Chapitre 10
- Matthew -

Un enfant qui ne s'est instruit qu'à l'école n'est pas un enfant instruit.
Georges Santayana

✍🏼Je me réveille dans mon lit alors que ma chambre est plongée dans le noir. J'appuie sur mon réveil pour qu'il émette de la lumière.

Mercredi 4 septembre 2018
3h 13

Pourquoi faut il que je me lève toujours tôt les jours de contrôles importants !?

Si je rate cette évaluation, je peux dire au revoir à ma place dans l'équipe. Alors il est pas question de faire l'impasse sur les révisions. C'est pour cela que j'ouvre mon cahier et j'aperçois déjà ma jolie écriture. Je lis la première phrase du cours et je m'endors directement.

Je vois un pont avec des araignées géantes dessus, je m'avance et plus je marche vers elle, plus elles deviennent petites. Une fois au dessus de l'eau, je contemple la vue. Au loin, dans le ciel, apparaissant comme un ange, ma mère s'élève. Elle a l'air plus jeune, plus épanouie. Ses cheveux lui descendent jusqu'aux creux des hanches et elle sourit. Sa silhouette descend jusque sur le pont où je vois sa forme humaine apparaître.

Puis tout à coup le pont se fissure et commence à se briser en deux. Je vois ma génitrice en panique. Je cris son nom mais elle s'effondre déjà et tombe dans l'eau. Je veux la voir remonter mais sa tête ne réapparaît pas. Quelqu'un me prend par la taille et m'emmène au bout du pont où je saute dans l'eau sans réfléchir pour chercher ma mere. Aucune trace de débris du pont, aucune victime noyée. Rien. Je relève la tête à la surface et le pont est intact. Les gens se baladent dessus sans même remarquer ma présence. Ils sourient et admirent la vue.

Je sors, trempé, épuisé et m'accroupis sur le sol. Dans mon dos une grande main légèrement brute se pose sur mon épaule. Je regarde la femme. Ses cheveux sont courts, ses yeux rejettent la noirceur qu'elle enferme en elle. Elle m'agrippe la clavicule et me hurle dessus en me demandant pourquoi j'ai sauté dans la rivière. Elle me traine par le t-shirt dans notre maison puis me donne une grande baffe avant que je me mette à pleurer.

Mercredi 4 septembre 2018
6h 37

Voilà pourquoi je déteste ma vie. J'ai beau m'être rendormi, je suis toujours hyper fatigué et j'ai toujours autant envie de tuer tout le monde. Mais ça me passera, enfin d'après ce que disent les autres...

J'essuie mon visage en sueur puis tente de le rappeler mon rêve. Quelques souvenir me reviennent en mémoire mais rien de bien fondé. Ma mère - le pont - les araignées. Qu'est ce que ça voulait dire ?

Je prends mon portable en pensant a réviser mon contrôle. Mais je me rassure en me rappelant que j'ai encore un petit peu de temps. Donc je traîne sur les réseaux...

...pendant 1 heure...

...puis 2.

Jusqu'à me rendre compte que je viens de rater mon bus, que je ne suis pas habillé, que je n'ai pas mangé et que par dessus le marché j'ai oublié de réviser ma leçon.

Je sors en catastrophe de la maison et cours. Peu importe les voitures ou les gens, mon but est d'être à l'heure.

7h 50 m'indique ma montre.

Une, deux.
Une, deux.

Droite, gauche.
Droite, gauche.

8h 02.

-C'est fermé.

-Mais j'ai 2 minutes de retard !!

-Si je te fais rentrer toi alors je dois aussi faire rentrer les gens qui ont 5 minutes de retard et de file en anguille on finit par laisser tout le monde être en retard. La seule façon de rentrer c'est si tu as un mot de tes parents garçon.

Je me calme, souffle et m'assois sur un banc devant. Heureusement que mon contrôle n'est pas en première heure ! Je vais même pas pouvoir apprendre parce que j'ai pas pris mon cahier de leçon. Je sors donc une clope, la première d'une longue série.

8h 59.

On me laisse enfin rentrer et je rejoins les autres devant la salle. Ils sont déjà adossés contre le mur en train de stresser.

-Bah alors qu'est ce qui t'es arrivé Matthew ?, s'inquiète Rachel.

-Sa maman a oublié de lui donner a manger ce matin et de lui faire prendre sa douche, se moque la française.

Oh elle je vais l'égorger un de ces jours.

-Nan, figure toi qu'à 6 heures 30 j'étais debout. C'est juste que j'ai raté mon bus parce que j'ai pas vu le temps passer.

-Et donc j'imagine qu'avec tout ce temps t'as révisé !?, continue t-elle.

-Tu me connais si mal.

Je vais m'assoir sur un rebord de fenêtre en attendant le prof.

J'observe du coin de l'œil la française rigoler à gorge déployée avec ses nouvelles meilleures copines. Hypocrites.

Nous entrons dans la salle et là mon cœur bondit. Waouh. C'est l'effet que ça fait normalement un contrôle !?

-Installez vous et ne perdez pas de temps. Je vais vous distribuer les copies et vous commencerez directement. Toutes tentatives de triche sera fortement punie. Bonne chance à tous.

Je lis le sujet et ma tête me fait automatiquement mal. Je suis allergique aux interrogations.

-Monsieur Anderson, arrêtez donc de gigoter et concentrez vous.

Je me replace sur mon bureau et commence à écrire sur la sujet.

✍🏼 On sort tous de la classe, certains plus en sueur que d'autres. Pour ma part je suis complètement lessivé.

-Qui à triché sérieux ?, questionne Ethan.

-Oh très certainement Rachel !, se moque Kevin, un mec de l'équipe.

-N'importe quoi, hurle celle-ci.

Mes yeux se tournent discrètement vers Justine. Elle me sourit et alors que les autres restent en plan devant la salle, on s'écarte pour marcher vers notre prochain cours.

-Alors, comment ça s'est passé ?, ose t-elle demander.

-Comme sur des roulettes.

Je lui lance un clin d'œil.

-On est vraiment de très mauvais élèves. Si on se fait choper, on peut dire adieu l'équipe, lance t-elle légèrement paniquée, légèrement amusée.

-Oui mais au moins on aura une bonne note. Et y'a une chance sur 100 qu'ils nous attrapent.

Même si ma voix a l'air sûre d'elle, ma tête ne l'est pas du tout. Elle me crie que j'ai fait une connerie parce que perdre cette place revient à perdre la vie. Sans exagéré.

-Matthew Anderson ? Veuillez me suivre jusqu'au bureau du principal, m'interpelle quelqu'un.

Je me retourne et aperçois un tout petit surveillant. Je le dépasse d'au moins 3 têtes et pourtant j'ai plus peur que lui.

Je lance un regard de détresse à Justine qui fronce les sourcils l'air de dire « je peux rien faire mais je suis désolée ».

S'il me convoque parce que j'ai triché, je suis littéralement mort et enterré. On a plus qu'à croiser les doigts.

Les tricheurs ne connaissent pas la vraie joie de gagner. Mais ils connaissent bien la détresse de se faire attraper.