Chapitre 15

Quatre mois plus tard...

À l'origine, ça devait se terminer là. Et puis techniquement, la phrase n'est pas fausse, au moment où je me suis réveillée, j'étais trop dans les vapes pour voir quelque chose. J'avais une coque scotchée sur l'œil et ma mère me donnait à manger. Je n'en avais même pas conscience au départ. J'étais dans le flou. Totalement.

Je voulais que l'histoire se termine ici parce que je pensais au fond de moi qu'une fois l'opération terminée, je n'aurais plus de soucis. C'te blague.

J'ai effectué tous leurs contrôles, j'ai même accepté de me masser l'œil alors que j'avais mal ; j'ai accepté de m'épiler le sourcil à chaque fois que j'enlevais la coque, le matin ; j'ai accepté de faire deux champs visuels en moins d'un mois ; j'ai accepté de reprendre ma vie où je l'avais laissée, comme si rien ne s'était passé. Et puis, j'aurais dû partir en Allemagne pour un échange.

Mais pas de chance, rendez-vous à Paris le jour du départ...

Mais peu importe, je partais trois mois à la fin du mois de mars. La chirurgienne avait dit qu'aucun contrôle n'était nécessaire. Mais au cas où, ma mère a pris un rendez-vous dans un centre ophtalmologique.

Je pars, je déconnecte de ma réalité. Plus rien n'existe que la fatigue du quotidien dans un pays étranger. Mais le rendez-vous arrive.

Vingt-huit de tension.

La chirurgienne m'avait dit de refuser toute collyre à me mettre dans les yeux. Même si ma tension était haute. J'ai essayé de le dire en Allemand mais le docteur était têtu. J'ai dit non. Il m'a prescrit des médicaments et m'a donné rendez-vous la semaine suivante. Et ceci pendant quatre semaines. Quatre semaines où je dus attendre l'aval de la chirurgienne pour prendre le moindre médicament et où le monsieur m'en donnait encore. Finalement, rien ne s'arrêtait.

La chirurgienne a dit que les rendez-vous n'étaient plus nécessaires. J'étais soulagée je n'attendais plus que ça. Parce que la maman de ma correspondante s'était mise à stresser à ma place. Au point de vérifier si je prenais mes médicaments. Je ressentais son stress, ça s'ajoutait au mien. Insupportable. Je n'avais pas besoin de celui des autres. Je n'avais pas besoin non plus de celui de ma mère. Pour elle, je me devais d'être forte, de ne rien laisser transparaître. Je n'avais pas le droit de l'inquiéter plus encore. Alors comme d'habitude, j'ai dit que tout allait bien.

Alors qu'évidemment, c'est faux. Il a fallu reprendre les médicaments, comme avant. Sauf que maintenant il y a un point d'interrogation. Est-ce que j'en aurai assez pour mon retour en France ? Parce que oui, à mon retour, j'ai un autre rendez-vous à Paris, deux jours après. Et il y aura une deuxième opération. Ou plutôt une troisième. Mais bon, je ne suis plus à ça près puisque ça va se répéter tout les six mois si j'ai bien compris. Autant de médicaments, une opération... Je suis de retour à la case départ. Sur tous les plans parce que je suis encore en Allemagne et que le temps passe vite et lentement. Alors ça me paraît loin. Et quand j'y serais... Et bien le schéma va se répéter.

J'ai eu l'occasion de retourner dans un hôpital. Ce n'était pas pour moi, ni la même thérapie. Mais j'ai senti monter une angoisse sourde, une terrible envie de pleurer. Ne jamais rien montrer. Une énième fois.

Mais j'ai compris quelques choses en quelques mois :

« Tout, absolument tout, peut disparaître du jour au lendemain. »

« Comme tout peut disparaître, profite de chaque seconde de cette vie et de tout ce que tu as. »

« Pleurer fait beaucoup de bien, il ne faut jamais avoir honte de ses larmes. »

« Faites attention aux personnes autour de vous. Elles ne vont peut-être pas aussi bien qu'elles ne le paraissent. »

Et enfin :

« Il y a toujours de l'espoir, même si c'est dur d'y croire, souvent. »

Loin de moi l'idée de vous imposer quelque chose ou vous dire quoi faire. Tout le monde est différent et réagit différemment.

Je ne viens pas de vous démontrer que la vie consiste à attendre et espérer ?

FIN

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