J. Chapitre 67
Chapitre 67
- Justine -
Take a look in the mirror
And what do you see
Do you see it clearer
Or are you deceived
In what you believe
-Human by Rag'n'Bone Man
⚪️ Je suis assise dans la cour à réviser ma leçon de spécialité mathématiques. Concentrée sur mon cahier, je ne prête aucune attention aux élèves se chamaillant avant le début des cours.
Quelqu'un vient s'assoir à côté de moi. Je relève la tête et vois celle de Matthew.
Crise cardiaque. Réanimation.
Mon dieu mais 2 semaines sans lui ça m'a fait oublier à quel point il est beau. Je n'en reviens pas. Sa peau si lisse et parfaite, sans boutons, sans défauts mise à part quelques petites cicatrices par ci, par là. Ses cheveux d'une blondeur exceptionnelle, toujours emmêlés. Ses sourcils, dessinant parfaitement les contours de ses yeux, ni trop épais, ni trop fin. Sa bouche, où il y passe sa langue pour les humidifier ; même en début d'hiver ses lèvres ne sont pas gercées. Sa barbe naissante lui donnant un air virile, elle a été rasée il n'y a pas longtemps. Ses yeux, mon puit de ressources, un océan de bonheur, d'un vert si pure mais qui cache une si grande tristesse.
J'ai envie de lui sauter dessus, de plonger ma tête dans son cou qui a l'air si doux, et de l'embrasser en même temps. De l'embrasser jusqu'à ce que l'oxygène nous manque. Des envies sauvages me passent par la tête mais je me retiens.
Je ferme les yeux une seconde puis observe la réaction de Matthew. Visiblement il est dans le même état que moi. Pourtant je n'ai pas vérifier que je n'ai pas une crotte de nez qui dépasse ou que mes cheveux ne partent pas dans tous les sens.
Mes yeux descendent sur son visage pour admirer chaque recoin. Ils rencontrent ses épaules de sportif. Je le vois fixer mes lèvres puis revenir à la raison.
Notre petit moment de distraction est passé, quelle retrouvaille intense, riche en émotion.
-Salut, souffle-t-il en premier ce qui me procure un sourire.
Je n'avais pas envie de parler la première. Ça me rassure qu'il le fasse, qu'il ne soit pas venu juste pour me fixer et s'enfuir après. Je lui réponds par un sourire sincère.
-Ça fait longtemps, continue-t-il doucement.
J'observe toutes ses réactions et me nourris de chacun de ses mots. Ça fait tellement de bien d'entendre sa voix. Mes envies de câlins réapparaissent. Pour les calmer, je décide de prendre la parole.
-Ouais, longtemps.
C'était pourri. Pourtant, il me sourit, sûrement content que je prenne enfin la parole.
-Tu m'as manqué.
Mon cœur fait un bond gigantesque. C'est les montagnes russes dans mon cerveau. Je me rappelle assez vite qu'il traine avec une fille non identifiée mais je ne peux pas m'empêcher de baver sur lui. Moi qui, d'habitude, veux toujours tout contrôler...
Je ne sais pas quoi répondre. Il m'a manqué, évidemment. Chaque jour je pensais à lui, je rêvais de lui et j'avais envie de lui envoyer un message pour qu'on se retrouve et pouvoir enfin respirer son parfum. Mais je n'ai pas envie qu'il prenne la confiance. Je souffle, je ne sais pas pourquoi.
-Matthew...
Je me pince la lèvre, pour lui faire comprendre dans quel embarras il me met. Il a l'air frustré et déçu. Cependant, il ne perd pas le nord et continue ses courtes phrases.
-Pourquoi on ne se parle plus ?
Je lui demande qui est cette fille ou ça fait trop la fille jalouse ?
-Je t'ai vu le 31, chuchoté-je.
Ma voix s'est faite beaucoup plus touchée que je ne l'aurai voulu.
-Moi aussi.
-Je t'ai vu avec elle...
Il fronce les sourcils en me scrutant. Il a compris. Il a tout compris. Je ne peux rien lui cacher.
Il attrape ma main mais je l'enlève immédiatement.
-Ne joue pas avec moi, je t'en supplie.
Il me regarde, triste que je puisse penser ça de lui.
-C'est ma sœur.
Je détourne le regard tout de suite, gênée. Contre toute attente, il se rapproche de moi et reprend ma main. Je suis stupide. Me livrer comme ça à lui. J'ai envie de me frapper la tête contre un mur.
Sa main presse la mienne donc je me retourne pour regarder nos doigts entrelacés.
-Pourquoi je ne l'ai jamais vu ?
