K. Chapitre 69
J'ai 16 ans. Je m'appelle Kate, voici mon histoire.
J'avais 9 ans quand tout a commencé. Un simple Noël, débutant comme ceux des années précédentes : mes cadeaux sous le sapin, la bûche sur la table, la famille réunie autour de petits plats cuisinés par ma maman et ma grand-mère la veille.
19 heures, les premiers invités entrent dans notre maison. L'apéritif est sur la table, la décoration est au top, nos tenues également, nous sommes prêts à recevoir.
20 heures, le dîner est succulent. Je discute avec mon seul cousin de 8 ans qui va dans la même école que moi, et j'écoute les grands parler de politique et des misères qui leur sont arrivées pendant l'année.
21 heures, maman nous dit de monter dans ma chambre. Mon cousin, mes deux grandes cousines (de 14 et 17 ans) et moi nous retrouvons sur mon lit à attendre dans le plus grand calme.
22 heures, le père Noël est passé, il nous a gâté. J'ai reçu ma poupée que je voulais absolument. Mon tonton m'a même offert la poussette qui va avec.
23 heures, alors que les adultes rangent les assiettes dans le lave vaisselle et rassemblent les détritus tombés à terre, je monte dans la salle de bain pour me brosser les dents. Fatiguée et d'une main tremblante j'attrape mon dentifrice. Alors que je recrache une dernière fois l'eau, je sens quelqu'un rentrer. Je redresse doucement mon visage et aperçois mon oncle.
Cet oncle que j'adorais tellement, qui me disait tout le temps à quel point il me trouvait jolie, qui habitait juste en face de chez moi, qui me gâtait de gâteau et qui me faisait rire comme jamais personne ne l'avait fait auparavant. Celui-ci même se tenait devant moi avec un petit sourire en coin protecteur.
Il a refermé la porte derrière lui et m'a dit que ma mère lui avait demandé de vérifier que je me changeais bien. J'ai enlevé mon haut d'abord. Il gardait ses yeux sur mon corps de jeune fille. Je voulais enfiler mon haut de pyjama mais il tenait fermement mon ensemble dans ses grandes mains en disant que je devais d'abord tout enlever. Je l'ai fait. Je me suis retrouvée en petite culotte devant lui.
Il s'est approché, s'est agenouillé devant moi et m'a pris par la taille. « Un baiser sur le front pour une petite fille bien sage ». Puis sa bouche est descendue dans mon cou.
-Qu'est ce que tu fais tonton ?
-Je te comble d'amour ma beauté.
Je l'ai laissé faire en rigolant, croyant qu'il voulait jouer à se faire des chatouilles.
Ensuite, il a commencé à placer un doigt sur mon téton droit. Je l'ai regardé en fronçant les sourcils en lui disant que ce n'était pas drôle et qu'il fallait qu'il arrête. Il m'a regardé droit dans les yeux, je les ai vu pétiller. Les étincelles dans son regard ont réchauffé mon cœur d'enfant.
Il m'a porté pour me poser sur la commode puis il a enlevé ma petite culotte, prétendant que dormir sans était plus confortable. Je l'ai laissé faire. Il a écarté mes cuisses et a regardé mon entre-jambe avec appétit. « Tu as eu tes cadeaux, à moi d'avoir le mien. Tu peux bien me faire cette faveur », a-t-il chuchoté en entrant un doigt en moi.
-Ça fait mal tonton arrête.
Il a placé sa main sur ma bouche.
-Hum arrête, ai-je tenter de le raisonner.
-Chut, c'est fini ma puce.
Il m'a redescendue, m'a tourné et a regardé mon fessier pendant quelques secondes avant de donner une tape dessus.
-J'ai fait une bêtise tonton ?
-Il ne faut pas crier bébé.
-Promis je ne crierais plus ! Tu me donnes une sucette ?
-Demain tu auras le droit à un paquet de bonbon entier. Rien que pour toi.
Il m'a laissé me rhabiller puis est sorti de la salle de bain. Il a croisé le regard de ma mère, inquiète de nous voir en sortir tous les deux.
