Chapitre 46
Cassandre
Les légers grincements du parquet me sortent peu à peu de mon sommeil. Doucement j'ouvre les yeux et tombe sur un magnifique tableau: Dylan sortant de la salle de bain attenante à la chambre, avec juste une serviette autour de la taille, les cheveux mouillés et le torse ruisselant de petites perles d'eaux.
Ma gorge s'assèche devant tant de perfection et j'en oublie même ma colère contre lui. Il est dos à moi donc je peux l'observer autant que je veux. Il farfouille dans une valise qui je suppose est la sienne avant d'en sortir des vêtements et...un boxer et c'est là que je réalise. Oh bonté divine ! Il est tout nu. En dessous de cette serviette il est complètement nu, il n'y a rien, nada. Et moi comme hypnotisée par lui, je ne peux détourner le regard du spectacle de ses muscles qui bougent à chaque petits mouvements qu'il effectue.
Mon coeur rate un battement quand je le vois dénouer sa serviette et je ferme brusquement les yeux au moment où celle-ci cède.
Je rouvre les yeux quelques instants plus tard mais il n'est plus dans la pièce. Il est sûrement retourné dans la salle de bain et je ne peux m'empêcher de pousser un grognement de frustration. Je me recouche sur le dos et observe le plafond avant de me perdre dans mes pensées.
Comment vont les enfants ? Est-ce qu'ils ont mangé ? Est-ce que je leur manque ? Combien de temps encore vais-je rester ici, seule avec lui ? Est-ce que je pourrai tenir encore longtemps face à son charme envoûtant ?
Tant de questions qui me font pousser un soupir.
- Le dîner est prêt, il ne manque plus que toi.
Je sursaute quand la voix de Dylan me tire de mes pensées.
- Vraiment, et je peux savoir qui l'a préparé ?
- C'est moi bien sûr. Me répond-il tout fier.
- Dans ce cas, non merci mais je n'y toucherai pas. Qui c'est ce que tu y a mis. Peut être un somnifère pour m'endormir et finir ce que tu as commencé en m'emmenant dans cet endroit au milieu de nulle part sans que je n'en sache la raison, avec une seule chambre comme par hasard, pour une durée indéterminée.
- Qu... Quoi ? Cassie regarde-moi, tu me crois vraiment capable de... C'est bon laisse tomber. Réussi-t-il à dire à la fois surpris et vexé que je pense une telle chose de lui avant de sortir de la chambre.
Oh non, qu'est ce que j'ai fait ? Bien sûr que je sais qu'il est incapable d'une chose pareille mais je ne savais pas comment exprimer ma colère et je l'ai blessé. Je comprends mieux sa réaction le jour où il a appris pour les enfants.
Je sors précipitamment du lit et de la chambre pour lui courir après. Il n'est pas à l'intérieur alors, je décide d'aller le chercher dehors.
Il commence à faire nuit mais je peux quand même très bien le voir.
Je le trouve devant chalet les mains dans les poches avec le regard lointain.
Je m'approche doucement de lui avant de parler d'une petite voix après m'être raclé la gorge pour lui signaler ma présence.
- Dylan.
C'est le silence qui m'accueille.
- Dylan, je suis désolée. Je ne pensais pas ce que je t'ai dit. S'il te plaît rentre à l'intérieur avant que je ne me retrouve gelée avec ce temps qu'il fait à cette heure-ci au milieu de ces montagnes.
Il laisse planer encore un silence avant de le briser.
- Très bien rentrons. Me répond-il enfin.
Une fois à l'intérieur, une odeur des plus alléchante vient titiller mes narines, me faisant saliver au passage. Il me conduit à une magnifique petite table dressée pour deux et me tire la chaise. Je ne peux empêcher mes joues de chauffer devant tant d'attention. Je baisse la tête et place une mèche de cheveux derrière l'oreille.
J'ai dîné des centaines de fois avec Dylan mais cette fois c'est différent et une timidité que je ne m'imaginais pas en sa compagnie me prend soudain.
- Qu'est-ce qu'il y a, tu n'aimes pas ? Me demande Dylan. À sa voix, je peux comprendre qu'il est stressé et je ne peux m'empêcher de le trouver mignon.
- Oh... Euh... Non... Ce n'est pas ça.
Super, génial Cassie. Maintenant voilà que je me mets à bégayer devant lui.
Je relève les yeux et constate qu'il m'a déjà servi. Je prend une bouchée de mon plat et écarquille les yeux de surprise.
- Alors ?
- C'est délicieux Dylan.
Il pousse alors un profond soupir de soulagement avant d'entamer son plat.
Le repas se poursuit silencieusement et je me traite d'idiote intérieurement à chaque fois que je me surprends à rougir dès qu'il pose le regard sur moi.
