J. Chapitre 73

Chapitre 73
- Justine -

I'll never let go
Like a river, I flow
To the ocean, I know
You pull me close, guiding me home
-Falling like the stars by James Arthur

🧲Une semaine que je ne vais plus en cours. Il a fallu que j'invente toutes les excuses possibles auprès de mes parents pour les convaincre d'une quelconque maladie.

Cependant, ce n'est pas une partie de plaisir non plus. Je ne passe pas mes journées devant Netflix et mes soirées en boîte. La plupart du temps j'essaye de dormir. Mais je n'y arrive que très peu, quand je suis épuisée. Chaque fois que je ferme les yeux, je le vois. Je ne peux pas m'empêcher de penser à ce mec que je ne connais pas qui a touché mon corps. Je n'ai rien contre mon corps, je le trouve très bien. Mais je n'irais pas jusqu'à l'exhiber devant n'importe qui, ni à laisser des inconnus le toucher. Enfin, je suis comme la plupart des gens.

Du coup, je déprime. Je passe mes journées à somnoler ou avec Matthew. Parfois on discute, on regarde des films ou on dessine. J'aime bien être avec lui en ce moment. Je n'ai pas parlé à Rachel depuis la fête, je n'ose pas lui demander comment s'est fini sa soirée. Je ne sais même pas si elle est au courant.

Lui est bouleversé par le décès de Kate. Ça le touche tellement que je ne sais plus quoi faire. J'ai essayé de lui rappeler que ce n'est aucunement sa faute. La police a confirmé l'hypothèse du suicide ce qui n'a pas ravi ses parents. Il parait qu'elle a laissé une lettre collective. Je ne suis pas allé la lire car je ne me sens pas légitime du tout. Mais lui l'a lu, je crois que ça lui a fait beaucoup de bien.

Il change souvent d'humeur. Il peut être un ange comme un démon dans la minute qui suit. C'est difficile de suivre. A vrai dire, on finit toujours par se disputer mais il revient quand même le lendemain. J'imagine que c'est ça d'être ami avec lui...

Il me passe tous les cours en me racontant les moindres détails de la journée. Parfois, j'ai des vidéos. Rachel m'en envoie quelques unes aussi. Je lui réponds toujours, gênée, un petit « merci ».

Je passe mes pieds hors de la couette, là où il fait tout froid. Je prends mon téléphone en m'asseyant sur le rebord de mon lit.

15:30
Samedi 23 novembre

J'ai un message de Matthew. Il me demande de me préparer de manière chic. Je fronce les sourcils, regarde mon armoire puis rabaisse les yeux vers l'écran.

Très bien, je pioche dans mes tenues du dimanche.

J'éteins mon portable et vais vers mon dressing. J'attrape une robe noir mais elle fait trop enterrement. Je prends une jupe rouge et un haut blanc en dentelle qui font "vive les mariés". Ma main se referme sur un pantalon blanc et un haut noir légèrement décolleté, malheureusement j'ai beaucoup trop portée cette tenue, je ne peux plus la voir. Je fouille mon placard mais rien y fait, rien ne me convient.

Je ne sais même pas si j'ai envie de porter une jupe ? Il fait froid dehors donc il va falloir que je mette un collant. J'accorde ma jupe rouge et le haut noir décolleté et trouve le rendu convenable finalement. Tout ça pour revenir à la première tenue... Je marche jusqu'à mon lit pour enfiler l'ensemble. Je rajoute quelques accessoires comme une ceinture, ma paire d'escarpin préférée, un collant couleur chair, une montre et des bagues.

Je me place ensuite devant ma coiffeuse et me brosse les cheveux délicatement. Les rayons de soleil les caressent légèrement, les rendant encore plus blond qu'ils ne le sont déjà.

Je les laisse détaché, en me bouclant juste les pointes. J'attrape une paire de boucle d'oreille pendante, des bracelets et mon collier puis passe au maquillage. Le collier que je porte est l'un de mes préférés, ma mère me l'avait acheté pour mes 15 ans et il est ultra canon. Je le complète avec d'autres petits colliers pour avoir ce rendu de dégradé que j'adore.

