J. Chapitre 81
Chapitre 81
- Justine -
She's just a girl who claims that I am the one
But the kid is not my son
-Billie Jean by Michael Jackson
👅-Non, non.
-Mais..., me coupe t-elle une énième fois.
-Écoute moi si tu veux savoir !, m'énervé-je.
-Bien, vas-y.
Je soupire et reprend en essayant de tenir le téléphone à une main en me maquillant de l'autre.
-J'ai dormi chez lui et je lui ai juste fait une pipe hier. On n'a pas couché ensemble. Quand je me suis réveillée ce matin, il était déjà dans la cuisine à parler à sa mère. J'ai préféré les laisser et partir m'habiller. Et voilà, je ne lui ai pas parlé ce matin.
-Il s'est laissé faire ?
-Ouais, il m'a attrapé la main et a soufflé longtemps sûrement pour faire revenir son rythme cardiaque à la normale.
-C'était bien ?
Je parie qu'elle sourit.
-Ouais. C'était la première fois que je faisais ça. Mais il a aimé. Après ça on s'est couché tous les deux l'un contre l'autre. Quand je me suis réveillée cette nuit il était toujours nu comme un vers.
-Vous êtes trop choux. J'adorerais le rencontrer cet été. Il pourra venir à Paris ?
-Je ne suis pas sure, tu sais qu'il est fauché... S'il travaille c'est pas pour se payer des vacances pour rencontrer les amis de sa copine...
Un petit silence s'installe pendant lequel Matthew rentre. Il me regarde en haussant un sourcil. Je suis mal à l'aise vis à vis de la discussion d'hier.
-Je te laisse Esther, à plus.
-A plus ma belle.
Je m'apprête à raccrocher quand je l'entends hurler « protèges toi ». Je ris puis me re-concentre sur mon liner. Cette merde n'est jamais pareil sur les deux yeux.
-Tu veux petit déjeuner ?
-M'ouais...
-Vas falloir le prendre en chemin, on n'a plus le temps.
-Déjà ?
-Je ne savais pas que tu prenais autant de temps le matin !
Je le regarde mettre sa chemise et ajuster sa cravate. Puis je range mes affaires en silence.
-Je suis prête, dis-je en passant devant lui pour aller dans l'entrée.
Il m'y rejoint, met ses chaussures puis on part. Dehors, le vent me fait un bien fou. Je n'avais même pas remarqué qu'il faisait aussi chaud à l'intérieur.
On va à dans un supermarché où tout est sans dessus dessous. Encore une fois, la poussière est maîtresse.
-Prends toi un petit dej' et un truc pour midi.
Je me promène dans les rayons en quête d'une salade de pâtes et de petits gâteaux. Une fois, mes courses dans les bras, je cherche Matthew qui m'attend aux caisses. On pose tout sur le tapis et il insiste pour payer. Je ne débats pas plus que ça, déjà fatiguée par cette journée. J'en profite pour tout fourrer dans mon sac sauf mon repas de ce matin.
On reprend le chemin côte à côte alors que j'ouvre le paquet d'un premier gâteau.
-T'en veux ?, demandé-je en lui tendant la boîte.
Il secoue sa tête de droite à gauche puis fourre ses mains dans ses poches. Une fois que j'ai fini de manger, je me tourne vers lui.
-Je n'ai pas eu mon bisous ce matin.
Je monte sur la pointe des pieds pour l'embrasser et quand on recommence à marcher il me prend la main et son contact me fait du bien.
👅 Je le vois à la sortie, en train de m'attendre. Il fume mais dès que j'arrive à sa hauteur je jette sa cigarette par terre.
-Va falloir qu'on parle de ton problème.
-Quel problème ?
Il hausse un sourcil, plaidant innocent.
-Arrête de te niquer la santé Matt !
Il secoue la tête de droite à gauche en soupirant. C'est pas comme si c'était la première fois qu'on avait cette discussion.
-Réduis à deux par jour au moins.
Il me regarde mais semble plus perdu dans ses pensées qu'autre chose. Je décide d'abandonner pour cette fois, non sans lui faire comprendre qu'il m'énerve.
-Bon on va chez moi ?
-S'tu veux.
-Génial, dis-je sarcastique alors que je commence à marcher, lui sur mes talons.
-Chouchou ! Soirée vendredi chez moi. Ok ?
La voix de Rachel me fait me retourner. J'hoche la tête ce qui l'a fait sourire. Mes jambes continuent de m'emmener chez moi.
-Bon, normalement y'a personne à cette heure ci à la maison. Ma mère rentre ce soir mais mon père ne sera pas là. Si elle te voit, c'est pas la fin du monde, mais vaut mieux éviter quand même.
-Tu leur as toujours pas dit ?
-Non, mais c'est parce qu'ils sont exécrables. Fin' surtout mon père en réalité.
-Je suis sur qu'ils ne sont pas si terribles, chuchote-t-il.
Je me retourne d'un coup vers lui.
-Ok, t'es prêt à les rencontrer ? Samedi soir dîner chez moi !
Il hausse un sourcil. C'est lui qui a lancé la conversation !
-Ça me va.
Mes yeux le défient mais il soutient mon regard. Je suis la première à me détourner pour regarder où je vais.
On arrive devant ma porte de maison que j'ouvre d'un coup de bras. Je l'emmène à l'intérieur.
-Enlève tes chaussures s'il te plaît.
Il m'obéit puis on pénètre dans le salon. Il semble décontenancé. Sa bouche est légèrement entrouverte. Et même s'il tente de rester impartial, elle trahit sa surprise. Je ne lui ai jamais menti sur les revenus de ma famille pourtant.
-C'est... grand.
