J. Chapitre 9

Chapitre 9
- Justine -

On veut tous réaliser nos rêves mais quand on les réalise, on se rend compte qu'ils ne sont pas aussi extraordinaires que dans notre tête.

🦵🏻Nous nous entraînons à côté des basketteurs qui ne se privent pas de nous regarder. Ils veulent capter un bout de culotte quand nous sautons et que nos jupes se soulèvent, ils veulent apercevoir des courbes féminines. Si vous saviez comme je trouve ça pathétique. Des mecs en chien. Je ne sais même pas pourquoi ils nous laissent nous entraîner dans la même salle. Ils nous déconcentrent et visiblement c'est réciproque.

Puisque je suis la capitaine, je suis censée faire plein de truc de gym mais une douleur assez insupportable à la cheville me fait cesser de m'entraîner. Je prends une place sur un siège pour me soulager. Et aussitôt, Jessica se plaint pour rien.

-Coach, si notre capitaine n'est pas capable d'assurer l'enchaînement, on va faire comment nous ? On n'a pas envie de se ridiculiser. 

L'entraîneuse lui lance un regard noir en même temps que moi puis vient me rejoindre sur mon banc.

-Qu'est ce qui t'arrive ?

Si je lui dis que je me suis foulée la cheville je peux dire au revoir aux cheerleaders puisqu'elle ne voudra pas courir le risque de me laisser participer. Et si je lui dis juste que je suis fatiguée, elle va penser que je ne suis pas à la hauteur. Donc la seule solution c'est d'accuser quelqu'un d'autre. Et vu que personne ne m'a rien a fait à part Jessica, je décide de m'acharner sur elle.

-Je l'ai répété un million de fois qu'après la réception il faut plier les jambes puis se relever et Jessica ne fait pas ce que je lui demande ce qui la rend tout le temps en avance !

-Ne t'inquiète pas, je vais voir tout ça ; la prochaine fois viens me voir plutôt.

Je me relève et reprends ma place. Et l'entraînement continue... dans la douleur et la mauvaise humeur.

Il se finit tard et j'ai tellement mal que j'ai l'impression de m'être fait piétiner par un troupeau d'hippopotame.

Les basketteurs ont quitté la pièce depuis longtemps. Une fois partis, on a pu s'entraîner enfin normalement. A la fin j'ai décrété être trop fatiguée pour faire les sauts et personne ne m'en a voulu. J'aurai fait ça à la gym, je me saurais faite défoncée. « Pas de repos tant que ce n'est pas parfait. »

Avant de rentrer chez moi, je passe à la pharmacie mais j'ai oublié que je suis censé parler anglais et comment dire « anti douleurs » ou même « pommade » en anglais quand on est nulle comme moi ?

Heureusement que j'ai plus d'un tour dans mon sac ; je sors mon portable et tape ma phrase en français sur Google traduction puis la montre au pharmacien.

Il doit mesurer 1m 70, yeux bleus assez craquants, cheveux châtains qui ont de légers reflets blonds dus au soleil. Sa mâchoire est carré, ça lui donne un air strict mais ses cheveux cassent ce côté bourgeois. Il ne les a pas coiffé et ils sont tout emmêlés.

Je lui souris poliment en passant mon regard de ses cheveux vers ses yeux. Ils brillent. Il se retourne pour chercher une boîte.

Quand il se remet face à moi, il m'explique tout plein de chose que je ne comprends pas mais je me rassure en me disant que y'a la notice. Il déballe tout un tas de choses incompréhensibles tellement vite. Je fais une grimace puis il se stoppe net d'un coup. Il a finit ou il a compris que je comprenais rien ?

Il penche la tête sur le côté. Merde, il m'a posé une question ? Je hoche lentement la tête et il me sourit. Ma réponse a du le satisfaire.

Je prends mes médicaments en le regardant dans les yeux. Je fais demi tour et quitte la pharmacie.