Je me nettoie la peau pour appliquer mon fond de teint, puis mon bronzer et commence à me maquiller. J'estime juste de faire un trait de liner noir puis de compléter mes yeux avec du fard à paupière. Je passe alors à la bouche, je cherche mon rouge à lèvre sans le trouver. Je me lève pour fouiller ma chambre mais une fois celle-ci retournée, il est toujours porté disparu. Je vérifie une dernière fois ma coiffeuse avant de me diriger vers la chambre de ma sœur.

Je toque une fois. Pas de réponse. Une deuxième. Toujours rien. Je pousse donc la porte et découvre qu'elle n'est pas là et que son lit n'est même pas défait. Ma sœur est le genre de personne à ne jamais faire son lit "à quoi bon le faire puisqu'on re-dort dedans le soir-même". La seule personne qui le fait pour elle c'est ma mère mais elle ne passe jamais dans sa chambre le week-end. Ce qui signifie qu'elle n'a pas dormi ici.

Je cligne des yeux plusieurs fois puis inspecte sa chambre, à la recherche de mon rouge à lèvre. Mais quelque chose attire mon attention sur le bureau. Ce n'est pas exactement posé en évidence, elle a essayé de cacher cet objet mais je peux quand même bel et bien l'apercevoir. Il y a de la poudre blanche dans un mini sachet. L'hypothèse de la farine semble peu probable.

Je retourne illico presto dans ma chambre et décide de prendre un autre rouge à lèvre. Ça fera tout aussi bien l'affaire.

J'enfile mes escarpins, prends d'une main mon sac à bandoulière que je fixe sur mon épaule avant de descendre souhaiter une bonne soirée à ma mère.

-J'y vais.

-Ne rentre pas trop tard, me dit-elle du salon.

-Oui, promis.

Ma main s'apprête à appuyer sur la poignée de la porte d'entrée quand elle apparaît pour m'enlacer.

-Mets un manteau, réplique-t-elle en me lâchant.

J'attrape une veste que je mets sur mes épaules puis passe la porte.

Je marche pendant 10 bonnes minutes avant d'arriver devant un joli restaurant en bord de mer. Le serveur m'accueille avec un sourire resplendissant. Il est très bronzé. J'observe plus minutieusement ses tatouages avant de me rendre compte que la situation est embarrassante. Mes yeux remontent jusqu'aux siens et je lui souris, l'air de rien.

Il me dévisage un moment avant de répéter sa question :

-Vous avez réservé ?

-Oui.

Il hausse les sourcils alors que, sans son accord je pénètre dans le restaurant à la recherche de Matthew. J'entends le serveur soupirer au moment où je le vois. Assis dehors, regardant la mer, l'air pensif. Ses cheveux volent au gré du vent. Il a fait un effort vestimentaire. Il a ôté son habituel jean-T-shirt pour laisser place à une chemise.

Je m'approche lentement, comme hypnotisée. Il me voit lorsque je ne suis plus qu'à quelques mètres de lui.

-Salut.

Il sourit de toutes ses dents en se levant. Il m'examine de la tête au pied d'un œil qui pourrait déstabiliser tout humain.

-Salut.

Je lui souris en retour en attendant ses instructions. Mais il ne dit rien : il est, comme je l'étais quelques minutes auparavant, hypnotisé. Je suis contente que ma tenue ne le laisse pas indifférent.

-Très élégante, finit-il par dire.

Ok, les mots ce n'est pas son fort. Il fronce les sourcils une demi-seconde, se rendant compte de sa phrase vide de sentiments.

Il me tend sa main que je prends et m'emmène d'un geste vers ma chaise. Il s'assoit également et recommence à regarder dans le vide.

Mon cerveau surchauffe, j'ai envie de rentrer chez moi et de m'enfouir sous mes couvertures. Je n'aurais jamais du accepter.

Mon agacement se calme lorsque mes yeux rencontrent les siens. Il est perturbé, il a l'air triste.

-Parle moi.

-C'est Alexia... Elle repart vivre chez son père.

Baby, we don't stand a chance, it's sad but it's true
I'm way too good at goodbyes
-Too good at goodbyes by Sam Smith

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