-Je l'ai aidé à se brosser les dents. Elle m'a raconté l'intervention qu'ils ont eu à l'école sur ce sujet.
Elle a sourit, rassurée par cette version des faits et a fait sortir les derniers invités pour me coucher. Je me suis endormie, morte de fatigue.
Le lendemain, j'ai été me doucher. Et, pendant que l'eau ruisselait lentement, j'ai regardé mon corps pour la première fois. J'ai touché ma partie intime mais ça me faisait plus mal qu'autre chose alors j'ai arrêté.
Pendant un an j'ai subi des attouchements sexuelles. Je ne peux pas réellement parler de viol ou de consentement car je n'ai jamais refusé. Pour une sucette, je me taisais et il avait le droit de me toucher. Il le faisait souvent les mardis et jeudis en me déposant à la maison, après l'école. A cet âge là on ne place pas de mots sur ce genre de faits.
A 10 ans, il a commencé à baisser son pantalon.
-C'est quoi ça tonton ?
J'ai pointé du doigt le gros truc qui pendait.
-Comme une sucette ma puce.
Il a approché ma tête.
-Il faut que tu y passes la langue.
Alors j'ai léché.
-C'est pas bon.
-Ça va le devenir si tu répètes le mouvement plusieurs fois.
Alors j'ai recommencé. Je voulais avoir ce goût de fraise en bouche mais un liquide blanc est sorti et c'était encore plus dégoûtant.
Je l'ai recraché mais il m'a regardé férocement.
-Attention jeune fille, on ne recrache pas.
-Mais c'est pas bon tonton, c'est pas de la fraise ça !
-Demain on ira au centre commercial t'acheter un gros donut, ça c'est bon, nan ?
-Oui ! Un donut au chocolat.
Le lendemain, le même calvaire. Un an de plus à devoir le toucher.
A 11 ans, il a recommencé à toucher mon corps.
-Ton corps t'appartient, c'est toi qui décide ce que t'en fait.
J'ai hoché la tête et je l'ai laissé me déshabiller alors que je dessinais un monstre sur un bloc-notes.
Il a passé une main sur mes fesses et a prétendu me masser. Ensuite il a sorti son engin qu'il a secouer contre mon sexe. Le même liquide blanc habituel en est sorti.
Pendant un an je devais subir ses frottements. A la veille de mes 12 ans il m'a montré une vidéo pornographique et m'a dit qu'il voulait faire pareil avec moi.
Pour mes 12 ans, il m'a pénétré. Ça m'a fait atrocement mal, je lui ai demandé de partir mais il me répétait que c'était bientôt fini. Il a fait de nombreux va et viens avant d'éjaculer en moi.
Un an de pénétration forcée. Il m'a également obligée à regarder mes parents faire l'amour un soir. Il m'a dit qu'il fallait qu'on soit discret pour ne pas être repéré, qu'on est en mission et que si on échoue Père Fouettard ne va pas être content. Et quand Père Fouettard n'était pas content il faisait durer le cauchemar. Plus d'attouchement et plus de pénétration pour allonger son plaisir.
Alors j'ai regardé les seins de ma mère bouger pendant que papa pousser des cris étouffés.
A mes 13 ans, je suis parti avec mes parents pour vivre à l'est des Etats-Unis. Plus de jeux, de sucettes ou de récompenses. Je ressentais comme un manque.
J'avais un comportement étrange et me frottait à tout ce qui pouvait me procurer du plaisir. Ça a duré 6 mois avant que, petit à petit, je ne retrouve une vie paisible. Je ne peux pas dire normale car une vie normale pour moi c'était cette routine d'attouchements et de pénétrations. J'ai oublié.
A mes 14 ans j'ai eu droit à mes premiers réseaux sociaux. C'est par eux que j'ai tout découvert. Une descente aux enfers. Un billet allée vers Satan sans possibilité de retour. Je suis tombée, complètement par hasard, sur une vidéo qui parlait d'abus sexuelles. A chaque phrase, ses mots me percutaient et me détruisaient un peu plus. Je me reconnaissais dans tout. Une larme a coulé de mes yeux puis une autre a suivie, un torrent a dévalé mes joues qui ont été touché tant de fois par son sexe.