-Elle n'habite pas avec nous normalement.
On se regarde tous les deux en essayant de capter le plus d'émotions. Il a l'air sincère mais j'avoue que je n'arrive pas bien à voir ce qu'il ressent. Contrairement à lui, qui a l'air de lire en moi comme dans un livre ouvert.
-Arrête, fis-je.
Il sourit. Son sourire m'avait tellement manqué. Il est tellement beau comme ça. Il faut que j'arrête de baver sur lui on dirait une pucelle de 12 ans qui est « secrètement » amoureuse de sa star préférée.
-Parle moi d'elle.
Son sourire disparaît. Pourtant, moi j'adore parler de mon frère et de ma famille en général.
-Elle a 14 ans, elle a vécu des trucs que je ne souhaite à personne.
Pourquoi il joue les mystérieux ? Ça a l'air grave mais à quel point ? Je ne saurais dire.
Je hoche la tête, déçue du si peu d'infos.
Il passe son bras par dessus mon épaule, ayant bien compris que je m'étais renfermé.
-Tu vas pas me refaire la gueule alors qu'on ne s'est pas parlé depuis si longtemps ?
Il tourne son corps pour se mettre en tailleur face à moi. Je fais de même mais je n'arrive pas à soutenir son regard longtemps. Ça me gêne terriblement la façon qu'il a de me regarder. Je préfère fixer mes doigts qui jouent avec un élastique pour cheveux.
- Tu m'as réellement manquée Justine.
Mon cœur bondit. Il m'a appelé par mon prénom, ça sonne tellement bien dans sa bouche, tellement anglais, tellement lui.
J'essaye de ne rien laisser paraître mais je suis trop faible et lui bien trop fort.
-Arrête de faire ta rabat-joie. Pourquoi tu compliques tout ?
Je remonte ma tête pour observer ses yeux. Il a peur de ma réaction, il sait que je peux très mal prendre ce qu'il vient de dire. Mais je ne suis pas d'humeur à m'engueuler.
Je souffle et mes épaules s'abaissent.
-Je n'aime pas cette façon qu'on a de se disputer puis de revenir l'un vers l'autre comme s'il ne s'était rien passé.
-Tu préférerais que je reste loin de toi ?
Non ! Bah non t'es fou ou quoi ? Rien que 2 semaines loin de toi, j'ai envie de te faire l'amour partout dans ma maison alors plus, c'est impossible à tenir. Mais je peux pas lui dire que non alors que je viens de lui tenir un discours contraire !?
-Je ne sais pas, tu me manques aussi.
Je relève les yeux très lentement, par peur de voir une réaction affligeante. Il ne sourit pas, mais il ne tire pas la gueule non plus. Il a l'air perdu, c'est compréhensible, je ne sais pas ce que je veux.
-Je te comprends pas. Tu attends quoi de moi ?
Je hausse les épaules en triturant mes mains. Lassé, il pose la sienne dessus. Mais même ses mains sont jolies ! C'est quoi cet être venu d'ailleurs ? Il a de belles grandes mains viriles qui me donnent envie d'essayer toutes sortes d'activités... manuelles.
Je relève les yeux vers lui et visiblement il attend une réponse. Ce mouvement l'a fait légèrement se pencher vers moi ce qui me coupe le souffle.
-Je ne veux pas me prendre la tête.
-C'est déjà fait.
-...
-On se prend déjà la tête chaque fois qu'on se voit. Ça ne me dérange pas moi, je trouve ça mignon quand tu cherches tes mots parce que je te déstabilise, rigole-t-il.
-Ou quand tu m'embrasses parce que tu ne peux pas me résister, lui chuchoté-je à l'oreille avant de partir.
Mon téléphone sonne aussitôt. C'est Esther. Je parle avec elle de tout et de rien. Plus pratiquement, elle me demande quand est-ce que je rentre à Paris.
⚪️Enfin à la maison ! Je vais directement à la fenêtre de ma chambre pour regarder les maisons en hauteur. J'aime bien faire ça, en écoutant de la musique.
J'entends le portillon vibrer ce qui me fait le regarder. Je vois ma sœur échanger des billets contre un paquet blanc. C'est quoi cette merde encore ? Elle se drogue ? Impossible, le sachet est trop grand, elle en a jusqu'à la fin de sa vie avec ça.
Je descends pour lui demander des réponses mais sa réponse ne se fait pas comme je l'attendais.
-C'est pas tes affaires. Bouge ton cul.
Isn't it lovely, all alone?
Heart made of glass, my mind of stone
Tear me to pieces, skin to bone
-Lovely by Billie Eilish
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