J. Chapitre 53
Chapitre 53
- Justine -
At least I can say that I've tried
To tell you I'm sorry
For breaking your heart
-Hello by Adele
🔥Je mets la noir ou la rouge ? Je ne sais pas encore.
La robe rouge a un décolleté plus plongeant mais elle est plus longue. Tandis que la noir a un magnifique dos nu. Bon allez va pour la rouge. En plus je sais exactement quelles chaussures mettre avec.
Je chausse mes escarpins après avoir enfilé le vêtement. Je mets dans une pochette en bandoulière mon rouge à lèvre, mon téléphone et mes écouteurs. J'ajuste ma coiffure, puis pose la bretelle sur mon épaule et claque la porte de ma chambre. Je descends l'escalier en me tenant fermement à la rampe pour ne pas tomber.
-Tout va bien ? Tu ne veux toujours pas qu'on t'accompagne ?, me redemande ma mère pour la centième fois.
-C'est à deux pas maman, ça va aller.
Je soupire en souriant légèrement puis lui fais un bisous. Je passe à côté de mon père sans lui lancer un regard, au moins ce soir il ne m'aura pas sur son dos. Dehors il fait plutôt frisquet, heureusement que la soirée est chez Thomas. Il a demandé à tout le monde de bien s'habiller alors j'ai fait un effort. Sinon je serais venu en jean basket, comme d'habitude.
Je pousse la porte où du bruit se fait déjà bien entendre. Je ne suis pas la première, plein de monde me bouche le passage. Je les bouscule un peu pour rejoindre le salon. J'aperçois Thomas que je salue d'un signe de main avant d'aller me prendre un gâteau. En effet, les gens ont fait un effort vestimentaire ; ils ont sorti la chemise pour l'occasion.
La porte s'ouvre sur deux ados. Matthew et Rachel. Qui se marrent et qui ont l'air aux anges. Mes poings se ferment tous seuls. Ils osent se ramener ensemble après ce qu'ils ont fait. J'ai envie qu'ils aillent crever. Je ne veux pas pleurer pourtant, je regarde ailleurs pour me détendre mais rien y fait, mon sang bout. Je n'ai toujours pas digéré cette trahison.
Les voir heureux, pratiquement main dans la main me rend folle. Un mois et demi que les cours ont repris et ma vie est déjà un carnage, je n'ai vraiment pas de chance. Je voudrais appeler Esther mais je suis à une soirée et je compte bien en profiter.
Je vais à la cuisine pour me servir un verre de vodka que je coupe avec un jus d'orange. Je ramène mon mélange jusque dans le jardin où il y a moins de monde. Pas que j'ai mal à la tête à cause de la musique trop forte, je n'ai juste pas envie de croiser les deux cons. Je sens que s'ils s'approchent je vais les frapper et leur faire bouffer le sol.
Je m'assois sur la terre puis pose mon verre à côté. Je suis bien trop sous tension, il faut que je relativise parce que je ne dors plus la nuit à cause de cette histoire qui est en train de me rendre chèvre.
Je ne comprends pas leur attitude. Quand elle m'a dit qu'ils ont copulé, elle était gênée, mal à l'aise, j'en suis certaine. Elle n'a pas pris un malin plaisir à me faire du mal. Sa culpabilité a vite disparu visiblement.
Je bois une gorgée.
Mon dieu, l'alcool m'avait manqué. A la maison impossible de boire une goutte sans me faire agresser. « Pas de ça avant tes 18 ans jeune fille ». Il pense que c'est Satan en personne qui a créé cette chose et que même tremper les lèvres pourrait les tuer.
Je sens une présence a côté de moi qui s'est installée. Pas besoin de lever la tête pour deviner que c'est Rachel. Son parfum très féminin monte à mes narines en une fraction de secondes.
Elle est sapée d'une robe cache-cœur avec un jupon en dentelle. La couleur verte de son vêtement s'accorde parfaitement avec ses bijoux rayonnants. Ses escarpins ne sont pas très hauts, 2 à 3 centimètres chacun. Ils ne sont pas spécialement à mon goût mais ils lui vont très bien tout de même. Elle a laqué ses ongles d'un vernis blanc assorti à ses chaussures et son sac qu'elle triture de temps en temps.
Je m'apprête à partir mais elle me retient par le bras, m'obligeant à me rassoir.
-Ne fuis pas Justine s'il te plaît.
Son ton suppliant me fait rester. Après tout, j'ai besoin d'explications car sinon je ne passerais jamais outre.
-Je t'ai menti, il ne s'est rien passé avec Matthew. On ne s'est jamais touché, je n'aurais jamais osé et lui non plus. Depuis le début de l'année j'essaye de vous mettre en couple, ça aurait été trop bizarre de baiser avec lui. Mais je t'en voulais pour Thomas, j'ai inventé une histoire bidon juste pour te rendre jalouse comme je l'ai été en vous voyant tous les deux.
Elle déblatère à une telle vitesse son récit qu'il m'est difficile de tout comprendre, elle qui d'habitude parle si lentement.
