Chapitre 3
Huit ans plus tôt...
Dans la même période, c'est-à-dire du CE1 au CM2, j'ai passé une classe au-dessus, en quelque sorte, à Lestrade. Je n'y suis plus allée tous les mercredis. Désormais c'était une fois tous les trois mois, mais nous restions le mercredi complet et nous repartions le jeudi après-midi.
Je me rappelle encore de la première fois où j'y suis allée. C'était un grand changement pour moi : ce n'était pas le même bâtiment, les mêmes personnes... Seule Christine restait la même. En entrant, on tombait sur une sorte de hall percé de quatre portes : à droite, la chambre des garçons, à gauche celles des filles, au fond à droite, une immense pièce à vivre avec beaucoup de jeux de société et à gauche, la salle de bain. Quand je suis arrivée, il y a avait déjà trois personnes dans la chambre : Laura avec des lunettes aussi grosses que les miennes, Amina et ses cheveux aussi blonds que ses lunettes étaient jaunes. Et Camille, qui n'avait pas de lunettes. Sur le moment, et encore aujourd'hui, je ne sais pas si je la connaissais d'une rencontre précédente ou non mais qu'elle ait eu lieu ou non, j'ai très vite apprécié sa compagnie et même ses tics un peu déroutants. Elle était presque aveugle et ça m'a peut-être fait comprendre que mon cas n'était pas le pire. En tout cas, j'étais heureuse d'y aller à chaque fois. Parfois, on mangeait sur place. On allait faire les courses ensemble après les activités de l'après-midi et on confectionnait des pizzas ou des gros sandwiches pleins de mayonnaise. D'autres fois on se rendait au restaurant. Je me souviens d'un en particulier : le rocher des pirates. J'en ai gardé un verre en plastique que j'ai toujours d'ailleurs. L'ambiance du resto était géniale, mon esprit d'enfant aurait pu se croire sur un bateau un soir de tempête.
Le mercredi, on jouait dehors, on faisait des activités, on est une fois allés faire un safari. Une fois, nous sommes même allés jusqu'à ma ville dans un musée pour faire un atelier d'art. Je ne sais pas pourquoi mon frère était là... Nous avions fait de la peinture sur verre. Enfin... Dans la mesure où nous en étions capables. Pour voir ce qu'elle faisait, Camille devait s'approcher très près et elle avait réussi à se tartiner le nez de peinture. Je pense que c'est d'elle que je tiens ma manie de ne pas regarder les gens quand ils parlent ou même quand je leur parle. Elle ne le faisait pas parce que ça lui était inutile, elle ne voyait pas la personne, quoi qu'il arrive. On me l'a reproché, en me disant que c'était impoli. Est-ce que ce serait plus poli de les regarder de haut ? Parce que c'est ce que mes lunettes, qui sont à double foyer, m'obligeraient à faire. Je ne souhaitais pas – et ne souhaite toujours pas – passer pour une handicapée, prétentieuse de surcroît.
Le jeudi souvent, c'était rendez-vous chez Élisabeth. Je ne savais pas qu'elle était psychologue à ce moment-là. Je lui racontait tout. J'étais petite et c'était une professionnelle qui mettait très rapidement en confiance. Mon esprit d'enfant était émerveillé parce que je pensais qu'elle arrivait à tout retenir de ce que je lui racontais. Or, c'était faux, elle notait, bien évidemment. C'était aussi les rendez vous avez Mme. Puertas... Ou Puech, j'ai oublié. Je me souviens qu'un jour, elle m'avait demandé qu'est-ce que ma mère me donnait contre le mal de tête. J'avais répondu :
— De la poudre blanche.
Oui, je lui avais dit que je prenais de la drogue... Alors qu'evidemment, c'était du doliprane. Ça a fait une belle anecdote à la réunion suivante et elle l'a raconté à ma mère.
En dehors du ski, j'ai fait de la patinoire à partir de mes trois ans. J'ai arrêté trois ans après. Là, j'ai commencé l'athlétisme et un an plus tard, l'équitation. Dans le même temps, j'ai suivi des cours de piano. On pourrait penser que le plus dur a été l'équitation dans tout ça. Et bien pas vraiment. Sur le plan de la vue, le piano a été extrêmement fatiguant. Malgré la bonne volonté de ma professeure qui m'agrandissait les partitions, c'était compliqué de les lire et encore plus de les jouer en même temps. Fans de kayak, presque autant de vélo et de marche à pied, mes parents nous ont entraînés quelques fois dans des situations totalement improbables. En plein milieu d'une rivière sous un orage, à vélo dans des ruisseaux, des descentes de dingue à peine assez larges pour laisser passer le vélo... Tout ça se passait plutôt bien jusqu'en sixième.
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