Chapitre 62

Dylan

J'ai échoué.

Je n'ai pas réussi à la protéger.

Et maintenant elle est entre la vie et la mort m'entraînant dans ce même état avec elle. Ma vie est suspendue à la sienne et elle est la seule à décider pour nous deux.

Je mets ma main dans ma poche et l'en ressors avec un petit écrin en velours noir. Je l'ouvre et récupère la bague que j'ai moi-même dessiné pour elle. Je comptais le faire ce soir. Ce soir j'allais demander à ma princesse de m'épouser et au lieu de ça, je me retrouve dans cet endroit froid à prier pour qu'elle ne m'abandonne pas.

Comment tout ceci a-t-il pu arriver?

Elle n'a pas le droit de me laisser. Non elle n'en a pas le droit.

- Je t'en supplie mon amour, ne m'abandonne pas. Je n'y arrive jamais sans toi.

Je sens une légère pression sur mon épaule et ma tête qui bascule pour se retrouver sur l'épaule de quelqu'un. À son parfum je devine qu'il s'agit de mon père mais je n'ai pas la force de revenir à la réalité pour regarder autour de moi.

- Elle ne va pas t'abandonner mon garçon. Cassandre est une femme forte tu m'entends?

La voix de mon père me parvient de très loin mais je reste dans mon état de léthargie et je refuse de revenir parmis eux. La seule personne qui détient ma vie est dans ce bloc opératoire et je suis impuissant, complètement impuissant face à cette situation.

Je voudrais que tout ceci ne soit qu'un rêve, qu'un putain de cauchemar et que je me réveillerais d'une minutes à l'autre mais quand je me connecte enfin à la réalité et que je constate tout ce sang que j'ai sur les mains et sur les vêtements en sachant parfaitement qu'il appartient à ma princesse, mon âme se déchire encore plus pour rejoindre mon cœur déjà déchiqueté.

Alors je me replonge dans ma léthargie, la froideur du mur est un lointain souvenir, l'agitation qui subsiste dans cet hôpital est un lointain souvenir et c'est le vide complet que j'accueille à bras ouverts dans mon esprit. Mais même ce vide que je tente de créer ne réussi pas à empêcher cette douleur lancinante de m'atteindre.

Tout est de ma faute.

Si seulement j'avais continué ce jeu de l'indifférence, si seulement je n'avais pas pris la décision de me rendre dans ce Lycée il y a dix ans, jamais je n'aurais rencontré cette petite métisse de quatorze ans, jamais je ne serais tomber amoureux aussi... Je ne sais même pas le mot que je dois employer pour montrer la force de mon amour pour elle.

- Jeremy ressaisis-toi.

Cette phrase ou plutôt cet ordre sonne comme un écho dans mon esprit mais je refuse de faire le moindre effort. Les yeux toujours dans le vague, je décide de m'éloigner de la réalité et je me sens sombrer peu à peu dans un monde qui me promet milles et une merveilles au côté d'une Cassie souriante et dont l'appelle est si irrésistible que je la suis alors qu'elle me conduit dans un magnifique jardin.

Là je me sens merveilleusement bien. Je souris à la femme que j'aime à la folie et elle me le rend également.

- Pourquoi est-ce tu souris de la sorte Dy? Me demande-t-elle timidement de sa douce voix.

- Je viens de faire le plus épouvantable des cauchemars et je suis juste heureux de constater que rien de tout cela n'est vrai.

- Comment ça, tu veux bien me raconter ce cauchemar mon amour?

- Dans ce cauchemar, ce malade mental d'Arthur t'a tiré dessus. Et tu avais perdu énormément de sang, nous étions tous à l'hôpital et tu étais dans un bloc opératoire entre la vie et la mort. Mais heureusement cela n'était qu'un cauchemar n'est-ce pas?

- Jeremy ressaisis-toi maintenant.

Je fronce les sourcils. Mais qu'est-ce-que la voix de mon père vient faire ici.

Je décide d'y faire abstraction et me concentre sur ma princesse mais cette dernière me regarde d'un air inquiet.

- Dy, tu trembles, et tu ta chemise est trempée !

Je baisse les yeux sur ma chemise et je constate qu'en effet elle est trempée. Je lève les yeux au ciel et je constate avec surprise qu'il est magnifiquement dégagé, sans un seul nuage à l'horizon.

C'est quoi ce bordel. Je baisse vivement les yeux sur Cassie et je constate avec effroi qu'elle est entrain de disparaître.

- Ma princesse où vas-tu ? Pourquoi l'image que j'ai de toi est-elle entrain de devenir floue? Mon amour reviens!

