J. Chapitre 31

Chapitre 31
- Justine -

Le pardon est la plus belle preuve d'amour parce qu'il le rend encore possible. Seuls deux personnes qui s'aiment peuvent se pardonner.

😾-Je suis désolé, lâche-t-il d'un seul coup.

Je fronce les sourcils, surprise mais comprends rapidement où il veut en venir.

-Tu m'as pas blessée.

J'avoue, je suis remplie de fierté, même mes yeux peuvent lui montrer tout le chagrin que j'essaye d'enfouir.

Il hausse les sourcils pour bien me faire comprendre qu'il n'y croit pas un mot, ce qui m'agace encore plus. je décide donc de tirer violemment ma main vers le bas de façon à me détacher de son emprise. Puis je me retourne pour partir. Mais ce con me suit innocemment.

-Je t'ai vu avec lui tout a l'heure, t'étais en colère, ça sert à rien de le nier, recommence-t-il.

-Dégage Matthew.

-Pourquoi tu veux pas accepter que ça t'as fait mal de savoir qu'il t'a « trompé » ?

-Parce que c'est pas le cas, j'en ai rien à faire de lui. Et là t'es en train de me casser les noisettes.

-....

-Qu'est ce que ca peut te foutre que je sois triste ou pas ?

Je m'arrête brutalement de marcher. Et j'attends sa réponse. Visiblement, je peux attendre longtemps car lui même ne sait pas.
Il se remet en marche ce qui me fait soupirer mais je le rejoins tout de même.

On reste dans le silence total. Seul le bruit du vent qui s'abat contre les arbres, les faisant légèrement bouger et celui de certaines voitures viennent couper court à ce néant.

-Je te comprends pas, relance t-il, pour une fois, je m'excuse et laisse donc ma fierté de côté, pourquoi t'en fais pas autant ? Pourquoi tu refuses constamment que les gens voient tes réels sentiments et ta vraie personnalité ? Je suis sur que t'es pas aussi sure de toi que ce que tu ne l'affirmes...

J'accélère le pas pour le semer. Je pense à plein d'autres choses au même moment pour éviter de réfléchir à ses paroles parce qu'au fond, je sais qu'il a raison.

-On a tous une identité sous laquelle on aime se cacher.

-Ça veut dire que t'avoue que ça t'as blessé ?

-Ça veut dire que j'accepte tes excuses, je réponds en lui souriant.

Et malgré tout, il continue de me suivre comme un toutou.

-Pourquoi t'as trop mal regardé mon frère hier, au parc ?, demandé-je.

Il baisse les yeux, c'est mauvais signe.

-J'aime pas les gosses, c'est tout.

Aucune argumentation, phrase courte dévoilant le peu d'arguments, trois mots de fin qui clôturent et marquent un terme à la discussion comme un refus de parler. Réponse non acceptée.

Arrive le moment où on se dit au revoir. Il n'a pas digéré ma question, j'ai pas digéré sa réponse. C'est équitable. L'énorme tension qui nous entoure, comme un avion emprisonné sous une couche de nuages noirs, ne se brise pas et mon petit doigt me dit qu'elle ne va pas disparaître instantanément sous peu.

J'ouvre la porte de ma maison et la referme pratiquement immédiatement. Je n'ai envie de parler à personne alors j'éteins mon téléphone et pars à la cuisine me chercher un bol de céréales. Puis je vais m'installer devant la télévision où apparaît le visage de deux gens que je ne connais pas. N'ayant pas envie de me casser la tête avec les problèmes de traduction, je lance un film en français.

Mais je n'arrive pas à suivre l'histoire. Mon âme nostalgique prend le dessus et je repense à toutes ses choses qui me plaisaient en France et que je n'ai désormais plus. Genre le bon fromage que je pouvais avoir quand je veux ; j'ouvrais le frigo et tac un bout d'emmental, paf un morceau de saucisson. T'allais au resto, t'avais le pain gratuit, l'eau gratuite, un bon verre de vin super !

Et là, que dalle.

En plus j'avais ma meilleure amie à qui je pouvais demander des conseils.

D'ailleurs, ça me fait penser que je devrais peut être l'appeler...

Peu importe l'heure qu'il est en France je compose son numéro, trop enthousiaste à l'idée de pouvoir ré-entendre sa voix et de pouvoir lui confier mes secrets.

1 sonnerie. Aucune réponse.

2ème sonnerie.

3ème.

4. Toujours rien.

J'allais raccrocher suite à l'entente des premiers mots de son répondeur quand une petite voix venue de loin apparaît.

-Hummm, grommèle t-elle. C'est qui ?

-Justine. Ça va ? On a l'impression que tu viens de te réveiller...

-Ha non, non il est dans les 20h en France mais je regardais des vidéos dans mon lit du coup ça m'endormait. Quoi qu'il en soit je suis ravie de t'entendre ! Tu me manques tellement.

Je l'entends se lever et faire tomber quelque chose, si ce n'est elle-même.

-Allô ? Ça va Ester ?

-Oui, oui. Je viens juste de me gameller.

-T'as pas changé, toujours aussi maladroite, rigolé je.

-Alouuurrs, t'appelais ta meilleure amie pour quoi ??

-Bah je sais pas.. J'avais envie de parler à quelqu'un qui pourrait me comprendre et j'ai tout de suite pensé à toi.

Et voilà comment les anecdotes sur Logan fuitent, j'évite de mentionner la case « réconciliation avec Matthew » tout de même. Je ne suis d'ailleurs pas sure qu'elle sache réellement qui il est.