- Comment tu as fait ? Je veux dire où as-tu appris à cuisiner ? Parce que je sais que tu es capable de faire quelques petits déjeuners mais çà ?
- Oh, j'ai suivi une formation de deux ans dans une école de cuisine au Japon.
- Vraiment ?
- En réalité j'ai plutôt suivi les instructions d'un livre de recette que j'ai trouvé dans l'un des tiroirs de la cuisine.
Je reste silencieuse un moment avant de finalement éclater de rire devant cette confession. Oh mon Dieu, si on m'avait dit un jour que Dylan Reed se démenerait autant pour une femme et moi de surcroît, jamais je j'y aurais crû.
- Je te présente mes excuses pour t'avoir mise dans cette situation sans ton accord mais je n'avais pas le choix. Tu passais ton temps à m'éviter alors que tout ce que je voulais c'était que tu me laisses une chance de te prouver que je veux et que je peux être l'homme qu'il te faut.
- Dylan...
- Tu n'es pas obligée de me répondre maintenant tu sais ? Mais je te demande de m'accorder deux semaines. S'il te plaît.
Je laisse passer un petit moment avant de me décider à répondre.
- Il faut que je réfléchisse.
- Très bien. Tu veux un dessert ?
- Non merci, c'est bon pour moi.
Nous nous levons et je l'aide à débarrasser la table.
- Tu veux que je t'emmène faire un tour dans le village ? Je ne connais pas l'endroit mais ça devrait être facile de se repérer. Me propose-t-il pour briser le silence qui s''installait.
- Non, je suis encore un peu fatiguée. Je crois je vais aller prendre un bain puis me coucher. Merci encore pour le dîner, c'était délicieux. Mais ne pense pas que je t'excuse pour cette séquestration, il me faut encore un peu de temps pour cela. Répondis-je en montant les escaliers.
C'est alors que je constate qu'il me suit.
- Je vais juste prendre quelques couvertures dans la chambre. Répond-il à ma question silencieuse.
Une fois dans la chambre, je me dépêche de me rendre dans la salle de bain quand il m'interpelle.
- Je sais que tu n'as pas emporté beaucoup de vêtements car tu pensais qu'on ne partira que pour deux jours alors j'ai fait acheter des vêtements pour toi. Ils sont dans la penderie.
Je me contente de hocher la tête avant d'entrer dans la salle de bain.
Dylan
Je me réveille avec un sourire qui me fait peur à moi-même. J'ai adorer dîner avec ma princesse et le fait d'avoir passé la nuit sur un canapé ne m'enlèvera pas ma joie.
Il est encore très tôt alors je decide d'aller courir un peu et en profiter pour faire le tour des environs. Celà me serait très utile si elle acceptait de se balader avec moi.
Une bonne heure plus tard me revoilà dans la cuisine tout essoufflé et prêt à préparer un copieux petit déjeuner à ma princesse.
Tous les placards et le frigo de la cuisine étant pleins, je n'ai aucun mal à trouver de quoi faire un bon petit déjeuner.
Des bruits de pas m'indiquent qu'elle est entrain de descendre et il n'en faut pas plus de temps pour la voir apparaître dans l'encadrement de la cuisine. Elle est magnifique.
Je souris comme un débile mental avant de prendre la parole.
- Bonjour ma princesse, tu as bien dormi?
- Très bien et toi ?
Mon sourire s'efface automatiquement face au ton qu'elle a employé. Un ton complètement froid et détaché. Je crois même que c'est par pure politesse qu'elle m'a répondu.
J'avale difficilement ma salive et tente de faire abstraction de ce détail avant de poursuivre.
- Installe-toi, je vais te servir ton petit déjeuner.
- Tu n'es pas obligé de me faire la cuisine tout le temps tu sais? Je ne suis pas l'une de tes conquêtes et contrairement à elles, moi je peux très bien faire la cuisine.
Ma gorge est complètement nouée alors je ne dis rien et me contente de monter pour aller prendre une douche que j'aurais dû prendre il y a longtemps déjà.
Sous le jet d'eau, je me laisse submerger par les questions.
Qu'est ce qui a bien pu se passer durant la nuit pour que je reçoive un comportement pareil de sa part?
Est-ce que j'ai fait quelque chose de travers pendant le dîner ?
Oubien elle a réfléchi et a décidé de ne pas m'accorder de chance.
Cette dernière hypothèse est la plus plausible et cette constatation me met carrément à terre. Malheureusement je ne la forcerais jamais à faire quelque chose qu'elle ne veut pas et si elle ne veut pas de moi, c'est sa décision et je me dois de la respecter.
Comment peut-elle se comparer à toutes ces conquêtes qui ne représentaient absolument rien pour moi?
Ne voit-elle pas à quel point je l'aime?
Dans moins de deux semaines, l'hélicoptère reviendra nous chercher et une fois rentrée, elle retournera à sa vie auprès de son fiancé.
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