Nouvelle #5 : C'était foireux, mais au moins, c'était drôle. (5/8)
Elle n'a pas tardé à me rejoindre dans ma danse, et elle s'est placée devant moi pour se mettre à faire des déhanchés beaucoup trop maîtrisés et surtout, beaucoup trop sexy. Elle faisait même pire que des déhanchés : elle twerkait. Même si elle m'excitait quand-même un peu, le premier sentiment qu'elle m'inspirait restait bien l'amusement, alors j'ai ri très fort en la voyant faire, et elle a fait pareil.
« Hey, elle a soudain lâché en se redressant et en se mettant à marcher d'une démarche beaucoup trop longue jusqu'à son ordinateur (qui se trouvait à moins de deux mètres de nous), maintenant on remet Bohemian Rhapsody. » Elle a enlevé Another One Bites the Dust et elle a remis Bohemian Rhapsody.
Alors, elle s'est rapprochée de moi d'un pas lent et allongé, et elle m'a fait les yeux doux, ce qui m'a mise mal à l'aise au point de ne pas pouvoir soutenir son regard, et j'ai encore ricané comme une hyène. Elle n'a pas eu l'air vexée : je pense qu'elle se doutait que j'allais encore rire, de toute façon. Ce qui ne l'a pas empêchée de me demander juste après : « Tu peux me toucher partout, s'il-te-plaît ? »
J'ai hésité plusieurs secondes, mais comme j'avais décidément très envie de le faire, je ne me suis pas non plus foutue des barrières trop longtemps, et j'ai repris ses seins, puis je suis descendue en l'effleurant de mes doigts jusqu'à ses hanches. Je suis remontée le long de ses flancs, j'ai un peu caressé son ventre, et elle m'a interrogée : « Et moi, je peux te toucher ?
— Allez, vas-y, j'ai répondu.
— Je peux... n'importe-où ?
— Euh... oui. » Je n'étais pas tout-à-fait à l'aise, mais j'avais envie qu'elle le fasse quand-même. Juste pour voir comment ça faisait. Alors, comme j'étais encore coincée à effleurer son ventre, elle n'a pas mâché ses gestes et elle s'est directe mise à tourner ses mains autour de mon pubis avant de me saisir la bite. J'ai tressailli. Ça m'a fait bizarre. Elle m'avait prévenue, je lui avais dit oui, mais pourtant ça m'a quand-même fait un drôle d'effet, pas très agréable. Mais aujourd'hui, de toute façon, je sais que ce n'est pas un attouchement.
Je le sais parce que quand elle a commencé à caresser mon... allez, on va changer un peu, on va dire chibre (c'est drôle comme mot, chibre), et que je me suis rendue compte que ça me plaisait vraiment pas, et bien je lui ai demandé d'arrêter. J'espérais que je n'avais pas été trop brusque. Mais, sans souci, sans question ni rien, elle l'a lâché, et elle a rétorqué juste après, en riant : « Oh, et puis toi, touche-moi franchement ! » Très bien...
Je sais pas pourquoi, ça m'a moins gênée de toucher que d'être touchée. Peut-être un premier vestige de ma personnalité sexuelle que j'avais découvert grâce à cette première expérience. Peut-être. Donc, j'ai encore hésité un moment en remontant vers ses seins, et je les ai saisis de nouveau. Je les ai pressés au rythme de la musique, et j'ai senti son rire faire vibrer sa poitrine. Puis, baissant un discret regard avide vers ma cible suivante, je lui ai passé la main entre les jambes, mais je l'ai immédiatement enlevée en lâchant sans réfléchir : « C'est quoi, ce truc ?!
— Ce truc, elle a fait entre deux nouveaux éclats de rire, c'est une shnek.
— Shnek ça ressemble un peu à Shrek, j'ai commenté en tentant un nouveau toucher moins impulsif et plus attentif.