-Journée de merde, finit elle par dire. Pour moi aussi, t'as déjà appelé Ben ou pas ?

-Non... Je m'en veux trop pour ça d'ailleurs...

-Il avait l'air d'aller mal aujourd'hui... Je ne pense pas que ce soit directement lié à toi mais ... tu es quand même au courant qu'il a rencontré quelqu'un !??

-Non ! Ben ?!

Je rigole un instant avant de m'apercevoir de toutes les choses que je rate.

-C'est nul, j'ai l'impression de devenir une étrangère pour vous et réciproquement...

-Mais non, tu n'es pas prête à nous perdre. Je lui ai demandé ce qu'il avait mais il a rien voulu me dire. Je pense qu'il y a une dispute entre lui et elle sur le feu...  D'habitude ils sont ensemble h24 et là plus rien...

-Merde.

-Ouais comme tu dis... Je pense qu'il faut que tu l'appelles. Il a toujours eu tendance à se confier à toi plutôt qu'à moi et ça ne lui fera pas de mal de parler à sa meilleure amie.

-Ok, je le ferais.

-Cool !

Je regarde mon téléphone pour m'apercevoir que cela fait 1h 43 qu'on parle ensemble. Je raccroche une fois lui avoir dit quelques salutations.

Je monte dans ma chambre avec un sandwich sous le bras pour aller me poser sur mon bureau.

😾Mardi 17 septembre, 7 heures, réveil de Justine qui a du mal à sortir de sa couette.

Je me lève tout de même, de mauvaise humeur, je précise.

Voilà toutes les raisons qui me font penser à une horrible journée :
-j'ai pas pris de petit déjeuner, j'ai déjà faim
-j'ai failli louper mon bus
-il pleut, je suis trem...

Ooooohh mais qui vois-je ?

Rachel et Thomas ?

Ma journée deviendrait-elle sympa ? Je souris en m'avançant vers l'intérieur du lycée.

A la moitié de la journée, je tire Rachel à part.

-Bonjour... ah non peut être qu'à cette heure on dit bonne soirée !, dis je sarcastique.

-Je sais, je suis désolée, je t'ai abandonnée.

-Aaaah c'est pas grave ! Tant que tu me racontes tout avec Thomas !

Et elle commence son long discours où elle me dit qu'elle a l'impression qu'il se passe quelque chose entre eux et qu'elle se sent bien avec lui.

-Il m'a presque tenu la main, on s'est frôlé ! Mon cœur s'est arrêté et là ...

Mon téléphone sonne, je regarde le destinateur : Esther.

-Je suis désolée ma poule, je dois répondre.

Je fronce les sourcils en décrochant. Je suis surprise qu'elle m'appelle alors qu'on s'est parlé hier soir.

-Allô ?, tenté je.

Un premier reniflement.

-Salut, dit elle de sa toute petite voix.

Deuxième reniflement.

Bien qu'elle essaye de se contenir, elle finit par éclater en sanglot. Je m'éloigne de Rachel en tentant d'identifier ce qui ne va pas.

-Qu'est ce qu'il y a ?

-C'est Martin... il m'a quitté.

Elle re-éclate en sanglot.

Merde.

Quel con ce mec, je toujours su qu'il finirait par lui briser le cœur.

-Vas y pleure un bon coup. Ce mec n'en vaut pas la peine, il ne sait pas ce qu'il perd crois moi.

Je tente des phrases bateaux, utilisées encore et encore pour la consoler car je suis nulle pour ça. Et pourtant les gens viennent toujours me voir avec leurs problèmes et leur chagrin.

-Mais je l'aimaiiiiis ! Pourquoiiii il a fait ça ?

Il a un pois-chiche à la place du cerveau ?

-J'aimerais tellement te prendre dans les bras ma belle. Mais à des centaines de kilomètres c'est compliqué tu sais...

-Toi t'es loin, lui aussi, ma vie c'est de la merde. Personne ne m'aime, tout le monde me fuit, continue t-elle comme une furie.

Attendez, c'est un reproche qu'elle me fait ? Pourtant elle sait combien elle compte pour moi et combien il a été compliqué pour moi d'abandonner ma paisible vie à Paris.

Pendant une heure elle me raconte tous ses problèmes avec son mec, enfin son ex et elle passe du chagrin à la colère. Tellement vite que ça me fait presque peur.

Bon c'est pas que je m'intéresse pas à elle, mais là j'ai d'autres chats à fouetter. Comme celui nommé « Matthew » et qui s'est amusé à m'éviter pendant toute la journée. Lui aussi c'est un con. A croire que tous les mecs sont cons ! J'aurais bien voulu dire que mon père est l'exception qui confirme la règle mais ce n'est pas le cas...

Bref si je pense à cet énergumène ce n'est pas parce qu'il occupe mes pensées non-stop, non c'est parce qu'il passe devant moi. Je lui attrape le poignet alors qu'il me fait croire qu'il ne m'a pas vu.

-Esther je te laisse, je suis sure que tu vas surmonter ça, rappelle si tu veux parler ma belle.

Je raccroche en gardant son poignet entre mes doigts. Quand je me rends compte de notre proximité je le lâche, remets mon t-shirt en place et commence à parler.

-Pourquoi tu m'as m'évité toute la journée ?

Il a l'air surpris. Quel beau menteur... Beau c'est le mot. Oh ça oui.

Même l'amour n'est peut-être que mensonge et illusion
-Louis Gauthier

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top