Je n'ai plus le cœur à me battre. Je secoue la tête sans savoir quoi répondre. Quelque chose ne va plus entre nous, c'est clair et net. On s'entendait merveilleusement bien, personne ne pourra le nier mais depuis quelques temps, les choses ne vont plus. J'essaye de retenir la pensée que c'est depuis l'entrée de Thomas.
-Je n'arrive pas à te faire confiance Rachel, et toi non plus visiblement.
Je place mon regard dans le sien. Elle est déçue. Mais elle ne s'attendait tout de même pas à ce que je lui saute dans les bras. Il ne me suffit pas juste de plates excuses pour tout pardonner. C'est con à dire mais ça m'a blessé de l'entendre dire qu'elle a copulé avec mon soi-disant « copain ».
-C'est un gars bien, ne le fait pas payer pour mes erreurs. Il n'était pas au courant, j'ai tout manipulé seule.
Je reste muette comme une carpe alors qu'elle s'éloigne. Je ne savais pas qu'on pouvait mettre fin à une amitié aussi tragiquement et pathétiquement.
Aussi surprenant que cela puisse paraître je n'ai pas envie de pleurer, je me sens comme qui dirait soulagée. En un sens, j'ai un poids de moins sur les épaules. Pas le poids de Rachel, évidemment. C'est plutôt le fait qu'on se soit expliquée.
Je retourne à l'intérieur après quelques secondes de repos.
Les fêtes aux Etats-Unis sont à peu près les mêmes qu'en France dans le sens où il y a de l'alcool, des joints, des gens bourrés et de la musique à fond. La grande différence c'est sûrement les lieux. Alors qu'à Paris, nous étions plutôt dans des appartements miteux sous les combles à crever de chaud, ici ils font ça au bord de la piscine, dans une villa digne d'un hôtel 5 étoiles.
Je tourne la tête de droite à gauche afin de trouver quelque chose qui pourrait rassasier ma faim. Mes yeux s'arrêtent sur Matthew dansant avec une fille inconnue au bataillon. Je me penche pour mieux les observer. Mon corps bascule son poids en avant ce qui me fait pratiquement tomber. Alors que les gens me lancent des regards noirs pour les avoir bousculés, je fixe toujours les deux au milieu de la piste.
Des sourires qui paraissent indestructibles sont plaqués sur leur visage ; ils ont l'air heureux comme jamais ils ne l'ont été auparavant.
Pourquoi quand je chasse un problème il y en a un autre qui arrive ?
Une fille de ma classe vient me voir.
-Coucou Justine, je te sers quelque chose ?
-Hum...
Je la toise de haut en bas en essayant de me rappeler son prénom. Elle est toute petite, un peu rondelette, des cheveux courts teints en rouges, des yeux marrons qui ont l'air de vous transpercer, un sourire des plus magnifiques. Il me semble qu'elle s'appelle Sophie. On ne s'est jamais parlé avant mais elle m'a toujours paru très dynamique et généreuse comme fille.
-Non merci.
Je lui rends son sourire puis je détourne le regard. Je ne peux pas m'empêcher de le fixer.
-Elle s'appelle Kate, elle est nouvelle dans la classe, m'informe Sophie. Tout le monde parle sur son dos. Regarde les garçons là-bas ils la pointent du doigt en se moquant. Et c'est pareil pour les filles sur le canapé ; j'ai entendu des choses pas belles tout à l'heure. Ils critiquent juste parce qu'elle a des formes, c'est vraiment de la méchanceté gratuite.
Je bouge la tête dans les directions indiquées et en effet, aussi surprenant que cela puisse paraître les gens rigolent ouvertement. Et c'est là que je me rappelle l'avoir déjà vu.
Pourtant, elle a l'air complètement « banale ». Je veux dire, pas méchante, arrogante ou quoique ce soit d'autre que les gens puissent critiquer. Juste gentille et heureuse.
-Bon, reprend Sophie toujours en me souriant, je dois aller proposer mes services à d'autres gens. A plus Justine !
-Salut.
Je la regarde partir à toute vitesse vers un autre groupe alors qu'une nouvelle personne est a côté de moi.
-Regarde ce que j'ai trouvé encore.
Thomas ouvre son téléphone puis sa galerie photo pour me montrer un cliché de Matthew tenant Rachel dans ses bras comme si sa vie en dépendait.
Mon sang ne fait qu'un tour. J'expire et inspire une bonne dizaine de fois pour essayer de me calmer.
Je remonte mon regard colérique vers celui de Thomas.
-T'en as pas marre de foutre la merde avec tes photos de merde là ? Qu'est ce que tu cherches à faire à la fin ? Tu veux complètement me détruire, c'est ça ? Bah félicitations, c'est réussi.
Je regarde autour de moi pour trouver le plus rapidement possible la sortie. Mes yeux trouvent ceux de Matthew. Ils ont l'air inquiets et tristes mais peu m'importe, je lui lance le plus noir regard que je connaisse et m'en vais, l'air triomphante alors que tout s'écroule autour de moi. Je veux rentrer à Paris.
I heard, that your dreams came true
I guess she gave you things
I didn't give to you
-Someone like you by Adele
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