˚.*ೃprologue
La petite voiture rouge s'avance dans l'allée en crachotant avant de se garer entre deux pots de fleurs. Elle grince un peu quand la portière avant s'ouvre et s'ébranle à la sortie de sa conductrice qui s'avance à grand pas vers la porte d'entrée.
Le sourire aux lèvres, elle appuie sur la sonnette et attend en observant les alentours.
Rien n'a changé depuis sa dernière visite. La maison est toujours aussi blanche, avec ses grandes fenêtres et ses jolies tuiles rouges et le jardin semble roucouler entièrement tant les oiseaux y chantent. Le ciel est bleu, sans l'ombre d'un nuage, et la douce chaleur du soleil annonce une belle journée d'été.
Elle entend des pas accourir derrière la porte et son sourire s'élargit. Quel bonheur de revenir ici ! Pense-t-elle alors qu'un cri de joie éclate et que quelqu'un lui tombe dans les bras.
— Grand-mère ! s'exclame sa petite fille en la serrant contre elle.
Yvette repousse la jeune femme après l'avoir étreint tendrement et l'examine de haut en bas, souriant toujours.
— Tu as encore grandi, remarque-t-elle et Charlotte hausse les épaules.
— Je savais bien que tu dirais ça.
Sa grand mère glousse doucement avant de pousser un long soupir :
— Comme ça me fait plaisir de te revoir ma Lotta ! Je m'ennuie toute seule, avoue-t-elle avec une grimace.
Charlotte sourit et la porte s'ouvre à nouveau pour laisser apparaître son père qui s'avance pour étreindre Yvette à son tour. Les laissant à leurs retrouvailles, la jeune fille court dans la maison et récupère sa valise posée dans le salon. Elle arrange rapidement ses longues mèches brunes et jette son sac sur son épaule avant de rejoindre à nouveau le jardin, où la mère et le fils sont toujours en pleine discussion.
Le mois de juillet est entamé depuis deux jours et Lotta s'impatientait déjà à l'idée de quitter l'ennui de la petite ville vidée de ses habitants tous partis en vacances.
Traînant la valise derrière elle, la jeune fille ouvre le coffre de la voiture et y range ses bagages à bout de bras sous le regard attentif de son père.
— Je t'avais dit de ne pas trop la remplir, remarque-t-il en lançant un coup d'œil appuyé à la fermeture de la valise, qui semble prête à craquer d'une seconde à l'autre.
Lotta esquisse une moue, et se dresse sur la pointe des pieds pour refermer le coffre. Elle se tourne ensuite vers sa grand-mère qui lui adresse un grand sourire. Sa chevelure grise ondule autour de son visage creusé de ride mais malgré l'âge, ses yeux, d'un bleu perçant, continuent de scintiller. Plus de quatre mois qu'elles ne s'étaient pas vues et elle commençait à lui manquer. Lotta attendait la fameuse semaine d'août où elles se retrouveraient avec impatience. Et voilà que le grand jour est enfin arrivé.
Cela fait depuis près de dix ans que cette habitude est installée. En effet, tous les étés depuis ses six ans, Lotta rend visite à sa grand-mère, à Tarmazac sur Mer dans la jolie maison côtière qu'elle habite le restant de l'année.
À force de temps passé là-bas, les plages, le port, et les ruelles de la station balnéaire n'ont plus aucun secret pour elle, ainsi que pour les amis qu'elle y retrouve chaque été. À cette pensée, son cœur s'accélère. La hâte de les revoir est de plus en plus forte et ses yeux se tournent d'eux même vers la petite voiture rouge. Vivement que la maison et l'air triste de la ville soit loin derrière elle. Elle n'en peut plus de la lourdeur des dîners en tête à tête avec son père et des nuits dans sa petite chambre exposée à la chaleur étouffante du soleil d'été.
Elle voudrait être arrivée, déjà, à Agàpi, la maison de l'amour qui l'a vue grandir entre ses murs. Monter quatre à quatre les vieux escaliers en bois, ouvrir grand les fenêtres et observer la mer bleue qui ondule à quelques mètres plus bas. Se lever tard, passer les journées sur la plage, errer entre les étales du marché matinal aux odeurs fruitées ; courir dans le sable, dormir dans les draps salés par la brise méditerranéenne...
Si elle ferme les yeux elle peut déjà sentir la douceur de l'air marin s'infiltrer dans ses narines. Retrouver ce lieu, c'est un rêve qui dure depuis qu'elle l'a quitté, il y a un an, et voilà qu'aujourd'hui elle y retourne.
— Lotta ? appelle Yvette en se rapprochant.
Charlotte lui adresse un grand sourire et la prend rapidement dans ses bras :
— On y va ?
Sa Grand-mère hoche la tête et fait un signe de tête vers son père qui attend toujours sur le perron.
— Va dire au revoir et monte dans la voiture, on part en vacances ! s'exclame-t-elle avec enthousiasme.
Lotta éclate d'un rire heureux et s'élance vers son père qui ouvre les bras avec un petit sourire :
— On se retrouve dans deux semaines, lui-t-il, comme pour se rassurer, tandis qu'elle l'embrasse sur les deux joues.
— Exactement, confirme Lotta en secouant vigoureusement la tête, à bientôt !
Il lève les yeux au ciel mais n'ajoute rien et la regarde se glisser sur le siège passager en silence. Yvette l'embrasse à son tour et lui lance un long sourire rassurant qui semble dire "elle reviendra vers toi un jour, laisse aller, tu as fais pareil à son âge". Il soupire et s'éloigne de quelques pas pour laisser le véhicule faire marche arrière et disparaître dans le tournant de l'aller avec un klaxon d'au-revoir.
Le revoilà debout devant la maison blanche qui semble le rappeler à sa solitude. Il aurait bien aimé retourner en arrière et dire à sa fille de rester près de lui. Mais il est trop tard, il la sent s'éloigner à toute vitesse et son coeur se serre douloureusement. Il sait qu'à son retour, rien ne sera plus jamais comme avant.
Mais comme l'a dit sa mère, c'est l'âge, cela lui passera.
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