Je ne suis pas sortie de ma chambre ce soir là, restant enfermée à double tour. Je n'arrivais plus à dormir, plus à manger, plus à vivre. Je ne pouvais pratiquement plus respirer. J'étais en train de littéralement étouffée. Pendant 3 jours je ne suis pas allée à l'école, ma mère a mis ça sur la faute d'une violente fièvre.
Quand j'y suis retournée, ça a été un vrai traumatisme. J'avais l'impression que tout le monde savait. Que tout le monde savait que j'étais la petite fille qui avait perdue sa virginité à 12 ans. Que tout le monde savait que j'étais la petite fille qui a acceptée de se faire toucher pour avoir des bonbons. Que tout le monde savait que j'étais la petite fille au terrible comportement. Tout était de ma faute. J'étais la seule coupable.
Cette année de 14 ans à 15 ans a été extrêmement difficile, entraînant une perte de confiance en moi et en les autres, un enfermement profond sur moi-même et un refus permanent de tout.
Pour le Noël de mes 15 ans, je l'ai revu. Il a fait comme si de rien était alors que je me sentais rougir chaque fois que je le regardais.
Le revoir ne m'a pas fait de mal, au contraire ça m'a aidé. Ça m'a permis de m'ouvrir les yeux. Je ne suis pas coupable. Il est adulte, il a abusé de moi. Il n'y a pas d'autres versions.
Mais maintenant que faire ? Impossible de le révéler, à qui que ce soit. Personne ne me croirait, tout le monde s'en ficherait, tout le monde se moquerait de moi.
Je me suis tue. Ça m'a rongé. Ravagé.
J'avais une peur bleue de sortir, d'aller à l'école. J'ai commencé à être traumatisée de tout et à douter de mes parents, à me demander s'ils en seraient capables eux aussi.
Mon sommeil a disparu, mon bonheur aussi.
La seule alternative que j'ai trouvé c'est que personne ne m'aime et que je n'aime personne en retour. Cet amour pour lui m'a dévasté et l'a laissé faire des choses impardonnables avec mon corps. Je me suis rendue affreuse, autant à mes yeux qu'à ceux des autres. J'ai détourné tous les codes universels sur le corps parfait. Si les gens me détestent autant que moi je me déteste, ils ne m'agresseront plus.
Mais ça n'était pas mieux. Dès que je sortais on me traitait de grosse, on jetait mon cartable à terre et on m'obligeait à le ramasser pour me donner des coups. Les enfants sont cruels. Ils n'ont pas l'intelligence de réfléchir à la répercussion de leurs actes.
Dès que je ferme les yeux, ses mains apparaissent. On ne peut plus me toucher sans que je me mette à hurler. Mes parents ont tout mis sur l'adolescence. S'ils savaient ce que j'ai vécu et ce que je continue d'endurer...
Je me suis taillée les veines, je me suis faite vomir, je me suis coupée les cheveux moi-même avec un couteau de cuisine. J'ai déchiré les photos de moi petite où mon sourire n'était alimenté que par l'ignorance. J'ai tenté de me suicider à plusieurs reprises. J'ai brisé mon miroir. Chaque fois que je le regarde j'ai l'impression de voir ce qu'il reste de moi. Des bouts de verre, des fissures, des fragments. Mais beaucoup trop de morceaux pour qu'un jour ils se recollent entre eux. De toute façon, la moitié a été perdu en route. Je n'ai plus qu'une demi-vie. Et bientôt plus de vie.
Vous pouvez pleurer maintenant, mais c'est trop tard. Si vous ne pouvez pas me faire revenir, vous pouvez au moins essayer de changer le monde.
Stop au harcèlement
Scolaire
Sexuel
Physique
Verbal
Social
A tout ceux qui ont subi des agressions.
En parler c'est vous sauver.
Le 3919, pour en parler.
[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]
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