Je tente désespérément de la ramener mais une brûlure des plus douloureuses me fait sursauter et revenir à la réalité.

Je découvre avec stupéfaction Eric au dessus de moi qui m'observe attentivement et des reniflements me font tourner la tête vers Kate qui est blottie dans les bras de Nick et Jenny qui tient Emily dans ses bras.

Comment sont-ils tous arrivés ici?

- C'est bon, il est revenu parmis nous. Dis Eric à l'encontre des autres et leurs regards se trouvent instinctivement braqué sur moi.

- Mais qu'est-ce...

Je ne termine pas ma phrase car la terrible réalité vient de me frapper de plein fouet mais je n'ai pas le temps de faire quoique ce soit que je me retrouve enlacé par Eric et...mon père.

- Tu dois te ressaisir Dylan, elle a besoin que nous soyons forts pour elle d'accord? Me chuchote Eric pendant que mon père me caresse doucement le dos et là je m'effondre.

Je ne peux plus retenir mes larmes et j'eclate littéralement en sanglot dans cette salle d'attente étouffante.

Ma vie est entrain de se jouer en cet instant et je refuse de sortir de cet hôpital sans elle. J'ai besoin d'elle, les enfants ont besoin d'elle.

Les enfants...

À cette pensée je viens de me rendre compte d'à quel point je viens d'être égoïste. J'étais entrain de sombrer dans la démence sans avoir pensé une seule seconde à nos enfants.

Quel genre de père agit ainsi?

Ma princesse a confiance en moi et au lieu de rester fort pour nos enfants, j'étais prêt à les abandonné pour sombrer dans la folie juste parce-que je pouvais égoïstement la garder pour moi seul.

- Je suis désolé, je suis tellement désolé. Réussis-je à dire entre deux sanglots.

Mon père et Eric s'écartent de moi pour me permettre de reprendre mon souffle.

- Je vais te chercher une bouteille d'eau, l'autre est vide. Nous dit mon père avant de s'éloigner.

Je me calme tant bien que mal en essayant de fuir le regard du frère de ma princesse.

Il doit certainement m'en vouloir car c'est à cause de moi que ce malade s'en est pris à sa petite sœur. Si je n'avais pas été le salaud qui couchait avec toutes ces femmes, jamais tout ceci n'aurait pu arriver.

- Je te demande pardon Eric. Lui dis-je avant de baisser la tête sur ma chemise trempée - je ne sais même pas comment je me suis retrouvé trempé mais c'est le cadet de mes soucis en ce moment. Tout ceci est ma faute, en plus si je m'etais éloigné d'elle comme tu me l'avais dit au début, elle ne serait pas en ce moment entre la vie et la mort.

- Cela n'aurait rien changé car le fait est que tu es amoureux de ma sœur. Même si tu t'étais éloigné d'elle, il aurait suffit qu'on te voit parler d'elle ou qu'on te voit avec elle pour savoir que tu l'aimes. Ce malade voulais juste te frapper là où ça fait le plus mal et il ne faut pas être devin pour savoir la force de tes sentiments pour Cassie. Et ce qui vient de se produire tout à l'heure en atteste. Tu n'as pas en t'en vouloir Dylan car je sais que tu donnerais ta vie pour elle, et je suis heureux que ma petite sœur ait un homme qui l'aime d'un amour aussi puissant que le tien.

Qui donnerait sa vie pour elle?

Justement je n'ai rien fait de tout celà. Ma tentative pour éssayer de m'emparer de l'arme d'Arthur fut un échec lamentable et je ne sais pas si j'arriverai un jour à me regarder dans la glace sans que je n'ai honte de moi et de mon incapacité, de mon impuissance.

Il me prend dans ses bras et me tapote doucement l'épaule quand mon père revient avec une bouteille d'eau qu'il me tend avant de s'installer sur le carrelage froid à mes côtés. Eric s'éloigne de nous et vas retrouver sa fiancée.

Du coin de l'œil, je vois Karen et son père un peu plus à l'écart mais je ne veux me poser aucune question ... Pour le moment.

Je veux juste que ma princesse ne m'abandonne pas.

J'ouvre la bouteille d'eau et la porte à mes lèvres mais malgré mes efforts, seule une petite quantité réussi à traverser ma gorge tant elle est nouée par l'inquiétude et l'appréhension.

Après un temps qui me paraît être une éternité, un médecin vient enfin vers nous et je me redresse vivement en manquant de peu de m'évanouir par la brusquerie de mon geste.

C'est avec une peur sans nom que chacun de nous se retrouve suspendu aux lèvres de cet homme qui va décidé du reste de nos vies et lorsque j'entends ses mots, je m'ecroule au mur et me laisse glisser contre celui-ci.

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