— Wow, quelle comparaison sexy ! » elle a ironisé en s'esclaffant de nouveau. J'ai passé plus de temps sur cette deuxième approche, curieuse et tout ouïe (même si l'ouïe n'était pas trop sollicitée pour autre-chose que la musique et nos commentaires, ça va, c'est juste une expression !), à explorer, à m'aventurer en terrain inconnu.
Un instant, l'image des deux femmes hétéros qui font semblant d'être lesbiennes dans les films pornos pour exciter les pervers m'est passée par la tête, mais je l'ai repoussée immédiatement : Elmah et moi, on n'était pas dans un film porno, on avait juste confiance l'une en l'autre et on faisait ça pour nous, et rien que pour nous ; puis moi, j'étais une fille avec une bite, et elle, elle n'était pas hétéro, elle était bi.
Ça fait un peu bizarre de passer le doigt entre deux « ourlets » de peau mouillée (je suis sûre qu'Elmah va pouffer en voyant cette expression), mais dans le fond, à la première approche, une shnek, c'est un peu ça. Le mot shnek est vraiment moche. Le mot chatte aussi. Pourquoi on trouve des noms aussi moches au sexe de la femme quand on peut juste dire lèvres, vulve, clitoris et vagin ? Remarque, vulve aussi c'est moche. Du coup, je préfère dire que je touchais ses lèvres plutôt que sa vulve. C'est vraiment moche, ce mot.
Mais le truc qu'il représente, ce n'est pas dégueulasse ni rien. C'est assez surprenant, en fait. C'est moelleux, on dirait, et là en l'occurrence, c'était mouillé. Mais cela ne m'a pas fait un effet incroyable non plus. Je me suis juste dit, d'un seul coup, que ça aurait pu être mon sexe à moi si seulement la nature avait bien voulu me faire cisgenre, et je me suis laissée emporter dans ce doux fantasme égoïste en continuant à tripoter mon amie sans plus vraiment réfléchir à me décrire la sensation.
C'est là que je me suis rendue compte qu'elle, ça l'excitait vraiment. Elle était un peu rentrée dans un état secondaire. Elle avait posé son menton sur mon épaule, et elle s'était mise à pousser des soupirs. Elle avait vraiment l'air heureuse, comme ça. J'ai failli me remettre à rire en la voyant avachie à moitié contre moi, debout, les yeux à moitié fermés et la bouche béante, mais j'ai décidé de ne pas lui casser son délire et de continuer à lui donner du plaisir sans rien dire.
Je n'étais pas vraiment excitée par son sexe en lui-même, mais au moins, ça me faisait sincèrement plaisir de pouvoir lui donner autant de plaisir. Il faut savoir que si c'était la première fois pour moi, c'était loin d'être le cas pour elle, et puis elle pouvait aimer toucher ou être touchée par n'importe-qui, alors que moi, j'aimais les mecs et je n'étais pas vraiment excitée par le corps des filles – je m'en rendais vraiment compte aujourd'hui. Mais tant pis, c'était bien sympa quand-même d'être dans notre petite bulle, alors j'ai continué.
De fil en aiguille, comme la musique venait de recommencer, nous avons reculé et nous nous sommes peu à peu allongées sur le lit, tout en douceur sur les notes de piano orgasmiques de Bohemian Rhapsody. Je n'étais pas autant excitée que j'aurais pu l'être face au corps d'un homme cisgenre, mais je l'étais assez pour me sentir prête à aller plus loin quand-même. Alors, Elmah, qui s'était retrouvée au-dessus de moi, m'a embrassé le front et m'a demandé : « Tu veux essayer la pénétration ?
— Ouais, ça me tente bien, j'ai répondu.
— Attends juste une minute, elle m'a prévenue en se relevant, je vais mettre une capote. » Ah oui. Quand vous faites l'amour, protégez-vous. Je sais qu'on le dit tout-le-temps et qu'on en entend toujours parler en décembre avec le sidaction, mais c'est toujours bon de le rappeler ; et puis moi je suis un peu l'incarnation vivante et permanente du sidaction, si vous vous posez la question.
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