Chapitre 48
Cassandre
Nous nous regardons toujours et j'ai une boule d'anxiété qui commence à se former dans mon estomac et qui grandit au fur et à mesure que les secondes ou les minutes - je ne sais plus, j'ai perdu la notion du temps - passent.
Dylan se décide enfin de parler et l'émotion me prend dès sa première phrase.
- Je fais tout ceci parce-que j'ai besoin de toi à mes côtés. Si je ne te dis pas exactement cette fameuse phrase, cela ne veut pas dire que je ne la ressens pas. C'était plus facile de te dire ces mots quand on se voyait seulement comme des meilleurs amis mais maintenant c'est plus profond ma princesse. Il m'est arrivé de les penser et même de les prononcer quand je savais que tu ne pouvais pas les entendre tu sais ? Et en toute honnêteté, ton mariage avec l'autre y est également pour quelque chose. Ça m'a fait réaliser que je risque de te perdre et je ne pense pas pouvoir le supporter. J'ai été très en colère contre toi mais ma peur de te perdre ainsi que ce que je ressens pour toi sont encore plus grands et plus forts que cette colère. J'ai conscience que je ne te mérite pas et je sais aussi que je ne dispose pas d'assez de temps, malheureusement je me suis voilé la face trop longtemps et je t'ai blessé tellement de fois. Mais sache que jamais plus je ne jouerai avec toi, alors non, je ne fais pas tout ceci pour me venger de toi ni quoi que soit qui y ressemble d'ailleurs.
Mon coeur bat tellement fort dans ma poitrine que j'ai l'impression que je vais m'effondrer si je ne m'accroche pas rapidement à quelque chose, et comme si Dylan l'avait compris, il m'attire à lui et me sers tellement fort dans ses bras, me transmettant par la même occasion sa peur de me perdre.
- Je ne sais pas quoi dire Dy. Réussis-je enfin à dire tant j'ai la gorge nouée par l'émotion.
- Alors ne dis rien ma princesse. Ne dis rien et laisse-moi prendre les choses en main. C'est à moi de te prouver la véracité de ce que je viens de te dire. Tout ce que je te demande c'est que si jamais je n'y arrive pas et que je fais quelque chose de travers, alors je t'en supplie ne verse pas de larmes. Ne verse plus jamais de larmes pour toutes mes conneries s'il te plaît.
Je ne dis rien et me contente de hocher la tête pour donner mon approbation.
Il se détache de moi et j'en profite pour m'essuyer rapidement les yeux avant de répondre à son sourire.
- Alors tu viens ?
Je hoche la tête et accepte la main qu'il me tend et c'est ainsi que nous arrivons devant la petite épicerie du village.
- Comment as-tu fait pour savoir où se situait l'épicerie?
- En courant chaque matin.
Nous pénétrons dans la petite épicerie tenue par une femme de la soixantaine toute souriante.
Je me mets un peu à l'écart pendant que Dylan discute avec elle. Elle s'appelle Hélène et à ce que je vois elle et Dylan s'entendent plutôt bien. Je suis encore impressionnée de voir avec quelle facilité Dylan s'exprime en français. Moi aussi je comprend le français, mon père m'a transmis sa langue mais c'est vrai que je l'ai parlé il y a très longtemps.
- Hélène, je vous présente Cassie, ma princesse je te présente Hélène.
- Je suis ravie de mettre enfin un visage sur ce prénom. Me dit cette dernière en me souriant.
Je répond à son sourire et jette un coup d'œil à Dylan qui est tout à coup très intéressé par les rayons de l'épicerie.
- En fait, je m'appelle Cassandre.
- Oh c'est un prénom très original pour une américaine.
- En réalité, mon père était français.
- Je comprend maintenant pourquoi vous êtes aussi belle.
Je m'empourpre légèrement face à ce compliment avant de réussir à murmurer:
- Merci madame.
- Mais voyons, appelle-moi Hélène. Ça fait trois jours que ce garçon vient ici et c'est la première fois que je le vois aussi souriant. Alors je suppose que ça va entre vous deux maintenant pas vrai ? Rajoute-t-elle en chuchotant pour que je sois la seule à l'entendre.
Je suis surprise que Dylan aie parlé de nous à Hélène mais celà me prouve aussi que ses intentions sont sincères.
- On y travaille. Lui répondis-je simplement alors que Dylan revient avec ses courses.
- On organise une petite soirée ce samedi et vous êtes les bienvenus. Nous dit Hélène toute joyeuse.
