrans h24 7 jours sur 7. Mieux qu'un service client. Mieux que ces répondeurs agaçants « dites 3 pour refaire votre carte d'identité » alors que juste avant t'as déjà dit 50 numéros et que tu sais pertinemment que tu vas devoir répéter 32 fois le chiffre en question. « Nous n'avons pas compris votre demande ». Puis tomber sur une musique d'ascenseur chiante à mourir pour au final qu'on te dise que les rendez vous se prennent en personne.

Ma mère ne m'a pas envoyé un seul message d'inquiétude, en faite je ne sais même pas pourquoi je continue d'attendre. Jamais elle ne me l'enverra parce que jamais elle n'y pensera. Ça n'est pas rentré dans sa cervelle qu'un enfant, on doit s'en occuper et l'éduquer. Mais ça doit être un signe pour me prévenir qu'elle aussi a fini défoncée. Dès que je sors, elle en profite. En faite même si je ne sors pas, elle se saoule jusqu'à finir par oublier où elle habite et que mon père nous a laissé seul. Elle dit ne pas s'en préoccuper mais quand je la vois hurler sur des photos de lui, je me dis qu'il y a un problème. Je ne me rappelle même plus la dernière fois que j'ai vu ma mère sobre.

-Eh mec, m'interpelle Ethan alors que j'allais traverser un passage piéton et tourner le dos au lycée. Tu viens on va boire un verre !?

J'accepte, de toute façon je ne voulais pas rentrer. Voir ma mère en gueule de bois alors que je décuve moi aussi n'est pas mon passe-temps préféré. En plus on va probablement s'engueuler pendant de longues minutes jusqu'à ce qu'elle me dise qu'elle ne voulait pas de fils et qu'elle aurait du avorter.

On se retrouve à une table du Starbucks avec des chocolats chauds entre les mains. J'en bois une gorgée qui me brûle l'œsophage. Le goût chocolaté me reste dans la bouche comme l'odeur du parfum sur les vêtements. Rachel et Ethan se battent pour savoir s'ils vont au parc Astérix ou dans un restau thaï ce week end. Comme d'habitude, elle obtient ce qu'elle veut. Faut dire qu'Ethan est nul en négociation et elle, particulièrement forte. Elle manie les mots mieux que personne. Ça doit donner dans une disserte. Elle finira avocate ou négociatrice, c'est certain.

Je sors mon téléphone et actualise Instagram. Je regarde les stories d'hier et pour l'instant aucune avec ma tête en gros dessus. Comme je l'avais dit, tout le monde était torché. Certains essayent de parler mais on ne les entend pas à cause de la musique beaucoup trop forte, c'est marrant à voir.

Demain on va prendre cher, le nombre de conneries qu'on a fait est incalculable. A commencer par le pipi versé sur les tableaux des salles de classe, suivit de très près par le sang retrouvé sur les fenêtres du réfectoire et les tags où on insulte le lycée, le gouvernement,... La rentrée va être longue.

bonne rentrée = bonne année

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