Je fais quelques pas dans la rue en longeant la vitrine. J'ose tourner la tête et je le vois ranger des boites.

Je passe le seuil de la porte de ma maison et ma mère vient me faire un câlin, les mains pleines d'oignons.

-Tu m'aides ma chérie ? Je prepare le dîner pour ton père.

J'acquiesce de la tête avant de déposer mon sac de cours dans ma chambre et d'enlever mes chaussures.

-Comment se sont passés les cours ?

-Bien.

J'avoue que ça fait bizarre de parler et d'entendre parler français après une journée en anglais, mais ça fait aussi du bien. Parfois j'ai envie de parler français au lycée.

-Tu t'es fait de nouveaux amis ?

-Ouais.

-Et y'a des beaux garçons dans ta classe ?

-Nan.

-Bon chérie. Elle lâche tout pour se tourner vers moi. Je sais que c'est compliqué pour toi mais tu n'es pas la seule. Je suis allé faire les courses, je n'ai pas trouvé un seul yaourt sans morceaux. Et puis quand le cassier m'a demandé si je voulais un sac je lui ai tendu de l'argent.

Je la regarde en culpabilisant de plus en plus mais je ne suis pas tout à fait prête à laisser tomber.

-Mais alors pourquoi tu n'as pas dit à papa que tu ne voulais pas partir !?

-Parce que quand tu aimes quelqu'un t'es prêt à faire n'importe quoi pour lui. Je saurais pas une bonne épouse si je refusais qu'il accepte ce boulot aux Etats-Unis.

-Ouais bah en acceptant t'étais pas une bonne mere...

-Une vie aux US qui n'en rêve pas ? Je sais que pour l'instant t'es bouleversée mais tu vas t'habituer et au final tu ne voudras plus partir, tu verras.

-Pour une fois maman t'as faux sur toute la ligne. Jamais je ne vous pardonnerais et jamais je n'accepterais de rester une seconde de plus ici !

Je monte dans ma chambre et comme si le destin était avec moi, Esther m'appelle.

-Allô ma cheriiiiie.

Sa voix enjouée me fait oublier les problèmes qui m'environnent. Heureusement que pour aujourd'hui, j'arrête de parler cette langue qui parait simple mais qui ne l'ai pas vraiment au final.

-Il est pas un peu tôt chez toi ?

-Si, il est 3 heures du mat mais j'avais envie de parler à ma meilleure amiiie.

-Qu'est ce que t'as fait comme connerie Esther ?, je demande sur mes gardes.

-Roooh mais rien je prends bien soin de ta plante et je surveille aussi bien Thibaud.

Elle aurait été en face de moi, elle m'aurait fait un clin d'œil, j'en suis certaine.

-Imagine que je te fais un clin d'œil cocotte, me chuchote-t-elle.

-Ha ha. T'es trop prévisible.

-Tu me connais par cœur louloutte. Mais attends si moi je surveille Titi, qui te protège toi ?

-Bah pour l'instant personne...

-Meme pas un garçon en vu ? Ils sont craquant là bas non ?

-Dans les films oui, en vrai non, rigolé-je.

-Bah alors qu'est ce que t'attends pour me raconter tous les nouveaux trucs qui te sont arrivés !!!??

-Y'a pas le feu à la grange hein ! Tu veux que je commence par quoi ?

-Bah ton élection des cheers !!!

-Je suis devenue capitaine.

Son cri strident me fait devenir sourde.

-Et alors le capitaine des basketteurs est joli ?

-Ça va, il s'appelle Logan et il a l'air assez gentil. J'avoue que je ne lui ai presque jamais parlé...

-Haaaaa !!! Et ta gym ?

-La sélection pour les départementales est demain, je stresse...

...surtout depuis ce problème à la cheville. Si je suis pas prise je peux dire adieu à toute ma vie et aux JO.

Une vie est basée sur des choses tellement futiles qu'il est compliqué de faire les bons choix quand ceux-ci sont importants.

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