Dylan m'interroge alors silencieusement et je hoche la tête pour confirmer.
- Très bien, nous viendrons.
Nous prenons congé de Hélène quelques minutes plus tard et Dylan m'entraine dans un petit chemin qui selon lui mène à un endroit magique.
- Tu es sûr qu'on est sur le bon chemin? Me moquai-je de lui.
- Mais oui je... Tu te moques de moi n'est-ce-pas? Dit-il en voyant ma lèvres pincée pour m'empêcher de sourire.
Je feins l'ignorante mais c'est plus fort que moi et j'explose de rire.
- Tu sais que t'entendre parler en français est quelque chose de carrément sexy? Me demande-t-il soudainement et je manque de m'étouffer.
Nous restons silencieux un moment toujours en avançant quand mes yeux s'écarquillent et que ma bouche forment un O parfait.
Devant nous se tient une cascade dont l'eau très claire renvoie une image magnifique de toutes ces jolies fleurs qu'il y a autour.
- C'est magique. Dis-je les yeux pleins d'émerveillements.
Je me tourne vers Dylan qui lui au lieu d'observer ce magnifique spectacle, se contente de me regardant en me souriant tendrement.
Nous nous installons dans les herbes et Dylan pose le petit panier de fruits que nous a offert Hélène. Je me saisi d'une pomme qu'il me tend et j'en croque un bout.
- C'est la première fois que je t'entend parler français. Me dit-il après des minutes de silence.
- Je le parlais très souvent avec mon père. Répondis-je nostalgique.
- Je ne voulais pas te rendre triste tu sais?
- Je sais. Mais mes parents me manquent.
Il me fait asseoir devant lui et me plaque doucement contre son torse. Je rejette la tête en arrière jusqu'à la poser sur son épaule et profite du silence apaisant qui est brisé par le bruit de l'eau venant de la cascade.
- Quand ils sont morts, aucun membre de leurs familles respectives n'est venu. Ma mère me parlait souvent de son père, mon grand-père maternelle. Il a coupé tous les ponts avec elle parce qu'elle avait choisi mon père qui était blanc au lieu du fils d'un ambassadeur afro-américain.
Je ne sais même pas s'il est au courant qu'ils sont morts, ou s'il est lui même mort. Je ne sais rien de lui et je ne veux rien savoir.
Je sais juste que je me suis retrouvée seule dans un hôpital après l'accident. Puis une femme est venue et je me suis retrouvée dans un orphelinat. J'ai juste eu le temps de récupérer quelques photos ainsi que trois livres en français que mon père lisait beaucoup. C'est grâce à ces livres que j'ai pu conserver mon français et aussi grâce aux cours que je prenais au Lycée. Quand on s'est rencontré pour la première fois, je venais d'être placé dans un foyer d'accueil après avoir quitté le premier orphelinat.
Dylan ne dit rien, il se contente simplement de m'écouter en traçant des petits cercles sur mon bras. Ce geste m'apaise et me permet de poursuivre.
- J'avais perdu toute foi en la vie. Seules mes études me permettaient de m'accrocher car je voulais que mes parents soient fiers de moi. Mais c'était très dur à l'école également et...
- Je suis arrivé. Termine-t-il.
- Oui, ce jours là, je me suis sentie importante aux yeux de quelqu'un pour la première fois depuis trois longues années. Tu ne me connaissais même pas, et pourtant tu m'as défendu alors que je me faisais humilier. J'aurais pu me méfier de toi, c'était la seule chose cohérente que je devais faire, mais celà n'a pas été le cas. Au plus profond de moi, je savais que ce garçon de dix-huit ans qui était terriblement beau pour être réel et qui venait de me défendre moi la pauvre petite de quatorze ans martyrisée par tout le Lycée, venait de me donner une nouvelle raison de m'accrocher à la vie.
- Tu sais qu'à l'époque ma mission était de secourir les demoiselles en détresse. Plaisante-t-il.
- Non, si je me souviens bien tu étais un vrai connard avec les demoiselles.
Nous rions tous les deux et je pousse un soupir avant d'attarder mon regard sur la cascade en me blottissant encore plus contre lui.
Je l'aime tellement.
- Je viens de réaliser une chose. Dit-il calmement.
- Laquelle?
- Il y a dix ans quand j'ai croisé le regard d'une petite brune aux yeux marrons dans les couloirs de ce Lycée, je ne le savais pas encore mais je venais d'être condamné.
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