Et encore le mot est faible pour décrire ce palace moderne avec 56 chambres et 380 salles de bains. Le plus impressionnant pour lui reste la piscine. Peut être qu'une piscine dans la résidence, partagée, aurait suffie.
-Tu peux te baigner face à l'océan, remarque-t-il un petit sourire timide aux lèvres.
Je souris aussi en nous imaginant dans l'eau. Sa tête me donne envie de lui sauter dessus, il est trop mignon. Mais rapidement il monte les escaliers et détaille chaque pièce comme s'il voulait acheter cette maison.
-Ta chambre ?
Je l'emmène au bout du couloir et on entre dans mon vrai chez moi. Il fait un rapide tour en faisant évidement une remarque sexiste sur mon dressing puis s'affale dans mon lit. J'ai horreur qu'on s'y mette avec les vêtements de la journée. Mais on va dire que ça passe pour cette fois.
-Je vais me changer, j'arrive.
Je pars dans la salle de bain avec mon short et mon T-shirt qui me servent de pyjama de temps en temps. Je reviens 5 minutes plus tard. Je le retrouve les yeux fermés toujours allongé. Je viens à côté de lui et me mets sur la tranche pour lui faire face.
-Alors ?
-T'as une belle maison. J'aimerais bien vivre dans un équivalent.
-C'est flippant la nuit de la traverser.
Il ouvre les yeux.
-C'est vrai que se balader dans une maison avec porte blindée, résidence sécurisée et vigiles prêts à attaquer, ça doit faire peur.
Je monte mes yeux au ciel mais il ne semble pas s'en rendre compte. Son sarcasme me soule de temps en temps (surtout quand il a raison).
-Elle pense quoi de moi ta mère ?
Pire question au monde mais je n'ai pas d'autre sujet de conversation. Et sans vouloir jouer les filles égoïstes j'ai envie de savoir la réponse.
-Elle pense que tu es une fille bien sage avec des parents pétés de thune pour qui la vie est ultra facile. Mais elle a aimé ta politesse, à la maison y'en a peu quand tu n'es pas là.
Je me laisse tomber sur le dos. Moi qui pensais avoir fait bonne impression. Mes parents m'ont toujours appris qu'il était important de faire preuve de politesse et que, si ses manières étaient respectées par toi, les gens étaient dans notre poche.
-Mais elle t'a trouvée aussi très belle. Elle a adoré tes yeux.
On se retourne en même temps pour s'observer.
C'est moi qui adore tes yeux.
-Tu penses à quoi ?
-A toi, souffle-t-il sur mon visage.
J'hausse un sourcil pour l'inciter à continuer.
-Pourquoi tu sors avec un type comme moi ? Tu sais que je ne plairais jamais à tes parents. Je n'ai jamais appris les bonnes manières.
-Je suis sure qu'ils t'apprécieront.
En vrai, je n'en sais rien du tout. Ma mère peut être mais mon père y'a de forte chance qu'il le sorte à coups de pied aux fesses (et même là je considérerais qu'il y a une partie de lui qui l'aime, tant qu'il ne lui tire pas dessus...).
-Vous avez des manières que nous n'avons pas ?
-Quand tu entres tu serres la main d'abord à ma mère puis à mon père. Tu enlèves tes chaussures que s'ils te demandent (normalement tu devrais les garder). Tu fais une petite remarque sur la déco. Tu t'assois seulement quand on t'y incite. Il faut toujours que tes avant-bras touchent le rebord de la table, c'est la règle la plus importante, ne mange surtout pas un bras sous la table, c'est très mal poli et ton coude ne doit pas toucher la table quand tu manges.
Je le vois déjà froncer les sourcils. Son attention me touche.
-Tu ne t'assois pas au bord de ta chaise mais un peu en arrière, il ne faut pas que ton dos touche le dossier non plus. Ton dos doit être droit. Tu demandes régulièrement s'ils ont besoin d'aide, tu n'harcèles pas non plus. Si tu te serres dans un plat ou d'eau, tu demandes d'abord si quelqu'un en veut. Pas de réponse et réponse négative tu peux en mettre dans ton assiette. Ha oui ne te lève pas pour attraper les pats posés loin de toi, demande toujours. Tu vouvoies mes parents en les appelant madame, monsieur. Et puis, voilà. Je crois que j'ai tout énuméré... Évite de dire non. Tu vas sûrement passer un entretien d'ailleurs : tu vas devoir répondre à leurs questions pendant tout le repas.
Il souffle en fermant les yeux. Il panique. Ma main vient attraper la sienne, il les pose sur son torse.
-Et toi ? Pourquoi moi ?
-Parce que ta beauté, ta joie et ton intelligence me rendent fou.
Je souris. Il sourit aussi. On a l'air débiles mais qui s'en soucie ?
-Tu ressens quoi Matthew ?
Matthew c'est un genre de frigo, une armoire à glace qui renferme tout à l'intérieur. Il n'existe ni code ni clé pour réussir à savoir ce qu'il cache. M'avouer qu'il n'a jamais fait l'amour, me montrer l'endroit où il vit, me présenter (même si c'est non officiel) sa mère, m'embrasser en public lui demande une force qui n'est pas nécessaire aux autres.
Il souffle en fermant les yeux. Qu'est ce qu'il va me sortir comme connerie ? Je sens que ça va finir en baston, je n'aurais jamais du demander. Mais si je ne le fais pas j'ai l'impression que jamais il ne me dira ses sentiments. Et il m'est important que je sache. J'espère qu'il ne va pas me sortir un « bah t'es bonne quoi ».
Il ouvre la bouche et prend la parole.
Feels like I'm walking with my heart on fire
Somebody pass me the water
'Cause I'm burning
-Mama by Clean Bandit
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